grande consoude, consyre, conflée, herbe à la coupure, oreille d'âne, oreilles de vache, pecton, oreille de vache
L'ancienne dénomination latine consolida et le mot français consoude sont la traduction directe de l'ancien terme grec sumphueïn, qui signifiait littéralement "la plante qui soude".
C'est Pline qui fait le lien entre halus et la grande consoude. Cependant, pour cette plante, la graphie varie en fonction des auteurs, mais aussi, en fonction des chapitres, au sein d'un même ouvrage. Ainsi, on retrouve les graphies halus, hal, et al, mais aussi alus et alum, ces deux derniers termes sont alors souvent qualifiés de gallicum, spécifiant leur origine.
Pour Pline: "L'halus, ainsi nommé par les Gaulois, et que les Vénètes appellent cotonea, soulage les douleurs des côtés. Cette plante est bonne pour les reins, pour les entorses et les ruptures des parties molles. Elle ressemble [...] par sa tête au thym. Elle est douce et désaltérante, sa racine est tantôt blanche, tantôt noire. La racine de la grande consoude prise dans du vin, arrête le flux du ventre et la dysenterie. Pour les ruptures des parties molles et les entorses, les chutes de haut, avec de la fièvre, on utilise le bouillon de la grande consoude ou la décoction de sa racine" (Pline, Histoire Naturelle, XXVI, 42).
Il dit aussi: "La plante que nous nommons alum, [...], ressemble à la sarriette... Elle est bonne pour les douleurs de côté, pour les reins, pour les tranchées, pour la poitrine, pour les poumons, pour les crachements de sang, pour les irritations de la gorge. On prend la racine en boisson, pilée ou bouillie dans du vin, parfois aussi on l'utilise en liniment [...] De plus, mâchée, elle calme la soif et elle est particulièrement rafraîchissante pour le poumon. On s'en sert en cataplasme pour les luxations et les contusions, elle calme les maux d'intestin. Elle arrête le flux de ventre cuite dans de la cendre, dépouillée de ses follicules, pilée avec neuf grains de poivre et prise dans de l'eau. Elle a une telle efficacité pour la guérison des blessures qu'elle agglutine ensemble les viandes avec lesquelles on la fait cuire. Elle guérit aussi les fractures des os" (Pline, Histoire Naturelle, XXVII, 41-42).
Marcellus cite trois fois la grande consoude. Les effets qu'il mentionne, recoupent ceux signalé par Pline. Il la préconise pour les épistaxis (De medicamentis liber, X, 68) et "pour les hémorragies, qu'elles proviennent d'une artère du poumon ou de la poitrine" (De medicamentis liber, XVII, 21); Marcellus reprend ici mot pour mot le chapitre LXXXIII de l'ouvrage de Scribonius Largus (Des compositiones).
Marcellus conseille aussi la grande consoude pour les hémorroïdes "qui coulent" (De medicamentis liber, XXXI, 29), et il est le seul à faire mention d'un tel usage.
Le Pseudo-Apulée signale la plante seulement pour les écoulements vaginaux (Pseudo-Apulée, Herbarius).
L'effet cicatrisant de la grande consoude était encore très utilisé par les phytothérapeutes de la première moitié du XXème siècle, pour des pathologies dermatologiques, mais aussi pour des pathologies comme l'ulcère gastrique... Les propriétés cicatrisantes pourraient être dues à l'allantoïne et aux polysaccharides. De plus, en 1983, il a été montré que l'extrait aqueux des feuilles augmente fortement la production de prostaglandines d'un homogénat de muqueuse gastrique chez le rat (Bruneton, Pharmacognosie - Phytochimie - Plantes médicinales, p.681), expliquant l'effet thérapeutique sur les ulcères, mais il n'y a pas eu d'études chez l'homme.
Sources
• J. Bruneton, Pharmacognosie-Phytochimie-Plantes médicinales, 2e ed, Lavoisier, TEC DOC, Paris 1997
• Pierre Louarn pour l'Arbre Celtique