Arthur, roi des bretons d'Armorique

[sagremor]

Arthur , roi des bretons d'Armorique,
par Gwenc'hlan Le Scouezec.
Ed Le Manoir du Tertre, 1998, 670p.

Avec cet Arthur, roi des bretons d'Armorique, le docteur Gwenc'hlan Le Scouezec dont nous connaissions déjà les travaux sur l'imaginaire breton exploré dans toutes ses dimensions, signe ici incontestablement non seulement un monument d'érudition mais un véritable chef d'œuvre au sens des compagnons du devoir, dans la mesure où il sait, appuyé sur des connaissances immenses en histoire locale, en littérature et en linguistique, faire également passer entre les lignes, ce qui manque à quelques ouvrages universitaires, imbus d'objectivité prétentieuse et hypocrite, son engagement raisonné et résolu au service de la culture bretonne.
Sa démonstration pourrait se résumer ainsi: Arthur, dont la plupart des auteurs font un dux bellorum de Domnonée ou du pays de Galles au VIème siècle de notre ère et dont la figure mythique a connu la fortune que l'on sait, est un géant, une figure sacrée protoceltique (un dieu des pierres) du continent dans sa partie Armorique. Nous devons au génie du peuple breton d'avoir fait passer ce mythe dans notre inconscient collectif qu'il habite désormais. Aussi, le royaume d'Arthur ne doit pas grand chose aux Iles Britanniques, il coïncide en effet avec l'expansion des bretons armoricains du Ménez Hom jusqu'au Grand Saint Bernard, et les arguments toponymiques et historiques de Gwenc'hlan Le Scouezec puisés aux sources mêmes des cartulaires et des Chroniques en même temps que dans les traditions locales et surtout dans une prodigieuse connaissance du terrain, sont tout à fait convaincants.
L'auteur insiste notamment, et ses propres travaux rejoignent ici tout à fait l'hypothèse dite Bansard-Payen que nous servons depuis trente ans, sur le rôle capital des Marches armoricaines comprenant Maine, Anjou et le Cotentin et allant jusqu'à l'Ile de Ré.. De même que la Fédération des gaulois d'Armorique s'est étendue avant la conquête romaine sur l'Ouest des Gaules, ce qui lui fait assigner aux deux bonnes villes de Chartres et d'Angers le rôle de pôles de la bretonnité, de même, les Bretons reprenant cette ambition dans le Haut Moyen-Age, sont devenus les maîtres d'une partie du domaine gaulois. Nos analyses convergent encore quand il examine avec précision comment et pourquoi les Plantagenêts ont ensuite récupéré le mythe arthurien, pointant ici avec propos cet aspect cyclique de l'histoire.
Voilà pour nos convergences, passons sur quelques point de discussions possibles: nos localisations de la Fontaine d'Yvain et du pays de Gorre, celles des héros du Lanzelet, la toponymie du Passais et du Mortainais qui viennent parfois entrer en concurrence avec les enquêtes de terrain au demeurant très fouillées de Gwenc'hlan Le Scouezec, (mais il faut compter avec les phénomènes de contamination et les systèmes d'enclaves courant au Moyen-Age), et laissons nous porter par ce qui fait l'intérêt majeur de l'œuvre: la réhabilitation par un celtisant du continent qui n'en réfute pas moins plusieurs de ses devanciers issus de la même veine mais tournés vers les Iles Britanniques, de la figure d'Arthur qu'il enracine vraiment vraiment dans l'histoire et la géographie de l'Armorique (à ne pas confondre totalement avec l'actuelle Bretagne), après avoir mis en évidence les traits constitutifs du mythe et envisagé avec méthode toutes les données de la question, dont la légende du Roi Marc'h qui fait pendant à celle d'Arthur et l'éclaire comme a giorno.

Dans cet esprit, l'auteur examine avec pertinence en traitant du mythe du Graal, les recouvrements de l'ancienne tradition celte et de la culture chrétienne. Les chrétientés celtiques ont eu leur heure de gloire et d'expansion et nombre de récits s'en sont trouvés contaminés.

Sur ce point nous pensons qu'il ne faudrait toutefois pas enfermer par trop le mythe arthurien dans la celtitude. S'il en fait l'héritage, il la dépasse de beaucoup et nous connaissons de nombreux travaux qui montrent la contamination des romans arthuriens, par exemple, par les récits orientaux. Arthur est une figure universelle, comme la Table Ronde qu'il a fondée.
Il est vrai, sans toutefois négliger cet aspect des choses, que l'auteur se préoccupe plutôt d'ancrer résolument le roi Arthur comme figure originelle dans les archétypes liés à la pierre (Arz en breton), lui et son doublet Saint Armel, et d'admirer le rôle de conservatoire de la langue bretonne à cet égard dans la transmission du synthème.

Rex Arturus rex futurus, chantait le vieux trouvère normand du roman de Rou, grâce aux éminents travaux de Gwenc'hlan le Scouezec, nous avons maintenant l'avantage, d'en percevoir désormais et la genèse et les avatars. Ceci n'est pas également sans informer notre avenir, mais c'est une autre histoire…

Sagremor.

[Muskull]

Dans cet esprit, l'auteur examine avec pertinence en traitant du mythe du Graal, les recouvrements de l'ancienne tradition celte et de la culture chrétienne. Les chrétientés celtiques ont eu leur heure de gloire et d'expansion et nombre de récits s'en sont trouvés contaminés.

Contaminée ??? Par le virus chrétien ???
Pas le bon mot ça !!!

[Gwalchafed]

Aussi, le royaume d'Arthur ne doit pas grand chose aux Iles Britanniques, il coïncide en effet avec l'expansion des bretons armoricains du Ménez Hom jusqu'au Grand Saint Bernard, et les arguments toponymiques et historiques de Gwenc'hlan Le Scouezec puisés aux sources mêmes des cartulaires et des Chroniques en même temps que dans les traditions locales et surtout dans une prodigieuse connaissance du terrain, sont tout à fait convaincants.

Bonjour Sagremor, serait-il possible d'avoir un bref résumé de ces arguments?

[Marc'heg an Avel]

L'idée d'un triangle de Nennius partant du Menez-Hom, jusqu'à Etaples (Pas de Calais), le Grand Saint Bernard, (dans les Alpes), et pourquoi pas le Finisterre espagnol est une monumentale bévue qui a été démontrée depuis plus de dix ans.

Même Léon FLEURIOT, auteur des Origines de la Bretagne, reconnaissait cette incongruité.

Autant dire qu'avec la réapparition de tels propos, on n'est pas près d'y voir clair dans cette question.

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Question :

Comment les "Bretons" auraient-ils pu être maîtres de ce vaste territoire, couvrant la quasi totalité des Gaules et une grande partie de l'Espagne, quand FLEURIOT lui-même dit qu'en 496 les Bretons se voient accrus du territoire des Curiosolites ?

Notre interlocuteur peut-il nous donner un seul nom de dinastie "bretonne"
maitresse de ce territoire ?

Que fait-on alors des empereurs d'occident et des divers patrices de cette époque ?

Jusqu'à preuve du contraire, Aetius, qui commandait contre les Huns aux Champs Catalauniques, n'était pas "Breton", même s'il avait sous ses ordres des éléments "Létaviens".

Arthur, roi des Bretons d'Armorique ?

Oui ! Parce qu'il était LE responsable de la composante nationale "britto-romaine" de l'empire romain, en Grande et en Petite Bretagne.

Pas pour autre chose !!! et surtout pas pour cette soupe mythique servie à nouveau par Gw. Le Scouézec !!!

JC Even

[Gwalchafed]

Il me semblait bien, d'autant plus que je ne vois pas quelles pourraient être les sources qui rendent ce genre de choses certaines. Des textes du XIIème ou XIIIème siècle ?

[Marc'heg an Avel]

Salut à toi, Gwalchafed,

Pour l'envoi de Sagremor, je dois dire que si l'on avait voulu introduire les néo-druides sur le forum Arbre Celtique de façon plus "solft", on ne s'y serait pas pris autrement.

Bien joué, la Torpille ... mais c'est raté !

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Toutes les élucubrations de Le Scouézec en cette matière ne reposent que sur les aberrations d'interprétation néo-celtiques du XIXè siècle concernant les propos de Nennius :

"Il (Maxime) leur (aux Bretonss) octroya de nombreux territoire depuis ... le Montis Jovis ...jusqu'à Cantia Vicus ... jusqu'à Cumulum Occidentalem, et ... il étendit una aile sur l'Espagne".

Le problème est que Maxime, c'est 383-388, et qu'Arthur, c'est après 450, et Clovis encore après.

Si on cherche à dire qu'Arthur a été "roi des Bretons d'Armorique" , jusqu'au Grand Saint Bernard, dans les Alpes, il faudra d'abord démontrer quer les Alpes sont en Armorique ! ce qui ne va pas être facile à faire !

... et ensuite dire ce qu'on fait des Burgondes, en Burgondie / Bourgogne, et des Visigoths, en Aquitaine, de Toulouse à Retz, sur la Loire.

Clotilde aurait-elle été en fait une Bretonne ?

Ce bouquin de Le Scouézec est le plus grand ramassis de tissus de conneries accumulés par les mystiques de la Mâtière bretonne depuis 200 ans.

... même si, par moment, par opportunisme, et surtout par incompétence, il essaie de coller aux avancées des recherches pour donner à ses lecteurs l'illusion d'être plus "moderne", plus "informé".

C'est tout simplement de l'histoire fiction, sous tendue par des idées nationalistes "celtiques" et négationistes du fait "romain", que cela soit du gallo-romain, ou du britto-romain.

A côté de lui, Markale passerait pour un stalinien, et moi pour un maoiste !!! .

Qu'il reste donc dans son arbre, le soi disant Grand Druide ! comme les autres illuminés, dans leurs temples, dans leurs églises et dans leurs mosquées.

Vieille branche, va !

JC Even; l'anti-mites.

[Marc'heg an Avel]

Bonjour,

... je précise aussi que cette question peut etre mise en parallèle à la question posée à propos de l'absence dans l'enseignement de l'histoire de l'émigration bretonne en Armorique.

Deux écoles diamétralement opposées, chacune cherchant à magnifier sa pseudo histoire, quite à outrepasser l'Histoire proprement dite.

Et autant je dénonce la manipulation de l'histoire officielle de l'Etat français, autant je dénonce la manipulation de l'histoire de Bretagne pour des visions idéologiques obscurantistes.

Et, en ma qualité de Breton affirmé, parce que Breton par héritage direct, j'estime que je me dois aussi de vider les écuries de mon propre Pays et de mon propre Peuple, et je ne demande à personne d'autre de le faire à ma place,

à condition que chacun en fasse autant chez lui.

JC Even

[Muskull]

Olé caballero del viento !

Vaste programme s'il en est !

[Marc'heg an Avel]

"N'(ez) eus forzh ! Gwad derv ne ya ket da goll".

"Peu importe ! Le sang (= la sève) du chêne ne se perd pas".

ou bien

"N'(ez) eus forzh ! Gwad darv ne ya ket da goll"

'Peu importe. Le sang vif ne se perd pas".

JC Even Penn koad derv !

[sagremor]

Un compte rendu de lecture n'est pas forcément une prise de positions ... ni un plaidoyer, on reconnait l'enchaînement d'une pensée et on tente d'en saisir le fil... chacun se fait alors son opinion. Quant à "rouler pour les néo druides", cela me rappelle une femme rencontrée lors d'une enquête sur la sorcellerie dans le bocage et qui me demandait si j'avais du pouvoir (sorcier)... le fait d'étudier n'entraîne pas obligatoirement adhésion, mais la parole sur, c'est aussi du pouvoir... même si certains médecins produisent, par exemple d'excellentes analyses sur la médecine, des sportifs sur le sport, etc.. cela se nomme analyse de l'implication, ce qui n'est pas du tout le cas de l'auteur dans cet ouvrage qui ne mentionne jamais le néo druidisme , si je l'ai bien lu, (mais j'accepte que l'on me démontre le contraire, je ne possède aucune vérité...je me contente de chercher...)

L'auteur s'explique lui-même sur son approche dans sa conclusion (p 637 et suivantes) :

"On me reprochera d'avoir écrit ici une histoire qui manque aux régles habituelles en la matière. il n'est pas bon , pense-t-on, de mêler stricte observance scientifique (c'est un psychiatre qui parle) et poèsie...c'est oublier que l'histoire est un arrangement de données brutes , une sorte de jeu de scrabble où l'agencement détermine le sens. Et cet ordonnancement est tout entier aux mains de l'historien, de son psychisme, des contraintes sociologiques dont il est l'objet..."

ce à quoi je soucris totalement.
Il formule des hypothèses : sur cette matière, depuis que je l'étudie, (environ 35 ans), je n'ai moi-même que des hypothèses, pas de certitudes. ... mais j'envie ceux qui savent... cela doit être très confortable.!

[sagremor]

la SMF y a tenu son congrés voici qqes années et nous avons pu découvrir un certain nombre de preuves archéologiques d'une présence celtique en ce lieu. (Musée), L'auteur prend argument d'une citation du Brut de Wace, "Dés Occident jusqu'à Mungiu" (vers 1038). (mon Jovis) pour lui Mont Jupiter, soit le Grand Saint Bernard.
Et de citer également Nennius : précisant les limites de l'expansion celtique: "multas regiones a stagno quod est super verticem Montis Jovis usque ad civitatem quae vocatur Cant Guic et usque ad cumulum occidentalem, id est Cruc Ochidient". Il en ressort écrit-il que Wace a lu le ms Harléien 3859 et cite aussi Léon Fleuriot dont l'analyse allait dans le même sens.
Mais j'invite chacun à lire le livre pour pouvoir en faire une critique construite, sereine, non incantatoire...

[Marc'heg an Avel]

Il n'est pas question ici de déblatérer à perte de vue sur de la philosophie de quais de gares.

Le Grand Saint Bernard se trouve dans les Alpes, et les Alpes, ça n'est pas en Armorique.

Point barre.

Léon FLEURIOT, de loin éminemment supérieur à tous les Le Scouézec du monde, dans son ouvrage Les Origines de la Bretagne (Payot, 1982), avait largement étudié la question des implantations bretonnes sur les côtes nord de la Gaule.

Léon FLEURIOT avait le respect de gens éminents, tels que ceux que vous citez, à savoir Françoise LE ROUX et Christian GUYONVARC'H.

Il est donc tantinet léger de vouloir nous ressortir, 20 ans après, sous l'apparence de vérités ou de sublimes découvertes historiques, de vieilles badernes comme celles là, même enrobées de phraséologie pseudo-philosophique pédante et pompeuse, habillage d'Arlequins complètement dépassés et désespérément incurables.

Jean-Claude EVEN

[sagremor]

la bêtise et la mauvaise foi de ce personnage résolument enfermé dans ses représentations désuétes et incapable de toute remise en cause de ses allant de soi,sont trop évidentes pour que je poursuive plus avant.
je le regrette pour votre liste qui méritait mieux que cela.
Au revoir.

[Muskull]

C'est celui qui dit qui est ! Na !

C'est même pas vrai d'abord ! Jean Claude je le connais bien et il est pas comme ça !
Booooon, c'est vrai, il a une caboche de trégorrois et manque de souplesse osisme et sans doute de douceur angevine mais c'est un bon compère.

[Marc'heg an Avel]

Entre les valeurs d'humanisme de Léon FLEURIOT et celles d'obscurantisme de Gwenc'hlan LE SCOUEZEC, je n'ai pas besoin de long temps pour choisr : je choisis FLEURIOT.

Un historien digne de ce nom doit être en mesure d'étayer ses propos.

Laissons aux "religieux" et autres philosophes de bas étage le loisir de répondre par le marigot du "mystère" ou de "l'imaginaire", prétextes mille et mille fois utilisés dans le but de ne jamais apporter de réponse.
C'est leur problème.

Vous avez dit "mauvaise foi ?". Si c'est de cette "foi" là dont vous voulez parler, celle prônée par Gwenc'hlan LE SCOUEZEC et toute sa clique entribannée et aux chapeaux pointus, alors, je dis Oui, c'est vrai, je n'hadère pas à ce type de foi là.

Et j'en suis fort aise.

JC Even