Henri d'Arbois de Jubainville - (1827-1910). "Bon paléographe, chartiste et juriste formé à l'examen des institutions sociales et politiques de la chrétienté médiévale, bon connaisseur des langues classiques, d'Arbois est devenu aussi un spécialiste des langues celtiques. Cette large formation lui a conféré, à l'époque, une grande supériorité sur la plupart de ses contemporains et son ouvrage était appelé à faire date. Il a servi de référence à tous ceux qui, de près ou de loin, ont eu besoin de se documenter sur le domaine celtique (...) Mais (...) homme du XIX° siècle dans tout son comportement et ses attitudes intellectuelles, d'Arbois était en effet armé pour tout, sauf pour l'étude religieuse et la traduction rigoureuse préparant le commentaire mythologique.. Or, à son époque, l'histoire de la religion celtique était dans la plus étroite dépendance des théories primitivistes, naturistes ou totémistes (...) Le jeu comparatif est faussé dès le départ par l'absence de méthode et le parti-pris absolu de la supériorité intellectuelle de Rome et de la Grèce (...) Les comparaisons avec Rome et la grèce ont le même défaut général : fondées sur des détails et non sur des ensembles, elles témoignent d'une méprise entière sur la différence radicale qui sépare la pensée rationaliste grecque de l'archaïsme irlandais." (Ch.-J. Guyonvarc'h, in Textes Mythologiques Irlandais, Rennes, 1980, p. 25*).