Alpis / Alpes - Les Alpes, plus vaste chaîne montagneuse d'Europe sont mentionnées sous une forme très proche de l'actuelle dès l'antiquité. Les auteurs antiques ont jugé bon de subdiviser cette chaîne en plusieurs massifs ; Alpes Maritimae (Alpes Maritimes), Alpes Cottiae (Alpes Cottiennes), Alpes Graiae (Alpes Grées), Alpes Poenninae (Alpes Pennines), Alpes Carnicae (Alpes Carniques) ou encore Alpes Iuliae (Alpes Juliennes) qui souvent ont constitué des provinces à part entière à l'époque romaine. Les Celtes faisaient-ils ces mêmes distinctions ? Nous ne le saurons jamais. Néanmoins, des oronymes tels que l'Ocra (Kras), le Cetium (Wienerwald), le Vésule (Viso), Matrona (Montgenèvre), le Poeninus (Grand-Saint-Bernard), l'Adula / Adulas (Massif du Saint-Gothard), ou encore Gavra (Col de Cabre), devaient désigner des sous-unités des Alpes.
De nombreux fleuves et rivières prennent leur source dans les Alpes ; Aenus / Ainus / Oenus (Inn), Argenteus / Argentus (Argens), Atagis / Athesis (Etsch < Adige), Bodincus / Bodencus / Padus (Pô), Druentia (Durance), Isara (Isar), Isara (Isère), Isarus / Isarcus / Isargus (Isarco), Isonta (Salzach), Merula (La Centa), Obrincas (l'Aar), Palo / Paulo (Paillon), Rhenus (Rhin), Rhodanus (Rhône), Rutuba (Roya), Ticinus (Tessin), ou encore le Varus (Var).
Lorsque Strabon (Géographie, IV, 6, 1-2) donne l'étymologie d'Albium Intemelium, il traduit ce toponyme par "Intemelium des Alpes". Le nom des Alpes s'explique effectivement par le terme gaulois assez courant, *alb- / albio-, équivalent de *alp-, qui signifie "monde, blanc, lumineux, brillant ou encore céleste". Selon le même auteur, Albia serait l'ancien nom des Alpes, qui du temps de Strabon étaient nommées Alpia ou Alpina. Nous retrouvons cette même racine dans le nom du mont Albius et de l'Alpeiois / Alpeion / Alpeios (Jura Souabe).
Strabon, Géographie, IV, 6, 1: "Ajoutons qu'à 370 stades de Sabata est la ville d'Albingaunum où habite la tribu ligyenne des Ingaunes, et que, dans l'intervalle de 480 stades qui sépare cette ville du port de Monoecus (Monaco), s'élève Albium Intemelium (Vintimille), autre ville considérable habitée par les Intéméliens. Or, entre autres preuves que les Alpes commencent à Sabata, on invoque les noms mêmes de ces deux villes, on fait remarquer que ce qui se dit aujourd'hui Alpia, voire même Alpina, se disait anciennement Albia, témoin ce pic élevé du pays des Japodes, voisin du mont Ocra et des Alpes, et qu'on appelle aujourd'hui encore Albius mons, comme pour marquer que la chaîne des Alpes se prolonge jusque-là."
Strabon, Géographie, IV, 6, 2: " Et l'on en conclut que, comme les Ligyens se divisaient en Ingaunes et en Intéméliens, on a bien pu, pour distinguer les deux colonies ou établissements fondés par ce peuple sur le bord de la mer, appeler l'un Albium Intemelium, autrement dit l'Intemelium des Alpes, et l'autre (Albium Ingaunum) ou mieux Albingaunum par manière de contraction. Notons cependant qu'à ces deux tribus ou divisions de la nation Ligyenne Polybe en ajoute deux autres, la tribu des Oxybiens et celle des Déciètes."
Aussi imposante que soit cette chaîne de montagnes elle ne constitua jamais une barrière infrachissable, les sources antiques mentionnent l'invasion de l'Italie par les Gaulois entre le VIIe et le IVe s. av. J.-C., à deux reprises les troupes puniques (Hannibal en 218 av. J.-C., Hasdrubal en 207 av. J.-C.) traversèrent les Alpes par les hauts cols. Les Romains firent de même entre le Ier s. av. J.-C. et le Ier s. ap. J.-C. dans les cadre de la conquète des régions transalpines. On notera néanmoins que les Alpes furent l'une des dernière régions à résister à l'avancée romaine, ce n'est que sous le règne d'Auguste qu'elles furent soumises.
Eustathe, Commentaire de Denys de Périégète, V, 294 :"Après l'Eridan sont les Tyrrhènes [...]. C'est de chez eux, à l'est, que part l'Alpe, du milieu de laquelle descend le Rhin, fleuve celtique, qui par une double embouchure se jette dans l'Océan boréal ; son cours est rapide, sinueux, et il n'est pas facile d'y construire des ponts. Ce fleuve, dit-on, distingue les enfants bâtards des enfants légitimes ; il soutient les uns, - ceux qui sont légitimes ; les autres, qui ne sont pas tels, il les confine dans le fond de l'oubli et de l'eau. - L'Alpe est une très-grande montagne ; aussi dit-on également au pluriel les Alpes. On affirme que ce mot, traduit en langue hellénique, serait bien rendu par κλεισοῦρα, clôture. Cette montagne est si haute, à ce qu'on rapporte, qu'en cinq jours on n'en atteindrait pas le sommet. Elle commence aux mêmes lieux que les monts Apennies, près de Génua, le marché des Ligyes. On disait aussi au neutre τὰ Ἀλπια et τὰ Ἀλβια, par un β."