Le roi Cincibilos dépêche une ambassade à Rome pour se plaindre de Caius Cassius Longinus (170 av. J.-C.)
En 170 av. J.-C., sous le consulat d'Aulus Hostilius Mancinus, le roi gaulois Cincibilos envoie une ambassade à Rome pour se plaindre de l'agression dont ils avaient eu à subir de la part du précédent consul, Caius Cassius Longinus (consul en 171 av. J.-C.). La réponse du Sénat romain fut cordiale. Ils dépêchèrent deux députés, Caius Laelius et Marcus Aemilius Lepidus à Cincibilos, qui le couvrirent de présents, lui et son peuple. Ainsi, contrairement à ce que le Sénat avançait primitivement, il ne fut pas attendu le retour de Caius Cassius Longinus (en campagne en Macédoine) pour les dédommager. Précisons que cette volonté de conciliation des romains, traduit certainement aussi la crainte de voir les peuplades d'Istrie entrer en guerre contre Rome. L'Istrie était en effet la seule voie terrestre permettant de faire passer les troupes romaines depuis l'Italie, vers la Macédoine.
Tite-Live, Histoire romaine, XLIII, 5 :"À la même époque, des plaintes furent portées au sénat contre C. Cassius, qui avait été consul l'année précédente, et qui servait alors en Macédoine comme tribun militaire, sous A. Hostilius. Ce fut d'abord une députation du roi des Gaulois, Cincibilus. Le frère du roi porta lui-même la parole : il se plaignit de ce que Cassius avait dévasté le territoire des peuples des Alpes, leurs alliés, et emmené en servitude plusieurs milliers d'habitants. Sitôt après arrivèrent des députés des Carniens, des Istriens et des Iapydes : le consul Cassius avait d'abord exigé d'eux des guides pour conduire son armée en Macédoine ; il les avait quittés en apparence dans des dispositions pacifiques; mais bientôt il était revenu sur ses pas du milieu de la route, et avait ravagé leur frontière. Il avait promené partout le pillage et l'incendie, et les habitants ignoraient encore pour quel motif le consul les avait traités en ennemis. Il fut répondu aux deux ambassades que le sénat n'avait pu prévoir les violences dont ils se plaignaient, et que si elles avaient véritablement eu lieu, il les désapprouvait hautement. Mais on ne pouvait, avec justice, condamner sans l'entendre, un personnage consulaire, absent pour le service de la république. Lorsque Cassius serait revenu de Macédoine, s'ils voulaient l'accuser en face, le sénat, après avoir pris connaissance de l'affaire, aurait soin qu'ils eussent satisfaction. On ne se borna pas à cette réponse. On envoya des députés, deux au prince gaulois, et trois aux autres peuples, pour leur faire connaître les intentions du sénat. On fit aux députés un présent de deux mille as ; on donna au prince gaulois et à son frère deux colliers d'or pesant cinq livres, cinq vases d'argent du poids de vingt; deux chevaux caparaçonnés avec les palefreniers, et une armure complète et la saie. Les hommes de leur suite, libres et esclaves, reçurent des vêtements. Outre ces présents, on leur accorda la permission qu'ils demandaient, d'acheter chacun dix chevaux, et de les emmener hors d'Italie. Les ambassadeurs qui accompagnèrent les Gaulois au-delà des Alpes furent C. Laelius et M. Aemilius Lépidus. L'autre mission fut confiée à C. Sicinius, à Cornélius Blasio et à T. Memmius."