La Germanie (De origine et situ Germanorum) de Tacite est un court ouvrage ethnographique consacré aux peuples germaniques vivant entre le Rhin et le Danube, rédigé en 46 courts chapitres. Cette oeuvre fut rédigée en 97-98 ap. J.-C. (1) et a été conservée en intégralité grâce à deux principaux manuscrits médiévaux ; le Codex Aesinas du IXᵉ s. et le Manuscrit Hersfeldensis, redécouvert au XVᵉ s.
L'ouvrage combine ethnographie, géographie et réflexion morale. Tacite y idéalise souvent les Germains, dont il perçoit la société comme simple, vertueuse et courageuse, qu'il oppose à la décadence de Rome. C'est aussi un document d'intérêt politique et stratégique, dans un moment où la frontière nord est cruciale pour l'Empire. La Germanie de Tacite est en effet une source ethnographique majeure sur les peuples germaniques du Ier s., cet ouvrage fournit aussi un cadre géopolitique précieux, avec la localisation relative de nombreuses populations. La Germanie de Tacite est organisée de la manière suivante :
Chapitres
Contenu
I
Cadre géographique de la Germanie.
II-XXVII
Description générale des moeurs, institutions, croyances, organisation sociale et militaire des Germains.
XXVIII-XLVI
Catalogue géographique des principales populations.
Depuis l'époque césarienne, la frontière entre les Celtes et les Germains a été abusivement située du le Rhin. César notait déjà que la situation pouvait être localement plus complexe, et cette situation transparaît encore dans la Germanie de Tacite. Ainsi, le témoignage de Tacite apporte des informations inédites sur certaines populations celtiques d'outre Rhin, alors que celles-ci étaient progressivement germanisées ou assimilées par les Daces, ou encore au sujet de certaines populations hybrides, celto-germaniques.
Notes
(1) Dans cet ouvrage, Tacite oppose les vertus germaniques à la corruption romaine (Germanie, II ; V), avec des échos très nets de sa critique de Domitien, esquissée dans sa Vie d'Agricola. Ces allusions n'auraient pas pu être publiées avant la mort de cet empereur (96 ap. J.-C.). La Germanie décrit des frontières rhénanes et danubiennes stabilisées et pacifiées, sans aucune allusion à de nouvelles campagnes. Ceci amène à situer sa rédaction dans les deux premières années du règne de Trajan, soit 97 ou 98 ap. J.-C.
Sources
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique