Il me semble quand même que l'arabe qui est parlé par les classes instruites de l'Egypte, de la Syrie, du Liban, etc., est encore très proche de l'arabe littéraire. Je me trompe ?
Ce qui a changé n'est que la prononciation, non ? Pas la grammaire ni la syntaxe. L'arabe écrit est lisible par tout arabophone d'aujourd'hui, du Maroc à l'Irak, et même par beaucoup de musulmans non-arabophones.
Mais en fait, il y a plusieurs niveaux de langage, correspondant à des usages sociaux différents. Par définition, une langue sacrée ne change pas, parce qu'elle exprime (ou est sensée exprimer) des vérités immuables. Mais elle peut donner lieu à des évolutions dialectales locales, comme ce fut le cas du sanskrit et des différents prakrits, qui devinrent les langues indiennes actuelles (bengali, cinghalais, pendjabi, nepali, hindi...). A l'intérieur même de ces variations dialectales, il y a plusieurs niveaux de langage : la langue instruite, la langue populaire, les argots et jargons professionnels.
Pour prendre l'exemple du chinois, il est évident qu'un Cantonnais d'aujourd'hui ne comprendrait pas un Pékinois du 1er siècle. Pourtant, leur langue écrite est la même depuis près de 3000 ans.
Le français n'est pas et n'a jamais été une langue sacrée, il n'a donc jamais été fixé, si ce n'est par les autorités administratives (Académie Française, école publique...).
On peut supposer que la classe sacerdotale druidique disposait d'une langue sacrée, qui reste encore à définir (soyons optimistes). Voir l'article de Guyonvarc'h, "Langue profane, langue sacrée", parue dans Connaissance des Religions.