Pour info, l'hypothèse de Mr Buchsenschutz dans son dernier ouvrage, sur l'origine et le localisation des oppida
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Olivier Buchsenschutz, Les Celtes, Armand Colin, 2007.
http://www.arbre-celtique.com/encyclope ... z-4847.htm
"Cette urbanisation recherche en effet une situation stratégique au carrefour de plusieurs axes, mais le site lui-même n'est pas nécessairement comme Manching ou Villeneuve-Saint-Germain (Aisne) au bord de la rivière. Bibracte se situe à la jonction des bassins de la Saône, de la Seine et de la Loire, mais le site lui-même est une montagne éloignée de tout. L'oppidum de Heidetrank-Talenge (Hesse) n'est pas au cœur de la riche plaine de la Wetterau, ni à côté des salines contemporaines de Bad Nauheim, mais dans le massif forestier du Taunus, encore inoccupé aujourd'hui. A notre avis, les aristocrates qui ont convié artisans et cornmerçants à venir s'abriter derrière leurs murailles et à accepter à la fois leur protection et leur contrôle, ont dû utiliser non seulement des arguments économiques mais aussi faire appel à la tradition pour les convaincre. Pour que le paysan gaulois vienne vendre ses produits « en ville » et acheter par la même occasion les productions des artisans, on lui fait emprunter le chemin escarpé qu'il suivait peut-être auparavant pour se rendre à des cérémonies dont nous avons perdu le souvenir. Le site de Bibracte était connu des populations pour ses mines, mais il a fallu développer de solides arguments pour faire acheminer des charrettes d'amphores depuis Chalon-sur-Saône jusqu'au sommet du Morvan. Il existe vraisemblablement une composante religieuse, mais il est difficile de la mettre en évidence faute de vestiges concrets. Nous avons vu qu'il existait à Manching des sanctuaires avant la construction de la fortification. Au sommet du mont Beuvray, non loin du fanum, un enclos entoure une place carrée vide de toute construction et de tous vestiges, alors qu'ils sont innombrables dès qu'on franchit l'enceinte. Une mesure dendrochronologique, qu'il faudra confirmer, tend à placer son occupation au IIIe s. avant J.-C. On retrouve le même schéma sur le Donnersberg (Palatinat). La question peut être abordée avec d'autres traces: de nombreuses fortifications de hauteur d'Europe centrale, depuis la région de Francfort et l'Allemagne moyenne jusqu'aux rives du Danube en Autriche, en Slovaquie et même à l'extrémité occidentale de l'Ukraine, contiennent des dépôts d'objets métalliques divers, des outils aussi bien que des parures ou des armes, déposés volontairement pendant tout le second âge du Fer. Le sommet du Dünsberg qui domine Giessen au nord de la Wetterau était fortifié dès le VIlle s. avant J .-C. ; il a livré une cinquantaine d'objets métalliques du second âge du Fer, armes, pièces de harnachement, outils, soit en dépôt, soit dispersés sur les pentes; c'est toute la colline qui est entourée d'un rempart englobant 90 hectares à La Tène finale. Il s'agit d'une pratique rituelle, ces dépôts ne sont associés ni à un habitat, ni à des ateliers, puisque des sites comme Liptovska Mara (Slovaquie) associent une agglomération artisanale en plaine avec un sanctuaire et des dépôts sur la hauteur fortifiée voisine. On peut mettre ce phénomène en parallèle avec les fiches en fer qui sont incluses, à l'ouest du Rhin, dans les murs gaulois qui entourent les oppida. Ces indices nous suggèrent que les fortifications de hauteur, qui jouaient dans le monde celtique ancien, sauf en période de crise, essentiellement un rôle symbolique ou rituel, sont récupérées pour entraîner l'ensemble d'une population jusque-là essentiellement rurale dans un nouveau mode de vie collectif et urbain. Les anciennes forteresses sont agrandies à une échelle qui correspond aux capacités techniques que le pagus est capable de mettre en œuvre. Elles sont rarement entièrement occupées, même à Bibracte, par exemple, mais la volonté collective s'exprime dans le tracé et la construction d'un très long rempart. La fortification, qui autrefois barrait uniquement les accès qui n'étaient pas défendus naturellement, est désormais continue. C'est par des portes monumentales que communiquent les espaces urbain et rural, moyennant peut-être un octroi. L'exemple de Heidetrank-Talenge est typique, avec ses deux anciennes fortifications de sommet réunies dans un vaste ensemble de murailles qui franchissent la ville."
Thierry, qu'est-ce que tu en dis
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@+Pierre