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De passage sur le site, je me permets d'apporter une petite contribution personnelle au débat. Ayant travaillé (avec d'autres) sur le thème des Parisii protohistoriques et des origines de Lutèce, je tiens à préciser les faits suivants :
1) L'existence d'une importante occupation de La Tène finale (IIIe-IIe s. av. J.-C.) sur la presqu'ile de Nanterre n'a rien d'un "scoop". Une première fouille de l'AFAN menée dans les années 1990 par mon collègue C. Durand y avait déjà mis en évidence des plans d'habitat, des armes, des vestiges d'artisanat monétaire, de nombreuses importations italiques, des armes, etc. La présence d'une importante nécropole à cet emplacement est connue depuis très longtemps, via la découverte de la fameuse "tombe à char de Nanterre", conservée au MAN à Saint-Germain-en-Laye.
Que des archéologues cherchent à valoriser ces découvertes inconnues du public (et enrichir leur "press-book", par la même occasion), par le biais des médias, n'a rien de répréhensible. Mais il serait injuste de faire table-rase des travaux qui les ont précédés. Rendons à César, pour une fois !
2) La possibilité que ces vestiges correspondent à la Lutèce "historique" du Bellum Gallicum est évoquée depuis plusieurs années : je l'ai expressément formulée dans un article de Gallia consacré à la fondation de la Lutèce romaine. Bien d'autres l'ont fait avant moi, de manière moins explicite...
3) Pour mémoire : cet article révèle que le sous-sol de Paris a effectivement livré des vestiges d'époque "gauloise". Mais ils sont plutôt tardifs : armement, amphores, fibules, céramiques datés de La Tène D2, soit du milieu du Ier s. av. J.-C. Malgré quelques découvertes plus anciennes, il semble que ces éléments soient liés à la fondation de Lutèce par les légions romaines au lendemain de la Guerre des Gaules. La découverte d'un probable auxiliaire de l'armée césarienne, jeté sous un puits fouillé sous l'actuel Palais du Luxembourg et d'autres pièces d'armement romain datées de cette période, conforte cette hypothèse.
4) A partir de là , le site de la Lutèce "historique" (dont César ne précise pas qu'il s'agit de la capitale des Parisii) peut se trouver n'importe où : sur l'île de la Cité et/ou les rives de la Seine environnantes, qui ont effectivement fluctué au cours du temps, à Nanterre, ou sur d'autres oppida présumés du territoire, qui sont nombreux...
Pour ceux que le sujet intéresse, quelques titres récents :
Les Celtes en Ile-de-France, collectif, Dossiers d'Histoire et d'Archéologie n°273, mai 2002.
M. Poux, S. Robin, « Les origines de Lutèce. Acquis chronologiques, nouveaux indices d’une présence militaire à Paris, rive gauche ».
Gallia 57, 2000, 181-226.
M. Poux, N. Ginoux, « Les Parisii, entre Gaule Belgique et Gaule Celtique : ethnogénèse et territoire ». In : D. Garcia et F. Verdin (dir.), Espaces ethniques et territoires des agglomérations protohistoriques d’Europe occidentale. » Actes du XXIVe colloque de l’A.F.E.A.F. à Martigues. Editions Errance, Paris 2002, 226-242.
M. Poux, « Puits funéraire d’époque gauloise à Paris (Sénat). Une tombe d’auxiliaire républicain dans le sous-sol de Lutèce » (avec la collaboration de B. Boulestin, D. Busson, Th. Lejars, Chr. Riquier-Bouclet et S. Robin).
Protohistoire Européenne 4, éditions Monique Mergoil, Montagnac 1999.
Un article plus accessible intitulé "Lutèce ou Paris ?", dans L'Archéologue-Archéologie nouvelle n°60, juin-juillet 2002, pp. 14-16.
Ainsi que :
M. Poux, S. Robin, « La naissance de Paris »
La Recherche, n°325, novembre 1999, 40-42.
C'est tout pour aujourd'hui.
Au plaisir de vous lire !