Sidh

[Silvestrestalonios]

Beuarrr!!
c'est compliqué comme question..
tu peu pas répéter?

Silvestrestalonios

[Dulovios]

Très bonne remarque, à mon humble avis, de Udiognatos.

J'aime repousser les limites de la notion manichéenne de Bien et de Mal...

Si l'on se place justement dans une optique traditionnelle et que l'on croit à l'importance fondamentale de l'Ordre Cosmique, on ne peut que rejoindre, toujours à mon humble avis, ce que dit Udiognatos, et même aller plus loin...

En fait, la Guerre ne permet pas seulement au guerrier de s'accomplir et de montrer sa valeur, elle est la raison d'être de la fonction guerrière...

Contester la nécessité de la guerre dans l'Ordre Cosmique, n'est-ce pas contester le principe même de la trifonctionnalité, et, finalement, de l'existence de l'Ordre Cosmique lui-même ?

La(ou le ?J'hésite...) Bagavad Gîta est à ce sujet très clair(e).

Arjuna refuse de partir au combat, car il ne veut pas tuer ses frères, ses parents, ses amis, qui sont dans le camp adverse.Mais Krishna lui rappelle son devoir de guerrier et convaincra Arjuna de partir en guerre, parce que telle est sa fonction et qu'il doit occuper sa place dans l'Ordre Cosmique.Il tuera donc ses amis, ses frères et ses parents, car sa fonction de guerrier le lui impose et qu'ainsi sera préservé l'Ordre Cosmique.

En tant qu'agnostique à forte tendance individualiste, je ne peux me rallier à une telle démarche, car je ne crois pas à la prédestination.

Toutefois, remarquons que, peu importe les formes que l'être humain y met, les conclusions concrètes sont toujours plus ou moins les mêmes...

Au nom de l'Ordre Cosmique, au nom de Dieu ou au nom de logiques purement matérialistes, tendance constatation de la surpopulation planétaire ou refus de laisser le voisin bouffer le repas sur la table familial, la conclusion est toujours plus ou moins la même:on tue, on massacre, on fait la guerre...

Et ça dure depuis que le primate est primate.Oui, même les chimpanzés se font la guerre(pas les bonobos, mais on ne relancera pas le débat sur ces derniers...).

Pour moi la conclusion est la suivante:la guerre découle d'une volonté de survie ou d'expansion et pour motiver ceux qui devront aller la faire, et donc peut-être mourir -et personne ne présentera cela comme une partie de plaisir...- on lui invente un cadre religieux, un contexte sacré ou tout simplement, pour les plus miséreux, la promesse d'une solde, à moins qu'on ne les y oblige à y aller pour la sacro-sainte patrie, la démocratie ou que sais-je.

Quant aux autres, ils se battent pour leur survie, village par village, maison par maison, cave par cave, alors que ne sont épargnés ni les femmes, ni les enfants, catégories humaines que nous avons toujours tendance à extraire du cadre guerrier, alors que dans le monde d'aujourd'hui, elles sont de plus en plus, de gré ou de force, parties prenantes dans les combats.

Le XXe s.a vu la proportion de civils tués dans les guerres dépassés très largement le nombre des combattants tués dans ces mêmes guerres.

L'aviation et l'amélioration de l'artillerie sont évidemment à la base de cette révolution.

On me rétorquera que cela n' a plus rien de commun avec le guerrier Arjuna.Certes.Et je répondrai que jamais cette planète n'a été peuplée de six milliards d'Homo Sapiens...

A défis nouveaux, réponses nouvelles, même si le passé est source de connaissance...

Pas plus que la peste ou le choléra, la Guerre n'appartient au domaine du Bien et du Mal.Elle est une réalité.Sinistre, certes, mais incontournable tant que l'humain sera ce qu'il est...

Les uns condamneront la guerre.Les autres rappelleront que si personne ne l'avait faite il y a une cinquantaine d'années, on aurait été anéanti par tel ou tel régime totalitaire.C'est là un débat inutile et sans fin.

En octobre 1991, j'étais à Zagreb.On y faisait du shopping, on sortait en boîte, on allait au resto, on travaillait, bref, on y vivait une vie"normale".A cinquante kilomètres de là, les Serbes bombardaient Sisak et Karlovac et l'essentiel du pays avait sombré dans une guerre terrible.Un mois plus tard, Vukovar tombait...

Ces scènes de la vie de tous les jours se déroulaient parfois à cinq cents mètres du front...

Et ce calme étrange et trompeur de Sisak lorsque nous y sommes entrés un jour de brume d'octobre 1991 avant qu'un officier nous conseille de partir à l'approche de la nuit, car il craignait la reprise des tirs de mortier...Et la voiture fonçant sur la route pour éviter l'ennemi éventuel susceptible de repérer nos phares...

C'est là que l'on prend conscience de l'étrange dualité de la guerre, cette alternance de calme et d'horreur dans lequel on peut si vite être pris au piège...

Contrairement à moi, ceux qui ont une véritable expérience de la guerre, celle du combattant, n'en parle pas.

Sans doute est-ce parce que mieux que quiconque ils ont consciement ou inconsciement vu sérieusement ébranlé le manichéisme Bien/Mal que l'on nous inculque et qu'ils ont vu s'ouvrir les portes d'un enfer que comme un démon particulièrement dangereux, ils préfèrent éviter d'évoquer...

Je ne sais si le guerrier traditionnel avait ce genre d'états d'âme.Sans doute son cadre traditionnel l'en préservait-il.Et ce fut le cas jusqu'à ce que les logiques militaires les plus rigoureuses et les plus hiérarchisées les balayèrent, les uns après les autres, des Celtes aux Amérindiens, et avec eux leur monde traditionnel...

Et nous avons fini par larguer deux bombes atomiques et à utiliser de l'uranium appauvri au nom de la liberté et de la démocratie...

Depuis longtemps maintenant, le feu du ciel n'est plus réservé aux dieux...

Alors où situera-t-on içi le Bien et le Mal ?

Et si la vraie Connaissance n'était pas la distinction du Bien et du Mal, mais, tout au contraire, la relativisation de ces deux notions...?

C'est évidemment le point de vue -volontairement provocateur, mais comment ne pas l'être sur un tel sujet ?- d'un agnostique...

Bodu, ne m'arrache pas (virtuellement)la tête d'entrée de jeu...

J'attends vos réactions avec impatience...!

Dulovios, The Prince of Darkness.

[RRudiognatos]

Boris Vian !
mais lui n'imaginait que la disparition des Guerriers....

[Nolewnn]

DULOVIOS, AU POUVOIR !!!

Ah non ! c'est pas ça !

je me suis trompé !!(c'est sans doute tes talents d'orateur qui m'ont trompé).

Que tu ais raison ou raison (là je me trompe pas !).
TU ES TROP SOMBRE DULOVIOS...
et tu veux partir en Macédoine ? mais dans quel état tu vas nous revenir ?
pour Rudiognatos :
La disparition des guerriers ? tu n'y penses même pas !

[Fergus]

Je n'ai aucune envie, ô Dulovios, de t'arracher la tête ! Je respecte profondément ton expérience, qu'aucun livre ni discours ne peut remplacer.
Contrairement à toi, je pense qu'il est possible de poursuivre la Connaissance, et toutes les doctrines traditionnelles (même celles qui se sont cachées dans les replis du manichéisme judéo-chrétien) affirment d'une manière ou d'une autre que cette Connaissance est la conjonction des opposés, de l'eau et du feu, du masculin et du féminin, du bien et du mal. Ce n'est donc pas seulement le point de vue provocateur d'un agnostique, mais c'est aussi le point de vue provocateur de la Tradition.
Même si la Tradition Celtique ne nous a pas transmis ses commentaires, l'équivalent des upanishads de l'Inde, l'étude des textes mythologiques et des restes de savoir traditionnel semble indiquer que les Celtes partageaient eux aussi cette vision du monde. Pourquoi en serait-il autrement, d'ailleurs, puisqu'ils appartiennent au grand courant indo-européen et, au-delà, à la grande Tradition Primordiale de cette humanité ?

Quant à la monstruosité de la guerre moderne, c'est une évidence, et elle n'est qu'une des monstruosités de cette triste fin de cycle. Je renvoie à la prédiction de l'ollam Ferchertne, à la fin du Dialogue des Deux Sages (texte que j'ai déjà proposé ici, il y a quelques semaines).

Boduogenos

P.S. : LA Bhagavad Gïta