Il est difficile de présenter en quelques pages les rapports entre le christianisme et la pensée mythique. Ces rapports posent plusieurs problèmes distincts. Il y a, avant tout, l'équivoque liée à l'usage du terme "mythe". Les premiers théologiens chrétiens prenaient ce vocable dans le sens qui s'était imposé depuis plusieurs siècles dans le monde gréco-romain, celui de "fable, fiction, mensonge". En conséquence, ils refusaient de voir dans la personne de Jésus un personnage "mythique" et dans le drame christologique un "mythe". Dès le II° siècle, la théologie chrétienne fut amenée à défendre l'historicité de Jésus à la fois contre les docétistes et les gnostiques, et contre les philosophes païens.
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Que des "éléments mythologiques" abondent dans les Evangiles, c'est l'évidence. En outre, des symboles, des Figures et des rituels d'origine juive ou méditerranéenne ont été de bonne heure assimilés par le christianisme.
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Le christianisme, tel qu'il a été compris et vécu dans les presque deux millénaires de son histoire, ne peut pas être totalement désolidarisé de la pensée mythique.
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Origène était trop convaincu de la valeur spirituelle des histoires conservées par les Evangiles pour admettre qu'on puisse les comprendre d'une manière grossièrement littérale, comme els simples croyants et les hérétiques – et c'est pourquoi il prônait l'exégèse allégorique.
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Origène reconnaît donc que les Evangiles présentent des épisodes qui ne sont pas historiquement "authentiques", tout en étant "vrais" sur le plan spirituel.
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Origène, s'il ne doute pas de l'historicité de la vie, de la passion et de la résurrection de Jésus-Christ, s'intéresse davantage au sens spirituel, non historique, du texte évangélique. Le vrai sens se trouve "au-delà de l'histoire". L'exégèse doit être capable de se "délivrer des matériaux historiques", car ces derniers ne sont qu'un "tremplin". Trop insister sur l'historicité de Jésus, négliger le sens profond de sa vie et de son message, c'est mutiler le christianisme.