défaites romaines et aquitains

[Lucterios]

Bonsoir,
je voudrais savoir si l'un de vous connait l'épisode où deux légats romains, Mucius Manlius et Lucius Valérius Préconinus ont été défaits (Manlius d'abord trouva la mort, puis Valérius qui fut contraint d'abandonner les bagages) par les aquitains. Ils 'agit vraisemblablement de victoires Sotiates. César mentionant dans la guerre des gaules le fait que ce peuple pensait pouvoir battre l'armée de Crassus du fait de ses précédentes victoires.
Pouvez vous m'en dire plus ? Les sources sur ce sujet se font très rares semble t il, même sur internet.
Peut être pouvez vous me donner une année ? Ou encore le déroulement de la bataille ?????
Toute nouvelle info est la bienvenue.

Merci.

[Orgenomeskos]

César, Guerre des Gaules, III, 20

Voyant qu’il devait faire la guerre dans des contrées où peu d’années auparavant Lucius Valérius Preconinus, légat, avait été vaincu et tué, et d’où Lucius (Lollius?) Manilius, proconsul, avait dû s’enfuir en abandonnant ses bagages, il se rendait compte qu’il lui faudrait être particulièrement attentif. Il fit donc ses provisions de blé, rassembla des auxiliaires et de la cavalerie, convoqua en outre individuellement, de Toulouse et de Narbonne, cités de la province de Gaule qui sont voisines de l’Aquitaine, un grand nombre de soldats éprouvés ; puis il pénétra sur le territoire des Sotiates.

Ce passage fait référence à un épisode de la guerre contre Sertorius, plus exactement à l'année -78, lorsque Manilius, proconsul de la Gaule, passant en Espagne fut attaqué par les Sotiates...Il eut beaucoup de difficultés à rejoindre Ilerda et y laissa camps, bagages et lieutenant: Preconinus. (cf. Orose, V, c. 23. selon A. Thierry). A. Thierry souligne que les Sotiates menaçaient alors Narbo et Massalia, je n'ai pas réussi à me procurer le passage d'Orose...avis aux gens mieux documentés que moi !

[ejds]

Un extrait d'un texte de plus d'une vingtaine de pages sur les lieux et les raisons du combat entre Manlus ou Manilius et Préconinus ou Préconius... et les Sotiates ; en version HTML, auteur Antonin Gadal (1871-1962) :

L'ARIEGE :
LES SOTIATES

http://72.14.221.104/search?q=cache:CwP ... =clnk&cd=1

[…] La partie historique que nous abordons est encore plus riche, si je puis m'exprimer ainsi, que la géographie. Dom Vic et Dom Vaissette, immortels historiens de l'Histoire du Languedoc, Adrien de Valois, l'Académicien Lancelot, de Marca, Castel, Cabibel, Henri Martin, pour ne citer que les grands. Mais de l'Histoire spécialisés, et je n'aurai garde d'oublier nos savants Ariègeois Adolphe et Félix Garrigou, sont d'accord sur la traduction littérale du texte des Commentaires de César qui suit :

« César... donne à Crassus l'ordre de marche contre l'Aquitaine avec douze cohortes prises dans les légions et avec un corps imposant de cavaliers pour empêcher les Aquitains de porter secours au Gaulois et empêcher tant de peuplades de se liguer ensemble... »

Presque en même temps Publius Crassus arrive dans l'Aquitaine. Cette partie des Gaules, par son étendue et sa population, forme, comme nous l'avons déjà dit, le tiers de la Gaule. Crassus, persuadé qu'il ne pénètrerait pas dans le pays où il allait faire la guerre sans difficultés, comprit qu'il ne pouvait s'empêcher de prendre des précautions et d'agir avec diligence. Car il allait attaquer ceux-là même qui, peu auparavant, avaient fait mordre la poussière au lieutenant Valerius Préconius, et mis en pleine déroute avec son armée et ses bagages, le proconsul Lollius Manilius. Aussi pourvut-il ses soldats de vivres, les disposa-t-il en bon ordre et, après avoir fait un appel nominatif aux nombreux et vaillants guerriers de Toulouse, Carcassonne, Narbonne, villes qui faisaient partie de la Province romaine et qui étaient limitrophes de ces contrées, il introduisit son armée sur la terre des Sotiates...

La lutte fut longue et opiniâtre. Les Sotiates, fiers de leurs anciennes victoires, voyaient, dans leur résistance, le salut de l'Aquitaine.

Il y a eu donc deux Campagnes distinctes :

I° - l'une, sous Manilius et Préconius

2° - l'autre sous Crassus;

La première 78 ans avant J.C., la deuxième 58 ans avant J.C. Je n'ai pas besoin d'insister sur ce fait que Manilius et Préconius, d'une part, et Crassus, d'autre part, à une vingtaine d'années les uns des autres, combattaient la même tribu des Sotiates.

En ce qui concerne la première Campagne 78 ans avant J.C., César ne donne ni le motif de la guerre ni le lieu où échut Manilius.

Plutarque et Paul Orose vont nous renseigner :

« Sertorius, dit Plutarque, donne à Métellus (gouverneur du Nord de l'Espagne) tant de traverses et le rangea à tels termes, qu'il fallut que Lollius - Lollius Manilius - vint de la Province pour le soutenir ».

« Deux chefs, dit Paul Orose, furent opposés à Sertorius : Métellus et Domitius. Ce dernier fut vaincu par Herculeius, lieutenant de Sertorius.

Manilius, proconsul de la Gaule, passant en Espagne suivi de trois légions et de quinze cents cavaliers, en vint aux mains avec Herculeius dans un combat funeste pour Manilius, qui après avoir perdu son camp et ses bagages, eut beaucoup de peine à arriver à peu près seul à Ilerda... »

Ilerda est le moderne Lérida, au confluent de l'Ebre et de la Sègre.

Tite-Live, Pignius, Ségonius, Dom Vic et Vaissette fournissent les mêmes indications.

Crassus, avons nous vu, introduisit son armée sur la terre des Satiates. Il ne passa point chez les Sordes ou Sardons, ni même chez les Atcini, qui faisaient partie de la Province; non : « il introduisit son armée sur la terre des Sotiates... »

« Ceux-là même qui avaient fait mordre la poussière au lieutenant Valérius Préconius et mis en pleine déroute avec son armée et ses bagages le proconsul Lollius Manilius... »

Lequel se réfugia à Ilerda (Lérida). [...]

e.

[Muskull]

Orose, O désespoir !
Nous partîmes 10 000 et sans prompt secours
Je revins seul en appellant ma mère.

Pardon

[ejds]

PLUTARQUE

Vie de Sertorius

http://ugo.bratelli.free.fr/Plutarque/P ... torius.htm

2. Sertorius, né d'une famille peu distinguée dans la ville de Nursie, au pays des Sabins, perdit son père en bas âge, et fut très bien élevé par sa mère, qu'il aima toujours avec une extrême tendresse ; elle s'appelait Rhéa. Il s'exerça d'abord à plaider, et jeune encore il y réussit assez pour se faire, par son éloquence, une grande réputation dans Rome ; mais bientôt l'éclat de ses succès militaires tourna du côté des armes toute son ambition.

3. Il fit sa première campagne sous Cépion, lorsque les Cimbres et les Teutons se répandirent dans les Gaules, et que les Romains furent entièrement défaits. Après la déroute, Sertorius, qui avait eu un cheval tué sous lui, et qui était lui-même blessé, traversa le Rhône à la nage, armé de sa cuirasse et de son bouclier, en luttant avec les plus grands efforts contre l'impétuosité de ce fleuve ; tant son corps était robuste, et endurci à la fatigue par un long exercice. Ces mêmes peuples étant revenus une seconde fois avec une armée presque innombrable, et en faisant de si terribles menaces, qu'on regardait alors comme un trait de courage extraordinaire dans un soldat romain d'oser tenir ferme à son poste contre de tels ennemis, et d'obéir à son général, Marius fut chargé du commandement de l'armée, et Sertorius s'offrit d'aller comme espion dans le camp des ennemis. Il apprit les termes les plus communs de leur langue, afin de pouvoir parler au besoin avec ceux qu'il rencontrerait ; et ayant pris un habit gaulois, il alla se mêler avec ces Barbares après y avoir vu et entendu ce qu'il importait le plus de savoir, il retourna vers Marius, qui lui décerna le prix du courage. Pendant toute cette guerre, il donna de si grandes preuves de valeur et de prudence, qu'il mérita la confiance de son général, qui lui fournit des occasions d'acquérir de la gloire. [...]

e.

[Lucterios]

Sympa ! Je vous remercie pour toutes ces informations !
N'hésitez pas à compléter.