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Silius Italicus : Guerres Puniques, III, Traduction de : Nisard M (de), 1878, Paris
Texte:
Le mont Athos joint au Taurus, le Rhodope au Mimas, l'Ossa au Pélion, et I'Hémus à l'Othrys, le céderaient encore aux Alpes. Ce fut Hercule qui osa le premier franchir ces monts inaccessibles. Les dieux le virent avec étonnement traverser les nues, briser les roches escarpées, et s'y ouvrir, avec les plus terribles efforts, une route inconnue à tous les siècles antérieurs. Le soldat irrésolu ose à peine avancer. Il craint de porter ses arrhes sur un sol sacré dans l'univers; la nature lui semble s'opposer à ses desseins, et la volonté des dieux lui être contraire. Mais Annibal, que ne sauraient arrêter les Alpes, et que rien ne trouble et n'épouvante, soutient et ranime par ses exhortations le courage de son armée abattue par tant d'objets terribles. " Quoi ! las de la ferveur des dieux et de vos succès, après vous être couverts de gloire dans les combats, vous tourneriez le dos à des montagnes blanchies par la neige? vous seriez assez lâches pour déposer les armes au pied de ces rochers? Oui, compagnons, oui, croyez-le, c'est sur les murs de l'orgueilleuse Rome, et sur la roche de Jupiter même que vous aller monter. Cet effort va vous donner l'Ausonie et vous soumettre le Tibre." Soudain l'armée s'ébranle à ces grandes promesses, elle s'élève sur le flanc des montagnes. Annibal ordonne de quitter le chemin qu'ont ouvert les pas d'Hercule ; il veut qu'on avance par des lieux inexplorés, et que chacun monte par la route qu'il se sera frayée.