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Les esclavesModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Le sujet de ce fil, ejds est plus précisément "Y'avait il des esclaves dans le monde gaulois antique ?"
On m'a répondu OUI parce qu'il y en avait en Irlande, 1000 ans après, OUI parce qu'il y en avait dans le monde antique.... Ma conviction, c'est qu'il n'y avait pas d'esclave, dans le sens de la société esclavagiste antique de modèle greco-romain dans le monde gaulois de la Tène avant la deuxième partie du 2° siècle AV JC, quand l'influence romaine devient déterminante pour certains peuples. Ca ne veut pas dire que ce monde devait être idyllique, ça ne veut pas dire qu'il n'y avait pas d'opprimés, de personnes qui n'étaient pas libre de leur mouvement..... Ce qui me fait dire celà , c'est qu'il n'existait en Gaule entre 450 et 150 av JC aucun pouvoir central fort, aucune structure étatique organisée ni aucune grande structure de propriété privée....plutôt un foisonnement, un éparpillement de petites structures dans un cadre sans dout moins guerrier et héroique qu'on veut bien se raconter. Les textes postérieurs qu'ils soient greco romain ou irlandais ne peuvent pas nous fournir une information éclairée sur une question passée qui relève de la fine analyse sociologique et économique. M'est avis que la société irlandaise du haut moyen âge est beaucoup plus proche de la société princière de Halsttat que de la Gaule de la Tène.....Quant aux classiques, ils ont bien évidemment calqués leurs propres schémas de pensée sur une société qu'il ne connaissait pas ou mal ou très indirectement.... Cette question me paraît très importante car de la compréhension du tissu économique et social, peut ressortir une meilleure compréhension globale or, on pose des à priori sans se poser de questions et on raisonne pour la Gaule comme pour Rome ou comme pour l'Irlande en ne cherchant à comprendre les éléments de terrain qu'à travers des prismes qui peuvent ête utiles mais qui ne doivent pas boucher la vue. Brunaux évoque dans son dernier livre LES GAULOIS l'importance d'un lien qui préfigure la vassalité, l'importance du lien de fidélité qui lie au protecteur et la soumission que cela implique.... Je pense que nous sommes très loin, en Gaule, de l'esclavage greco romain qui d'ailleurs ne peut se départir de la notion d'homme libre donc de "cité" et de "citoyen". Je ne sais pas si nous ne devons pas plus parler "d'inféodés" pour ne pas parler de "serfs" tellement l'attachement à la terre ne doit pas être négligeable. Si la notion d'esclave influe c'est (toujours à mon avis) à partir du moment où Rome est présente en Provincia et suscite un important commerce et donc des prises d'esclaves.
Entièrement d'accord avec Thierry
Il semble que la société gauloise n'ait tout simplement pas eu besoin d'esclaves en tant que tels.
La société gauloise semble aux dires de César à tel point hiérarchisée que les classes inférieures devaient se placer sous la protection d'un "grand". Ceci rappèle indubitablement la société médiévale. J'ai eu un prof en première année de fac dans un cour intitulé Héritages antiques et institutions mérovingiennes qui nous a démontré à quel point les institutions médiévales étaient calquées sur un modèle germanique (bien que l'héritage romain soit lui-même très présent), qu'il pensait lui-même calqué sur un modèle celtique.
Marchand d'esclavesLes marchands d'esclaves
De l’échanson celte échangé contre une amphore, au servus en latin médiéval ou sclavus, de slavus , « slave », au serf ou servant franc… , ce serait un euphémisme et se voiler la face de dire qu’il n’y avait pas d’esclaves dans les Gaules antiques. Plus certainement y avait’ il un système latent de traite des esclaves, – ce qui n’est pas mieux – les Gaulois se gardant juste les meilleurs éléments en strict minima de main d’œuvre bon marché pour les tâches ménagères, des travaux pénibles dans les champs, les mines… et le surplus vendu à l’encan, en gros ou au détail au plus offrant. C’est bien parce que l’on manque de textes sur la société celtique d’avant les Romains que l’on ne peut s’en faire vraiment une idée. Et pourtant :
e.
En effet, ne jouons pas sur les mots.
Car si "La plupart, accablés de dettes, d'impôts énormes, et de vexations de la part des grands, se livrent eux-mêmes en servitude à des nobles qui exercent sur eux tous les droits des maîtres sur les esclaves." ; ce n'est certes pas le statut "officiel" de l'esclave méditerranéen mais ce n'est pas non plus celui de métayer. Il est tout simplement impossible d'échanger "un esclave contre une amphore de vin" si le statut marchand d'une personne sans droit n'existe pas dans la trame culturelle et juridique ; termes religieux à cette époque, il n'est pas inutile de le rappeller. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Ben les mots et leurs définitions ont au contraire énormément d'importance, c'est toute la compréhension de la structure de la société qui est en jeu ici...
Nous avons un problème de méthode. Encore une fois, la première chose à faire, si on veut avoir une démarche historique, c'est de donner le domaine de définition du sujet abordé or, il me semble avoir indiqué que j'évoquais la société celte avant l'intervention et la présence romaine dans le sud de la Gaule qui elle même va générer le commerce des esclaves et donc des razzias et des échanges, donc nous ne parlons pas de la même chose parce que l'échange de l'amphiore est un épisode qui se situe après l'intervention et la présence romaine dans le sud de la Gaule.... Encore une fois, pour essayer de comprendre, il faut se méfier des lectures greco romaines qui relatent des faits mal compris le plus souvent indirectement. Si l'utilisation de sources littéraires est fondamentale, il est tout aussi fondamental d'être capable de les interpréter à l'aune d'autres sources matérielles apparemment peu contestables. Encore une fois, si on veut faire de l'histoire ancienne d'un peuple qui n'a laissé quasiment aucune trace écrite sans faire attention à l'apport archéologique on risque de passer pas mal à côté de son sujet. Or il y a eu des découvertes et des études très accomplies effectuées sur la Gaule et notamment l'excellent "Les paysans Gaulois" paru chez Errance, il y a deux ans. Que doit on considérer, en tout cas pour la France du Nord ? - Une densité de population assez surprenante compte du nombre d'exploitations rurales mises à jour grâce aux fouilles de prévention (autoroutes et TGV) - des habitats très structurés, hiérarchisés, s'orientant autour d'un propriétaire, les cadres généraux demeurant de faible envergure - quasiment aucune trace d'urbanisation permanente - aucun palais, ni centre d'envergure.... Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec la "dislocation territoriale" des IX° et X°, époque des oratores, bellatores et laboratores où seul le clergé arrive à imposer sa régulation aux milieux des guerres privées par la trêve de Dieu et le droit d'asile. Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec les structures en "motte féodale" ou le moindre petit nobliau règne quasiment en toute indépendance nonnobstant les liens réels de la vassalité. Je ne peux m'empêcher de faire le lien entre certaines "pièces" de l'Art Roman et certaines statues du fond des âges (surtout du 1er siècle) Et dans un tel cadre,il n'y a pas d'esclaves, de choses qui ne sont pas considérés commes des humains pour des besoins de rapport de production massive. (ce qui n'a jamais été le cas des serfs du moyen âge) Bref, je n'ai évidemment aucune certitude mais je ne vois vraiment pas pourquoi on se priverait de pistes de réflexions au nom de visions sur les celtes pas plus scientifiques que ça mais qui figurent comme de véritables dogmes. Voilà , c'est dit
Je me permets d'intervenir, concernant la mention de l'échange esclave contre amphore par Diodore : il est très généralement admis que son témoignage s'inspire directement de la périégèse de Poseidonios d'Apamée. Ce dernier a voyagé en Gaule dans sa jeunesse (entre 100 et 80 av. J.-C.), mais on ignore jusqu'où : jusqu'aux confins de la Province de Narbonnaise ? En Gaule Chevelue, comme semblent l'indiquer les pratiques festives et sociales qu'il décrit, étrangères à l'univers gréco-romain ? Voire jusqu'en territoire arverne, comme le suggère l'épisode du démogogue Luern ?
Difficile à dire, mais on ne saurait affirmer, en tous les cas, que le témoignage ne concerne que des "gallo-romains" postérieurs à la Conquête. La référence explicite au commerce du vin italien, qui se tarit rapidement à partir de la Guerre des Gaules, plaide plutôt pour une datation très haute... A propos du même texte, je rappelle la lecture proposée par A. Daubigney (Université de Franche-Comté, Besançon) : si mes souvenirs sont bons, le terme grec paida désigne un jeune suivant, un client, un échanson, et non un "esclave" au sens romain du terme. Compris dans ce sens, les termes de l'échange concerneraient une sorte de transfert de vassalité plutôt qu'une vente de chair humaine contre du vin... Site Internet : http://luern.free.fr
Pour mémoire...
" Site Internet : http://luern.free.fr
L'influence romaine que j'évoque remonterai à la seconde moitié du II° siècle av JC ce qui est encore loin de la période gallo romaine et par contre très proche, vraisemblablement de la période de référence du très commode Posidonios d'Apamée dont les pérégrinations ne sont connues qu'indirectement si je ne m'abuse... Cet exemple et ce texte n'interdisent évidemment nullement qu'on cherche à se poser la question du tissu social en essayant de partir des constatations de terrain.
MOEURS DES GERMAINSQui ne dit mot consent
Difficile de croire que l’esclavage eut été inventé par le monde cultivé antique et importé en Gaule par les Grecs et les Romains… La proximité frontalière avec les autres peuples méditerranéens a pu devenir un facteur de lucre commercial ou même de paix, il devient ardu de généraliser sur toutes les peuplades celtes ou européennes ayant co-existées, sur leurs différentes raisons d’abus de dominance ou de soumission, de statut de réfugiés, de prisonniers de guerre, victimes de piraterie ou pour les familles ou individus simplement à la recherche d’un emploi spécialisé, saisonnier ou permanent… On peut définir ainsi le trafic ou traitement d’une main-d’œuvre de proximité, plus ou moins consentante (et qui d’ailleurs n’avait pas le choix), sans titre, ni droit de répartie aux codes qui régissaient alors le monde du travail.
e.
Ejds, à mon avis la structuration du monde du travail dans une société est largement fonction des données économiques de base, ainsi une société agricole ne connaissant que de petites structures d'exploitation et une très large diffusion des pouvoirs n'est pas comparable à une société urbaine où le pouvoir est très fortement centralisé et où l'agriculture est le fait de larges structures extensives.
C'est bien la société antique méditerranéenne au sens large qui a façonné le mode d'exploitation esclavagiste jusqu'à le porter à son paroxisme et si cette société a bien sûr eu une énorme influence sur ses voisines (jusqu'à les absorber) la société celtique était à la base foncièrement différente ( ce qui ne veut pas dire mieux - ce n'est absolument pas un jugement de valeur ) Quant au grand propagandiste Tacite, s'il est absolument délicieux ( je ne sais pas si c'est la meilleur terme ) à lire, je ne donne pas un cent du caractère "objectif" de ses écrits et de ses talents de sociologue et d'ethnologue. Encore une fois, mais visiblement on ne sera jamais d'accord là dessus, les écrivains antiques sont intéressants pour ce qu'ils révèlent de leur propre vision du monde donc de leur propre société, certainement pas pour leurs connaissances géographiques ( qui à l'époque romaine, on le sait, sont toutes faussées) et encore moins ethnologiques.
Entraves
Houla Thierry !! Attention, de ne pas mettre tous les auteurs gréco-romains dans le même panier. Et si tu te mets aussi à contester d'autor tous les écrits antiques et en faire des brûlots. Pas de preuves, une entrave à la connaissance et une conception étriquée et simpliste de l’histoire par l’analphabétisme. Sous ses aspects socio-économiques, voyons ce qu'en pense Goudineau de la Gaule d'avant les Romains :
e.
MangoMango
Pour élargir le débat, la civilisation méditerranéenne étrusco-grecque qui contribuera à cette « romanisation » de l’Italie et de son Empire, et, de ce fait, à la « débarbarisation » des Gaules par l’esclavage :
e.
Ben, justement tu devrais lire Goudineau "Cesar et la Gaule" et notamment tout le chapitre consacré à la totale méconnaissance géographique qu'avaient Cesar et tous les Romains de la Gaule,pour eux par exemple, les Pyrénées étaient à l'Ouest Ce n'est qu'un exemple, juste pour montrer qu'il ne faut pas prendre la vision du monde classique comme une réalité au pied de la lettre sans chercher non seulement à la retraduire avec des correctifs aussi peu anodins que l'archéologie.... Ca ne vaut pas dire que je jette les auteurs classiques et les considère comme inintéressants et si je discute ici, c'est parce que j'ai lu César, Tacite, Suètone....mais il s'agit d'une source de l'histoire, pas de la seule et il est absolument nécessaire de pouvoir interpréter les anciens....déjà quand ils évoquent la propre politique romaine, alors quand ils évoquent des sociétés dont les modes de fonctionnement leur échappent (à supposer déjà qu'ils ne se trompent pas de sujet vu la perception géographique dejà évoquée...)......attention, tout de même un peu. Dire attention à ce que vous lisez, ce n'est pas dire, ne lisez pas, je crois ? Quant à la vision "Goudinéenne" que tu exposes ici, je la partage pour une large part mais je me permets quand même d'indiquer que l'état éduen et l'exemple de Bibracte sont assez typique de ce que sont devenus certaines Cités (au sens politique du terme) Gauloises, précisément après des décennies de contacts commerciaux et diplomatiques étroits avec les Romains.... De toutes façons, je ne juge pas, au demeurant, la civilisation rurale gauloise comme arriérée bien au contraire mais comme "différente" des sociétés méditerranéennes. Quant aux entraves, je suis heureux de constater qu'après un long préalable, on aborde enfin le sujet, parce qu'émettre une hypothèse ça ne veut pas dire détenir la vérité et ça fait longtemps que j'attends qu'on me réponde sur un terrain archéologique, sauf que là évidemment, j'aimerais bien en savoir un peu plus.... On notera au passage la comparaison avec le chateau fort Bon, à bientôt
SerapeionEntrave
(Sauf avis contraires) confirmation : les Pyrénées sont bien à l’Ouest… (de Rome), et quasiment à la même latitude. Et elles n'y ont pas bougé depuis !! Par contre pour moi, je suis bien embêté! Je n’ai trouvé qu’une seule entrave d'un esclave, d’époque gallo-romaine et au musée de Normandie. Cette boucle, posée comme entrave autour d'un poignet ou cheville de l'esclave, devait être fermée à l'aide d'un cadenas : http://www.antiquaires-de-normandie.org ... rticle=194 Serapeion ou la confrontation de tous les savoirs Pour en revenir à cette notion de liberté de mouvement et de connaissance, certainement que l’on aurait pu se documenter un peu plus sur la culture celte dans les ouvrages des grandes bibliothèques antiques qui ont été brûlées, tel le Serapeion d’Alexandrie (entre autre tour à tour par les Romains, les Chrétiens et les Musulmans), qui regroupait tout le savoir du monde antique, et servira de modèle à de nombreuses autres : Pergame, Antioche, Athènes, Rome… Ville cosmopolite et hellénistique, Alexandrie apparaît comme un carrefour des croyances, des modes et de la confrontation des savoirs. Dans cette nouvelle capitale de l'Egypte, Ptolémée Ie souhaita favoriser la venue de tous les pays connus, de savants et de lettrés (philosophes, géographes, astronomes, médecins, mathématiciens, poètes, écrivains...). Afin d'acquérir et de réunir toutes les œuvres écrites du monde d’alors, Ptolémée demanda aux autres souverains de lui envoyer tout ouvrage écrit digne d'intérêt. Les œuvres sont empruntées contre gage le temps de les copier. Tout bateau arrivant dans le port d'Alexandrie se voit confisquer ses livres qui seront copiés par des scribes. L'original, s'il est de valeur enrichira la bibliothèque et la copie sera restituée au navire. Par ailleurs, ordre est donné de rechercher dans tout le monde méditerranéen les ouvrages rares et précieux qui manqueraient au catalogue. http://membres.lycos.fr/hypatie2/alexand.htm e.
Soit tu ne comprends pas ce que j'écris, soit tu en fais exprès....
Pour les Romains, les Pyrénées étaient à l'Ouest.....de la Gaule..... Mais encore une fois, ce n'est qu'un exemple, après tout....on peut très bien s'abstenir de lire Goudineau et faire abstraction des découvertes archéologiques effectuées sur les Gaulois depuis une trentaine d'années... Quant aux entraves, en contexte gallo-romain ou ptolémaique.....ben nous ne sommes plus dans le sujet .....et chez les mayas, qu'en penses tu ?
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