Je rapatrie un article du fil que je citais auparavant :
Extraits d'un article de Roger Bastide dans l'E.U.
" Les théories sur l’origine et l’évolution du sacrifice.
E. B. Tylor voit dans le sacrifice un don intéressé aux esprits: do ut des. Lorsque la croyance aux dieux succéda à celle des esprits, le don intéressé fit place à l’hommage sans espoir de retour. Plus tard enfin, au lieu de choses matérielles, on fit offrande à Dieu de ses sentiments: le sacrifice devint renoncement. Certes, dans le sacrifice, on donne et en même temps on reçoit, remarque G. Van der Leeuw, mais la formule do ut des ne fournit de cet échange de prestations qu’une caricature rationaliste. De plus, le sacrifice est toujours plus qu’un échange, car l’objet offert est détruit; et c’est cette destruction, ou immolation, qui apparaît essentielle."
" Avec W. R. Smith, on passe de l’antériorité du sacrifice-don à celle du sacrifice-communion. Le sacrifice primitif ne peut pas être un don, parce que le don suppose le sentiment de propriété et celui d’obligation envers les dieux, deux sentiments qui ne pouvaient exister, selon Smith, chez nos ancêtres nomades, car ils supposent la fixation au sol et l’avènement d’un sentiment religieux débarrassé de toute magie.
D’un autre côté, pour que le sacrifice pût devenir un don, il fallait que l’objet sacrifié n’eût pas un caractère religieux, que la victime animale fût seulement un animal, ce qui suppose une époque où les idées de tabou et de sacré avaient déjà perdu leur force.
Le sacrifice n’est donc pas une offrande pieuse. C’est un repas. Les dieux hébraïques comme les dieux d’Homère se repaissent de la fumée des viandes; les divinités souterraines boivent les libations qui s’enfoncent sous le sol. Mais, à côté de ces sacrifices où tout semble dévoré par les dieux, il y en a d’autres où ceux-ci ne mangent qu’une partie de la victime, le reste étant dévoré par les hommes. Ainsi se fondait la communion entre la divinité et les fidèles. "
" Certes, l’homme mange souvent une partie du sacrifice; cependant, remarque Oldenberg, il ne le fait pas nécessairement pour communier avec le dieu, mais parce que, le sacré étant passé dans la victime immolée, le sacrifiant s’incorpore un peu de la vertu mystique qui est en elle. Le sacrifice expiatoire peut difficilement s’expliquer à partir de la communion alimentaire: si l’on a fait passer les maux et les péchés de la communauté sur un animal avant de le tuer, comment le mangerait-on? Il communiquerait aux fidèles son impureté.
Plus récemment, Lévi-Strauss a montré que le sacrifice ne peut en aucune façon se comprendre à partir du totémisme, car le totémisme établit une liaison entre une espèce animale et un clan, alors que dans le sacrifice on peut substituer une chose à une autre, par exemple un fruit à un animal; le totémisme est fondé sur la discontinuité entre le sacré et le profane par l’intermédiaire de la victime, «le but du sacrifice étant précisément d’instaurer un rapport, qui n’est pas de ressemblance (comme dans le totémisme), mais de contiguïté». "
" Pour J. Frazer, les dieux primitifs étaient mortels comme les hommes; les Grecs montraient les tombeaux de Zeus et de Dionysos. Or le cours de la nature est suspendu à l’existence de ces hommes-dieux; leur décrépitude est le signe de la mort pour la végétation et pour les bêtes. Comme la vieillesse est inévitable, il n’y a qu’un moyen pour détourner le péril: le déicide, et le transfert des forces divines dans un corps plus jeune.
Les Mexicains choisissaient un de leurs captifs, l’adoraient comme un dieu pendant six mois, puis le tuaient, l’écorchaient, revêtaient de sa peau un nouveau captif, lequel représentait dès lors le nouveau dieu. En même temps, le dieu sacrifié emportait avec lui les maladies, les péchés, jouant le rôle de bouc émissaire.
Les cultes d’Attis, d’Osiris, de Déméter, avec leurs mythes de mort et de résurrection, prouvent l’antiquité de ce type de sacrifice dans le bassin européen lui-même. "
Deux formes de sacrifices sanglants le "sacrifice don" et le "sacrifice communion" attestés par l'archéologie.
Patrice, avant je pensais comme Thierry ; un sacrifice généreux et de partagé de type potlach pour les dieux lumineux et "roublard" pour les dieux "d'en bas".
Mais ton post est troublant. Ce sens est tout à fait possible en effet. Tout se joue sur l'attitude des gaulois avec leurs anciens et il y a plusieurs signes dans la mythologie (IR) qui vont dans le sens du respect...