C'est le Pseudo-Dioscoride qui associe le nard rustique (ou nard sauvage) au baccar gaulois. Dioscoride en parle ainsi: "Certains l'appellent le nard sauvage. L'asaret est de nature chaude. Il provoque l'urine. Il est profitable aux hydropiques et est utile aux sciatiques antiques. Les racines bues au poids de dix drachmes avec de l'eau miellée provoquent le flux menstruel et purgent comme l'ellébore blanc. L'asaret se met dans des onguents". (Dioscoride, Sur la matière médicale, I, 9).
Pour Pline: "On affirme que l'asaret est utile dans les affections du foie, pris à la dose d'une once dans un verre de vin coupé d'eau. Il purge le ventre comme l'ellébore, est bon dans l'hydropisie, dans les affections de l'épigastre et de la matrice et dans la jaunisse. Ajouté à du moût, il donne un vin diurétique. On l'arrache quand les feuilles se ferment et on le fait sécher à l'ombre" (Pline, Histoire Naturelle, XXI, 7).
Cependant, l'origine gauloise du terme baccar est mise en doute, puisque Virgile, le cite, à deux reprises: "La terre, enfant, féconde sans culture, t'offrira pour prémices les lierres rampants avec le baccar, et les colocasies mêlées à la riante acanthe" (Virgile, les Bucoliques, IV, 20) et "Ceignez mon front de baccar" (Virgile, les Bucoliques, VII, 2). Est-ce parce que Virgile est né dans une région d'Italie qui fut la Gaule cisalpine qu'il connaît ce terme gaulois? Ou est-ce tout simplement une autre plante? J. André (Noms de plantes gaulois ou prétendus gaulois dans les textes grecs et latins, in Etudes Celtiques 22, 1985) pense à une sorte d'immortelle orientale (Helichrysum sanguineum Boiss.) et considère que le latin baccar est un emprunt au grec (et qui n'a pas pu être transmis par les Celtes d'Asie Mineure, puisque la graphie remonte au VIème siècle avant J.-C.)
L'asarone, issue de la distillation de l'asaret, est la substance active de l'asaret. Son effet émétique, seul véritable effet reconnu, a été démontré bien plus tard, en 1906.
Sources
• J. André, Noms de plantes gaulois ou prétendus gaulois dans les textes grecs et latins, in Etudes Celtiques 22, 1985
• Pierre Louarn pour l'Arbre Celtique