Scots - Peuple celte d'Irlande et de l'ouest de l'Écosse, dont l'existence ne nous est connu que par des textes du Bas-Empire et du haut Moyen Âge. En effet, ils ne furent mentionnés pour la première fois qu'à la transition du IIIe et du IVe s. ap. J.-C. sous la forme Scoti dans la Liste de Vérone, puis Scotti à fin du IVe s. par Ammien Marcellin (Histoire de Rome, XXVII, 8, 5), Scottorum par Saint Jérôme (Lettres : Lettre 69, à Oceanus, III) au début du Ve s., Scotorum gentibus par Isidore de Séville (Étymologies, XIV, 6, 6) au début du VIIe s., Scotos, Scotorum ecclesias, etc. par Saint Adamnan (Vie de Saint Colomba, I, 1 ; 2 ; et al.), à la fin du VIIe s. et enfin Scotorum et Scoti par Bède le Vénérable (Histoire ecclésiastique du peuple anglais, II, 1, 2 ; 3), en 731. Leur nom pourrait s'expliquer par la racine *scota qui signifie "Bisaigüe".
Bien que les trois plus anciennes mentions faites des Scots les évoquent dans le nord de la province de Britannie, Isidore de Séville (Étymologies, XIV, 6, 6), Saint Adamnan (Vie de Saint Colomba, I, 1 ; 2 ; et al.) et Bède le Vénérable (Histoire ecclésiastique du peuple anglais, II, 1, 2 ; 3) leur attribuent pour territoire originel la Scotia, c'est à dire l'île d'Irlande. Bède le Vénérable (Histoire ecclésiastique du peuple anglais, II, 1, 2 ; 3) établit un lien entre l'arrivée des Pictes dans les îles britanniques (lesquels venaient selon lui de Scythie) et l'installation des Scots au niveau de l'actuelle Écosse. Les Pictes auraient voulu s'installer en Irlande, mais les Scots refusèrent, tout en les encourageant à s'installer dans le nord de l'île de Britannie et en leur proposant leur soutien, si nécessaire. Aussi, les Pictes n'ayant pas de femmes, ils obtinrent des Scots des épouses. Plus tard, sans que nous ne sachions ce qui motiva cet événement, des Scots quittèrent l'Irlande, sous la conduite de leur chef, Reuda et s'installèrent plus ou moins pacifiquement sur plusieurs territoires appartenant aux Pictes (Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais, II, 1, 2). Selon Bède le Vénérable, les Scots se sont initialement installés dans le nord du Firth of Clyde (Histoire ecclésiastique du peuple anglais, II, 1, 3). Cette installation, non-datée, fut nécessairement antérieure à la rédaction de la Liste de Vérone (transition du IIIe et du IVe s. ap. J.-C.).
La Liste de Vérone laisse entendre que les Romains furent confrontés aux Scots entre la fin du IIIe s. et le début du IVe s. ap. J.-C., cependant Ammien Marcellin est le premier ayant évoqué des affrontements, sans la moindre ambiguïté (Histoire de Rome, XXVII, 8, 5). En effet, entre 364 et 367 ap. J.-C., les Scots, aux côtés des Atecottes, et alliés à deux peuplades pictes ; les Dicalydones et les Verturiones ; pillèrent le nord de la province de Britannie.
Ammien Marcellin, Histoire de Rome, XXVII, 8, 5 :"Mais il est essentiel de noter que les Pictes formaient à cette époque deux corps de peuple, les Dicalydons et les Verturions, qui, de concert avec les belliqueuses peuplades des Attacottes et des Scots, portaient de tous côtés leurs ravages. Dans les parties de l'île plus voisines de la Gaule, les Francs et les Saxons, leurs voisins, opéraient des descentes sur les côtes et faisaient des courses dans l'intérieur, pillant, incendiant, égorgeant tout ce qui leur tombait sous la main."
Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais, II, 1, 2 :"Actuellement, cette île, suivant les nombreux livres dans lesquels la loi divine a été écrite, contient cinq nations, les Angles, les Bretons, les Scots, les Pictes et les Latins, chacun dans son propre dialecte cultivant l'étude sublime de la vérité divine. La langue latine est, par l'étude des Écritures, commune à tous : au début, cette île n'avait pas d'autres habitants que les Bretons, d'où elle tire son nom, et qui arrivèrent en Britannie, comme on le rapporte, depuis l'Armorique. Ils se sont emparés des parties méridionales de l'île. Lorsqu'ils ont commencé, depuis le sud, à se rendre maîtres de la plus grande partie de l'île, la nation des Pictes est arrivée depuis la Scythie par mer, dans quelques longs navires.Ils ont été chassés par les vents au-delà des côtes de Britannie et sont arrivés sur les côtes nord de l'Hibernie, où, trouvant la nation des Scots. Ils ont demandé l'autorisation de s'installer parmi eux, mais leur demande a été rejetée. L'Hibernie est la plus grande île à côté de la Britannie et se trouve à l'ouest de celle-ci. Elle est plus courte que la Britannie au nord, et s'étend par contre au sud, jusqu'en face des régions septentrionales de l'Hispanie, bien qu'il y ait entre eux une mer étendue. Les Pictes, comme on l'a dit, arrivant sur cette île par voie maritime, voulaient qu'on leur accorde une place dans laquelle ils pourraient s'installer. Les Scots ont répondu que l'île ne pouvait pas les contenir tous les deux ; mais " nous pouvons vous donner de bons conseils ", ont-ils dit, " que faire ; nous savons qu'il y en a une autre, non loin de chez nous, à l'est, que nous voyons souvent à distance, quand les jours sont clairs. Si vous y allez, vous obtiendrez des établissements ; s'ils doivent s'opposer à vous, vous aurez notre aide. " Les Pictes, qui naviguaient en direction de Britannie, commencèrent à habiter les parties septentrionales, car les Bretons possédaient le sud. Alors, les Pictes n'ayant pas de femmes, ils en demandèrent aux Scots, qui ne consentirent à leur en accorder qu'à la condition que lorsque n'importe quelle difficulté surgirait, ils choisiraient un roi de la race royale féminine, plutôt que mâle : cette même coutume, comme on le sait, a été observée parmi les Pictes jusqu'à ce jour. Avec le temps, la Britannie, outre les Bretons et les Pictes, reçut une troisième nation, les Scots, qui, émigrant d'Hibernie sous leur chef Reuda, soit par des moyens équitables, soit par la force des armes, se sont constitués des colonies parmi les Pictes, qu'ils possèdent encore. Du nom de leur commandant, ils sont à ce jour appelés Dalreudines ; car dans leur langue ‘daal' signifie une partie."
Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais, II, 1, 3 :"Hibernie, en largeur, et pour la salubrité et la sérénité du climat, dépasse de loin Britannie ; car la neige y reste à peine trois jours: personne ne fait de foin en été pour l'hiver, ou construit des écuries pour ses bêtes de somme. Aucun reptile n'y est trouvé et aucun serpent ne peut y vivre ; car bien que souvent transporté hors de Britannie, dès que la puce arrive près du rivage et que l'odeur de l'air les atteint, ils meurent. Au contraire, presque toutes les choses sur l'île sont bonnes contre le poison. En bref, nous avons su que lorsque certaines personnes ont été mordues par des serpents, celles-ci ont atténué le gonflement. L'île regorge de lait et de miel, pas plus que de vignes, de poissons ou de volailles. et il est remarquable pour les cerfs et les chèvres. C'est proprement le pays des Scots qui, comme on l'a dit, a migré de là, a ajouté une troisième nation britannique aux Bretons et aux Pictes. Il y a un très grand golfe de la mer qui divisait autrefois la nation des Pictes sur les Bretons ; quel golfe va de l'ouest très loin dans la terre, où, dans cette baie, se dresse la ville forte des Bretons, appelée Alcluith. Les Scots arrivant du côté nord de cette baie s'y sont installés."
Isidore de Séville, Étymologies, XIV, 6, 6 :"Scotie, également connue sous le nom d'Hibernie, est une île voisine de la Britannie, plus étroite dans son étendue mais plus fertile sur son site. Il s'étend du sud-ouest au nord. Ses parties proches s'étendent vers la péninsule ibérique et l'océan Cantabrique, d'où il s'appelle Hibernie ; mais on l'appelle Scotie, car elle a été colonisée par des tribus de Scots. Là, on ne trouve pas de serpents, les oiseaux sont rares et il n'y a pas d'abeilles, de sorte que si quelqu'un arrosait de la poussière ou des cailloux entre les ruches d'un autre endroit, les essaims déserteraient les rayons de miel."
Saint Adamnan, Vie de Saint Colomba, I, 1 :"Le roi (Oswald), se réveillant à ces mots, rassembla son conseil et raconta la vision à laquelle ils étaient tous encouragés ; et ainsi tout le peuple promit qu'après leur retour de la guerre, ils croiraient et se feraient baptiser. Jusqu'à cette époque tout ce pays saxon avait été enveloppé dans l'obscurité du paganisme et de l'ignorance, à l'exception du roi Oswald et de douze hommes qui avaient été baptisés avec lui pendant son exil chez les Scots."
Saint Adamnan, Vie de Saint Colomba, I, 2 :"Saint Finten, qui fut par la suite très connu dans toutes les églises des Scots (Écosse), ayant, par la grâce de Dieu, préservé de son enfance la pureté de son corps et de son âme, se consacrant à l'étude de la sagesse divine, avait nourri dans sa jeunesse la ferme résolution dans son coeur de quitter l'Hibernie pour partir à l'étranger à la rencontre de Saint Colomba. Brûlant de ce désir, il se rendit chez un vieil ami, le religieux le plus prudent et le plus vénérable de son pays, qui était appelé dans la langue scote Columb Crag, pour obtenir de lui de bons conseils. Quand il lui eut ouvert l'esprit, il reçut la réponse suivante : " Comme ton voeu est, je sens, inspiré par Dieu, qui peut prétendre dire que tu ne devrais pas traverser la mer pour aller auprès de Saint Colomba ? " Au même moment, deux moines de Saint Colomba arrivèrent et, lorsqu'ils furent interrogés sur leur voyage, ils répondirent : " Nous avons récemment effectué la traversée depuis la Britannie et nous venons aujourd'hui de la chênaie de Calgach. " - " Est-ce qu'il va bien, dit Columb Crag, votre saint père Colomba ? " Puis ils éclatèrent en sanglots et répondirent avec un grand chagrin : " Notre patron va bien, il y a quelques jours, il est parti pour le Christ. ""
Saint Jérôme, Lettres : Lettre 69, à Oceanus, III :"Qu'on aille dire cela aux païens, qui sont une moisson qui remplit tous les jours les greniers de l'Église; qu'on le dise aux catéchumènes que nous instruisons des mystères de notre religion, et qui sont les candidats de la foi, afin qu'ils se donnent bien de garde de se remarier et de contracter une alliance légitime avant le baptême ; qu'ils se plongent au contraire dans les plus infâmes débauches, qu'ils mènent une vie licencieuse, qu'ils comme les Scots et les Attacottes, comme les gens d'une république sur le plan de celle de Platon, où les femmes et les enfants soient en commun ; qu'ils prennent garde même de prononcer seulement le nom d'épouse, de peur qu'après avoir cru en Jésus-Christ, ils n'aient lieu de se repentir de n'avoir pas pris des concubines et des femmes perdues au lieu d'épouses légitimes."
Sidoine Apollinaire, Panégyrique prononcé en l'honneur d'Avitus Auguste, son beau-père, v.86-91 :"Mais ce n'est point assez de parler des terres ; c'est encore sous tes auspices que je suis entrée avec mes armes glorieuses sur autant de mers, et que, j'ai pénétré chez des nations lointaines sous le ciel occidental. César a porté mes drapeaux victorieux jusque vers les Bretons Calédoniens. Et quoiqu'il eût défait le Scot, le Picte avec le Saxon, il chercha des ennemis, lorsque la nature lui défendait de chercher encore des hommes."