esseda / essedum / essedon - Mot latin désignant le char à deux roues des Belges et des Bretons. Ce terme dérive d'un mot gaulois, certainement mal transcrits. X. Delamarre (2003) explique que ce terme est traditionnellement expliqué par *en-sed-on, avec *eni- / in- "dans" et *-sed- "être assis". Ce même auteur propose de l'analyser en *ad-sed-, forme qui peut être reliée aux noms propres Adseddo-, Assedili, etc... P.-Y. Lambert (2002) mentionne une inscription votive découverte aux Bollards où serait lisible le mot AÐÐEDIION. Il s'agirait d'une variante d'essedum.
Jordanès, Histoire des Goths, II : "Ces peuples, les rois de ces peuples, tous sont également barbares. Dion, historien fort renommé, nous apprend que le nom qu'ils se donnent en commun est celui d'un métal de la Calédonie. Ils habitent des cabanes d'osier, pêle-mêle avec leurs trou-peaux; souvent même ils n'ont d'autre abri que les forêts. Je ne sais si c'est pour se parer, ou pour tout autre motif, qu'ils peignent leur corps à l'aide du fer. Ils se font souvent la guerre entre eux, soit par l'ambition de commander, soit pour accroître ce qu'ils possèdent. Ils combattent à cheval ou à pied, mais encore sur des chars à deux chevaux et sur des chariots armés de faux, qu'ils appellent essèdes en leur langue. Mais c'est assez parler de l'île de Bretagne."
Jules César, La guerre des gaules, IV, 24 : "At barbari, consilio Romanorum cognito praemisso equitatu et essedariis, quo plerumque genere in proeliis uti consuerunt, reliquis copiis subsecuti nostros navibus egredi prohibebant."
"Mais les Barbares, s'apercevant du dessein des Romains, envoyèrent en avant leur cavalerie et les chariots de guerre dont ils ont coutume de se servir dans les combats, les suivirent avec le reste de leurs troupes, et s'opposèrent à notre débarquement."
Jules César, La guerre des gaules, IV, 32 : "Nam quod omni ex reliquis partibus demesso frumento pars una erat reliqua, suspicati hostes huc nostros esse venturos noctu in silvis delituerant; tum dispersos depositis armis in metendo occupatos Subito adorti paucis interfectis reliquos incertis ordinibus perturbaverant, simul equitatu atque essedis circumdederant."
"Car tout le grain ayant été moissonné dans les autres endroits, et un seul étant resté intact, les ennemis présumant que nous y viendrions, s'étaient cachés la nuit dans les bois. Alors fondant subitement sur nos soldats dispersés, désarmés, occupés à couper le grain, ils en avaient tué quelques-uns, troublé les autres dans leurs rangs mal formés, et les avaient enveloppés à la fois de leur cavalerie et de leurs chariots."
Jules César, La guerre des gaules, IV, 33 : "Genus hoc est ex essedis pugnae. Primo per omnes partes perequitant et tela coiciunt atque ipso terrore equorum et strepitu rotarum ordines plerumque perturbant, et cum se inter equitum turmas insinuaverunt, ex essedis desiliunt et pedibus proeliantur."
"Voici leur manière de combattre avec ces chariots. D'abord ils les font courir sur tous les points en lançant des traits ; et, par la seule crainte qu'inspirent les chevaux et le bruit des roues, ils parviennent souvent à rompre les rangs. Quand ils ont pénétré dans les escadrons, ils sautent à bas de leurs chariots et combattent à pied."
Jules César, La guerre des gaules, V, 9 : "Ipse noctu progressus milia passuum circiter XII hostium copias conspicatus est. Illi equitatu atque essedis ad flumen progressi ex loco superiore nostros prohibere et proelium committere coeperuut."
"César avait fait dans la nuit environ douze mille pas, lorsqu'il aperçut les troupes des ennemis. Ils s'étaient avancés avec la cavalerie et les chars sur le bord d'une rivière et, placés sur une hauteur ; ils commencèrent à nous disputer le passage et engagèrent le combat."
Jules César, La guerre des gaules, V, 15 : "Equites hostium essedariique acriter proelio cum equitatu nostro in itinere conflixerunt, tamen ut nostri omnibus partibus superiores fuerint atque eos in silvas collesque compulerint; sed compluribus interfectis cupidius insecuti nonnullos ex suis amiserunt."
"Les cavaliers ennemis avec leurs chariots de guerre attaquèrent vivement dans sa marche notre cavalerie, qui fut partout victorieuse et les repoussa dans les bois et sur les collines ; mais, après avoir tué un grand nombre d'ennemis, son ardeur à en poursuivre les restes lui coûta quelques pertes."
Jules César, La guerre des gaules, V, 16 : "Toto hoc in genere pugnae, cum sub oculis omnium ac pro castris dimicaretur, intellectum est nostros propter gravitatem armorum, quod neque insequi cedentes possent neque ab signis discedere auderent, minus aptos esse ad huius generis hostem, equites autem magno cum periculo proelio dimicare, propterea quod illi etiam consulto plerumque cederent et, cum paulum ab legionibus nostros removissent, ex essedis desilirent et pedibus dispari proelio contenderent."
"Ce combat, d'un genre si nouveau, livré sous les yeux de toute l'armée et devant le camp, fit comprendre que la pesanteur des armes de nos soldats, en les empêchant de suivre l'ennemi dans sa retraite et en leur faisant craindre de s'éloigner de leurs drapeaux, les rendait moins propres à une guerre de cette nature. La cavalerie combattait aussi avec désavantage, en ce que les Barbares, feignant souvent de se retirer, l'attiraient loin des légions, et, sautant alors de leurs chars, lui livraient à pied un combat inégal ; or, cette sorte d'engagement était pour nos cavaliers aussi dangereuse dans la retraite que dans l'attaque."
Jules César, La guerre des gaules, V, 17 : "Nostri acriter in eos impetu facto reppulerunt neque finem sequendi fecerunt, quoad subsidio confisi equites, cum post se legiones viderent, praecipites hostes egerunt magnoque eorum numero interfecto neque sui colligendi neque consistendi aut ex essedis desiliendi facultatem dederunt."
"Les nôtres, tombant vigoureusement sur eux, les repoussèrent ; la cavalerie, comptant sur l'appui des légions qu'elle voyait près d'elle, ne mit point de relâche dans sa poursuite, et en fit un grand carnage, sans leur laisser le temps ni de se rallier, ni de s'arrêter, ni de descendre des chars."
Jules César, La guerre des gaules, V, 19 : "Cassivellaunus, ut supra demonstravimus, omni deposita spe contentionis dimissis amplioribus copiis milibus circiter quattuor essedariorum relictis itinera nostra servabat paulumque ex via excedebat locisque impeditis ac silvestribus sese occultabat, atque eis regionibus quibus nos iter facturos cognoverat pecora atque homines ex agris in silvas compellebat et, cum equitatus noster liberius praedandi vastandique causa se in agros eiecerat, omnibus viis semitisque essedarios ex silvis emittebat et magno cum periculo nostrorum equitum cum eis confligebat atque hoc metu latius vagari prohibebat."
"Cassivellaunos, comme nous l'avons dit plus haut, désespérant de nous vaincre en bataille rangée, renvoya la plus grande partie de ses troupes, ne garda guère que quatre mille hommes montés sur des chars, et se borna à observer notre marche, se tenant à quelque distance de notre route, se cachant dans les lieux de difficile accès et dans les bois, faisant retirer dans les forêts le bétail et les habitants des pays par lesquels il savait que nous devions passer. Puis, lorsque nos cavaliers s'aventuraient dans des campagnes éloignées pour fourrager et butiner, il sortait des bois avec ses chariots armés, par tous les chemins et sentiers qui lui étaient bien connus, et mettait en grand péril notre cavalerie, que la crainte de ces attaques empêchait de se répandre au loin."
Cicéron, Lettres familières, VII, 6 : "Tu, qui ceteris cavere didicisti, in Britannia ne ab essedariis decipiaris caveto"
"Toi qui as appris à veiller sur les autres, veille à ne pas être en Bretagne la dupe des conducteurs de chars."
Cicéron, Lettres familières, VII, 10 : "Sed tu in re militari multo es cautior quam in advocationibus, qui neque in Oceano natare volueris studiosissimus homo natandi neque spectare essedarios quem antea ne andabata quidem defraudare poteramus."
"Mais, dans la vie militaire, tu es bien plus prudent que dans tes activités de juriste, toi qui n'as pas voulu nager dans l'Océan, toi l'homme si passionné de natation, ni contempler les conducteurs (bretons) de chars, toi que précédemment nous ne pouvions détourner fût-ce d'un gladiateur gaulois "à l'aveuglette"."
Virgile, Géorgiques, III, 204 : "Hinc uel ad Elei metas et maxima campi ~sudabit spatia et spumas aget ore cruentas, Belgica uel molli melius feret esseda collo."
"Ainsi dressé le cheval se couvrira de sueur aux bornes et aux vastes espaces de la plaine de l'Élide, et vomira des écumes sanglantes; ou bien, d'un cou docile, il emportera les chars des Belges."
Phylargyre : "Esseda autem vehiculi vel currus genus, quod soliti sunt pugnare Galli"