Voici un fait qui m'a marqué, à mes debuts en tant que celtophile, dans les livres de Dumézil: Roman de Scythie et d'alentour, Payot, Paris 1978 et Le Livre des Héros, Gallimard-Unesco, Paris, 1989. Il est question dans la tradition Ossète, à l'autre extrème occident, d'un certain Batraz. Son père, Haemyts, est marié à une femme qui est recouverte d'une peau de grenouille la journé et personne de doit savoir qui elle est. Bien sûr, un certain Sydron (comparable à Briciu des ulates ou Kaï d'Arthur) enfreint l'interdit et hop, la femme-grenouille doit retourner dans ses domaines féériques. Ca vous rappelle rien? Bah bien sûr, l'histoire de Macha et de la malédiction des ulates.
Mais c'est pas tout: Elle était enceinte, et "graffa" le foetus sur le dos d'Haemyts. Ainsi naquit Batraz, né deux fois. Tiens comme Cuchulainn qui nait deux fois, fils de Lug, puis de Sualtam. Ou encore le barde Taliesin, qui nait deux fois aussi.
Batraz, lorsqu'il naquit, fut jeté dans la mer et l'assécha complétement. Plus tard, il se fait tremper comme de l'acier chez le forgeron Kurdalaegon. Lorsque celui -ci le jette dans la mer pour le refroidir, il l'assèche complétement... Tiens, tiens, c'est pas Cuchulainn qui assèche deux cuves d'eau froide et à demi la troisième quand on tente de le calmer de ses contorsions de fureur guérrière?
Batraz joue souvent avec les autres enfant, et gagne tout le temps, comme Cuchulainn avec les enfants d'Emain Macha.
De plus, dans la tradition Scythe, certain guerriers, après avoir outragé la Deesse des Commencements, sont atteints d'une maladie de femme. Tout comme la malédiction des ulates, lorsqu'ils obligèrent Macha à courir contre des chevaux alors qu'elle était enceinte. C'était un outrage à la grande Deesse, dont elle était un des visages. Ils le payèrent en ayant une maladie de femme (les douleurs de l'accouchement) à chaque nuit précedent une bataille.
Comme le dit Joël Grisward dans Romania, on a affaire au même shéma mythologique dans deux populations aux extremités du monde indoeuropéen.
De là à dire que nous sommes les héritiers d'une Tradition indoeuropéenne qui unissait autrefois les ancêtres des celtes, scythes et autres latins, il n'y a qu'un pas...