Cygnos / Cycnos - Roi légendaire des Ligures, fils de Sthénélos et de l'Océanide Clymène, il est le demi-frère de Phaéton. Mentionné par Pausanias le Périégète (Description de la Grèce, I, 30, 3), Ovide (Métamorphoses, II, 367) et Virgile (Énéide, X, 185-193). Roi ligure, il abandonna son royaume à la mort de son demi-frère Phaéton et partit le pleurer sur les bords de l'Éridan. C'est en pleurant que sa voie virile devint grêle et qu'il se métamorphosa en oiseau, selon Ovide (Métamorphoses, II, 367) ou après sa mort selon Pausanias le Périégète (Description de la Grèce, XXX, 3). Cette métamorphose fut le fait d'Apollon, qui le voyant affligé, le pris en pitié. Selon cette légende, les cygnes descendent de ce roi ligure, ce pourquoi cet oiseau est associé à la musique.
Ovide, Métamorphoses, II, 367-400 :"Le fils de Sthénélée, Cycnos, fut témoin de ce prodige : bien qu'il te fût uni par le sang, du côté de ta mère, ô Phaéton ! il l'était encore davantage par les noeuds de l'amitié. Abandonnant son empire (car les peuples de la Ligurie et de florissantes cités obéissaient jadis à ses lois), il faisait retentir des cris de sa douleur les vertes campagnes qu'arrose l'Eridan, les eaux du fleuve lui-même, et les arbres dont tes' soeurs venaient d'augmenter le nombre. Soudain sa voix, de virile qu'elle était, devient grêle ; des plumes blanches remplacent ses cheveux ; son cou se prolonge loin de son sein, une membrane de pourpre unit ses doigts, le duvet couvre ses flancs, sa bouche devient un bec arrondi ; Cycnos est transformé en un oiseau jusqu'alors inconnu ; il ne se confie ni aux plaines célestes ni à Jupiter, car il garde le souvenir des feux injustement lancés sur Phaéton ; il habite les étangs et les vastes lacs, et sa haine pour le feu lui fait choisir une demeure au sein de l'élément contraire. Cependant le Soleil pâle et sans éclat, tel qu'il nous paraît quand il est éclipsé, déteste la lumière, et le jour, et lui-même. Tout entier à sa douleur, et dans le courroux qui le transporte, il refuse son ministère au monde : "Assez longtemps, dit-il, ma vie a été une tâche pénible. Je me lasse de tant de travaux, depuis le commencement des siècles sans cesse renouvelés, et toujours sans récompense. Qu'un autre désormais conduise mon char; et s'il n'en est point qui le puisse; si tous les dieux avouent leur impuissance: eh bien ! que Jupiter lui-même saisisse les rênes; du moins quand il les régira, ses mains laisseront reposer ses foudres si fatales aux pères. Alors il éprouvera la terrible audace de mes coursiers enflammés. Il verra s'ils méritent la mort ceux qui n'ont pu les gouverner !" Il dit, et tous les dieux s'assemblent autour de lui. Ils le conjurent de ne pas abandonner l'univers aux ténèbres. Jupiter lui-même excuse son tonnerre; et bientôt, parlant en maître, il ajoute aux prières ses ordres absolus. Phébus rassemble ses coursiers emportés, dont la terreur agite encore les flancs. Il les dompte, il les frappe, il les presse; il leur reproche la mort de son fils, et s'en venge sur eux."
Pausanias le Périégète, Description de la Grèce, I, 30, 3 :"Non loin de l'Académie est le tombeau de Platon. Les dieux pronostiquèrent, de la manière suivante, qu'il serait un des plus célèbres philosophes. Socrate, quand Platon vint se mettre au nombre de ses disciples, avait, la nuit précédente, vu en songe un cygne qui volait dans ses bras. Or, le cygne est un oiseau qui passe pour musicien, depuis, dit-on, qu'un certain Cygnus, musicien célèbre, et roi des Ligyes, peuple de la Celtique, au-delà de l'Éridan, fut à sa mort métamorphosé par Apollon, et prit la forme de l'oiseau qui porte son nom. Je veux bien croire que les Ligyes aient eu un roi grand musicien, mais on ne me persuadera pas qu'il ait été changé d'homme en oiseau."
Virgile, Énéide, X, 185-193 :"Non, je ne te passerai pas sous silence, Cygnus, chef des Ligures, très vaillant guerrier, ni toi, avec ta maigre escorte, Cupavo, dont le cimier est orné de hautes plumes de cygne, à la fois reproche, amour des vôtres et rappel de la figure d'un père ; car, on raconte que Cygnus, à la mort de Phaéthon qu'il aimait, chantait à l'ombre des' soeurs de son ami, sous les feuillages des peupliers, consolant de sa muse son douloureux amour ; il passa sa vieillesse chenue couvert d'un souple plumage, délaissant la terre et poursuivant les étoiles de son chant."
Hygin, Fables, CLIV :"Phaéton, fils de Clymènus, lui-même fils du Soleil, et de la nymphe Mérope, qui, comme nous l'avons entendu, était une Océanide, ayant appris de son père que son grand-père était le Soleil, fit un mauvais usage du char qu'il avait demandé. En effet, comme il fut porté trop près de la terre, tout s'embrasa immédiatement, et frappé par un éclair, il tomba dans le fleuve Pô. Ce fleuve est appelé Eridanus par les Grecs ; Phérécyde fut le premier à le nommer. Les Indiens devinrent noirs, parce que leur sang prit une couleur sombre lorsqu'ils furent approchés par la chaleur. La soeur de Phaéton, elle aussi, en pleurant son frère, fut changée en peuplier. Leurs larmes, comme le raconte Hésiode, se transformèrent en ambre ; [malgré ce changement] elles sont appelées Héliades. Elles sont donc Mérope, Hélie, Aegle, Lampetia, Phoebe, Aetherie, Dioxippe. De plus, Cygnus, roi de Ligurie, qui était apparenté à Phaéton, fut changé en cygne alors qu'il pleurait son parent ; lui aussi, lorsqu'il mourrut, chanta un chant lugubre."