Eliberri / Iliberris / Illeberis / Castrum Helenae - Localité anciennement très importante (selon Pomponius Méla et Pline) située sur le cours supérieur du Tech (Tichis), au niveau du territoire des Sordones, puis des Volques Tectosages. Il s'agît de l'actuelle Elne (Pyrénées-Orientales). Ce toponyme est ibère, il s'explique par *illi-/iri- "ville" associé au terme *-berri "nouveau". Le nom de cette localité témoigne de l'établissement ancien de population pré-celtique d'origine ibérique.
Pomponius Mela, Description de la Terre, II, 76 :"Bien plus, en creusant à une certaine profondeur, on découvre une infiltration souterraine de la mer. De là vient que, soit par ignorance, soit pour le plaisir d'en imposer sciemment à la postérité, certains auteurs grecs et même quelques-uns des nôtres, ont prétendu que les poissons qu'on tue, et qu'on prend par les trous qu'on pratique dans cette espèce d'île, sont une production de la terre même, tandis qu'ils viennent de la mer par une voie souterraine. Au-delà, sont les rivages des Sordones, et les embouchures du Télis et du Tichis, fleuves peu considérables dans leur état naturel, mais terribles dans leur crue ; la colonie Ruscino, et le bourg Eliberri, faible reste d'une ville autrefois grande et florissante ; enfin, entre deux promontoires du Pyrénée, le port de Vénus, célèbre par son temple, et le lieu appelé Cervaria, où se termine la Gaule."
Pline, Histoire Naturelle, III, 5: " Sur la côte sont: la contrée des Sardones, et, dans l'intérieur, celle des Consuarans ; les fleuves, le Tecum et le Vernodubrum ; les villes, Illébéris, faible reste d'une cité grande jadis."
Cette ville fait son entrée dans l'histoire en 218 av. J.-C. En effet, Tite-Live (Histoire Romaine, XXI, 24) mentionne le fait qu'après avoir vaincu nombre de peuplades d'Ibérie, Hannibal passa les Pyrénées et installa son camp près d'Iliberris. Conscients de la violence du périple en Ibérie du Carthaginois, les Gaulois craignant d'être à leur tour attaqués, campèrent à Ruscino (Château-Roussillon), localité voisine. C'est à Iliberris que Hannibal organisa des négociations qui aboutirent à ce que les Gaulois laissent passer les troupes carthaginoises sans encombre.
Tite-Live, Histoire Romaine, XXI, 24 : "Aussitôt, pour que le retard et l'inaction ne soient point funestes à ses soldats, il passe les Pyrénées avec le reste de ses troupes, et vient camper auprès d'Iliberris. Les Gaulois avaient bien entendu dire qu'on portait le guerre en Italie; toutefois, comme la renommée publiait que les Espagnols au-delà des Pyrénées avaient été soumis par la force, et que des garnisons redoutables occupaient les places conquises, la crainte de la servitude fit prendre les armes à plusieurs peuplades de la Gaule, qui se réunirent à Ruscino. Hannibal l'apprit; et, comme il redoutait plus la perte de temps que la guerre, il envoie aux chefs une députation, pour leur demander un entretien: "Qu'ils s'approchent donc d'Iliberris, ou bien il s'avancera jusqu'à Ruscino ; la proximité rendra l'entretien plus facile. Il les recevra avec plaisir dans son camp; avec plaisir aussi il se rendra près d'eux. C'est comme hôte, et non comme ennemi de la Gaule, qu'il se présente; s'ils le veulent. il ne tirera point le glaive avant d'être arrivé en Italie." Après ces négociations, les petits rois de ces contrées vinrent aussitôt asseoir leur camp près d'Iliberris, et entrèrent sans crainte dans celui des Carthaginois. Gagnés par des présents, ils laissèrent l'armée traverser tranquillement leur pays, le long des murs de Ruscino."
A la fin du Ier s. av. J.-C. cette ville sera rattachée à la cité de Ruscino (Château-Roussillon), subdivision du territoire des Volques Tectosages.
Au IVe s. ap. J.-C., Illiberis devînt Castrum Helenae en l'honneur de la mère de l'empereur Constantin Ier (274-337 ap. J.-C.).
Eutrope, Breviarium ab Urbe condita, X, 9 : "Il (Constant) mourut non loin des Hispanies, dans une place du nom de Castrum Helenae, la 17ème année de son règne, à l'âge de trente ans, après avoir été pourtant extrêmement actif et énergique dans ses campagnes militaires, et craint par son armée durant toute la durée de sa vie sans avoir jamais eu recours à de graves cruautés."