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Rituels funérairesModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Rituels funérairesBonjour,
Vient de paraître dans le dernier numéro de "l'archéologue", entre autres, un article très intéressant sur les rituels funéraires en pays Trévire. Il s'agit du rapport d'une analyse très compléte effectuée sur 85 sépultures à incinération proches de l'oppidum Trévire du Tilteberg. Il s'agit de tombes de la Téne finale. Le traitement des défunts est, là aussi, (je pense toujours à Ribemont) surprenant. Il y a eu semble t'il, successions de rituels : - exposition à l'air pendant un long moment du cadavre (sur une sorte de pavois ?) - crémation du cadavre - inhumation des cendres avec du mobilier avec des sacrifices d'animaux très importants (témoignages de richesse et de puissance) - dispersion d'une partie des cendres dans l'eau. Cette dernière partie cérémonielle n'est qu'hypothétique mais les auteurs formulent ce point pour deux raisons : - primo, il manque une partie des cendres et le poids de celles ci ne correspond pas à la crémation d'un adulte - deuxio, il semble y avoir dans cette succession de cérémonies une "mystique" des éléments. Le corps du défunt est d'abord livré à l'élément aérien, puis au feu avant de retrouver la terre et l'eau. Que pensez vous de la logique exposée ? Autre point très important de l'étude; décidément, les Trévires comme les Ambiens ou les Rémes ailleurs, accordent aux rituels liés à la mort une place fondamentale, c'est humain avant d'être celte, mais tout de même chez les celtes, il y a une propension aux banquets et aux libations avec les défunts qui est très importante. Ainsi on trouve dans et à côté des tombes de multiples reste d'amphores et de très nombreux déchets alimentaires. Non seulement, il y a des sacrifices cérémoniels mais aussi des banquets... On sait qu'à Ribemont, les Ambiens ont continué de "pique niquer" au milieu de leurs ancêtres pendant cinq siècles après la bataille. Le vin, (la capacité à se le procurer?, sachant qu'un amphore peut valoir une vie humaine ?) semble fondamentalement associé aux rites funéraires. A bientôt, Thierry
Bonjour
![]() C'est très intéressant Thierry, Un esprit matérialiste dirait qu'ils ont fait sècher les cadavres pour économiser le bois ![]() ![]() Plus sérieusement : Ils n'évoquent pas la possibilité d'un décharnement préalable par les oiseaux ? Les "tours de silence" sont parfois supposées pour les celtes. Il me semble, mais je me trompe sans doute, que la symbolique des éléments était trinaire : La terre, le ciel et le feu qui les relie... L'eau étant plutôt un élément primordial, antécédent aux trois autres et final également... Fergus ou Sed en sauront certainement plus à ce sujet. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Hello Muskull, j'ai pensé aussi en lisant l'article au rôle des oiseaux et ce d'autant plus que la pratique a été retenue à Ribemont, mais là les auteurs ne l'indiquent pas expréssément même si on peut supposer que l'action des oiseaux est l'un des buts de l'exposition aérienne prolongée.
Pour le reste, j'attends l'avis des autorités en la matière ![]() A+, Thierry
Est-ce que les Celtes accordaient une place si importe à la mort, ou bien est-ce parce qu'on retrouve plus facilement des vestiges de rituels funéraires (squelettes...) que nous avons aujourd'hui cette impression ? (Je pose juste la question, je n'aporte évidemment pas la réponse, hé, hé, hé...)
![]() Il me semble qu'il organisaient aussi des banquets autour d'enceintes sacrées qui n'étaient pas forcément liées à la mort. D'ailleurs, je crois que les textes antiques ou mythologiques insistent pas mal sur l'habitude qu'avaient les Celtes à se réunir autour d'un festin en de nombreuses occasions. ![]() Mais si tel était le cas, les Celtes ne seraient pas les seuls peuples de l'Antiquité (et même actuels) à accorder une si grande importance à le mort (voir les Egyptiens, par exemple). Mais peut-être sont-ils les seuls à l'exprimer de cette façon... Curmisagios
"chez le peuple, c’est de la bière toute simple, on l’appelle corma. Ils avalent petit à petit, à la même coupe, et pas plus d’un cyathe, mais ils y reviennent souvent"
Bonsoir Curmi
![]() Tous les peuples anciens accordaient une place prépondérante à la mort, à 40 ans ils étaient déjà des vieillards, les femmes mourraient souvent jeunes dans l'enfantement, les enfants encore plus. La mort est la seule chose objectivement reconnue comme étant inéluctable pour tous. Cette pensée, ce "glaive" a été le moteur de l'évolution de la conscience. Voyant que dans leurs rêves ils rencontraient des personnes qui avaient cessé d'exister, la conscience humaine a créé "l'autre monde". Conscience ou prescience, tout dépend de comment l'on catégorise l'humain et sa conscience. Je ne suis personnellement pas pour sa forme matérialiste... ![]() Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Et je dirai même plus
![]() Là je suis dans le purement subjectif mais j'ai l'impression que les anciens celtes (comme beaucoup d'autres peuples) continuaient à associer beaucoup plus fortement que nous, les défunts, y compris de très lointains ancêtres à leur propre existence. Il n'est peut être pas étonnant de voir associer les défunts aux banquets chez les Gaulois, s'agissant précisément d'un des moments les plus importants de la vie sociale. Quant aux traitements des corps, il faut sans doute voir là aussi peut être beaucoup d'amour, de patience et une richesse d'esprit qui nous dépasse un petit peu.... Là , je m'emballe un peu, il faut aussi penser que les tombes en question sont des tombes aristocratiques et que nous sortons du sort du commun... J'aimerais bien avoir plusieurs avis tout de même sur la symbolique décrite plus haut, ne croyez vous pas que parler purement d'histoire à partir de faits avéré, un peu plus souvent, nous permettrait d'échapper plus facilement aux assauts néo n'importe quoi ? ![]() A bientôt, Thierry. ![]()
Salut à tous,
Muskull a écrit : "Tous les peuples anciens accordaient une place prépondérante à la mort, à 40 ans ils étaient déjà des vieillards, les femmes mourraient souvent jeunes dans l'enfantement, les enfants encore plus." A moduler fortement, Muskull, forte mortalité infantile, oui, pour les femmes en couche, oui aussi probablement. Pour les hommes, Cintugnatos des Enfants de Finn a expliqué, à Beynac, le 20avril, qu'il n'en était rien : sauf mort violente pour les guerriers, il y des hommes et beaucoup, qui viennent vieux et ne sont pas des vieillards à 40 ans. Les Celtes sont, surtout pour les guerriers, un peuple bien nourri, de haute taille, 1,75 m en moyenne, 1,80 pour les peuples Belges et plutôt en bonne santé. Eporenos a vu des crânes des Helvètes au musée de La Tène, dentition de bonne qualité pour des individus entre 30 et 40 ans. Il pourra préciser ce point. sed... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
J'ai entendu parler d'une enquête sur la mortalité à une époque certes plus récente (le XVIIe ou le XVIIIe s., je ne sais plus), mais la situation n'avait guère évolué depuis le Moyen-Age.
L'espérance de vie était de 25 ans. Mais un quart des enfants mourait avant l'âge de deux ans, un autre quart mourait avant l'âge de 11 ans, les enfants étant les premières victimes des maladies, famines, etc. qui sévissaient à cette époque. Finalement, la moitié restante, la plus robuste, avait de bonnes chances d'atteindre un âge relativement élevé. Je suppose que les choses ne devaient pas être très différentes dans l'Antiquité. Curmisagios
"chez le peuple, c’est de la bière toute simple, on l’appelle corma. Ils avalent petit à petit, à la même coupe, et pas plus d’un cyathe, mais ils y reviennent souvent"
Bonsoir
![]() "A moduler fortement..." Tu as tout à fait raison Sed et Curmi aussi, la sélection naturelle laissait des gaillards et gaillardes robustes affronter le monde. Il est vrai aussi que les celtes, populations différentes appartenant à la même culture, n'étaient pas tous égaux - au niveau des droits et de la nourriture. La classe guerrière était favorisée - nourriture très carnée- beaucoup de calcium et de fer donc grande taille et, avec le temps, transmission génétique d'un potentiel. Il n'est pas impossible non plus, qu'à la manière spartiate et Patrice nous cite une coutume de plonger les nouveaux nés dans le Rhin (les naissances d'été sont favorisées ![]() Pour revenir au fil : Guyonvarc'h parle du rituel funéraire en Irlande. Les morts étaient lavés dans une rivière, ce qui équivaut aussi à une "lustration" et enterrés avec des biens précieux. Souvent tout son bétail était sacrifié (pour l'accompagner ?); sans doute, parce qu'il cite aussi des exemples "d'accompagnements humains". (cf: Les druides) Des peuples, des temps, et différentes façon de conjuguer les symboliques élémentaires... Mais qu'il soit "correct" de penser qu'une conjugaison trinaire des éléments était active pour les différents peuples celtiques, je ne sais pas ? J'avoue ne jamais avoir lu Dumézil sinon par les interprétations de ses agiographes qui en pensent le plus grand bien... ![]() Thierry : "J'aimerais bien avoir plusieurs avis tout de même sur la symbolique décrite plus haut, ne croyez vous pas que parler purement d'histoire à partir de faits avéré, un peu plus souvent, nous permettrait d'échapper plus facilement aux assauts néo n'importe quoi ?" Je pense que l'on ne peut échapper à une recherche comparative au niveau des croyances possibles des celtes anciens pour essayer de "comprendre" cette civilisation. Que celà attire les mouches d'autres "coches" est naturel ![]() Puis-je te conter une 'tite histoire ? 5 moines irlandais étaient en voyage, à l'heure du repas dominical et voulant commémorer la Cène, ils étendirent un drap blanc sur l'herbe. Comme il y avait grand vent, ils posèrent des pierres pour la retenir. Un chien errant vint flairer l'aubaine et l'un des moines s'inquiéta : - Ce chien va nous gâcher la cérémonie ! - Ne t'inquiètes pas - fit le prieur - continue à poser des pierres. Le chien renifla tout celà et s'enfuit en glapissant. L'un des moines qui connaissait le langage des animaux éclata de rire ; les autres lui demandèrent la raison de sa joie... - Ce chien disait : Qu'ai-je à faire avec des gens qui ne mangent que des pierres ! ![]() Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Je crois qu'on devrait ouvrir un fil sur la démographie.Espérance de vie, population estimée....Tout ça, tout ça.
Connaissez vous des études sérieuses ? Quelles sont les références de Cintugnatos ? Sur les rituels funéraires, au delà des Trévires, je me demande comment expliquer à la Tène Moyenne et Finale, le cumul, la coexistence de rites d'incinération-ensevellissement et d'inhumation. (une confrontation gaulo-belge ![]() Thierry
Salut à tous,
Thierry, Laisse-moi le temps d'inviter Cintugnatos sur ce forum : s'il le souhaite ; je pense aussi qu'actuellement, il est très occupé. sed... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
OK Sed, c'est un vaste sujet et nous avons le temps.
Je vais chercher de mon côté ce que je peux trouver ![]() Sur les rituels funéraires, il y a beaucoup de matériel archéologique, énormément d'études....Là aussi, je crois qu'il faut prendre son temps car il ya un vrai travail de recensement à faire.... A bientôt, Thierry.
Bonjour Thierry
![]() Je t'ai OCRisé un texte intéressant qui trace une chronologie des modes de sépulture et aussi de l'art celtique : Ben oui, c'est un peu long... ![]() LES TOMBES CELTIQUES L'ART CELTIQUE Alain Duval C'est essentiellement à partir des structures et des mobiliers funéraires qu'ont été reconnues les civilisations celtiques. Rappelons que l'Age du Fer, en Europe tempérée, correspond essentiellement à deux civilisations qui se succèdent dans le temps celle de Hallstatt du non, d'une nécropole située dans l'ouest de l'Autriche (750-475 avant notre ère environ), puis celle de La Tène, près du lac de Neuchâtel, en Suisse. Les sources historiques prouvent que la civilisation de La Tène est celle des Celtes qu'ont connus et décrits les Grecs et les Romains. En ce qui concerne la civilisation de Hallstatt, les avis sont plus nuancés; on admet toutefois que, dès le VILt siècle avant J-C., on est en droit de parler de Celtes, pour les populations hallstattiennes soit, en France, depuis le Berry jusqu'à l'est de notre pays. La notion d'art celtique est plus restrictive, et elle correspond davantage à la civilisation de La Tène, avec quelques prolongements dans la période gallo-romaine. Que ce soit au Hallstatt ou à La Tène, quelques constantes s'imposent l'existence simultanée dans les rites funéraires d'incinérations et d'inhumations, par-fois à l'intérieur d'une même nécropole; les dépôts d'objets dans les tombes caractéristiques du rang social armes, bijoux, vaisselle en terre cuite ou en métal, plus rarement objets de toilette, plus rarement encore outils. Les armes, les bijoux, les vases, sont très sensibles à la mode, et leur forme mi leurs décors sont de précieux fossiles directeurs pour la datation. Par ailleurs, les nécropoles sont installées dans un espace réservé, qu'on peut sans doute qualifier de « sacré ». On constate en effet souvent une continuité de l'espace funéraire à travers les siècles (exemple de Gurgy-La-Picardie, Yonne) et parfois après un temps d'interruption, une réutilisation de celui-ci. De plus, des structures vides de sépultures sont parfois asso-ciées à des tombes ce sont peut-être des emplace-ments culturels. Aux IV~IIe siècles avant notre ère en Picardie, si les tombes de guerrier sont inconnues, on retrouve armes et ossements humains dans les sanc-tuaires, tel celui de Ribemont-sur-Ancre (Somme) qui a fort justement été qualifié d'« ossuaire collectif». Les dernières tombes princières à char datent des environs de 500 avant notre ère. On a reconnu, que c'est à la périphérie des principautés hallstattiennes, à la fin du Premier Age du Fer, que se développe une nouvelle civilisation, celle de La Tène (notamment en Champagne). Les derniers tumulus princiers isolés ne possèdent plus de char. Au contraire, au milieu de nécropoles à tombes plates, se trouvent dès lors une ou plusieurs tombes avec un char de guerre à quatre roues puis à deux roues. Relativement modestes au début, et correspondant plutôt à des chefs qu'à des princes, ces tombes retrouvent un certain niveau de richesse après 450 avant notre ère. Les caractérisent alors les offrandes animales, un vaste service en céramique, de la vaisselle métallique (plus rare il est vrai qu'à l'époque précédente), des ornements de char et de pièces souvent brillamment décorés et ornés de corail, des pièces de harnachement, enfin un arme-ment particulier épée dans son fourreau, lances, casque en cuir ou en bronze. Ces tombes à char, regroupées dans un même quartier dans les grandes nécropoles, indiquent le sommet de la hiérarchie sociale. Existe ensuite toute une gradation dans les tombes, allant jusqu'à la tombe sans mobilier. Les mobiliers des nécropoles de la Champagne nous fournissent à ce titre, pour les V-III siècles avant notre ère, la documentation de loin la plus importante. Après les tombes à char, les tombes les plus riches sont à épée et à lances (pour les hommes) et à torque - le collier celtique en bronze - (pour les femmes). C'est dans ces sépultures que l'on trouve aussi des bracelets de verre, des pendeloques de forme et de matériau divers (ambre, corail, verre, os, bronze...). Viennent ensuite, pour les hommes, les tombes à lances (jusqu'à trois exemplaires au V siècle, une ou deux seulement par la suite), et pour les femmes avec bracelets, le plus souvent en bronze. Puis des tombes sans objet métallique, mais avec dépôt de vases en terre cuite, peu nombreux (un ou deux). Quoique dans le détail les proportions varient selon les sites, on peut avancer que 25 % des tombes sont « riches », 25 % moins « riches », et 50 % « pauvres » On remarque des pratiques locales nécropoles plus ou moins importantes, plus ou moins denses (les plus grands cimetières de Champagne ne correspondent guère qu'à un village d'une trentaine d'habitants), présence ou non d'enclos funéraires (aux enclos circu-laires de la période précédente viennent s'ajouter les enclos quadrangulaires), qualité et décors de la céra-mique funéraire. Parfois, dans une même nécropole, les tombes sont groupées de manière bien nette on a pu penser à des quartiers familiaux (Beine l'Argen-telle, Marne). Si le rite très généralisé est celui de l'inhumation en tombes plates, le corps étant placé sur le dos, on trouve aussi au V siècle avant notre ère des incinérations. Le cimetière d'Oulchy (Aisne) ne rece-lait que des tombes à incinération, avec discrimination sexuelle, le quartier des hommes étant séparé de celui des femmes. Au IV siècle avant notre ère apparaissent des tendances qui s'épanouissent au III siècle et durent jusqu'au début du II siècle. Tout d'abord des groupes régionaux s'individualisent. On peut ainsi très nette-ment opposer les habitudes funéraires du sud de la Champagne et du Sénonais et celles de la Picardie. Dans la première région, l'inhumation reste la règle pendant longtemps, alors que dans la seconde l'incinération réapparaît plus tôt. Ici, la quantité de cérami-ques déposées dans les tombes décroît et les armes restent nombreuses. Là au contraire les vases sont abondants, les aimes absentes. Toutefois, on constate partout au III siècle avant notre ère des bouleverse-ments profonds. Pour certains chercheurs, des groupes de Celtes orientaux ont pénétré en Gaule on en retrouverait la trace dans de nouveaux cimetières, avec des armes en abondance (Champagne; Ensérune, Hérault) ou des bijoux (comme des anneaux de cheville) inconnus jusqu'ici en Celtique occidentale. Pour d'autres, il y a eu de profondes transformations sociales dues notamment à l'amélioration du travail du fer entraînant la réapparition d'une grande aristocra-tie nouvelle série de tombes à char, tombes de guerrier dans lesquelles se trouve toute une panoplie d'armes (longue épée dans son fourreau, reliée à la ceinture par la bélière, lances à hampe munie d'un talon, bouclier à pourtour et partie centrale métalli-ques). Parallèlement à la réapparition de l'incinéra-tion, ces armes sont « sacrifiées », non pas par le feu du bûcher funéraire, mais par l'intermédiaire d'outils (poinçons, pinces, cisailles) ou d'autres armes. La période finale de l'époque celtique - qu'on peut légitimement appeler gauloise - est en France assez mal connue, hormis dans quelques régions comme la Champagne et le Forez (nécropole de Feurs, Loire). L'incinération est de règle, malgré quelques excep-tions, notamment pour des tombes d'enfants dans des sites d'habitat. Elle est en fosse, entourée ou non d'un petit enclos « individuel » quadrangulaire. Les cen-dres du défunt sont regroupées dans un emplacement précis de la fosse. Y sont surtout associées des céramiques, très nombreuses et décorées lorsqu'il s’agit d'une tombe riche. Certaines témoignent d'une inspiration méditerranéenne, d'autres sont même importées. Les armes sont rares, mais on trouve quelques outils, couteaux notamment, et surtout des pièces de vêtement comme les fibules. Enfin les offrandes animales, quelquefois sous forme de quar-tiers, ne sont pas rares. Pour cette époque, quelques tombes exceptionnelles doivent être remarquées. Elles sont limitées à la Gaule Belgique (nord de la Seine) et au Centre-Ouest. Elles recèlent un char, en général démonté, des armes de parade comme les poignards à pommeau orné d'une tête humaine, et des objets importés d'italie, aussi bien vaisselle métallique ou verrerie, qu'amphores vinaires (La Mailleraye, Seine-Maritime). Les études sur l'art celtique sont très récentes en France. Elles concernent l'époque de La Tène, l'art « hallstattien » n'ayant été que peu considéré. Notre connaissance se fonde bien entendu sur la documenta-tion accessible, c'est-à -dire avant tout les petits objets en métal ou en terre cuite. Nous ignorons en effet à peu près tout de l'art du bois qui, dans l'Europe tempérée celtique, devait être prédominant (décors de l'habitat, et du mobilier, des moyens de transport, statuaire), et nous commençons seulement à entr'aper-cevoir ce que devaient être les tissus et les cuirs. De même, hormis quelques pièces comme les stèles et les bétyles, nous ne pensions pas qu'il existait une vérita-ble statuaire en pierre, jusqu'à la découverte toute récente de l'extraordinaire « divinité » de Paule (Côtes-du-Nord). Cela étant, on détermine désormais assez bien les grandes tendances de l'art celtique de la Gaule, qui se succèdent, et parfois se recouvrent en cinq phases, du V au I siècle avant notre ère. Le premier style » au V siècle avant notre ère continue souvent les traditions hallstattiennes avec l'utilisation de motifs graphiques répétitifs permettant des jeux de lumière; des motifs ou des thèmes d'origine gréco-étrusque sont toutefois déjà utilisés, sans qu'ils soient beaucoup transformés. Au contraire, dès la fin du V siècle avant notre ère, à côté du vocabulaire de ce premier style apparaissent des motifs (parfois d'origine orientale) empruntés à la Grèce - comme la palmette, la fleur de lotus - qui sont encore juxtaposés. Une plus grande liberté et une grande complexité de composition (où entre l'utilisa-tion du compas) aboutissent au « style végétal continu ». En outre, des jeux de couleur (ainsi l'utili-sation de perles de corail sur des bijoux ou des pièces de harnachement en bronze) viennent enrichir les objets. Le « style végétal continu » (encore appelé « style de Waldalgesheim ») s'épanouit au cours du IV siècle avant notre ère. A la simple juxtaposition des motifs d'origine méditerranéenne succèdent des enchaîne-ments savants, où interviennent des esses, des tris-cèles, des procédés de symétrie simple ou par retour-nement (ainsi dans le casque d'Agris, Charente). La lecture de ces compositions complexes est souvent difficile, tant l'art celtique est désormais fondé sur l'illusion. Au cours de ce siècle et au siècle suivant, des motifs venant de la celtique orientale ( style des épées hongroises ) apparaissent dans notre pays, en même temps que les reliefs sont de plus en plus utilisés. Les reliefs, les jeux de lumière (par exemple par « piquetage » ou « pastillage ») déterminent, au III au début du II siècle avant notre ère, le « style plastique ». Celui-ci aboutit souvent à une certaine exubérance, parfois qualifiée de baroque : bijoux en bronze imitant le filigrane, bijoux en or à motifs d'origine florale (Civray-de-Touraine), torques ou bracelets à motifs décoratifs enchaînés en fort relief. Une dernière période enfin (fin du II / I siècle avant J-C.) est marquée par l'influence de l'art classique, soit dans les motifs utilisés (animaux, représentations humaines), tels la « divinité » de Paule, le guerrier de Saint-Maur (Oise), soit dans la composition plus mesurée c'est ce que l'on appelle parfois le « style sévère ». A cette époque cependant subsistent encore certaines compositions issues du style végétal continu et du style plastique, ainsi dans les monnaies. Cer-taines d'entre elles, notamment en Armorique (Trésor de Trébry, Côtes-du-Nord) présentent au droit un visage dont certains éléments (oeil, mèches de che-veux) sont développés, alors que les motifs adventices, comme des cordelettes flexueuses, enrichissent l'image principale. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Merci Muskul
![]() Le texte est long mais en fait c'est un résumé. Il permet de fixer un peu mieux les idées quoiqu'il manque peut être un peu de nuances. L'auteur n'intégre pas de surcroit les découvertes les plus récentes, en particulier celles de Jean Louis Brunaux et la tendance confirmée (et clairement démontrée à Ribemont) à l'exposition "aérienne" que nous évoquions au début de ce fil. Il ya eu d'importantes découvertes récentes, notamment chez moi en Seine Maritime, il y a quelques années, je vais essayer de vous faire un petit résumé... Même sur une étude locale, il ya d'étonnantes diversités. Enfin, il y a les tous derniers chantiers et notamment la trsè importante nécropole de Bobigny. A suivre...Thierry.
Ben voui, le Copyright est de 1989
![]() L'article vient "d'archéologie de la France", Champs, Flammarion. Mais la "perspective" est bonne, même si elle n'est pas détaillée. Il y a des informations intéressantes comme : "Au IV siècle avant notre ère apparaissent des tendances qui s'épanouissent au III siècle et durent jusqu'au début du II siècle. Tout d'abord des groupes régionaux s'individualisent... " Des "entités culturelles" se forment, liées sans doute à des modes de vie (+ éleveurs qu'agriculteurs par exemple) et l'élevage de chevaux est différent de l'élevage bovin ; les populations ne "cristallisent" pas les mêmes concepts symboliques et une spécificité métaphysique intervient. Exemple : le conflit agriculteurs / éleveurs que l'on a retrouvé dans la "conquête de l'Ouest. L'esprit humain n'a pas la même "attente" vis à vis de la terre, ni vis à vis du "capital" qu'il soit dans l'un ou l'autre "camp". Bien que la "raison" leur fasse savoir qu'ils sont complémentaires et nécessaires l'un à l'autre. Ce concept de "raison" est, philosophiquement, le lieu où peut intervenir l'idéologie et créer des "fractures" là où l'on peut jouer sur des sentiments "d'appartenance". La différenciation culturelle, même minime, est vectrice de conflits... ![]() Muskull / Thomas Colin
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