Le critère qui semble le plus évident dans ce cas est celui de l'intelligibilité mutuelle, ou intercompréhension. On poserait comme principe que si deux personnes ayant des dialectes différents se comprennent en parlant chacun son dialecte, elles parlent la même langue : sinon, elles parlent des langues différentes. En réalité, l'intercompréhension est quelque chose de relatif : on ne se comprend jamais entièrement, on se comprend toujours un peu : un Bonifacien (de dialecte génois) comprend bien un Porto-Vecchiais (de dialecte corso-gallurais), mais l'inverse n'est pas vrai ; et un entre un Porto-Vecchiais et un Cap-Corsin (qui ont tous deux conscience de parler la même langue), l'intercompréhension sera possible par l'acceptation de la polynomie.
J'ai déjà cité l'exemple du norvégien avec le suédois, je peux en donner d'autres :
des cas d'intercompréhension alors que la langue est manifestement différente: tchèque et slovaque; je pense qu'un portugais comprendra un galicien, qu'un finnois et un estonien se comprendront etc.
pas de compréhension entre 2 dialectes d'une même langue: j'ai cité bas-vannetais et haut-vannetais (j'en ai moi-meme fait l'expérience), irlandais du Donegal et irlandais du Kerry, anglais standard et anglais d'Irlande du Nord, -- pour le cas du gallo, je ne saurais dire si on doit le considérer comme un dialecte du français ou non; en tt cas je n'en comprends pas un mot, arabe maghrébin et arabe irakien ou palestinien...
De plus, l'intercompréhension dépend des personnes: certaines personnes ont l'habitude d'entendre d'autres dialectes de leur langue et comprendront ts les dialectes, d'autres, qui n'ont jamais entendu que leur dialecte, ne comprendront rien si la prononciation change un peu.
Là encore, j'en ai fait l'expérience avec le breton: j'ai eu des amis qui parlaient cornouaillais ou trégorrois, et avec un peu d'efforts et d'habitude, ils comprenaient très bien mon vannetais, alors que d'autres personnes (qui n'en avaient jamais entendu et ne souhaitaient pas faire d'efforts) ne comprenaient rien.
Mon exemple du bas-vannetais contre haut-vannetais est aussi sujet à caution: des anciens n'ayant jamais parlé haut-vannetais en dehors de leur commune (ou du moins, du domaine haut-vannetais) ne comprenaient pas; d'autres anciens du haut-vannetais ayant été davantage en contact avec des bretonnants de tous horizons me comprenaient parfaitement.
L'intercompréhension dépend de la proximité de deux langues ou deux dialectes, mais peut aussi dépendre de l'expérience de l'interlocuteur...
Rónán