Peuplées de héros surhumains pourtant fragiles et plongeant leurs racines au centre de la Russie, pourchassées et conservées dans la mémoire des populations disparates qui peuplèrent les confins russes, les Bylines sont habitées par un puissant souffle narratif et emplies d'une magie archaïque.
Occupant pour la Russie mythique la même place que les légendes arthuriennes en Occident, les exploits des bogatyrs ont été transmis dans la tradition orale, recueillis puis retranscrits par les folkloristes du xixe siècle. Parmi ces légendes mouvantes et disparates nous proposons un choix de récits épiques centrés autour de la figure dominante d'Ilya Mouromets, le " Vieux Cosaque ", le champion des bogatyrs et sans nul doute le plus célèbre d'entre eux.
Fils de paysan, il devient par magie un puissant héros après trente ans passés calfeutré chez lui incapable de se mouvoir. Ses errances dans un monde coloré, hanté par les immensités des steppes, les fleuves infranchissables ou les hordes de tatars païens, le conduisent à affronter de monstrueux brigands ? dont Soloveï, le " Rossignol " au chant destructeur ? ou des armées entières qu'il fauche comme on fait avec les blés, et à entrer au service de Vladimir, le glorieux Prince Soleil de Kiev.
C'est au cours de ses pérégrinations que l'on fait connaissance avec les autres héros des Bylines : Mikoula le laboureur, Svyatogor le " Saint-Mont " ? si grand que sa tête effleure les nuages ? ou encore Volkh le prince sorcier, qui se transforme tour à tour en oiseau, en loup, en auroch ou en zibeline avant de métamorphoser ses soldats en fourmis pour s'insinuer dans les murailles de la capitale du roi des Indes.
Ces récits, jusqu'à présent introuvables en France, sont ici donnés à lire dans une édition sans apprêt superflu, qui laisse résonner toute la force de cette poésie, dont Pouchkine saura s'inspirer dans ses propres écrits.
Très honnêtement, quand j'ai commencé à étudier ces textes pour ma thèse, j'ai eu du mal à en revenir, tant leur richesse mythologique est grande, et tant leur archaïsme, alors qu'elles sont collectées au XIXe siècle, est phénoménales. En dehors de quelques anachronismes (usage ponctuel de fusils ou d'une longue-vue), les guerriers se battent à la massue, à l'arc et à l'épée.
Notes:
Ce livre ne concerne pas le domaine celtique. Mais il est cependant très intéressant en ce qui concerne la mythologie.