Professeur Cornelius a écrit:Oui, il est très déplorable que les spécialistes des religions, philologues et linguistes, d'une part, et les archéologues, d'autre part, continuent à s'ignorer aussi superbement. C'est, à mon avis, une tendance croissante des études celtiques récentes, et c'est dommage.
J'aimerais bien que des archéologues et historiens (même amateurs) nous fassent une synthèse des dernières découvertes archéologiques, disons depuis 15 ans, en particulier dans ce qu'elles ont apporté à notre connaissance de la - ou des - religions celtiques. Je veux dire, plus précisément, qu'on dégage des éléments de cosmogonie, de métaphysique, de pratiques cultuelles, voire rituelles, dans une synthèse globale et accessible au public (j'ai parcouru les deux rapports de fouille de Corent 2005, c'est très intéressant pour connaître la datation des céramiques, mais j'avoue que c'est également un excellent sédatif pour un ignare comme moi en matière de composition des fibules). J'aimerais donc qu'un chercheur pluridisciplinaire et cultivé puisse nous offrir cette synthèse, intégrant ces dernières découvertes dans le cadre de nos connaissances plus anciennes - y compris pour les nier ou les amender, si nécessaire. Par exemple : en quoi les ressources archéologiques affirment-elles ou infirment-elles les données littéraires gréco-latines et insulaires sur les modes d'inhumation ? Sur les sacrifices humains ? Sur les festins rituels ? Sur l'orientation sacrée qui semble ressortir de la géographie politico-religieuse de l'Irlande comme de la Gaule centrale ?
Ceci dit sans polémique aucune. Je pense sincèrement que ces deux groupes de disciplines devraient mieux tenir compte du travail de l'autre, et qu'une synthèse globale et objective (sans notion de concurrence entre pontifes du CNRS ou de l'Université) s'avère de plus en plus nécessaire.
Salut,
Je reviens sur un passage de Fergus :
"Je veux dire, plus précisément, qu'on dégage des éléments de cosmogonie, de métaphysique, de pratiques cultuelles, voire rituelles, dans une synthèse globale et accessible au public (j'ai parcouru les deux rapports de fouille de Corent 2005, c'est très intéressant pour connaître la datation des céramiques, mais j'avoue que c'est également un excellent sédatif pour un ignare comme moi en matière de composition des fibules). "
C'est là justement où le bât blesse et qu'il me semble qu'on demande beaucoup aux archéo. Je m'explique : si l'on examine le point de vue de Le Roux et Guyonvarc'h, on voit bien qu'il refusent d'emblée que les archéologues puissent mettre à jour, une "archéologie druidique", c'est un raccourci pour les éléments de cosmogonie...
Donc, il reste aux archéo, pour caricaturer le catalogue de fibules... qui endort Fergus... ! La marche de manoeuvre n'est pas grande entre les rejets des uns et les attentes insatisfaites des autres.
Je me souviens d'une conversation, l'an passé, avec Fergus, où il me disait, moi les trous de poteaux... en ajoutant que le symbolisme du pilier était vraiment intéressant. Je dirais, les deux.
Le symbolisme a besoin d'une assise et quand on fait la reconstitution d'une maison, on est bien obligés de creuser les trous des poteaux avant de dresser ceux-ci. Depuis, Fergus a évolué et c'est avec plaisir que je le vois rôder sur Aremorica.
De même, si la nomenclature des fibules peut sembler aride, lorsqu'un archéo trouve une fibule en fer dans une tombe, la photographie, la dessine voire la reconstitue, opération délicate au possible, cela casse souvent au dernier moment, tout cela procure à celui-ci un sentiment de satisfaction qui ne transparaît pas forcément dans le cadre d'une publication savante.