Chaque année un nouveau cerne se forme dans l'aubier des arbres. Il est alors possible de constater que l'épaisseur des cernes varie selon les années en fonction de différents facteurs : le climat (périodes sèches / humides), les interventions anthropiques (taille de l'arbre, déboisement dans l'entourage de l'arbre?), les incendies.... Depuis la première moitié du XXe siècle, de nombreuses observations sont faites sur des souches d'arbre et sur des carottes prélevées sur des arbres vivants. Ces observations ont permis de corréler les variations de l'épaisseur des cernes avec des changements climatiques, même ponctuels. L'ensemble des résultats obtenus est alors reporté sur des courbes dendrochronologiques, qui sont la base de cette méthode de datation. Il a été nécessaire de réaliser de nombreuses séquences de références en Europe à cause des microclimats et des arbres qui rendent plus ou moins facile la lecture des cernes. Le travail du chercheur se fait en trois étapes :
- L'élaboration d'une courbe de référence
- L'élaboration d'une courbe spécifique à l'échantillon prélevé
- La comparaison avec la courbe de référence
- Principes de la méthode et applications
On trace pour chaque échantillon une courbe fonction de l'épaisseur de chaque cerne. Cette courbe est par la suite comparée à des courbes de références établies à partir de la moyenne des courbes de plusieurs arbres qui ont pour partie vécu au même moment et dans un même contexte climatique, topographique et hydrique. La séquence obtenue pour l'échantillon prélevée sur le site archéologique est calée sur la courbe de référence, spécifique à une espèce, pour la région considérée à partir de laquelle on obtient une datation de l'échantillon considéré. Cette courbe de référence, pour être réellement représentative doit être réalisée à partir de plusieurs centaines ou plusieurs milliers d'échantillons pour mil ans de courbe. Enfin, pour disposer de périodes de référence suffisamment longues, il est nécessaire de relier plusieurs séquences entre elles en utilisant le principe de la synchronisation. La dendrochronologie peut ainsi fournir des informations décisives et des datations dont la marge d'erreur ne dépasse pas un an.
La largeur des cernes situés entre l'écorce et le noyau de l'arbre sera prélevée au microscope et transformée en courbe individuelle grâce à un programme informatique. Une fouille livre en général de nombreux bois d'âges semblables et de courbes de croissance presque identiques. La somme de ces mesures donne une courbe moyenne, qui atténue les différences particulières des courbes individuelles.
- Une méthode séduisante mais limitée
Le bois, comme tous les matériaux organiques, ne résiste pas systématiquement longtemps au pourrissement. Il n'est donc pas évident d'en retrouver sur les sites archéologiques, sauf dans quelques domaines climatiques et hydriques bien particuliers, les milieux très humides ou très secs par exemple. En outre, toutes les espèces ne peuvent pas faire l'objet d'une datation dendrochronologique aussi aisée que le chêne, le sapin ou le frêne, car les cernes ne sont pas toujours assez lisibles. Enfin, les courbes établies n'ont de valeur qu'à l'échelle régionale. L'application de cette méthode est donc limitée par des facteurs géographiques et chronologiques, selon les sites. Il est parfois nécessaire de se référer aux courbes de la région la plus proche sur le plan climatique pour pouvoir dater un échantillon, ce qui peut induire une certaine imprécision.
Sources
• GUERIN C., (2002) - " Biochronologie ". In : MISKOVSKY J.-C. (dir.), Géologie de la Préhistoire, Association pour l'étude de l'environnement géologique de la Préhistoire, Paris, pp. 1079-1084
• LAMBERT G.-N. & LAVIER C., (2002) - " La dendrochronologie, une discipline alliant temps, hommes, territoires et climats ". In : MISKOVSKY J.-C. (dir.), Géologie de la Préhistoire, Association pour l'étude de l'environnement géologique de la Préhistoire, Paris, pp. 1085-1099
• RISER J., (1999) - Le Quaternaire, géologie et milieux naturels, Dunod, Paris, 320p.
• VERGNE V., (1999a) - " Dendrochronologie, dendroclimatologie : archives paléoécologiques ". In : DUBOIS J.-J. (dir.), Les milieux forestiers, aspects géographiques, SEDES, Paris, pp. 46-48
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique