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Qu'est-ce que la spiritualité ?Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Bonsoir Nolwenn
Je ne comprend pas le sens de ta dernière phrase, pourrais-tu la développer ? Pour moi un dogme religieux est plutôt une espèce de garde fou ou d'enclos à brebis du style : C'est comme ça un point c'est tout ! "Méfiez-vous des bergers, ils sont les auxiliaires des bouchers". Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
mikhail, merci de ce résumé long et détaillé. Je suis convaincu qu'on ne prend pas assez le temps, ici comme sur le Net en général, d'écrire avec détail ce qu'on voudrait dire, et que cette paresse est à l'origine de nombreux malentendus. J'ai la nette impression que ce débat en est un exemple flagrant. Ainsi :
Mikhail : « Bodu repose sa question initiale : "Qu'est, selon vous, une pratique spirituelle ? Autrement dit, qu'est-ce que la spiritualité au quotidien ?" Nolwenn pense qu'il est fort difficile de répondre à ces questions, notamment sur un forum ; que cela regarde l'intime de chacun » Je n'ai jamais voulu qu'on parle ici de nos expériences personnelles, intérieures. Il est bien évident qu'elles sont (quand elles existent, mais c'est une autre question) extrêmement intimes, qu'elles ne regardent que soi-même, et qu'elles sont très difficilement communicables. J'adhère donc à la phrase suivante, de Mikhail : « Ma thèse est celle-ci : la spiritualité, on peut en parler ; elle passe par un vocabulaire, par des exercices --ou des techniques-- si vous préférez ; par contre, l'expérience intime vécue est incommunicable. » Dès le début, j'ai dû mal m'exprimer, car je n'avais à l'esprit que les différentes sortes de pratiques « religieuses » ou « spirituelles » (la distinction des deux me paraît artificielle et polémique, et ne correspond pas à une définition scientifique des choses, même s'il est évident que les religions ont très souvent dans l'histoire trahi la spiritualité qu'elles étaient sensées transmettre). Je voulais donc parler des rites : le sacrifice, rite essentiel dans toutes les religions, mais aussi les rites de passage (naissance, adolescence, mariage, funérailles...), les rites initiatiques, les rites collectifs de consécration d'un lieu, par exemple, des fêtes traditionnelles, etc. Je voulais aussi parler de la prière, par exemple, en tant que pratique spirituelle interreligieuse et même universelle. Je voulais évoquer la méditation : ses différentes formes, ses sources, ses fondements doctrinaux (mais si, il y a des doctrines traditionnelles qui visent à la spiritualité !). Je voulais aussi parler de pratiques plus spécifiques, comme celles du yoga et du tantrisme, basée sur les flux d'énergie qui parcourent le corps et relèvent pourtant d'un ordre non-physique, puisque, comme le dit justement Muskull, il n'y a pas de solution de continuité entre le corps et l'esprit : dans l'état humain, ils sont indissolublement liés, jusqu'à la mort de l'un d'entre eux. Si le corps peut être un frein à la vie spirituelle, il peut aussi être un moyen. Un mot en passant pour Muskull : il est un peu rapide et cavalier de mettre dans le même sac les incompréhensions sur la nature du Divin, les « fadaises de réincarnation » - ce qui est une question de définition claire et précise de l'esprit - et le karma, qui est une notion complexe et traditionnelle dans tout le monde indien et oriental. Ce n'est pas parce qu'une mode niaise a répandu ce concept en Occident, en l'affadissant et en le dénaturant, qu'il s'agit d'une « fadaise ». A part cette remarque, Muskull, je suis bien d'accord avec ta définition du cheminement, processus éminemment personnel, incommunicable par nature, fait d'expériences pragmatiques, et aussi sur la définition du maître spirituel, avec qui doit exister une connexion. Je suis un peu plus réservé sur l'aphorisme du maître qui dit : « Je suis ce que tu seras, j'ai été ce que tu es ». Il ne faut pas en déduire qu'un maître fait de ses élèves des « autres lui-même » : il les guide, par petites touches, vers la découverte de leur vraie nature. Mais l'essence du processus est merveilleuse bien décrite dans ta phrase : « Il ne s'agit pas "d'atteindre" quelque chose de très éloigné et d'inaccessible, mais d'écarter, à l'intérieur de soi, ce qui nous masque le "réel". » Le pierre cubique se trouve déjà dans la pierre brute... Dulovios (ou plutôt Dulovius, depuis ta naturalisation..), je connais ton aversion des religions, et j'en comprends parfaitement les motifs. Je crains cependant que tu jettes le bébé avec l'eau du bain. Je crains aussi qu'on prenne trop facilement comme modèle de toutes les religions, la religion catholique qui a dominé nos peuples pendant des siècles, et qui laisse un si lourd parfum de totalitarisme et de dé-spiritualisation. Il est très possible que cette forme du christianisme a perverti l'idée même de religion dans l'esprit de beaucoup d'Occidentaux. Mais il se trouve que, malgré les déviances et les accrocs de l'Histoire - dus bien plus à la nature humaine qu'au message religieux lui-même - les religions véhiculent parfois (souvent ?) une réelle spiritualité, c'est-à -dire qu'elle peuvent permettre aux humains d'avoir une réelle vie spirituelle. Après tout, même l'Eglise catholique a produit, à côté des Inquisiteurs assassins, des saint François d'Assise. Que dire alors des chrétiens orientaux ? de l'Islam d'Ibn Arabi ? de l'Inde de Shankara ? des maîtres zen du Japon et de Milarepa, le poète-yogi du Tibet ? Sans parler de ce que je connais moins, des chamans de Sibérie aux medicine-men amérindiens, et autres. Car j'ai bien peur, moi, qu'une spiritualité individuelle qui se prétendrait libre de tout enseignement, de toute doctrine, de toute pratique ou méthode, ne soit en fait qu'une illusion de liberté, qu'une recherche anarchique et inefficace, qui ne conduirait pas bien loin sur le chemin, si tant est qu'elle n'ouvre pas toutes grandes les portes de l'enfer. Il n'y a pas loin de l'illusion de la spiritualité à la chute dans les ténèbres, et le moteur de cette chute peut être un immense orgueil qui fait dire : JE peux y arriver tout seul. A tout le moins, le risque est bien celui que décrit Sylva : « Pourtant sans un vécu et une mise en oeuvre concrète et personnelle, est ce que la Spiritualité ne se réduirait pas à une grande idée très abstraite, et un peu creuse? Sans vie? ». J'ajouterai même : une illusion de spiritualité faite de morale assez élastique et d'élans sentimentaux. Cependant, Dulovios, tu as raison sur un point : même dans le monde traditionnel, il y a la possibilité d'une spiritualité en-dehors des religions, et c'est ce qu'on appelle l'ésotérisme. Guénon a très bien décrit la relation qui peut exister dans une forme traditionnelle, entre exotérisme et ésotérisme, relation qui est parfois conflictuelle. Ainsi, dans l'Islam, le soufisme relève incontestablement d'un ésotérisme de haut niveau, qui se situe au-delà du cadre étroit des dogmes, tout en proclamant son attachement au message du Prophète. Certains sages soufis ont payé très cher cette liberté spirituelle. En Occident, les ésotérismes traditionnels ont été tellement dévalués, galvaudés, dénaturés, qu'on se demande s'il en existe encore. Et pourtant, il y a dans la maçonnerie, par exemple, tout un courant « spiritualiste » qui cherche à sauver ce qui peut encore l'être. L'ésotérisme, compris de façon guénonienne, est donc une façon de vivre la spiritualité en dépassant les religions PAR LE HAUT, au contraire du matérialisme qui nie les religions, mais PAR LE BAS. Fergus
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Muskull, dans ton dernier post tu écris :
"Pour moi un dogme religieux est plutôt une espèce de garde fou ou d'enclos à brebis du style : C'est comme ça un point c'est tout ! " C'est une définition toute moderne et toute profane du mot dogme, avec une connotation particulièrement moderne et anti-religieuse, due encore une fois à plusieurs siècles de catholicisme crispé et... dogmatique (depuis le concile de Trente ?). Le sens vrai, positif, du mot dogme est : "Point fondamental de doctrine, en religion ou en philosophie" (Petit Larousse). Rien n'oblige les dogmes à être inexpliqués, si ce n'est l'incompréhension de ceux qui les écoutent, ou parfois de ceux qui les enseignent... Quant au mot doctrine, le Petit Larousse ne nous avance pas : "Ensemble des notions d'une école littéraire ou philosophique, d'un système politique, économique, etc..., ou des dogmes d'une religion"... Fergus
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[quote="Muskull"]Bonsoir Nolwenn
+++ bonsoir Muskull Je ne comprend pas le sens de ta dernière phrase, pourrais-tu la développer ? +++Donc : << le Dogme Religieux revet toute son Importance par l'image même d'une Totalité Irrationnelle couvrant la plus Haute Connaissance... >>. Pour Jung, ce Dogme ainsi décrit est le produit et le fruit de nombreux esprits et de nombreux siècles purifié de toute les bizarreries, les insufisances et les perturbations de l'expérience individuelle....Mais bon, il semblerait que nous soyons hors sujet depuis le début et Jung une référence qui n'ai pas sa place dans le sujet... Pour moi un dogme religieux est plutôt une espèce de garde fou ou d'enclos à brebis du style : C'est comme ça un point c'est tout ! +++ Un support, j'imagine ... +++ bonne soirée à tous Nol...
Merci Nolwenn, maintenant je comprends
Vu sous cet angle nous pouvons effectivement parler de "support". Comme un véhicule de voyage en commun ? Oups ! Aïe ! Rassure toi, Jung a parfaitement sa place sur ce fil et sur tous les fils d'analyse symbolique et de quête du sens. Merci aussi Fergus pour ce long message qui précise ton domaine de recherche. Il est vrai qu'au début tes questions lapidaires portaient à confusion. Et je suis confus je crains d'avoir parlé de tout autre chose. Sur la définition du guide : "Nous autres" (car nous voyageons aussi en commun, les voyages individuels étant, comme tu le soulignes, éminemment dangereux) avons une très haute idée du guide. Il faut comprendre dans l'aphorisme "Tu seras "complet", j'étais "partiel"". Les dogmes : Il est fort possible que j'ai une vision partielle ou partiale sur le sujet, je dois avouer que je ne l'ai jamais "fouillé". Si tu le souhaites, cites en un qui te semble important et j'y réfléchirai. Tu me reprends sur mon dernier post mais tu dis toi-même à la fin du tien "cadre étroit des dogmes". Les religions : Je crois que c'est Sed qui a employé il y a peu le mot "solidification" en parlant de mythes et légendes. La légende étant une solidification du mythe et le mythe une solidification d'un aspect du Principe. De la même façon, à mon sens, les religions sont une solidification d'un aspect plus subtil de la spiritualité (je n'aime pas le mot supérieur qui n'est pas adéquat). Cet aspect plus subtil étant lui-même une solidification de l' Coagulation ou cristallisation peuvent aussi signifier ce même sens. Cela leur donne cet aspect intemporel si rassurant alors que l'un des aspects essentiels de l'enseignement est "un temps, un lieu, des gens". Mille excuses pour le mot fadaises, je parlais bien sûr de ces concepts "à l'occidentale", ne m'adressant pas à des orientaux. La conception orientale étant proche de celle des "eidolons" platoniciens. Cher Fergus, j'espère de tout coeur que tu ne verra pas dans mes messages quelque chose en + ou en -, en supérieur ou inférieur, ou quelque chose de ce genre. Les jugements de valeur étant des faiblesses que j'essaye de rendre étrangères à ma pensée. Amicalement, Muskull Muskull / Thomas Colin
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Je vois bien, Muskull, que ta démarche n'est pas faite de jugements de valeur. C'est tout à ton honneur.
"Tu me reprends sur mon dernier post mais tu dis toi-même à la fin du tien "cadre étroit des dogmes". " Oui c'est tout à fait vrai, mais un autre contexte puisque je parlais de l'ésotérisme. Celui-ci est bien au-delà des dogmes. Mais les dogmes, au niveau exotérique (celui des religions, par exemple), ont toute leur importance. Nolwenn, tu n'es en aucun cas hors sujet en parlant de spiritualité. Je me suis ramassé une volée de bois vert en lançant ce sujet, la plupart des participants trouvant incongru de parler de spiritualité quotidienne. Il est exact que ce n'est pas ce que j'avais en tête au début (voir plus haut). Mais rien n'est interdit. Quant à Jung, il est pour moi évident qu'il a sa place ici. Fergus
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Précision...Bon, Bodu, je venais de t'écrire une longue réponse lorsque cette foutue connexion m'a lâché... Je ne recommence plus tout le texte...
Ainsi l'orgueil humain a-t-il été vaincu par une machine inventée par l'homme... Un comble... En résumé, si les individualistes génocidaires sont rares, les troupeaux et les meutes de croyants enrégimentés ont laissé derrière eux des sillons sanglants aux quatre coins de la planète et ça n'a pas l'air terminé... Le Mal, l'Enfer et les Ténèbres sont-ils dès lors plutôt à chercher chez l'ermite individualiste voire misanthrope ou chez le détenteur de Vérité, le meneur de loups, le berger et ceux qui les suivent ??? Cherchez l'erreur... Catholiques ? Je ne souhaite pas plus vivre sous la Charia, la Loi de Manu ni adorer l'empereur du Japon comme un dieu... L'Orgueil ? Il n'y a pas plus orgueilleux, à mon humble avis que l'humain qui prétend ne pas l'être et, pire, qui dit à son semblable que l'être, c'est mal... Soyons clairs : je ne méprise pas la Bagavad Gîtâ, la Bible ou le Livre des Morts égyptien. Comment pourrait-on mener des études traditionnelles dans ces conditions ? Cela n'aurait aucun sens. Il n'est donc pas question de mon aversion envers les religions mais envers le message socio-politique que l'humain leur prête. La forme, c'est la religion à finalité socio-politique, l'organisation sociale étant un mal nécessaire hélas indissociable de la condition d'humain incarné. Le fond, c'est la parcelle de spiritualité contenue dans chaque religion. Mon aversion se rapporte donc à la forme, mon intérêt se rapportant au fond. Je crains, moi, que c'est dans l'acceptation du message communautariste de la religion à but socio-politique que réside l'ouverture des portes de l'enfer... Je dirais donc que je garde le bébé pour mieux jeter l'eau de la socio-politique religieuse croupissante... Lewis, l'auteur du Moine, était passé au satanisme mais s'est également battu contre l'esclavagisme dans les Caraïbes. Cioran est noir et sulfureux mais, malgré quelques errements politiques, n'a pas de sang sur les mains : je connais peu de structures religieuses qui, au travers des siècles, pourraient en dire autant... Alors, l'Enfer est les Ténèbres sont-ils à chercher dans la démarche spirituelle individuelle ou dans l'enrégimentement rassurant des communautés religieuses et des prêtres guides et protecteurs ??? Bon, c'était la plaidoirie raccourcie du Mage Noir... Enfin, Saroumane, Gandalf le Gris, Gandalf le Blanc ou simplement un orque ou un hobbit ? Difficile question, ça ! Je retourne à ma biographie de François Villon et à mon code des Templiers...! Dulovius le Prophète (mais où donc ai-je encore fourré mon Baphomet ?).
Bonsoir
Vous connaissez bien sûr cette petite énigme : Un homme doit faire traverser une rivière à un loup, une chèvre et un chou. Lorsqu'il est présent, personne ne mange l'autre. Dans sa barque, il ne peut en prendre que deux à la fois. Comment faire ? J'ai trouvé ceci en fouinant dans mes archives : On ne peut entreprendre des études de quelque sorte que ce soit s'il n'existe une base suffisante et appropriée pour cette étude. Vous ne pouvez pas apprendre une chose sans en connaître la base. Vous ne pouvez rien apprendre de correct si vous travaillez sur une base incorrecte. Il en va ainsi pour notre étude. Nous devons développer la connaissance humaine en nous fondant sur des idées correctes déjà présentes. Quand ces idées sont en nombre insuffisant, ou quand ces idées sont représentées par une compréhension incorrecte, nous devons rétablir la correction de l'idée originelle. Il faudrait se souvenir que les idées humaines subissent quatre processus de détérioration dans le milieu terrestre, quelque soit la culture concernée. Ces processus sont : 1) Une idée juste ou appropriée, de travail, peut être associée dans l'esprit avec des facteurs qui n'ont rien à voir avec elle (des associations). Les associations se propagent autour de toute idée humaine avec le temps. 2) Une tradition peut se détériorer par suite d'une compréhension défectueuse de la fonction des idées. Dans ce cas, seule une partie de la tradition est transmise et cela représente une base d'étude insuffisante. 3) Les cercles traditionalistes sont obnubilés par une petite partie d'un champ d'idées très riches à l'origine. Ceci produit une institutionnalisation, et l'emploi des idées comme moyen de conditionnement. Quand, par exemple, on donne des pratiques et des exercices pour guider une communauté, ceux qui paraissent les plus prometteurs sont acceptés et étudiés, les autres rejetés. Le résultat en est l'automatisme, produit par la façon même d'employer des idées organiques. 4) Les idées qui, à l'origine, avaient été prescrites pour l'usage d'une communauté donnée, d'une zone culturelle, ou d'une école, sont adoptées par une autre, et sont donc stériles dans ce milieu. D'autre part, avec le temps, ces idées sont employées par des communautés qui devraient utiliser un éventail d'idées adaptées à leurs besoins propres ; en fait, ces communautés ne font que mastiquer une nourriture destinée à leurs ancêtres. Les contes et les fables, une des formulations terrestres les plus importantes pour emmagasiner et transmettre les idées, et qui représentent un véhicule idéal pour l'enseignement, ont tendance à souffrir de tous les maux mentionnés plus haut. Dans notre école, nous avons deux manières d'aborder ce problème : 1) Premièrement, nous signalons les maladies ci-dessus, qui attaquent le matériel d'enseignement. 2) Deuxièmement, nous rétablissons la forme originelle des idées, ou nous en présentons une autre, qui est calculée pour opérer dans la communauté actuelle. Muskull / Thomas Colin
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Mon Dudul préféré,
Je dois dire que tu as malheureusement bien raison, et qu'en réalité, j'ai l'impression que nous disons la même chose. La différence apparente tient dans l'aspect des choses que nous privilégions. Il est évident que moi aussi, ce qui m'intéresse, c'est le petit grain de spiritualité qu'on trouve derrière les apparences. Je doute cependant que la forme puisse être si facilement dissociée du fond. Enfin, toutes les horreurs dont tu parles et que j'abomine aussi, ont également été commise, très récemment, par des gens qui ne voulaient pas entendre parler de religion, et qui ont d'ailleurs commencé par massacrer tout ce qui ressemble à des religieux. De Lénine à Pol Pot en passant par Staline, Mao, Hitler (si si !), le POUM espagnol, Ho Chi Minh, Tito et tous leurs semblables, la liste est longue. Je crois malheureusement que l'homme n'a pas besoin de religions pour massacrer ses semblables (au nom de quoi tue-t-on aujourd'hui en Tchétchénie ?). Cette tendance est bien humaine, trop humaine. Alors de temps en temps, on trouve un prétexte : il est religieux, il est économique, il est racial ou "national", il est "humanitaire", même ! Mais ce n'est qu'un prétexte, et la religion, la prospérité, les nations ou l'humanitarisme n'ont rien à voir avec les motifs réels du massacre. C'est vrai, l'homme collectif est abominable. Mais ne va pas me dire que l'homme individuel est angélique : à son échelle, c'est la même chose, et je rencontre chaque jour de ces monstres en puissance qui exterminent leur voisin, violent leur cousine, et tapent sur la gueule de leur épouse chérie. Seul ou par millions, l'homme est sublime et terrible à la fois. Fergus
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C'est bien ça, oui... :-)Salut Bodu,
Mais oui, comme d'habitude nous disons la même chose mais de manière différente...!!! Dans mon premier message j'avais évoqué aussi les "massacreurs" matérialistes, mais bon, "leur" "agent informatique" m'a déconnecté et je n'ai pas pensé à remettre l'allusion dans le second message... Un complot je te dis...! Sérieusement, il y a plusieurs aspects à la forme religieuse mais en effet, il est très difficile de...dégager le bon grain de l'ivraie... Je dirais que l'homme individuel se rend déjà responsable d'assez de dérapages monstrueux sans associer sous une même bannière autant de risques d'abomination qui s'expriment d'autant mieux qu'ils peuvent se perpétrer au sein d'un groupe : "le chef l'a commandé", "c'est la volonté de Dieu", etc... Et je trouve encore plus dangereux de leur donner un prétexte divin, inaccessible derrière lequel ils peuvent se retrancher... On le voit avec le terrorisme et le formalisme islamistes aujourd'hui : la religion sert souvent de prétexte à un nihilisme fondamental ou à une vague identification ehtno-linguistique. Un message simpliste sera d'autant mieux accepté qu'il n'exigera aucun effort de réflexion et encore moins de recherche, sans parler de doute ou de remise en question. On suit les chefs, les prêtres, on bredouille les mêmes formules toute la journée, on se livre aux rites imposés, on se sent en communauté. Cela, c'est de la religiosité socio-politique non de la spiritualité islamique, bien sûr. Chaque fois que j'entends évoquer une tentative de suicide à Guantanamo, je me dis : connaissant la condamnation du suicide par les religions du Livre -avec adaptation pour certains attentats...- : "en voilà un de plus qui s'aperçoit un peu tard qu'il s'est engagé dans une voie infernale, qu'il a suivi les mauvais guides, il s'en aperçoit à un point tel qu'il ne croit plus à l'Enfer dont ses pairs le menaçaient"... Nous sommes loin, très loin du Grand Djihad de Guénon !!!!! Mais non, bien sûr, ce n'est sûrement pas moi qui ferai de l'humain un être angélique qu'il soit isolé ou en groupe... Et il ne peut être question de s'exclure soi-même de cette définition : nous ne parlons bien sûr pas d'"eux", mais de "nous"... Aucune intelligence, aucune réflexion ne nous protège totalement de la pure bêtise, de la haine et de tous les aspects négatifs que nous portons en nous... Les étoiles ne sont jamais aussi brillantes que dans les Ténèbres mais gare à celui qui oublie les étoiles !!!! Dulovios.
LU ET APPROUVE
Fergus
-------------- - Ceist, a gillai forcetail, cia doaisiu mac ? - Ni ansa : macsa Dana, DÃ n mac Osmenta, (...) Ergna mac Ecnai, Ecna mac na tri nDea nDÃ na Extrait du Dialogue des Deux Sages
Bonsoir
Ce n'est pas tout à fait le grand djihad de Guénon, il s'agit dun hadith kudsi (parole rapportée par un témoin direct) de Mohammad à la fin de la guerre avec les mecquois. Il disait que le petit djihad était fini et que l'on pouvait passer maintenant au "grand djihad" (la recherche intérieure). Aussi une précision essentielle, le soufisme n'est pas un ésotérisme interne (à l'intérieur) de l'Islam, il en est l'origine ; comme le message de Jésus (et de son école) est à l'origine du christiannisme. C'est une confusion courante qu'il convient de corriger. cf : Louis Massignon et Henri Corbin. Le bouddhisme est une des rares religions n'ayant commis aucun grave méfait au cours de l'histoire. Ce qui explique peut être son succès en occident. Ses branches thibétaines et Zen sont très intéressantes. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Muskull,
Que veux-tu dire en écrivant que le soufisme est l'origine de l'Islam ? Tu veux dire, historiquement ? Ca me paraît plutôt étrange... Il me semblait que c'est le message du Prophète Mohamed, transmis par Dieu dans le Coran, qui était à l'origine de l'Islam. Toutes les branches du bouddhisme sont intéressantes, même le bouddhisme theravada du sud (principalement à Sri Lanka, mais aussi au Cambodge, etc.). Mais il est vrai que le bouddhisme tibétain et le zen connaissent un grand succès en occident. Il y a en France plusieurs monastères tibétains de haut niveau, et plusieurs dizaines de "centres du Dharma", où on peut pratiquer. Près de Bibracte, en Bourgogne, se trouve le monastère de Kagyu Ling, avec son Temple des Mille Bouddhas (et non d'Emile Boudin), construit selon l'architecture bhoutanaise. Ca fait drole, quand on y arrive, de découvrir un paysage himalayen tout près de chez soi... http://www.mille-bouddhas.com/ Fergus
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Bonjour Fergus
Le Coran mentionne les anciens soufis, le "cercle" auquel appartenait Mohammad : les Muquaribin ( les Proches). INTERPRETATION ESOTERIQUE DU CORAN "Pour les Soufis de la période classique, le Coran constitue le document codifié qui contient les enseignements soufis. Les théologiens ont tendance à présumer qu'on ne peut l'interpréter que d'une manière religieuse conventionnelle les historiens, eux, sont enclins à en rechercher des sources littéraires ou religieuses antérieures à sa rédaction ; d'autres enfin recherchent dans ses pages les reflets d'événements contemporains. Pour le Soufi, le Coran est un document comportant de multiples niveaux de transmission chacun ayant un sens équivalent à la capacité de compréhension du lecteur. C'est justement cette attitude envers le Coran qui a rendu possible la compréhension entre des gens de milieux chrétien, païen ou juif, sentiment que ne pouvaient saisir les orthodoxes. En un sens, le Coran est donc un document important psychologiquement. Le chapitre 112 du Coran est un excellent exemple de la capacité de synthèse du livre. C'est l'un des chapitres les plus brefs, et on peut le traduire ainsi "O Messager, dis aux gens Lui, Allah, est Unité! Allah l'Eternel. Père de personne, et lui-même non-engendré Et rien absolument n'est comme lui !" Pour le Musulman conventionnel et dévot, c'est là la fondamentale déclaration de foi : Allah ; est Dieu, il n'a pas d'égal, il est l'Éternel. Depuis les temps les plus anciens, les commentateurs chrétiens ont tenu ce passage pour une attaque directe contre la doctrine de la divinité du Christ, et ils s'en indignent farouchement. C'est l'un des passages les plus cités du Coran, et des millions de Musulmans l'emploient chaque jour dans leurs prières. Vu ainsi, le « chapitre de l'Unité » semble dresser une barrière très nette entre les croyants et les autres. Le Musulman dévot peut s'en servir contre le Chrétien qu'il considère comme hérétique de tradition monothéiste. De son côté le Chrétien rétorque en considérant ce chapitre comme une insulte à ses croyances fondamentales. Cette situation ne prévaut cependant que là où existe un certain climat psychologique : un affrontement entre deux groupes de puissances qui au Moyen Âge, combattirent pour le pouvoir d une manière médiévale. Si nous acceptons ces hypothèses, nous entrons dans le conflit qui, pour le Soufi, n'a jamais existé : i1 n'existe que pour ceux qui dans cet état psychologique, choisissent le conflit. Jamais les Soufis n'acceptèrent cette interprétation du sens du chapitre 112. En dehors du fait que les Soufis se disent capables de percevoir le sens véritable de ce chapitre, on peut trouver un lien entre la pensée ordinaire et une possible intention contenue dans ce passage, en se référant à l'opinion du grand Ghazali à son propos. Comme pour tous les chapitres du Coran, dit-il, on ne peut l'assimiler à d'autres livres, en supposant qu'il ne contient qu'un seul et simple sens, du genre qui est familier au penseur ordinaire. L'Unité n'a pas de but simple, unique, pas de sens banalement superficiel. Son impact relève du degré de compréhension et d'expérience, tout autant que de son rythme poétique. Il parle du contexte dans lequel le chapitre a été révélé. Ce fut on réponse à la question, non d'un Chrétien, ni d'un homme religieux, mais d'un groupe d'Arabes bédouins qui demandèrent au prophète Mohammed : « A quoi peut-on comparer Allah ? ». La réponse est qu'Allah ne peut être comparé à quoi que ce soit. Il n'est pas d'analogie possible entre son être (Allah : ce qui doit être adoré) et quoi que ce soit de familier à l'humanité. Allah est le terme employé pour décrire l'objectivité finale, « l'Unicité » qui n'a aucun rapport avec la notion de nombre, de temps, ni aucune des choses qui se répandent dans un sens familier pour l'homme. C'est à ce niveau, qui n'est même pas d'ordre initiatique ou mystique, que fut établi le fondement commun entre Chrétiens et Musulmans. En comprenant cela, on peut comprendre beaucoup plus facilement comment le soufisme a comblé le fossé entre les interprétations officielles de la chrétienté et de l'islam, et les besoins de l'homme pensant. Ce sens de la portée du mot « Allah », ajouté la rime originelle de la poésie, peut être rendu plus aisément par une reconstitution comme celle-ci Dis, O Messager " Il, Allah n'est qu'Unité ! Des jours ne procède et n'est achevé ! Père de personne, ni de quiconque né - Aucun n'est comme Lui, Il n'est qu'Unité" C'est cet esprit de cette affirmation divine qui constitue ce qu'on a appelé la « doctrine secrète ». A défaut de rendre correctement ce sentiment vis-à -vis du Coran, les conclusions inévitables sur le conflit limité entre le Christianisme d'église et l'islam formaliste deviennent l'unique cadre de référence pour l'érudit. Ce qui peut donner des traductions telles que celle-ci, dépourvue de la signification soufie. « ALLAH est l'Unique Dieu ; non Engendré, non Engendrant, Inégalé »" Idries Shah, les soufis et l'ésotérisme, Payot 1972 (épuisé) Muskull / Thomas Colin
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"Pour le Soufi, le Coran est un document comportant de multiples niveaux de transmission chacun ayant un sens équivalent à la capacité de compréhension du lecteur. C'est justement cette attitude envers le Coran qui a rendu possible la compréhension entre des gens de milieux chrétien, païen ou juif, sentiment que ne pouvaient saisir les orthodoxes. "
J'approuve complètement, d'autant que cette remarque s'applique aussi bien à tous les textes sacrés, de quelque tradition qu'ils soient. A un certain niveau de compréhension intérieure, il y a intercompréhension entre les traditions. Je ne connaissais pas l'existence des "proches", auxquels aurait appartenu le Prophète. Fergus
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