Des aborigènes furent, ce qu'ont affirmé certains auteurs, les premiers que l'on vit en ces contrées: ils s'appelaient Celtes, du nom d'un roi qui savait se faire aimer, et Galates, du nom de sa mère. En grec, on dit, en effet, Galates pour Gaulois. Selon d'autres, les Doriens, qui avaient suivi l'ancien Hercule, habitèrent les lieux qui confinent l'Océan. Les Drasides (druides) rapportent qu'une partie de ce peuple était réellement indigène, mais que des îles les plus reculées et des contrées transrhénanes affluèrent des étrangers que des guerres fréquentes et l'envahissement d'une mer houleuse avaient chassés de leurs demeures.
Quelques-uns disent qu'après la chute de Troie, des vaincus en petit nombre fuyant les Grecs répandus partout occupèrent ces pays alors déserts. De leur côté les habitants de ces contrées affirment - ce que nous voyons aussi gravé sur leurs monuments - qu'Hercule, fils d'Amphitryon, s'empressa d'aller détruire Géryon et Taurisque, cruels tyrans dont l'un désolait les panies, et l'autre les Gaules; que, les ayant vaincus tous les deux, il s'unit avec des femmes de race noble, et en eut plusieurs enfants qui appelèrent de leurs noms les contrées où ils commandaient. De Phocée en Asie sortit un peuple qui, pour éviter la cruauté d'Harpale, gouverneur du pays pour le roi Cyrus, vint aborder en Italie. De ces fugitifs, les uns fondèrent Velia en Lucanie, les autres Massilia dans la Viennaise.
Puis, dans les siècles suivants, quand leurs forces s'accrurent, ils bâtirent des villes en grand nombre; mais il faut se garder d'une variété [d'opinions] qui souvent s'accompagne de la satiété. - En ces lieux, les hommes, se civilisant peu à peu, mirent en honneur l'étude des louables sciences ébauchées déjà par les bardes, les euhages et les druides. Ces bardes chantèrent les hauts faits des hommes illustres, en vers héroïques accompagnés des doux accords de la lyre; les euhages, par de sérieuses investigations, s'efforçaient de révéler et la force et les sublimes merveilles de la nature. Parmi eux, les druides, esprits plus élevés, unis, selon une règle qui a pour elle l'autorité de Pythagore, par les liens étroits d'une vie en commun, sont arrivés, par leurs recherches sur les mystères les plus profonds, à une hauteur, d'où, contemplant l'humanité, ils ont proclamé l'immortalité de l'âme ".