|
Stratégies et combatsModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice Salut à tous,
Le Hors série 5 d'Histoire antique, La guerre des Gaules où figurent mes deux articles et celui de Patrice, parmi d'autres, a été tiré à 30000 exemplaires, on peut le commander chez Harnois éditions ou en maison de la presse, la référence est L16509, 7, 5 Euro. Au premier siècle av. J.-C., la hache n'est pas ou plus utilisée par les Celtes, Gaulois ou Belges. Je confirme la liste de Pierre avec des casques en cuir ou en fer, des cuirasses en cuir, des cottes de mailles portées peut-être par dessus une tunique ou gambison (le terme est médiéval) en cuir. L'épée est l'arme noble par excellence, mais pour le choc frontal, c'est le couple lance/bouclier qui est omniprésent. Pour Muskull, les Sarmates sont présents au moment des grandes invasions, ils ont probablement inventé la cavalerie lourde des cataphractaires revêtus d'armures d'écaille et portant la longue lance, Kontos, utilisée à deux mains. Le problème, c'est qu'on n'est pas du tout sûr qu'ils aient connu l'étrier qui arrive en Occident très tard : après les grandes invasions. Cette phrase résume une discussion avec Dagulf des Foederati, qui se réfère au livre de Iaroslav Lebedinsky, Les Sarmates chez Errrance. Noz vat d'an holl, sed... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Ca fait plus de 25 ans que je porte un casque, et je n'ai pas noté de déformation cranienne. Enfin, tout du moins externe @+Pierre
En ce qui concerne l'étrier, on peut se demander comment tenir à cheval lors d'un choc dans le cas de figure de la cavalerie lourde... Mais effectivement il semble n'arriver en occident que tardivement, voici ce que j'ai trouvé : " Comme la domestication du cheval et le dressage du cheval de selle, l’étrier est d’origine asiatique; mais il n’apparaît qu’à la fin du ~ Ier millénaire. Les Hiong-nou semblent l’avoir employé dès le ~ IIIe siècle, peut-être même l’ont-ils introduit de Mongolie en Chine du Nord. Cependant, bien que l’armée chinoise soit réorganisée en ~ 307, la cavalerie se substituant au char, l’étrier est encore peu répandu à l’époque Han (~ IIIe s.). On le rencontre plus à l’ouest, dans l’Altaï, sur les selles d’Oïrotin, découvertes dans des sépultures du ~ Ier siècle. D’après l’archéologue W. Arendt, une courroie à boucle représenterait l’étrier sur le vase gréco-scythe de Chertomlik (groupe du Dniepr). Cette diffusion vers l’Europe ne touchera, cependant, ni les Grecs ni les Romains. L’étrier n’est connu en Occident qu’au VIIe siècle, et ce sont les Avars qui l’y introduisent." Jacques Merand " Comme exemple d’analyse d’un fait particulier dans le domaine historique, l’étude des effets de l’introduction d’une seule invention dans une société donnée est à citer. C’est ainsi que l’introduction de l’étrier en Europe occidentale, vers le VIIIe siècle n’est pas seule à l’origine de la féodalité européenne, mais elle en est un des facteurs les plus importants. La technologie montre que le combat à cheval sans étrier ne peut être le fait d’un homme fortement armé, car le maniement d’une longue lance ou d’une épée exige une assiette latéralement plus assurée que celle fournie par une selle sans prise pour les pieds. L’étrier donne cette assiette et, peu de temps après son introduction en Europe, venant de la Chine, les javelots se transforment en lances lourdes et les glaives en épées. La cavalerie devint donc une arme importante et, si Francs et Sarrazins se battirent à pied à Poitiers en 732, cent soixante ans plus tard, en 891, à la bataille de Dyle, l’armée des Francs fut essentiellement une armée de cavalerie. " Robert Cresswell Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Salut à tous,
Muskull, merci d'avoir précisé le VIIIe siècle, je pensais à cette période mais je n'avais pas le temps de fouiner dans les textes. sed... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Une nation de cavaliersUne nation de cavaliers
Pour les Celtes, le cheval était une nécessité absolue, en temps de guerre comme en temps de paix. Il est naturel que les historiens grecs et romains se soient surtout attardés sur l’utilisation militaire de l’animal, mais ce n’est qu’une vision partielle. Lorsque qu’on se tourne vers les autres sources de documentation, on retrouve le cheval partout dans les tombes, dans les exploitations agricoles, sur les monnaies et jusque dans le paysage lui-même, témoin cette œuvre unique et remarquable (ci-dessous) sculptée à même la colline crayeuse d’Uffington, en Angleterre. http://www.mysteriousbritain.co.uk/majo ... ngton.html Le recours à un maximum de données s’avère nécessaire, si nous voulons comprendre comment le cheval a pu faire dans l’arène militaire une apparition suffisamment spectaculaire pour terroriser les armées de César. Il est à peu près certain que le cheval domestique fut introduit en Europe antérieurement à l’apparition des Celtes (on a même avancé que le harnais était connu dès le Paléolithique supérieur). A l’âge du bronze final, les habitants de l’Europe centrale faisaient sans aucun doute un grand usage du cheval comme animal de trait; ils l’attelaient au moyen d’un joug, et le harnachaient à l’aide de brides de cuir, avec des mors également en cuir, et des pièces latérales en bois, parfois en os. A la fin de la période des champs d’urnes, les éléments de harnais en bronze se répandent et au début du Hallstatt C, l’Europe en est inondée. Il semblerait donc qu’aux environs de 700 av. J.C., l’emploi du cheval se généralise soudainement. De nombreux harnais de cette période présentent avec ceux des peuples cavaliers des steppes du Pont-Euxin, patrie naturelle du cheval, des ressemblances frappantes. Il se pourrait bien qu’il y ait eu alors, en Europe centrale et Occidentale, un afflux soudain de chevaux orientaux, tout harnachés. Il n’est pas nécessaire de recourir à une invasion réelle pour expliquer ce phénomène. On y voit plutôt aujourd’hui le résultat de l’adoption d’un nouveau système d’échanges, consécutive à une migration de population, des steppes pontiques à la grande plaine hongroise. Pour les Celtes, les chevaux devinrent un symbole de prestige, et les nobles cherchaient évidemment à en acquérir. Extrait de L’univers des Celtes - Editions du Fanal 1981. Remerciements à l’auteur Barry Cunliffe (professeur d’archéologie européenne à l’université d’Oxford). ~ ° ~ Deux sites intéressants sur les armures, chevaux, selles, étriers…: http://perso.club-internet.fr/helmous/D ... alerie.htm http://www.encyclopedie.info/index.php? ... le_id=1019 e.
L’art de la querelle chez les CeltesL’art de la querelle chez les Celtes
Agnès Audibert, dans son livre La femme en Bretagne – Les Universels Gisserot – 1993, nous fournit un magistral récapitulatif du rôle guerrier des femmes et, par leur aptitude à la guerre, rappelle mordicus que les cassus belli n’étaient pas uniquement une affaire d’hommes. Illustrations! Ammien Marcellin nous les décrit prenant une part active à la lutte et il nous explique comment une troupe peinait à vaincre au combat un Gaulois s’il appelait sa femme à son aide: « L’humeur des Gaulois est querelleuse et arrogante à l’excès. Le premier venu d’entre eux, dans une rixe, va tenir tête à plusieurs étrangers à la fois, sans autre auxiliaire que son épouse, champion bien plus redoutable encore. Il faut voir ces viragos, les veines du cou gonflées par la rage, balancer leurs bras robustes d’une blancheur de neige, et jouer des pieds et des poings assenant des coups qui semblent partir de la détente d’une catapulte. » Polybe dit aussi que les femmes accompagnaient leurs maris au combat, les suivant en voiture (Histoires, V. 78 ). La description de Diodore de Sicile n’en est pas moins convaincante: « Chez les Gaulois, les femmes sont presque toutes de la même taille que les hommes, avec lesquels elles rivalisent en courage. » (Histoire, livre XIV, ch. 30). De l’allégeance des guerriers aux druides Mais rassurez-vous, nous observerons plus en avant sur ce fil, d’après certains textes et auteurs anciens, l’allégeance de la caste des guerriers à celle des religieux comme facteur déterminant de paix ou de guerre. Aussi continuons à laisser parler Diodore (livre V, la Gaule; Mœurs et usages) selon des traductions tirées: Des auteurs grecs concernant la géographie et l’histoire des Gaules – E. Cougny Librairie Renouard – 1878: XXXI. Ces hommes sont d’un aspect effrayant; leur voix a un son grave et des intonations tout à fait rudes; dans la conversation, leur parole est brève, énigmatique, procédant par allusions et sous-entendus, souvent hyperbolique, quand il s’agit de se grandir eux-mêmes et d’amoindrir les autres. Ils ont le ton menaçant, hautain, tragique, et, pourtant, l’esprit pénétrant et non sans aptitude pour les sciences. Il y a chez eux-mêmes des poètes lyriques, qu’ils nomment bardes: ces poètes accompagnent avec des instruments semblables à des lyres leurs chants qui sont tantôt des hymnes, tantôt des satires. Il y a aussi des philosophes et des théologiens à qui on rend les plus grands honneurs et qui se nomment druides. Enfin ils se servent de devins à qui ils accordent une grande autorité. Ces devins, c’est par l’observation des oiseaux et par l’immolation des victimes qu’ils prédisent l’avenir. Et ils tiennent toute la population sous leur dépendance. XXIX. Dans les voyages et les batailles, ils se servent de chars à deux chevaux portant le conducteur et à coté un combattant debout. Dans leurs guerres, ils marchent contre les cavaliers, lancent à leurs adversaires le saunium² et descendent ensuite pour continuer le combat avec l’épée. Quelques-uns méprisent la mort au point d’entrer dans la lutte nus, avec un simple caleçon². Ils emmènent aussi des serviteurs libres, recrutés parmi les pauvres, lesquels, dans les combats, font office auprès d’eux de conducteurs et d’écuyers. Quand les troupes sont rangées, ils ont l’habitude de s’avancer hors des rangs et de provoquer les plus braves de ceux qui leurs sont opposés à un combat singulier, en agitant leurs armes pour frapper de terreur leurs adversaires. Si quelqu’un obéit à leur défi, ils chantent les prouesses de leurs ancêtres, font étalage de leurs propres vertus, insultent celui qu’ils ont en face, le ravalent, en un mot essayent par leurs paroles d’enlever toute confiance à son âme. Ou encore les propos de Strabon, livre IV, Caractère des Gaulois: … prompte à la bataille, du reste simple et sans malice. Aussi, une fois irrités, ils se ressemblent en foule pour courir aux combats, et cela sans éclat, sans aucune circonspection, de sorte qu’ils tombent facilement sous les coups de ceux qui veulent employer contre eux la stratégie. Et, en effet, qu’on les excite, quand on veut, où l’on veut, pour le premier prétexte venu, on les trouve prêts à braver le danger, sans avoir pour entrer dans la lutte autre chose que leur force et leur audace. Si l’on agit sur eux par la persuasion, ils s’adonnent aisément aux travaux utiles, jusqu’à s’appliquer à la science et aux lettres. Leurs forces tiennent en partie à leur taille qui est grande, en partie à leur multitude. S’ils se ressemblent en grande multitude avec tant de facilité, cela vient de leur simplicité et de leur fierté personnelle: grâce à ses qualités, ils s’associent toujours à l’indignation de quiconque leur paraît victime de l’injustice. Aujourd’hui, à la vérité, ils sont tous en paix, asservis, et ils vivent sous les ordres des Romains qui les ont conquis; mais nous nous les figurons ainsi d’après leurs anciens temps et d’après les maximes encore subsistantes aujourd’hui chez les Germains. ² - Espèce de javelot. Leurs épées ne sont pas moins grande que les saunia des autres nations, et leurs saunia ont des pointes plus grandes que leurs épées. De ces saunia les uns ont été forgés droits, les autres totalement repliés sur eux-mêmes en formes d’hélices, de manière à ne pas seulement couper en frappant, mais à briser les chairs et à déchirer les blessures, quand on retire la pique. ² - Dans le sens qu’il faudrait traduire par braie ou pantalon (?). e. Dernière édition par ejds le Mar 01 Juin, 2004 12:45, édité 1 fois.
Un, deux, Troy… p’tits filmsUn, deux, Troy… p’tits films et puis s’en vont...!
Petit intermède avant d’illustrer entre autres le pouvoir des druides, la nudité des guerriers et les rituels du combat que l’on retrouvera un peu plus tard en fac-similés dans les écrits de Cunliffe. De prime abord, une critique abrasive sur le film Vercingétorix: l’habit ne fait pas le Gaulois. … Les Gaulois, sont, d'abord et avant tout, des "guerriers". Ils sont, de plus, réfractaire à l'uniforme au siècle où porter bien haut les couleurs de son camp, à grand renfort de passementerie dorée, est une question de bienséance sinon d'honneur. Les grandes civilisations s'habillent pour faire la guerre, les Gaulois ont cela de commun avec tous les barbares qu'ils ne font que peu de cas de l'homogénéité de leur aspect, du moment qu'il reste terrifiant. Le fait qu'on les ait représentés longtemps sans prêter réellement attention à la cohérence de leur panoplie vient sans doute du fait qu'on estime qu'ils n'y prenaient pas garde eux-mêmes. Ils vont ainsi récupérer, comme on le verra plus loin, bon nombre de pièces d'armement de toutes époques et de toutes provenances. La suite, ainsi qu’un article: Le musée de l'Armée ou l'âge d'or des Gaulois – par Cécile Breton et Laurent Dhennequin – Archéologia, avril 2001 n° 377, p. 24-31 – sur le site suivant : http://perso.cybercable.fr/platypus/articles/art8.html Dans le dernier film de la trilogie de Tolkien Le Seigneur des Anneaux, ont remarquera l’ingérence de la longue silhouette blanche du bon et vieux druide, qui prenant en ses mains les décisions qui s’imposent, mène sur son cheval les troupes à la bataille. Et Diodore, dans son livre V sur l’île de Bretagne, de nous informer que les peuples qui habitent la Brettanique sont autochtones et qu’ils conservent dans leurs usages quelque chose de la vie ancienne. Ainsi, dans leurs guerres, ils se servent de chars comme les anciens héros des Hellènes s’en servaient, selon la tradition, à la guerre de Troie. Et à ce sujet, outre de magnifiques chars de combat, le film Troy nous montre dès la première séquence, un exemple d’affrontement rituel et brutal que doit mener Achille contre le champion de l’armée adverse. Deux conseils les gars, apportez vos boucliers! Et ne vous mettez pas aux premiers rangs: spectaculaires pluies de flèches qui partent dans tous les sens! ejds
Merci ejds
Il est bien intéressant cet article socio-historique sur l'image du gaulois. L'on se rend compte que l'histoire, pour le plus grand nombre, ressort encore du domaine mythique. Dans cet imaginaire populaire on serait vite tentés de voir les romains comme de vils matérialistes qui auraient brisé dans l'oeuf l'âge d'or qui nous était promis. Ne lit-on pas souvent sous la plume des journalistes que les américains sont les nouveaux romains et notre José Bové national comme un nouveau Vercingétorix ? Tout celà est plein d'humour et c'est bien ainsi. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Nudité guerrièreSur la nudité des guerriers
Les Insubres* et les Boïens* allaient à la bataille vêtus de braies et de sayons* commodes qu’ils avaient enroulés autour d’eux; mais les Gésates*, dans leur présomption et leur assurance, s’en étaient dépouillés et s’étaient placés au premier rang, nus, avec leurs seules armes… Polybe, Histoires, II, 28, 7-8. * - Tribu celte cisalpine. * - Ou Boïes, peuple celtique qui, entre le Ve et le Ie siècle av JC, essaima sur les territoires de l’actuel bohème, en Italie du Nord et en Gaule (Bourbonnais, Gascogne). * - Sortes de pantalons et de casaques. * - Tribu du Nord de l’Italie et dans le sens de guerriers nus = gaesatae. Quand les troupes d’infanterie entrèrent en contact, ce fut une rencontre unique et extraordinaire… la quantité des buccins et des fanfares était incalculable, et il s’y ajoutait une si vaste et si forte clameur de toute cette armée poussant en chœur son chant de guerre que non seulement les instruments et les soldats, mais encore les lieux environnants qui en répercutaient l’écho paraissaient donner de la voix; effrayants aussi étaient l’aspect et le mouvement de ces hommes nus du premier rang, remarquables par l’éclat de leur vigueur et de leur beauté. Tous ceux des premières lignes étaient parés de colliers et de bracelets d’or. Polybe (v. 200 à 120 av. JC), Histoires, II, 28, 11; 29, 6-8. ~° ~ La nudité légendaire des Celtes, telle qu'on la retrouve dans bien de récits hellénistes, simplement équipés du seul habit que leur confie la nature à la naissance et reprend à la mort; ou – comme s’ils allaient à la fête – avec leurs plus beaux bijoux (ou tatouages comme pour les guerriers bleus de l’île de Bretagne), est sensée impressionner et effaroucher par son seul aspect l’ennemi. Cette nudité peut aussi s’expliquer par une habitude rituelle, des vêtements amples et encombrants, à la canicule régnante ou par l’urgence d’aller à une grande, autant que rare, bataille occasionnelle. Rappelons-le que le peuple celte, bien avant l’arrivée de César, était pour dans son ensemble sédentaire, dépendant et pauvrement attaché aux travaux de la terre et menait, somme toute, des conditions de vie et d’habitat précaires. Engagé à un niveau territorial dans de banales querelles familiales ou fratricides entre chefferies de village (razzias, raids d’opportunité sur les troupeaux errants, règlements de compte, vengeance ou pure confrontation de bravoure, exercices viriles de représailles entretenant des rivalités bien méritées…). Simples jeux insouciants de défoulement et de braverie après beuverie ou exercices guerriers que l’on retrouvera à plus grandes échelles lors des grandes invasions en Asie Mineure de ceux que l’on nommera les Galates. De ce type de héros, le paradis des guerriers en est plein. Mais reprenons ici les écrits de Cunliffe (et dont on admirera non seulement son art de manier le verbe et à remarteler à chaud un texte ancien, à l’aiguiser, à le frotter contre ceux d’autres auteurs, comme il le ferait d’une épée pour mieux la renforcer, en faire jaillir des étincelles et tomber les aspérités) : Nous trouvons chez l’historien Polybe l’une des plus belles descriptions de bataille qui aient été décrites, celle de Télamon (Toscane) qui opposa Romains et Celtes en 225 av. J.-C. Le cadre des opérations se limita d'abord à la colline, où la cavalerie avait engagé le combat, auquel le reste des deux armées assistait en spectateurs; mais les Romains prirent bientôt les Celtes en tenaille et parvinrent à les encercler. Ils étaient terrifiés par l’ordre parfait des troupes celtiques et l’effroyable tintamarre, car les sonneurs de cors et de trompettes étaient en nombre illimité, et l’armée toute entière poussait en chœur son cri de guerre, cela faisait un tel vacarme que tout le pays alentour semblait disposer d’une voix pour répéter ce cri. L’aspect et les mouvements des guerriers nus qui les affrontaient les remplissaient de terreur; ces hommes bien bâtis étaient tous dans la force de l’âge, et les chefs portaient de somptueux torques et bracelets d’or. En fin de compte, la discipline romaine prévalut et ce fut pour les Celtes la débandade. Certains d’entre eux, dans leur rage impuissante, se ruaient sauvagement sur l’ennemi et sacrifiaient leur vie, tandis que d’autres, reculant progressivement, semaient le désordre dans les rangs de leurs camarades, par l’étalage de leur lâcheté. Le tempérament des Celtes ne leur permettait pas de résister à l'implacable machine militaire romaine; quand cela tournait mal pour eux, la résolution les abandonnait, ils étaient saisis de panique ou devenaient fous furieux. ejds
ArèsPour avoir la paix, préparons la guerre !
Sache aussi que Bacchos est devin. La fureur qu’il inspire A comme la démence un pouvoir prophétique. Quand il pénètre en nous de toute sa puissance, Il nous pousse, en nous affolant, à dire l’avenir. Il prend aussi le rôle d’Arès. Des soldats sous les armes et rangés en bataille Sont égarés par la panique sans que la lance les ait touchés; C’est de Dionysos que leur vient ce délire. Les Bacchantes - Euripide (versets 897-903). Si les méthodes singulières de combat des Celtes ont fait leurs preuves, l’action collective des armées de métier finira par se substituer à l’exploit individuel. Les armures ou la fameuse cotte de maille comme on l’a vu précédemment, paraît plus un accessoire réservé aux gens d’armes élitistes ou d’une armée de métier, garde rapprochée au service d’un riche et puissant (monarque, homme de loi, grand commerçant, collecteur de taxes…). Elles côtoieront en fait dans l’Histoire si ce n’est sur les champs de bataille la légendaire nudité de la grande masse des combattants et leur manque préalable de réflexion d'user de ruse à la guerre: de là , leurs échecs réitérés et leur chute finale. Car il n’existaient pas UN peuple mais des peuples dans la grande Celtie, chacun avec son caractère, sa langue, des habitudes et aptitudes militaires propres à une époque, et parfois tombées en désuétude d’une génération à l’autre. Le corps à corps rituel entre deux champions permettant de régler à l’amiable les contentieux tribaux sans trop d’effusion de sang inutile de part et d’autres, laissera la place à d’autres types d’adaptation et de confrontation face à une armée de métier romaine, aux soldats disciplinés et entraînés à se battre en équipe; avec surtout pour mot d’ordre d’ignorer la provocation, de rester impassible et patiente face au vacarme constant, aux insultes et à la gestuelle et à l’apparence terrifiante, intimidante et belliqueuse de l’adversaire. Au sujet de la cotte de maille, un fil très intéressant à suivre sur le site de reconstitution artisanale de Luernos : http://www.gaulois.org/forum-aremorica/ ... m=1&page=0 ~ ° ~ Mais avant de continuer plus en avant sur ce topic, les remarquables articles de Patrick Galliou dans ArMen : http://www.armen.net/ - Les anciens Celtes - 1998, n° 96. - L’âge d’or du monde celtique. L’Europe de la Tène, n°98: le temps des guerriers; les tombes à char des guerres celtiques; la société celtique dominée par une oligarchie commerçante; fin du monde celtique; un langage commun à la totalité du monde celtique; les oppida, manifestations d’un proto-urbanisme…). Et à signaler, un condensé très captivant sur l’armement, les qualités stratégiques militaires des anciens Celtes, leur nudité au combat, où comment leurs fougues et défauts dans les batailles étaient exploités par Hannibal, par Frédéric Carrard : Les Celtes de la grande expansion historique (IVe - IIIe siècles av. J.-C? .), héros ou chair à balistes ? http://perso.club-internet.fr/mhewer/Cl ... tFred1.htm ejds
ChaâÂâarge !!!!!Nota bene !
Il est aimablement rappeler à tous les valeureux intervenants du site, pour certains terrifiants et brutaux guerriers à fortes voix ayant de vieux comptes fondés ou non à régler, qu’ils sont aimablement priés de laisser menhirs, javelots, glaives, coutelas, francisques, drakkars, montures, baudets… et autres projectiles et jurons au vestiaire du forum ! ChaâÂâarge !!!!! Aussi, au lieu d’être dans une humeur massacrante et en faire profiter tout le monde, branchez-vous donc sur le site comico-ethnologique résumant une description de « L’Archétype du Barbare ». Sa panoplie, ses tics, mœurs et habitudes en long, en large (et sous vêtements), ses tatouages et scarifications…: http://www.sden.org/services/mj/ezine/a ... rticle=179 ejds
Chasseurs de scalpsPour illustrer à contre-pied et donner un sens à la vie de nomade de placides et pacifiques migrants ou d’envahisseurs constructeurs, les propositions de ce qu’aurait put être une invasion celtique primitive, massive, soudaine et destructive selon les historiens quelque chose entre le Xè et le VIè siècle av JC.
Ainsi pour reprendre ici un fil débuté ailleurs : Suis un Hun?, une époque où il valait mieux garder Vandales, Alains et autres Huns, à l’extérieur des frontières de la Gaule : http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=817 Armée de l’ombre « Les Haries (Vandales Hasingues)… sont farouches, et ils ajoutent à leur sauvagerie naturelle, en empruntant les secours de l’art et de l’heure; leurs boucliers sont noirs, leurs corps barbouillés; pour combattre, ils choisissent des nuits noires, et par l’horreur seule et l’ombre qui enveloppe cette armée funèbre, ils portent l’épouvante chez l’ennemi; personne ne saurait soutenir cette vue étrange et comme infernale. Car dans toute bataille, les yeux sont les premiers vaincus. » Tacite, Germ., XLIII, 6, traduction Pierre Courcelle, Histoire littéraire des Grandes invasions germaniques, 1964, Editions de l'Institut d'Etudes Augustéennes. Chasseurs de scalps « Les Alains sont généralement beaux et sveltes; leurs cheveux tirent sur le blond; leur regard est plutôt martial que farouche. Pour la rapidité de l’attaque, ils ne cèdent en rien aux Huns… cette jouissance que les esprits doux et paisibles trouvent dans un loisir studieux, ils la placent eux, dans les périls et la guerre. A leurs yeux, le suprême bonheur est de perdre la vie sur le champ de bataille, mourir de vieillesse ou par accident est un opprobre et une lâcheté, qu’ils couvrent d’affreux outrages; tuer un homme est un héroïsme pour lesquels ils n’ont pas assez d’éloges. Le plus glorieux trophée est la chevelure d’un ennemi scalpé; elle tient lieu de décoration pour le cheval de guerre. » Ammien Marcellin, Res gestae, XXXI,2; trad. Pierre Courcelle, Histoire littéraire des grandes invasions germaniques, 1964, Editions de l'Institut d'Etudes Augustéennes. Entre monstres et sauvages « Les écrits des Anciens parlent à peine des Huns comme d’une race qui habitent au-delà des marais méotiques et dont la férocité dépasse l’imagination. Dès la naissance de leurs enfants mâles, ils leurs tailladent profondément les joues au fer, afin que la sève qui, à son heure, fait pousser la barbe, s’émousse aux rides des cicatrices; ces enfants vieillissent imberbes, sans la moindre beauté, et ressemblent à des eunuques. Tous ont le corps trapu, les membres robustes, la tête énorme. Le prodigieux développement de leur carrure les ferait prendre pour des bêtes sauvages marchant sur deux pieds ou pour ces figures grossièrement travaillées que l’on place sur le parapet des ponts. A cet aspect repoussant répondent des habitudes de brute; ils ne font usage, en effet, d’aucun aliment cuit ou assaisonné, mais ils se nourrissent de racines sauvages et de viande à demi-crue du premier animal venu, qu’ils ont sommairement chauffé entre leurs cuisses et le dos de leur cheval. Nul édifice ne les abrite: ils n’ont pas plus l’habitude d’habiter une maison qu’un tombeau, et l’on ne peut, chez eux, trouver même une cabane couverte de chaume. Ils errent par les monts et par les bois, habitués à supporter dès l’enfance le froid, la faim et la soif. En voyage même ils ne pénètrent sous un toit que poussés par l’extrême nécessité et ils ne s’y croient jamais en sûreté. Ils se font un vêtement de toile ou de peaux de rats sylvestres cousues ensemble. Ils n’ont d’autre habit, ni pour la vie domestique, ni pour sortir; mais une fois qu’ils ont passé la tête dans cette tunique de couleur vulgaire, ils ne la quittent ou ne la changent que lorsque, décomposée à la longue, elle s’en est allée en haillons. Ils se coiffent de chapeaux rabattus. Ils protègent de peaux de chèvres leurs jambes velues. Leurs chaussures, qui ne sont nullement fait pour l’usage, les empêchent de marcher librement; aussi sont-ils peut aptes à combattre à pied. Mais on les croirait cloués sur leurs chevaux qui sont très résistants mais laids. Parfois en selle à la manière des femmes, c’est sur leur dos qu’ils vaquent à leurs affaires accoutumées. C’est à cheval, nuit et jour, qu’ils achètent et qu’ils vendent, qu’ils mangent et qu’ils boivent et qu’inclinés sur le cou de leur maigre monture ils se laissent aller au sommeil et aux rêves de tout genre. C’est à cheval encore qu’ils délibèrent des affaires importantes et en commun. Ils ne se laissent conduire par aucun pouvoir royal rigoureux mais acceptant l’autorité improvisée des grands, ils se décident à faire irruption au hasard. S’ils sont attaqués, ils se partagent par bandes et foncent sur l’ennemi en poussant des cris divers d’un effet terrifiant. Conduites avec vitesse leurs évolutions sont légères et soudaines. Les disperse-t-on de force, ils se forment aussitôt sans ordre défini et sèment le carnage au galop. A l’attaque d’un retranchement, au pillage d’un camp ennemi, leur rapidité est si grande qu’on n’a pas le temps de les apercevoir. On les considère comme les guerriers les plus redoutables qui soient; de loin, ils lancent des traits dont la pointe est faite, au lieu de fer, d’os aigus assemblés avec une habileté remarquable; de près ils engagent le fer sans souci de leur vie. Cependant que leur adversaire suit des yeux la menace du glaive, ils le ligotent d’un lasso qui enveloppe ses membres et paralyse ses mouvements, qu’il soit piéton ou cavalier. Personne, chez eux, ne laboure, personne ne touche un manche de charrue. Semblables à des fugitifs, nomadant sans se fixer, sans foyer domestique, sans loi, sans coutume durable, ils vivent tous dans leurs chariots qui leurs servent de logis. C’est là que leurs épouses confectionnent leurs affreux vêtements, là qu’elles reçoivent l’étreinte conjugale, qu’elles enfantent, qu’elles nourrissent leurs enfants jusqu’à la puberté. Conçu ici, né ailleurs, grandi plus loin, aucun d’eux ne peut répondre quand on lui demande d’où il est. Sans foi pendant les trêves; inconstants, changeants au moindre souffle s’ils voient quelqu’avantage nouveau, ils sont sujets à des fureurs insensées. Pareils aux animaux privés de raison, ils vivent dans l’ignorance profonde du bien et du mal. Leur parole est ambiguë et obscure; nulle crainte religieuse ou superstitieuse ne les retient jamais; ils brûlent pour l’or d’un immense désir; ils sont si changeants d’humeurs et si prompts à la colère qu’il leur arrive le même jour de rompre avec leurs compagnons, puis de renouer avec eux sans que personne les y invite. » Ammien Marcellin, Rerum gestarum; cité par Edouard Salin, La civilisation mérovingienne, I, 1959, Editions Picard. Les frontières du Rhin cédèrent le 31 décembre 406 sur la pression de milliers (certains écrits parlent de 250 000) de Germains, Vandales, Suèves et Alains. Ces derniers avec leurs troupeaux, leurs familles et leurs biens entassés sur des chariots fuyaient affolés par l’approche des Huns qu’une épouvantable réputation précède. Abandonnant leurs traditions de nomades, les Huns s’installeront dans le territoire balkanique situé au sud du Danube. Leur ville est composée de simples huttes de bois, mais dans le palais de leur chef unique d’Attila (395-453), Priscos se voit invité à un banquet fort luxueux, où les hôtes étendus sur des lits couverts d’étoffes précieuses, sont servis dans de la vaisselle d’or et d’argent. Le mode de vie des Huns, tel que l’a décrit Ammien Marcellin cinquante ans auparavant, a pour conséquence notablement évolué au contact des peuples civilisés. Bousculant au passage d’autres barbares plus timorés et plus lents et de ces peuples qui sont très satisfaits des limites de leur territoire. Une avant première dans l’histoire des batailles antiques, Il faudra la coalition combinée des armées romaines d’Aetius, des Germains de Théodoric et des Francs Saliens de Mérovée près de Troyes en 451 pour les refouler au-delà des Gaules. Mort des suites d’une chute de cheval ou encore lors de sa nuit de noce, à l’âge de 58 ans, Attila fut sans doute victime d’une apoplexie après une journée à festoyer. ejds
Hello, je pense que les écrits latins du bas empire reflètent surtout des élements de propagande à haute teneur fantasmatique et ne sont absolument pas révélateurs de la réalité sensée être décrite, à peu près comme toute description de la mentalité étrangère dans n'importe quelle confrontation, ne serait-ce qu'économique, y compris moderne.
Ainsi de tout temps des faits divers et des comportements isolés ont servis de prétextes pour généraliser, déformer et entretenir un comportement hostile...... Ces textes sont révélateurs de "mentalités" chez leurs auteurs, pas de "réalités". Les "invasions barbares" correspondent en fait à des courants migratoires puissants sur plusieurs siècles et ne se limitent absoluement pas à un phénomène de violence....
Sur la paixLes mercenaires et leurs comportements
« Nous cherchons à commander à tous et nous ne voulons pas faire campagne, nous déclarons la guerre à presque tous les hommes et, pour la faire, ce n’est pas nous que nous exerçons, mais des hommes sans patrie, des déserteurs, des gens réunis après toutes sortes de crimes et qui suivront contre nous quiconque leur donnera une solde supérieure. Cependant nous les chérissons fort; quand nos enfants causent du tort à autrui, nous refusons d’en assumer la responsabilité, mais quand les brigandages injustes, les violences de ces gens-là sont autant de griefs contre nous, loin de nous indigner, nous nous réjouissons quand nous apprenons qu’ils ont agi de la sorte. Nous en sommes venus à cette folie que, manquant du nécessaire quotidien, nous avons entrepris d’entretenir des mercenaires et nous infligeons à chacun de nos alliés des outrages et des contributions pour nous procurer la solde pour les ennemis communs de tous les hommes. » Isocrate (Sur la paix, 44-46), orateur athénien (436/338 av JC), maître de la rhétorique académique et de l'harangue politique, le chantre de la puissance d’Athènes, contre les Perses notamment puis de Philippe de Macédoine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Isocrate e. Dernière édition par ejds le Dim 12 Déc, 2004 19:56, édité 1 fois.
Retourner vers Histoire / Archéologie Qui est en ligneUtilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 24 invités
Accueil |
Forum |
Livre d'or |
Infos Lègales |
Contact
Site protégé. Utilisation soumise à autorisation Conception : Guillaume Roussel - Copyright © 1999/2009 - Tous droits rèservès - Dèpôts INPI / IDDN / CNIL(1006349) / SCAM(2006020105) |