(1) A la grande main / au grand bras ; (2) celui qui se trouve en-dessous
Andossus - Divinité gallo-romaine dont le nom est attesté sur huit inscriptions, provenant en majorité du seul territoire des Convènes. Selon P. Lajoye (2005 ; 2008), ce théonyme serait un composé en *and-dosso- / and-dosto-, avec le préfixe superlatif *ande- / ando-, associé à *-dous-, qui signifie "avant-bras / main", et devrait être traduit par "à la grande main". De son côté, X. Delamarre (2007 ; 2019 ; 2023) y reconnaît un composé *ando-sso- (< ando-sto-), avec *ando-, préfixe locatif signifiant en-dessous, associé à *-sto- (< -sth2-o-), "qui se trouve / qui se tient / qui est". Suivant cette dernière hypothèse, il conviendrait de traduire ce théonyme par "(celui) qui se trouve en-dessous". Enfin, J. Gorrochetegui (1984 ; 2013) doute quant à lui de la celticité de ce nom, et y reconnaît un dérivé d'un terme aquitain (proto-basque) *andoss-. Notons aussi les variantes théonymiques Alardossus et Toliandossus, et les anthroponymes Andossius, Andossus et Andoxus.
Les fonctions de cette divinité sont délicates à préciser. À Melles (Haute-Garonne), Andossus est assimilé à un autre dieu indigène, fort méconu, Basces (ou Basceus). Sur un autre autel, provenant de Montoussé (Hautes-Pyrénées), il est associé aux Lari domi, les Lares domestiques (Holder, 1896, 150). Plus éloquent est l'autel de Narbonne (Aude), sur lequel ce dieu est associé à Hercule Invictus (Hercule invaincu) et Ilunnus (CIL 12, 4316). En effet, on note que sur ce monument figurent aussi un scyphus (coupe), une massue et une léonté (peau de lion), tous trois attributs d'Hercule / Heraklès. L'inscription de Valcabrère (Haute-Garonne) invite à y voir une même assimilation (CIL 13, 226). Notons enfin que des inscriptions de Montoussé (CIL 13, 197 ; Holder, 1896, 150) et les différentes inscriptions de Montsérié (Hautes-Pyrénées) assimilent ce dieu à une mystérieuse divinité, Erge (ou Erga), qui pourraît n'être qu'une dénomination locale de Hercule (Lajoye, 2005 ; 2008). P. Lajoie, qui traduit ce théonyme par "à la grande main", observe que ce même nom se retrouve dans celui du dieu irlandais Lug Lámfhada "Lug à la grande main", et de son équivalent gallois Lleu Llaw Gyffes "Lug à la main agile", divinités habituellement assimilées à Mercure. Les nombreuses occurrences de cette divinité chez les Convènes, non-loin de leur métropole Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges, Haute-Garonne), semblent accréditer cette hypothèse. Ces possibles assimilations à Hercule ou à Mercure ne sont en aucun cas contradictoires aux yeux de P. Lajoye (2005 ; 2008) qui souligne que ces dieux de la mythologie gréco-romaine sont les fils d'un grand dieu céleste (Jupiter), tout comme l'est Lugh dans la mythologie celte insulaire, puisqu'il est le fils de Dagda.