Salut à toi, Yann
Belteine est effectivement une fête celtique, et non nordique. Pour info, les "Nordiques" (Scandinaves et autres Germains) fêtaient les solstices et les équinoxes, et non les quatre fêtes celtiques que sont Samain (1er novembre), Imbolc (1er février), Belteine (ou Beltaine, 1er mai) et Lugnasad (1er août). Ces noms sont irlandais, parce que la documentation irlandaise est la plus abondante à ce sujet. Mais nous avons des traces de Samain en gaulois (dans le calendrier celtique de Coligny, il y a un Samonios qui lui correspond), et également le témoignage de ce que les romains ont appelé le Concilium Galliarum, grande réunion qui avait lieu à Lugdunum (Lyon) le 1er août, avec un contexte mythologique intéressant.
Bref.
En ce qui concerne plus particulièrement Beltaine, il s'agit d'une fête essentiellement sacerdotale, c'est-à -dire druidique (alors que Samain est une fête trifonctionnelle qui concerne toute la société, de même que Lugnasad, bien que différemment puisque fête royale), et que Imbolc serait plus "intime" et féminin.
Beltaine marque tout d'abord le premier jour de la moitié claire de l'année, qui va de Beltaine à Samain. Mais la christianisation a gommé les traits spécifiquement druidiques de Beltaine, si bien que le folklore en a surtout conservé les conséquences agraires et végétales.
Cependant, on sait que beaucoup d'évènements mythiques ont lieu, dans les textes irlandais, à Beltaine, ce qui confirme le caractère sacré de cette date.
Ensuite, Beltaine est une fête du feu. Je cite :
"... Beltine (sic), c'est-à -dire feu bienfaisant, à savoir les deux feux que les druides faisaient avec de grandes incantations. Ils faisaient passer les troupeaux entre contre les épidémies chaque année..." (Tochmarc Emer, ou "Courtise d'Emer", cité par F. Le Roux et Ch.-J. Guyonvarc'h dans "Les Fêtes Celtiques", éd. Ouest-France Université).
Mais ces feux de Beltaine (ce nom peut d'ailleurs signifier : "Feu de Bel", c'est-à -dire de Belenos, jeune dieu solaire) ne se limitent pas à la lutte contre la fièvre aphteuse ! Ainsi, lors de la conversion de l'Irlande au chrstianisme, Saint-Patrick allume pendant Beltaine un feu à Uisnech, un des centres symboliques de l'Irlande, pour montrer la nouvelle loi. Malheureusement, nous n'avons pas conservé les commentaires des druides à ce sujet ! Mais gardons à l'esprit le rôle central du feu, lié à Bel, aspect solaire de Lug, et à la guérison (comme Apollon, dieu solaire chez les Grecs, guérissait lui aussi les malades).
Il est probable que les feux de la saint-Jean qu'on retrouve jusqu'à aujourd'hui un peu partout en Europe, aient pour origine une fête similaire dont nous avons perdu le nom (Guyonvarc'h et Le Roux).
Beltaine a entraîné au cours des siècles un folklore abondant, parfois transféré sur Pâques ou sur la saint-Jean, ou conservé au 1er mai. Folklore souvent lié à l'abondance (mâts de mai) et au règne végétal (élection du roi ou de la reine de mai, jeu du "je te prends sans vert", déguisements végétaux, etc.).
Mais ceci n'est que du folklore, c'est-à -dire "une adaptation aux possibilités de la vie rurale, de coutumes, de croyances et de procédés (...) qui n'ont en commun avec les faits mythiques et les récits mythologiques que quelques traits fondamentaux" ("Les fêtes celtiques", p. 111).