Vie I de saint Eleuthère, trad. Jacques Melchionne et Martine Coquet.
Alors Pagana, fille du tribun Scandiniensis, apprenant que le bienheureux Eleuthère avait été élevé à un si grand honneur, le jugeant fier et désintéressé à l'égard des richesses, s'approcha de lui à l'improviste et le trouva en train de prier. Or, par l'Esprit saint de Dieu, soudain, il la sentit tourmentée par le démon. Mais elle, s'avançant, lui arracha son manteau, lui avoua son amour (et) le supplia de lui accorder sa pitié. A ces mots, le bienheureux Eleuthère, consterné, dit: "Tu sais que Satan a tenté le Seigneur Christ. Mais lui qui ne pouvait se laisser tenter, répondit: Arrière Satan: tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. A l'exemple donc d'un si grand miracle, je t'enjoins au nom de la sainte et indivisible Trinité, de t'éloigner dee moi et de ne plus avoir cette audace". A ces mots il se débarrasse du manteau et, son discours presque achevé, confus, il se tut. Mais elle, s'étant couverte du manteau, comme entrée en extase, rendit l'âme. L'homme de Dieu lui pardonnant, se fit donner un âne de prêt et s'éloigna de là d'environ deux lieues. La fille du tribun, morte, fut enterrée dans le Champ de Mars, comme on l'appelle, selon la coutume des Païens.