La stratégie de la terre brûlée fonctionne lorsque l'ennemi est dans l'obligation de trouver sur place les ressources nécessaires à son approvisionnement. Cette politique était employée pour la défense de vastes territoires. La politique de la terre brûlée consiste à se retirer ou simplement se déplacer en détruisant tout derrière soi, afin d'ôter à l'ennemi toute possibilité de ravitaillement. Cette tactique est d'autant plus efficace quand elle s'accompagne de l'attaque des fourrageurs et du blocage des approvisionnements extérieurs (cf fiche : "Attaquer les fourrageurs et bloquer les approvisionnements"). La politique de la terre brûlée présente l'inconvénient majeur de supprimer également les sources d'approvisionnements des défenseurs. Ainsi, aussi efficace soit-elle, ce stratagème n'était envisagé par les Celtes qu'en dernier ressort. Elle suppose également que les défenseurs aient le temps de s'approvisionner avant de détruire ces ressources, donc que l'armée d'invasion se trouve à une certaine distance.
Cassivellaunos utilisera ce stratagème en 54 av. J.-C. se voyant dans l'impossibilité de vaincre les romains frontalement.
Jules César, La guerre des gaules, V, 19, : Cassivellaunos, comme nous l'avons dit plus haut, désespérant de nous vaincre en bataille rangée, renvoya la plus grande partie de ses troupes, ne garda guère que quatre mille hommes montés sur des chars, et se borna à observer notre marche, se tenant à quelque distance de notre route, se cachant dans les lieux de difficile accès et dans les bois, faisant retirer dans les forêts le bétail et les habitants des pays par lesquels il savait que nous devions passer. Puis, lorsque nos cavaliers s'aventuraient dans des campagnes éloignées pour fourrager et butiner, il sortait des bois avec ses chariots armés, par tous les chemins et sentiers qui lui étaient bien connus, et mettait en grand péril notre cavalerie, que la crainte de ces attaques empêchait de se répandre au loin.
Ne voulant pas se risquer à une attaque frontale dont l'issue aurait été incertaine, Vercingetorix utilisera cette tactique en 52 av. J.-C.
Jules César, La guerre des gaules, VII, 14 : "[...] qu'enfin le salut commun doit faire oublier les intérêts particuliers ; qu'il faut incendier les bourgs et les maisons en tout sens depuis Boïe, aussi loin que l'ennemi peut s'étendre pour fourrager. Pour eux, ils auront tout en abondance, étant secourus par les peuples sur le territoire desquels aura lieu la guerre ; les Romains ne pourront soutenir la disette ou s'exposeront à de grands périls en sortant de leur camp ; il importe peu de les tuer ou de leur enlever leurs bagages, dont la perte leur rend la guerre impossible. Il faut aussi brûler les villes qui par leurs fortifications ou par leur position naturelle ne seraient pas à l'abri de tout danger, afin qu'elles ne servent ni d'asile aux Gaulois qui déserteraient leurs drapeaux, ni de but aux Romains qui voudraient y enlever des vivres et du butin. Si de tels moyens semblent durs et rigoureux, ils doivent trouver plus dur encore de voir leurs enfants, leurs femmes, traînés en esclavage, et de périr eux-mêmes, sort inévitable des vaincus."
Jules César, La guerre des gaules, VII, 15 : "Cet avis étant unanimement approuvé, on brûle en un jour plus de vingt villes des Bituriges. On fait la même chose dans les autres pays. De toutes parts on ne voit qu'incendies : ce spectacle causait une affliction profonde et universelle, mais on s'en consolait par l'espoir d'une victoire presque certaine, qui indemniserait promptement de tous les sacrifices. On délibère dans l'assemblée générale s'il convient de brûler ou de défendre Avaricum. Les Bituriges se jettent aux pieds des autres Gaulois: "Qu'on ne les force pas à brûler de leurs mains la plus belle ville de presque toute la Gaule, le soutien et l'ornement de leur pays"
Jules César, La guerre des gaules, VII, 17 : "Il ne cessait d'insister auprès des Boïens et des Héduens pour les vivres ; mais le peu de zèle de ces derniers les lui rendait comme inutiles, et la faible et petite cité des Boïens eut bientôt épuisé ses ressources. L'extrême difficulté d'avoir des vivres, due à la pauvreté des Boïens, à la négligence des Héduens et à l'incendie des habitations, fit souffrir l'armée au point qu'elle manqua de blé pendant plusieurs jours, et qu'elle n'eut, pour se garantir de la famine, que le bétail enlevé dans les bourgs très éloignés".
Jules César, La guerre des gaules, VII, 64 : "qu'avec une cavalerie nombreuse il lui sera très facile de couper les vivres aux Romains et de gêner leurs fourrageurs ; que seulement les Gaulois se résignent à détruire leurs récoltes et à incendier leurs demeures, et ne voient dans ces pertes domestiques que le moyen de recouvrer à jamais leur indépendance et leur liberté"."