Taliesin

[Bhû]

Je sais pourquoi l'aulne est de couleur pourpre,
pourquoi la linotte est verte,
pourquoi les branches sont rouges,
pourquoi une femme n'a jamais de repos,
pourquoi la nuit vient ...
Je sais que la patte du blanc cygne est noire,
je sais que la lance aiguë a quatre côtés,
je sais que la race des cieux ne sera pas déchue,
je sais quels sont les quatre éléments,
mais leur fin ne m'est pas connue,
je sais quelles sont les errances
des sangliers et des cerfs,
je sais quelle réserve il y a dans le flux de la mer,
mais personne ne sait pourquoi les entrailles
du soleil sont rouges.
 
Taliesin

[hagaldag]

Ah , mon frère Bhû ,
Que n'as-tu mis notre Taliésin à la taverne?

Au millieu de notre tablée joyeuse il nous aurait récité ceci:


Ils ont jailli avec le jour, les hommes de Catraeth,
Auprès du prince aux œuvres profitables.
Voilà Uryen — sa gloire est renommée —.
Il soutient l’indépendance [et favorise] ses besoins.
Guerrière ! la majesté du parfait prince baptisé.
Insultants, les guerriers de Bretagne, en ordre de combat
A Gwen Ystrat offraient sans cesse la bataille.
O champs, ô forêts, vous ne les protégez plus de vos abris,
Les peuples, quand les malheurs surviennent !
Comme des vagues rugissant lourdement au rivage

[A l’aube,] j’ai vu la ligne fière des hommes en armes.
A midi, les chairs brisées.
J’ai vu une mêlée au-delà des bornes de la mort.
En première ligne, un hurlement féroce retentit.
A la bataille de Gwen Ystrat on a vu
Les remparts et les héros s’épuiser.
Au passage du gué, j’ai vu les hommes trempés de sang
Baisser les bras, défaits devant [le prince aux] tempes grises.
Ils désirent la paix maintenant qu’ils sont tombés.
Les bras en croix, ils gémissent sur la grève, les faces pâles.
Les têtes ballottent dans le courant rapide
Et les flots rincent de sang les crins des chevaux.

J’ai vu les guerriers blêmes, égarés,
Les vêtements souillés de sang, vite
Reprendre rang, reprendre rang toujours dans la bataille.
Pas de fuite, quand le prince
De Reghed dirige le combat !
J’ai vu la compagnie des guerriers nobles autour d’Uryen
Quand il a attaqué l’ennemi à la Pierre Blanche.
Il a taillé en pièces les armures
Que les guerriers portaient dans la mêlée.
Puisse l’ardeur du combat demeurer dans [le cœur d’] Uryen

Et moi, jusqu’à ce que je sombre dans la vieillesse
Et sous l’amère angoisse de la mort,
Puissé-je ne rien désirer d’autre
Que célébrer Uryen.

Ah le prince des poètes......

[Bhû]

Chant de Mort D'Uther Pendragon, Taliesin (VIème siècle) :

"Je suis chagrin, mon courage n'est plus.
Je suis barde. Que le laudateur malhabile
S'en aille aux corbeaux, à l'aigle ou à l'oiseau de colère,
Que l'obscurité la plus profonde l'engloutisse.

Je suis barde, je suis harpiste.
Je suis corniste, je suis homme de la multitude,
Enchanteur, paré d'honneurs et privilèges.

Puissant aux ailes déployées,
Je suis ton fils, ton hérault bardique,
Ministre ingénieux d'un père généreux.

Ma langue récite le chant de mort
parmi le cercle de pierres qui enferme le monde.
Puisse la Bretagne briller par ton soutien,
Souverain des Cieux, ne laisse pas mes prières sans réponse."