Selon César, c'est le plus grand dieu des Gaulois, inventeur de tous les arts, protecteur des marchands et des voyageurs. Son correspondant irlandais est Lug Samildanach ("Polytechnicien"). Il possède en effet les capacités de tous les autres dieux. Lug est donc hors classe, en dehors et au-dessus du panthéon. Lug est cependant aussi et surtout un dieu lumineux qui, à bien des égards, rappelle Apollon. Son nom est attesté en Gaule par le toponyme Lugdunum "ville de Lug", dont on connaît une quinzaine d'exemplaires (Lyon, Loudun, Laon, Leyde, mais aussi Lion-en-Sulias, Loiret). La grande extension du culte de Mercure en Gaule confirme l'assertion de César.
Gardons-nous de croire que sa théologie était simple : le Lug irlandais possède des traits "odiniques" marqués qui le rapprochent de l'aspect sombre des divinités guerrières germaniques. Ce n'est pas un dieu paisible, que les hommes fréquentent facilement ou implorent sans motif grave. Toutefois, Lug est avant tout solaire et lumineux.
Il n'est pas toujours facile de le retrouver à travers ses divers surnoms. Ainsi, l'irlandais Manannan a toutes les chances d'être un surnom de Lug, mais les indices confirmant cette intuition sont rares. Son nom gallois est Llew.
Le Mercure gaulois d'après la conquête romaine est fréquemment barbu, vêtu à la mode gauloise d'un costume de voyageur. Il est parfois associé à une divinité féminine que les inscriptions appellent Maia ou Rosmerta ("la Pourvoyeuse"), et qui est un aspect de la grande divinité féminine indifférenciée. Pline nous décrit la grande statue de Mercure, au sommet du Puy-de-Dôme : haute de 33 m, elle est la plus colossale de son époque. Le dieu y était figuré dans la posture accroupie dite "bouddhique".
Dans le cycle mythologique irlandais, Lug joue le tout premier rôle, tout particulièrement dans le récit du Cath Maighe Tuireadh ou "Bataille de Mag Tured" qui raconte la lutte des Tuatha Dé Danann (peuple de la déesse Dana) contre les Fomoiré qui les opprimaient. Le Cath Maighe Tuireadh est à peu près l'équivalent irlandais du combat scandinave des Ases et des Vanes, ou de la lutte des dieux grecs contre les Titans. Les Fomoiré sont des habitants perpétuels de l'Irlande (= du monde), représentant les puissances sombres de l'univers. Ils vivent dans le sol, et sont personnifiés par des êtres difformes et maléfiques. On les hait, on les craint, mais on ne peut éviter d'avoir avec eux des relations parfois suivies.
Au cours d'une première bataille contre les Fir Bolg (habitant l'Irlande avant les Tuatha Dé Danann), le dieu-roi des Tuatha Dé, Nuada "le Distributeur" a perdu son bras droit et ne peut plus régner. Les Tuatha Dé concluent une alliance avec les Fomoiré, et élisent comme roi un Fomoiré, Brès. Mais celui-ci opprime le peuple de la déesse Dana. Le dieu champion Ogmé est sans force, le dieu-druide Dagda est affamé, bref, le monde tourne à l'envers. Un jour, un poète est mal reçu à la cour du roi Brès. C'en est trop, ses sujets exige une "restitution de souveraineté".
Diancecht, le dieu-médecin, fait à Nuada une prothèse d'argent. Le roi peut donc remonter sur son trône. Les Fomoiré rameutent toutes leurs troupes qui envahissent alors l'Irlande. La situation est grave pour les Tuatha Dé Danann, quand se présente à leur capitale, Tara (située au centre de l'île), un jeune et brillant guerrier que le portier interroge. L'entrée lui est refusée parce qu'il y a déjà un titulaire de chacune des capacités énumérées. Il se présente alors comme Lug Samildanach (Polytechnicien), possédant à lui seul toutes les capacités des autres. Ce titre lui vaut l'admission immédiate. Puis il gagne un tournoi d'échecs irlandais contre le roi Nuada qui le proclame sage entre les sages, et lui cède le trône pendant trois jours. Il lui confie le soin d'organiser la lutte contre les Fomoiré.
Lug, méthodique, donne à chacun son rôle dans le combat. Il fait tant et si bien que les Fomoiré sont vaincus, et que l'ex-roi Brès est fait prisonnier. Dans la bataille, Lug a tué son grand-père Balor, roi des Fomoiré, d'une pierre de fronde lancée dans son oeil unique. Puis le dieu-druide Dagda retrouve sa harpe qui lui avait été volée, et la Bodb (Corneille) déesse de la guerre, prophétise la fin du monde. Lug se rattache ainsi par sa mère Ethne (l'Irlande) aux puissances infernales.
Mais Lug, sage, guerrier et artiste, est par-dessus tout le "roi universel" qui transcende toutes les autres fonctions, et il est au-dessus de la triade Jupiter-Mars-Mercure. Ces trois dieux (Dagda - Ogmé et Lug lui-même) sont comme les trois aspects principaux de la divinité. Lug est d'abord le roi des dieux dans un sacerdoce qui transcende la royauté - c'est là le symbolisme de la fête du 1er août (Lugnasad).
Lug détient la lance sacrée, un des quatre talismans rapportés des Îles au Nord du Monde.
C'est aussi pourquoi on trouve en Gaule des inscriptions dédiées à Mercurius Artaios, c'est-à-dire "ours", cet animal étant le symbole de la royauté sacrée ; et également à Mercurius Moccus, c'est-à-dire "porc", le sanglier étant un des symboles de la classe sacerdotale celtique, les druides.
Sources
• Fergus Bodu pour l'Arbre Celtique
Liens analogiques
• Artaius [ divinités gauloises & gallo-romaines (de Abandinus à Axsinginehae) (Les) ] • Histoire Antique & Médiévale - Lug - Dieu celtique maître de tous les arts [11/2012] [ Histoire Antique & Médiévale ] • Lug / Lugh [ généralités sur les divinités et les héros celtiques ] • Lugh [ Les divinités irlandaises ] • lugu- : (lumineux? / brillant?) [ mots et étymons de la langue gauloise : divers ] • Lugus [ divinités gauloises & gallo-romaines (de Laburus à Luxovius) (Les) ] • Mercure [ divinités dans les textes anciens (Les) ] • Mercure / Hermès [ interpretatio romana ]