soyez mesuré

[lopi]

J'ai retrouvé l'explication hattienne : pilier à deux étages de Mavilly (Côte-d'Or) (Musée de Dijon)
J.J.Hatt le commente ainsi : sur la partie inférieure du pilier, Apollon est représenté assis. A sa droite, un personnage debout met ses mains devant ses yeux. Apollon tient dans sa main gauche, une boite, dont il s'apprête à tirer un collyre pour traiter "l'ophtalmie" du patient debout. Le personnage qui se trouve à la droite d'Apollon, serait le dieu Esus, qui, remontant à la surface de la terre, est ébloui par la lumière et est atteint "d'ophtalmie" .
Sur la partie supérieure du pilier, figure un dieu ailé, brandissant de sa main droite une massue.
Ce dieu serait le dieu Smertrios, assimilé à Hercule. C'est ce dieu qui a assuré le passage d'Esus du monde des dieux au monde terrestre.

Si l'on admet l'interprétation, l'aspect sombre de la divinité commande l'arrivée sur terre (Dis Pater?), et une divinité plus solaire, Apollon, va opérer les transformations pour que la vie soit possible. L'obtention de la vision serait alors une sorte d'initiation à la vie, conserser la vision serait donc le symbole même de la vie terrestre, et sa légitimité. La cécité, évolution possible des pathologies oculaires, serait un retour vers ce monde des dieux, le monde des morts.
Ceci rejoint le mythe irlandais du druide aveugle ; la cécité y est définie comme "un renforcement surnaturel et surhumain de la voyance". En effet, le druide aveugle est en relation directe avec le monde des dieux, le monde des éléments agissants ; ses capacités divinatoires sont donc exceptionnelles.

Dans ce registre on peut donc envisager une comparaison avec Mercure et Apollon, le premier type voyance pure druidique scientifique, le deuxième application directe au niveau médical.

Perso, je pense que c'est bien Apollon qui est là, qu'il y a une relation à la vue, à la vie et la mort, et à la capacité de divination. Quant à Smertius et Esus?
A+
Lopi

[Patrice]

Attention aux théonymes collés par Hatt sur le monument de Mavilly.

Hatt a développé tout une mythologie personnelle basée sur les conceptions de Camille Jullian comme quoi il y avait une grande triade celte (Teutatès-Esus-Taranis) et que tout se développait autour (avec changement de nom en fonction des phases par lesquelles passaient les dieux).

Rien n'est assuré: les théories de Hatt ne repose sur rien du tout, elles ne sont que spéculations.

A+

Patrice

[lopi]

elles ne sont que spéculations.

c'est ce que je disais :

JJ Hatt avait aussi formulé des hypothèses au sujet de la stèle de Mavilly si mes souvenirs sont bons (mais spéculations..).

Mais je me base sur autre chose pour dire que je pense qu'il s'agit d'Apollon. Quant au reste, théonymes et mise en scène?

[Patrice]

Voilà, j'ai retrouvé le bouquin dans mon bardak:

L'Oeil dans l'Antiquité. Approche pluridisciplinaire. Table ronde de Lons-le-Saunier - Jura - 11-12 février 1994, 2002, Lons-le-Saunier, Centre Jurassien du Patrimoine.

Voici le sommaire:
Gérard Cluzeau: L'anatomie de l'oeil
Eric Boës et Stéphanie Sears: Archéologie, ostéologie, ethnologie et région oculaire: état de la question autour des Iles Marquises
Thierry Reboul: les oculistes pharaoniques et leurs vases à collyres
Marie-Hélène Marganne-Mélard: L'ophtalmologe dans l'Egypte gréco-romaine: le témoignage des papyrus littéraires grecs
Francisco Gracia Alonzo et Gloria Munilla Cabrillana: Le concept de la représentation de l'oeil sur les figurines à caractère religieux de l'habitat du premier Age du Fer de Alto de la Cruz - Cortes de Navarra, Espagne
Jean-Yves Guillaumin: L'âme de l'oeil
François Queyrel: les yeux de Laocoon
Heinrich von Staden: l'oeil d'après Hérophile, Démosthène Philaléthès et Aglaïas de Byzance
Danielle Gourevitch et Mirko Grmek: les yeux malades dans l'art antique
Huldrich M. F. Koelbing: L'ophtalmologie dans le De Medicina de Celse: l'opération de la cataracte par abaissement
Ernst Künzl et Michel Feugère: Les instruments ophtalmologiques romains: essai de synthèse
Jean Royer: histoire de la cataracte
Raymond Boyer: Collyres trouvés dans une tombe gallo-romaine à Lyon
Isabelle Fauduet: les ex-voto en forme d'yeux en Gaule
Jean-Pierre Mazimann et Pierre Mougin: Epomanduodurum et ses cachets d'oculiste: pour essayer d'y voir plus clair.

Il y a plusieurs choses à tirer de tout ça.

D'abord la carte des aiguilles à cataracte est très intéressante (p. 123): elles sont localisées en Asie mineure, dans le Latium et en Gaule du Nord.
Partout ailleurs, elles sont rarissime.
La carte des ex-voto en forme d'yeux découverts dans des sanctuaires (p. 147) est tout aussi intéressante: tous proviennent de Lyonnaise et du sud de la Belgique...
Enfin le dernier article a fait un décompte rapide des lieux de découvertes de cachets d'oculistes dans l'Empire romain. Surprise: au 1er rang, Reims (13 cachets), au 2e Bavai (12 cachets), au 3e Mandeure (9 cachets).

Les médecins gaulois se seraient-ils fait une spécialité de l'oeil? A voir...
A Mandeure, un médecin a laissé son nom sur deux des cachets: il s'appelle Mercurialis.

Dans le livre La Médecine en Gaule 1985, Paris, Picard, Catherine Salles fait l'inventaire des cachets d'occulistes publiés depuis celui d'Espérandieu (que je n'ai pas).
Parmi les noms de médecins (ou préparateur de collyres), 2 sont de nature théonymique: Marcus Sulpicius Hermadio (à Lyon), Q. Postumius Hermes à Vidy (Suisse).

Bref, tout ceci va dans le sens de l'étude de Daniel Gricourt, Dominique Hollard et Fabien Pilon: "Le Mercure Solitumarus de Châteaubleau (S.-et-M.): Lugus macrophtalme visionnaire et guérisseur", Dialogues d'Histoire Ancienne, 1999, 25, 2, p. 127-180.
Ils soulignaient alors le rapport qui existe entre Lug / Mercure et l'oeil (signalant des représentations de Mercure avec des yeux énormes). On sait par César que Mercure est le principal dieu des Gaulois.

Il n'y a alors pas de quoi s'étonner de trouver autant de spécialistes de la médecine de l'oeil en Gaule et que les seuls à porter un nom divin soit Hermadion, Hermes et Mercurialis!

A+

Patrice

PS: pour mémoire, la déesse du sanctuaire des eaux de Bath (GB) est Sulis: "L'Oeil".

[lopi]

Et d'ailleurs, dans le folklore des fontaines, notamment en Bretagne, on retrouve cette préoccupation.
Les Egyptiens n'en faisaient pas autant, alors que les pathos ophtalmo étaient bien plus fréquentes qu'en Gaule.
Apollon soigne les maladies, Mercure se fait une spécialité de la catarracte et des conjonctivites? Hermès, dieu de la communication se fait le spécialiste des organes des sens?
Pourquoi pas?
La caractère solaire semble ici prédominant? Communication/ échange, une évolution?
A+
Lopi

[ejds]

Le p’tit Robertos

Que disent les dicos ?

Lopi

Pour donner un sens, un contre sens, une danse, une contredanse... aux mots :

Le Petit Robert 2006: cap sur l'étymologie
2005-09-02 PARIS (AFP)

http://actu.voila.fr/Article/mmd--franc ... ywnob.html

Le Petit Robert 2006, en librairie depuis jeudi, met l'accent sur l'étymologie à travers de nombreux encadrés, proposant aussi bien sûr ses mots nouveaux, notamment autour des nouvelles technologies et des loisirs, et ses personnalités entrantes.

Tiré à 200.000 exemplaires, Le Petit Robert de la langue française (2.950 pages, 58 euros) comprend 60.000 mots et 300.000 sens et nuances. Au centre de la couverture blanche, pour la première fois millésimée, une empreinte digitale, "véritable sceau de l'individu", signifie que tout un chacun doit s'approprier la langue.

Alain Rey et son équipe abordent, dans 650 encadrés étymologiques, la participation du français à l'enrichissement lexical des langues européennes: "comme toute langue vivante, le français s'enrichit en effectuant des emprunts lexicaux à d'autres langues. Ce que l'on sait moins, c'est que le phénomène inverse, les emprunts faits au français, est également abondamment attesté".

Cet apport du français est considérable en anglais, non négligeable en italien et en allemand, moins important en espagnol, portugais ou néerlandais. "Les mots anglais "space", "error", "colour", "beauty", "circle", "language", "lesson", "music", "tailor" laissent aisément percevoir les mots français dont ils proviennent", selon l'ouvrage.

Les Français de la Renaissance s'élevaient contre l'italianisation de leur langue, ceux d'aujourd'hui s'inquiètent des anglicismes: le phénomène des emprunts concerne toutes les langues, note le dictionnaire.

Les mots nouveaux sont, sans surprise, issus des nouvelles technologies, des sciences ou des loisirs (notamment gastronomie) comme "antirétroviral", "ayurvéda", "blog", "brevetabilité", "cancéropôle", "collector", "écotourisme", "lassi", "minivirus", "minispace", "miso", "pancetta", "parodontie", "picodon", "plancha", "quinzomadaire", "shiatsu", "snowpark", "téléboutique" ou "TNT". On trouve aussi "investiguer", "islamité", "microcrédit" ou "relocaliser".

Beaucoup de sens nouveaux sont proposés: catastrophe (sanitaire), compétence (bilan de compétence), genou (mou du genou), melon (attraper le melon), viol (en réunion) etc.

Parmi les personnalités qui entrent dans Le Petit Robert des noms propres (2.396 pages, 59 euros, couverture millésimée, tiré à 120.000 exemplaires): Benoît XVI, Philippe Découflé, Claude Lanzmann, David Lodge, Amin Maalouf, Michael Moore, Mahmoud Abbas, Alain Corbin, Plantu, tous les Nobel, etc.

Une rubrique étymologique, éclairant la signification des noms propres quand c'est possible, accompagne plus de 10.000 articles: "Chaumont", dans le nom des "Buttes-Chaumont", signifie "mont chauve": le site du parc était un terrain argileux sur lequel rien de poussait, "Mohawks" vient d'un mot indien qui signifie: "Ils mangent des choses vivantes" et "Almodovar" (comme Pedro, le cinéaste espagnol) vient de l'arabe "al-mudawwar" qui veut dire "le rond, le gros": il est possible d'y voir une allusion à une colline ou un champ.

A la mi-octobre, la maison d'édition Dictionnaires Le Robert (Editis) fera paraître un ambitieux "Dictionnaire culturel en langue française". Quatre volumes élaborés à partir d'un "choix" de mots privilégiant, outre l'articulation des sens et leurs définitions, l'étymologie, l'histoire du mot et son éclairage par des textes. "C'est sans équivalent à l'étranger", dit Alain Rey qui a dirigé ce travail collectif.

© AFP.

e.

[lopi]

Hey e, soyons portugais ce soir, une danse sur lusitanien, c'est tentant non?

Beaucoup de sens nouveaux sont proposés

mais allons nous encore nous comprendre
Lopi

[ejds]

Druide de luxe !

Voilà ce que c’est que d'avoir fait confiance aux druides de bannir l’écriture et de faire travailler la mémoire collective.

La comparaison indo-européenne établit que tout le vocabulaire de base de la médecine est apparenté au thème signifiant « mesurer ».
Si c’est le cas, ce serait une valeur d’échange (donc rituelle), ou simplement une valeur scientifique, empirique ?
Ou prendre une bonne mesure ?

Que disent les dicos ?

Mais finit de geindre de nos jours ! Heureusement, un éditeur qui ne fait pas dans la demi-mesure, « Québec-Amérique», se rebiffe et rattrape le temps perdu.

A côté de nos incontournables compagnons d’écriture tel le franchouillard « Petit Robert », il existe aussi la famille dico-druide.

Bien que tout en français (car c’est tout de même plus simple que de bannir la langue celtique et bien plus facile à comprendre), et "applaudi par le milieu du livre", trônent le Grand Druide des synonymes, le plus grand dictionnaire de synonymes de la francophonie, et son petit frère le Petit Druide des synonymes :



Mais aucune inquiétude à avoir pour les autres. Encore plus efficace pour ceux dans vous qui seraient en brouille avec l’écriture et la lecture, et pour qui une image ne vaut pas mille maux, il existe un ouvrage, ad hoc en son genre, Le Nouveau Dictionnaire Visuel :

Le Nouveau Dictionnaire Visuel est un dictionnaire unique où l'image sert de définition au mot. C'est l'outil rêvé pour nommer ces objets qui nous entourent, du sillet de la guitare à la chromosphère du soleil, en français comme en anglais.

Avec ses 64 000 mots superbement illustrés et prononcés, le Visuel est la référence incontournable de notre monde moderne.

e.