Les iles merveilleuses et les navigations mythiques dans les Argonautiques orphiques
• Argonautiques orphiques, 1180-1207 , Traduction de : Francis Vian, 1987, Paris, Les Belles Lettres
Texte:
Ancaios manoeuvrait les gouvernails d'une main experte et ils passèrent au large de l'île d'Ierné [l'Irlande]. Et voici que, derrière eux, fondit soudain, dans un grondement, une noire tempête qui gonfla les voiles. Le navire se mit aussitôt à courir sur le flot houleux et nul n'espérait plus réchapper de la mort, car c'était là la douzième aurore qui se levait. Nul ne savait en son coeur où nous pouvions bien être ; mais, aux derniers confins du cours paisible de l'Océan, Lyncée, dont la vue portait loin, aperçut une île couverte d'une pinède et la vaste demeure de Déméter la souveraine qu'une immense nuée ceint de sa couronne. [...] C'est alors moi [Orphée] qui interdis de naviguer en direction des brisants de l'île et de ses resplendissantes demeures que nul d'entre les hommes mortels ne peut atteindre à bord d'un navire, car il n'y a point de port pour abriter les nefs recourbées, mais une haute falaise à pic forme une ceinture naturelle autour de ces lieux qui produisent de beaux présents, bien doux au coeur.