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Une forme aberrante : Brissac

Forum consacré à la linguistique ainsi qu'à la toponymie...

Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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5 messages • Page 1 sur 1

Une forme aberrante : Brissac

Messagede Jacques » Sam 21 Oct, 2006 11:25

Brissac est une petite ville du Maine-et-Loire (ancienne province d'Anjou), située sur un promontoire qui aurait pu héberger un oppidum en éperon barré. La forme du nom est anormale dans cette région où toutes les finales -acum (et elles y sont nombreuses) ont donné -é. La forme en -ac la plus proche semble être Marsac-sur-Don, près de Nozay (Loire-Atlantique), soit à 100 km à l'ouest.
La forme la plus ancienne latinisée est Bracaseacum en 1030.
Dans la Toponymie générale de la France, d'Ernest Nègre, on trouve les formes anciennes et les explications suivantes :
« Bracaseacum 1030, de Brachosacho 1050, Bracasac 1067, Brechesac 1195, Brissesac XVème siècle. Peut-être du latin bracatus, portant des braies, étranger, devenu nom propre romain et traité comme bracacius + acum. Attraction de brise-sac qui entraîne i dans la première syllabe et maintient ac dans la dernière. »
L'explication est un peu sommaire et sujette à questionnements.
Une recherche plus approfondie a été effectuée par Célestin Port, archiviste du Maine-et-Loire dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Ces recherches sont citées par l'abbé Ch. Gautier dans son Histoire de Brissac (1919). Il a relevé les formes suivantes :
    - Bracaseacum 1030
    castrum de Brachosacho 1050
    Brachesac XIème siècle
    Braccum saccum et Brachisacum 1140
    castellum Brachesac 1150
    Brachassac 1195
    burgus novus de Brachesac 1249
    Braichesac 1296
    Brechesac 1323
    Broichesac 1406
    Brigidus saccus 1447-1467
    Brissesac au XVème siècle mais Brissac dès 1480
Jusqu'au milieu du XVIème siècle, des greffiers ou des notaires écrivent encore Brochessac ou Brichessac, mais c'est sans doute une forme archaïsante, au vu de la mention de 1480.
Deux remarques :
    1/ une recherche approfondie dans les archives permet d'obtenir beaucoup de formes anciennes, plus, en tous cas, que ce que donnent Nègre ou Dauzat et Rostaing.
    2/ sur quatorze mentions du nom, de 1030 à 1480, neuf paraissent transcrire la prononciation française de l'époque (Brechesac, Brechesac ou Brichesac, puis Brissesac et Brissac) ; les autres sont des habillages en latin (Brachosaco, Brachisacum, p-ê Brachassac) ou des formes pseudo-étymologiques (Braccum saccum, Brigidus saccus) ; Broichesac, en 1406, doit être la forme régressive de *Braichesac.

On peut en conclure qu'au moins de 1050 à 1406 la bourgade a été désignée sous le nom de Brachesac, avec un a ouvert évoluant vers è et devenu i parce que contaminé par le chuintement du ch.
La mention de Brissesac est très tardive (XVème siècle) et ceci va à l'encontre de l'explication du -ac maintenu à cause du sens de « brise sac » (Nègre).
Le chuintement du S est étranger à la région et on ne peut donc pas avoir un briche-sac compris brise-sac.
Si on veut rechercher du côté de "briche", le mot désigne, en ancien français, un piège, une ruse, un jeu d'attrape.
De toute façon, la forme "brache" est antérieure et attestée de 1050 à 1249, et je n'ai pas trouvé de mot correspondant.
Le mystère reste entier de ce toponyme en -ac dans cette région où la finale -é est omniprésente. En outre, la signification de Bracaseacum, si tant est qu'elle retranscrit bien une forme plus ancienne, reste à creuser.
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Messagede Marc'heg an Avel » Sam 21 Oct, 2006 13:42

Salut,

Il me semble qu'on est là sur une discussion se rapprochant de celle de Brocéliande.

- *br°k / *b°rk = hauteur , (Berg, Bré, etc ...)

ou

- °braccu- = lieux humide, marécageux. (Bray, Bresse, Brook, Bro(u)sse, etc ...).

JCE :)
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Hugues de Saint-Victor.
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Messagede Jacques » Sam 21 Oct, 2006 14:05

Merci pour ces pistes, Jean-Claude.
Les deux hypothèses peuvent être envisagées, une petite rivière, l'Aubance, coulant au pied du promontoire, une bonne vingtaine de mètres en contrebas.
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Messagede Jacques » Dim 22 Oct, 2006 10:52

À la réflexion, Bracaseacum ne peut être rattaché à un thème en i caractérisant les noms de hauteurs : briga, brigantion, brigo- (Delamarre). C'est pourtant ce qui frappe le plus quand on voit Brissac de l'ouest, du sud ou de l'est. Mais dans le méandre de l'Aubance, petite rivière au cours sinueux, au pied du promontoire, peut avoir existé une zone marécageuse.
De nombreux toponymes contiennent *bracu, marais. Les formes modernes les plus proches sont Brassac (Ariège, Tarn, Tarn-et-Garonne), Grand-Brassac (Dordogne), Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme) Braciacus au IXème siècle. On a aussi Brachy (Seine-maritime), de Brachiaco en 1244.
Le Brissac de l'Hérault doit avoir une autre origine (de Brissiaco en 1073).
Pour le Brissac qui nous intéresse, la contraction en deux syllabes ne date que du XVème siècle, et la syllabe -se- de Bracaseacum n'est pas encore élucidée.
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Messagede Jacques » Dim 22 Oct, 2006 11:17

Il est difficile d'expliquer le maintien de la finale -ac par une interprétation brache-sac. Il existe en patois angevin (Verrier et Onillon, Glossaire étymologique et historique des patois et parlers d'Anjou) un mot braché qui s'applique au chanvre : chanvre braché, préparé au bras selon les auteurs, qui le font dériver du latin brachium. Ce chuintement du s est plutôt picard et inconnu en Anjou.
On peut comparer ce « chanvre braché » de la braie mancelle, qui est un outil pour broyer la tige du chanvre (Bertin, Beucher et Leprince, Trésor du parler cénoman). Broyer est d'ailleurs considéré dans les étymologies classiques comme venant du germanique *brekan, ce qui pourrait mener à braché.
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