Salut Nita,
Malgré ta question confuse et difficile à comprendre (pire qu'un grimoire de sorcellerie médiévale), je vais tenter de te répondre.
Tout d'abord, il n'y a pas de "première sorcière" dans l'histoire. La sorcellerie n'est pas un sport, un plat cuisiné ou une invention humaine matérielle. C'est une pratique.
Cette pratique est une déviation des techniques traditionnelles qu'on appelle aussi sciences sacrées, comme l'astrologie, la médecine ou la poésie, qui sont, elles, basées sur les conceptions métaphysiques d'un haut niveau intellectuel. Ce qui se passe, c'est que lorsqu'une civilisation traditionnelle décline, ces sciences sacrées sont de plus en plus pratiquées par des gens qui n'en connaissent pas les fondements métaphysiques et cosmologiques, et qui ne font qu'appliquer des "recettes", souvent efficaces d'ailleurs, surtout dans le cadre d'une société encore traditionnelle. Cette déviation des pratiques s'appelle la magie. C'est au départ une arme de guerre, utilisée dans les batailles, et le dieu celte qui "gère" la magie, Ogmé en Irlande, est aussi le champion des combats singuliers, une sorte de Hercule celtique.
Quand la classe sacerdotale instruite disparaît (pour les Celtes : les druides), ces pratiques magiques tombent dans le domaine populaires et dégénèrent peu à peu. Certaines recettes se perpétuent : les plantes médicinales, des pratiques de protection des troupeaux et des "sorts" souvent liés au sexe ("nouer les aiguillettes") ou à l'agriculture. Tout cela devient de la superstition (étymologiquement : "ce qui reste, ce qui subsiste"), et de la sorcellerie quand c'est employé dans un but néfaste.
Bien sûr, l'Eglise chrétienne a vite traité de sorcières de pauvres guérisseuses, ou bien des femmes de moeurs libres. Encore faut-il préciser que le phénomène de "chasse aux sorcières" ne date que de l'extrême fin du moyen âge, et surtout de la Renaissance et des "Temps Modernes". On brûlait encore en plein "Siècle des Lumières".
Il n'y a pas qu'en France ni qu'en Europe que des traditions déchues se sont transformées en superstitions et en sorcellerie. Ce phénomène est universel. Par exemple, les cultes africains de type vaudou, une fois transportés en Amérique par les esclaves déracinés et arrachés au cadre traditionnel, sont peu à peu devenus des pratiques de sorcellerie, où on jette des sorts à son voisin, alors qu'il s'agissait au départ d'une tradition de haut niveau. Il y a d'ailleurs encore aujourd'hui des "houngans" et des "mambos" (prêtres et prêtresses vaudou) de haut niveau, qui savent ce qu'ils font.
Je trouve dangereux ce qui se passe actuellement en Occident, c'est-à -dire aux USA depuis une dizaine d'années, et en France depuis quelques mois : on fait croire aux adolescents qu'on peut facilement devenir un(e) "sorciere(e)", gagner aux jeux, rendre un mec amoureux ou avoir le bac sans rien faire, rien qu'en suivant des "cours" de sorcellerie par correspondance, ou en appliquant des recettes débiles tirées de mauvais livres du XIXC° siècle. il risque d'y avoir des dégâts, d'autant que ces recettes et l'ambiance qu'elles suscitent peuvent induire des comportements douteux. On trouve même des revues en kiosque du genre "comment devenir une sorcière en trois semaines : fabriquez un pantacle vous-même", et toutes ces fariboles.
Voilà Nita, j'espère avoir un peu répondu à ta question.
Boduogenos