Le sénat refuse le triomphe d'Appius Claudius Pulcher (143 av. J.-C.)
De retour à Rome après sa campagne en demi-teinte contre les Salasses, le consul Appius Claudius Pulcher espérait pouvoir triompher, sans en avoir sollicité l'honneur auprès du sénat ou auprès du peuple. Contrairement aux règles en usage, il réclama donc l'argent nécessaire à l'organisation de cet événement (Dion Cassius, Histoire romaine, II, fragment 246 ; Orose, Histoires contre les païens, V, 4, 7). Cette demande resta visiblement sans suite. Il tenta malgré tout d'organiser ce défilé en toute illégalité, soutenu par sa soeur qui était vestale et qui tenta d'empêcher les tribuns d'interrompre ces festivités (Suétone, Vies des douze Césars : Vie de Tibère, II).
Dion Cassius, Histoire romaine, II, fragment 246 :"Claudius savait bien qu'il n'avait remporté aucune victoire : tel était néanmoins son orgueil que, sans avoir sollicité les honneurs du triomphe, ni dans le sénat, ni auprès du peuple, il demanda une somme d'argent pour les frais de cette solennité, comme si elle devait avoir lieu ; quoique aucun décret ne l'eût autorisée."
Orose, Histoires contre les païens, V, 4, 7 :"Au cours du consulat d'Appius Claudius et de Q. Caecilius Metellus, le premier rencontra les Gaulois salassiens. Il rencontra la défaite et perdit cinq mille hommes, mais lorsque la lutte reprit, il tua cinq mille ennemis. Il cherchait maintenant un triomphe conformément à la loi qui stipulait que quiconque avait détruit cinq mille ennemis devait se voir accorder le privilège de tenir un triomphe. Sa demande a cependant été refusée en raison des pertes qu'il avait subies auparavant. Néanmoins, dans son désir de gloire, il s'abaissa à l'infamie et à l'impudence et célébra un triomphe à ses dépens."
Suétone, Vies des douze Césars : Vie de Tibère, II :"Il est d'ailleurs notoire qu'à l'exception de P. Clodius, qui, pour expulser Cicéron de Rome, se fit adopter par un plébéien, et même par un plus jeune que lui, tous les Claudii furent toujours les partisans de l'aristocratie, les défenseurs exclusifs de la puissance et de la dignité des patriciens, et se montrèrent tellement orgueilleux et violents envers le peuple, que, même sous le poids d'une accusation capitale, aucun ne consentit à paraître devant lui en habit de suppliant, ni à s'abaisser aux moindres prières. Quelques-uns, au milieu des troubles et des séditions, allèrent jusqu'à frapper les tribuns. On vit une Claudia Vestale monter dans le char de son frère qui triomphait sans l'ordre du peuple, et l'accompagner jusqu'au Capitole, afin que nul tribun ne pût le lui défendre ou intervenir."