attaquer les fourrageurs et bloquer les approvisionnements
Attaquer les fourrageurs et bloquer les approvisionnements
Lorsque la force d'invasion est dans l'obligation de trouver sur place les ressources nécessaires à son approvisionnement, les Celtes s'employaient à éliminer les fourrageurs et à intercepter les vivres de l'ennemi. Cette tactique était idéale lorsque l'ennemi se trouvait à distance des sources d'approvisionnement extérieures. Pour entretenir une armée et une cavalerie, l'arrivée quotidienne de nourriture et de fourrage sont obligatoires. Les Celtes, profitant de cet impératif repérait les groupes de fourrageurs isolés pour leur tendre des embuscades. Ceci obligeait l'ennemi à faire protéger les fourrageurs et à limiter le territoire faisant l'objet de recherches et d'exploitation des ressources. Essentielle en cas de querelle avec une force d'invasion, cette tactique est d'une efficacité redoutable lorsqu'elle s'additionne avec la politique de la terre brûlée.
En Aquitaine en 56 av. J.-C.
Jules César, La guerre des gaules, III, 24 : "Ceux-ci, quoique, à raison de leur nombre et de leur ancienne gloire militaire, ils se crussent assurés de vaincre une poignée de Romains, tenaient cependant pour plus sûr encore, étant maîtres des passages et interceptant les vivres, d'obtenir une victoire qui ne leur coûtât pas de sang. Si la faim nous forçait à la retraite, ils profiteraient de notre découragement pour nous attaquer au milieu des embarras de notre marche et de nos bagages".
Chez les Bretons en 54 av. J.-C.
Jules César, La guerre des gaules, V, 17, : "Le jour suivant, les ennemis prirent position loin du camp, sur des collines ; ils ne se montrèrent qu'en petit nombre et escarmouchèrent contre notre cavalerie plus mollement que la veille. Mais, vers le milieu du jour, César ayant envoyé au fourrage trois légions et toute la cavalerie sous les ordres du lieutenant Trébonius, ils fondirent subitement et de toutes parts sur les fourrageurs, peu éloignés de leurs drapeaux et de leurs légions".
Jules César, La guerre des gaules, V, 19, : Puis, lorsque nos cavaliers s'aventuraient dans des campagnes éloignées pour fourrager et butiner, il sortait des bois avec ses chariots armés, par tous les chemins et sentiers qui lui étaient bien connus, et mettait en grand péril notre cavalerie, que la crainte de ces attaques empêchait de se répandre au loin.
Les Eburons, les Nerviens et les Atuatuques en 54 av. J.-C.
Jules César, La guerre des gaules, V, 39 : "Il arriva, ce qui était inévitable, que quelques soldats occupés à faire du bois pour les fascines, et répandus dans les forêts, furent séparés de leur corps par la soudaine irruption des cavaliers ennemis et enveloppés de toutes parts. Un nombre considérable d'Éburons, de Nerviens, d'Atuatuques ainsi que leurs alliés et auxiliaires, viennent ensuite attaquer la légion. Nos soldats courent sur-le-champ aux armes et bordent le retranchement".
Lors de la révolte générale des Gaulois en 52 av. J.-C.
Jules César, La guerre des gaules, VII, 11 : "Le lendemain, étant arrivé à Vellaunodunum, ville des Sénons, et ne voulant pas laisser d'ennemi derrière lui pour que les vivres circulassent librement [...]"
Jules César, La guerre des gaules, VII, 14 : "Vercingétorix, après tant de revers essuyés successivement à Vellaunodunum, à Cénabum, à Noviodunum, convoque un conseil. Il démontre "que cette guerre doit être conduite tout autrement qu'elle ne l'a été jusqu'alors ; qu'il faut employer tous les moyens pour couper aux Romains les vivres et le fourrage ; que cela sera aisé, puisque l'on a beaucoup de cavalerie et qu'on est secondé par la saison ; que, ne trouvant pas d'herbes à couper, les ennemis seront contraints de se disperser pour en chercher dans les maisons, et que la cavalerie pourra chaque jour les détruire".
Jules César, La guerre des gaules, VII, 17 : "Il ne cessait d'insister auprès des Boïens et des Héduens pour les vivres ; mais le peu de zèle de ces derniers les lui rendait comme inutiles, et la faible et petite cité des Boïens eut bientôt épuisé ses ressources. L'extrême difficulté d'avoir des vivres, due à la pauvreté des Boïens, à la négligence des Héduens et à l'incendie des habitations, fit souffrir l'armée au point qu'elle manqua de blé pendant plusieurs jours, et qu'elle n'eut, pour se garantir de la famine, que le bétail enlevé dans les bourgs très éloignés".
Jules César, La guerre des gaules, VII, 18 : "Déjà les tours approchaient du rempart quand des prisonniers apprirent à César que Vercingétorix, après avoir consommé ses fourrages, avait rapproché son camp d'Avaricum, et qu'avec sa cavalerie et son infanterie légère habituée à combattre entre les chevaux, il était parti lui-même pour dresser une embuscade à l'endroit où il pensait que nos fourrageurs iraient le lendemain".
Jules César, La guerre des gaules, VII, 20 : "Il ne désirait pas obtenir de César par une trahison une autorité qu'il pouvait obtenir par une victoire qui n'était plus douteuse à ses yeux ni à ceux des Gaulois ; mais il est prêt à s'en démettre, s'ils s'imaginent plutôt lui faire honneur que lui devoir leur salut ; "et pour que vous sachiez ;" dit-il, "que je parle sans feinte, écoutez des soldats romains." II produit des esclaves pris quelques jours auparavant parmi les fourrageurs et déjà exténués par les fers et par la faim. Instruits d'avance de ce qu'ils doivent répondre, ils disent qu'ils sont des soldats légionnaires ; que, poussés par la faim et la misère, ils étaient sortis en secret du camp pour tâcher de trouver dans la campagne du blé ou du bétail ; que toute l'armée éprouvait la même disette ; que les soldats étaient sans vigueur et ne pouvaient plus soutenir la fatigue des travaux ; que le général avait en conséquence résolu de se retirer dans trois jours, s'il n'obtenait pas quelque succès dans le siège."
Jules César, La guerre des gaules, VII, 64 : "Il exige des otages des autres nations, fixe le jour où ils lui seront livrés, ordonne la prompte réunion de toute la cavalerie, forte de quinze mille hommes ; et annonce "qu'il se contente de l'infanterie qu'il a déjà ; qu'il ne veut pas tenter le sort des armes en bataille rangée ; qu'avec une cavalerie nombreuse il lui sera très facile de couper les vivres aux Romains et de gêner leurs fourrageurs"
Les Bellovaques l'utilisèrent également en 51 av. J.-C.
Jules César, La guerre des gaules, VIII, 16 : "C'est ainsi que par une ruse où la peur et l'adresse avaient eu également part, les Bellovaques franchirent sans la moindre perte un espace de dix milles, et assirent leur camp dans un lieu très avantageux. De là leurs cavaliers et leurs fantassins incommodaient beaucoup nos fourrageurs par leurs fréquentes embuscades.