re-Salut,
Autre livre, autre méthode, autre région d'étude.
Le nouveau livre de Stephan Fichtl, toujours chez Errance, entend tirer parti des leçons issues du colloque de Martigues que j'ai signalé il y a quelques jours.
L'auteur tente donc un essai de synthèse sur les peuples gaulois et leur organisation, du IIIe au Ier siècle avant J.C.
Le paradoxe de cet ouvrage est que finalement il fait assez peu appel à l'archéologie et préfère notre sport national: le décorticage de César... Ce que Fichtl avait très bien fait au sujet des Belges.
Mais voilà , ici, il s'appuie essentiellement sur les cités qu'il connaît le mieux, les Belges et quelques autres peuples de l'Est de la Gaule, pour quasiment ignorer le reste: quelques lignes sur les Armoricains, rien sur les peuples aquitains, rien sur ceux de la Narbonnaise d'avant la conquête romaine, rien sur les Alpes. Il faut dire que s'il avait touché à l'ensemble de ces domaines, c'est plus des 180 pages proposées ici qu'il aurait fallu!
Alors donc pour tenter de saisir l'organisation interne et surtout les interréactions entre elles des cités, Stephan Fichtl utlise une des méthodes employées lors du colloque, celle des polygones de Thiessen: prenez deux villes, tracez un trait qui les relie, prenez le milieu de ce trait et faites-y passer une perpendiculaire et vous obtiendrez-là la limite théorique des zones d'influence de ces deux villes. "Théorique" et c'est là que le bas blesse. Car d'emblée, Fichtl montrre bien que la méthode est imparfaite. D'abord du fait que le fond de carte est mal attesté (problème que j'ai souligné dans mon compte rendu sur le colloque), ensuite parce que cette méthode ne tient aucun compte des éléments naturels: rivières, montagnes, forêts, etc.
L'auteur en est bien conscient, donc. Ce qui ne l'empêche pas de nous en reservir à toutes les pages! Pire, de laisser voir que ça ne marche pas... Des chapitres entiers écrits pour rien.
On relèvera aussi quelques énormités: page 141, sur la carte de la coalition armoricaine citée dans le texte de César au livre VII, 75, les Baiocasses apparaissent. Qu'on me dise donc quand les Baiocasses sont cités par César.
En conclusion, Stephan Fichtl a essayé d'étendre son domaine d'étude (ce qui est bien pour un chercheur) mais il ne maîtrise pas encore sa matière cache cela sous de veines tentatives de modélisation.
A+
Patrice