Adcanaunos a écrit:J'en profite pour répondre à une question posée par l'un d'entre vous à propos du pied grec, qui a semé un doute dans mon esprit.
Désolé
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Le contraire m'aurais semblé plus logique
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@+Pierre
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Sanctuaire de CorentModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
Désolé ![]() Le contraire m'aurais semblé plus logique ![]() @+Pierre Pierre Crombet
Fourberie en tout genre ... stock illimité ![]() (outrecuidance sur commande uniquement) Membre du Front de Libération des Dolmens et Menhirs....
Bonjour Adcanaunos
![]() J'ai relu les autres rapports de fouille mais je n'ai pas compris l'usage des deux enclos latéraux Nord et Sud dans l'enceinte. Simples enclos ou stuctures en élévation (tu notes temple ? sur l'un). Les artefacts trouvés ont-ils permis de connaître leur utilisation ? De plus, (je ne suis pas très calé sur les temps laténiens) "l'épopée" du roi Luern se relie de quelle façon historiquement à l'empire Arverne ? Au III° siècle c'est déjà un peu la pagaïlle je crois... ![]() Pour l'analogie avec le pied grec, c'est pas impossible que des mercenaires aient ramené un architecte dans leurs bagages. ![]() Pour le différentiel avec les sanctuaires du Sud il faut signaler que les Phocéens n'étaient pas des grecs "centraux" et que leurs normes étaient peut-être différentes, ils ont migré très tôt aussi en "Grande Grèce" sous la poussée des Perses. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Bonjour,
Si je ne suis pas toujours très clair quant à la restitution des bâtiments, c'est qu'il n'en subsiste (comme souvent) que les tranchées de fondation. Leur faible profondeur et l'exiguité du plan plaident, a priori, pour une construction peu massive. D'un autre côté, un imposant calage de blocs de basalte et les nombreux clous et agrafes en fer retrouvés à l'emplacement des parois indiquent qu'il s'agissait de structures menuisées, relativement complexes. D'où la restitution sous forme de bâtiments couverts, plutôt qu'enclos ouverts... Quant à leur utilisation, les seules données disponibles concernent le bâtiment septentrional ("enclos A"), le second étant presque entièrement arasé par les labours. Outre une grande fosse de type "autel creux", son plan incluait un gros bloc de basalte interprété comme pierre d'autel, autour de laquelle ont été retrouvés de nombreux rejets de boucherie (crânes de moutons, pieds de boeufs...), ainsi qu'une coupe réaménagée en récipient libatoire (fond percé) et de nombreuses monnaies. On peut en déduire qu'il était utilisé (entre autres) pour les sacrifices animaux et les libations. Quant à l'épopée du "roi" Luern, c'est une toute autre histoire. La description de Posidonios nous dépeint, en fait, un aristocrate arverne en pleine campagne électorale, parcourant la plaine sur son char, jetant à la volée pièces d'or et d'argent et organisant de grands festins destinés à rallier le plus grand nombre d'électeurs possibles. "Demagôgos", tel est le terme précis utilisé par l'auteur. Il renvoie à une époque, le milieu du 2e s. avant J.-C., où "l'Empire arverne" a (presque) vécu, où la royauté de droit divin n'existe plus : même les plus hauts membres de l'aristocratie locale se doivent de mouiller leur chemise et mettre la main au porte-monnaie. Cette évolution politique et historique n'est pas propre à l'Auvergne : cinquante ans plus tard, César s'en fait l'écho pour d'autres peuples. Le propre fils de Luern, Bituit, portera le coup de grâce à l'Empire quelques décennies plus tard : allié aux Allobroges défaits à la confluence du Rhône et de l'Isère, il met un terme à l'Indépendance politique des Arvernes en 121 av. J.-C.... J'espère avoir répondu à toutes tes interrogations. Dans le cas contraire, n'hésite pas à les reformuler. ![]() A+ Matthieu
Hi, hi !
![]() Quand on pense au nombre de présidents que la région Centre à donné à la France républicaine, l'on voit qu'ils étaient à bonne école... ![]() Je te remercie de ton attention ![]() Dommage pour la seconde structure ca celà semble être une particularité de Corent par rapport aux autres sanctuaires que cette dualité en triangulation. Mais tu signales, têtes de moutons et pieds de boeufs, animaux plus âgés ? Comme il y a par ailleurs nombre d'agneaux "de lait" sacrifiés pour ces somptueuses agapes, n'est-il pas possible que l'autre "enceinte" leur ait été dédié car ce sacrifice étant alors d'essence féminine et "beltanien" ? Le sang et le lait, des forces vives de la mythologie celtique, souvent opposées. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
L'étude archéozoologique des ossements recueillis dans les deux enclos ne permet pas d'opérer une différence, sinon en termes de sélection des os : le fossé lié au bâtiment méridional ("enclos B") recelait surtout des mandibules de moutons (jeunes, adultes ou plus âgés, mâles et femelles), plus de 150 au total !
Comme je l'ai déjà écrit, ces "trophées" étaient attachés par deux ou par trois et accrochés à la paroi des bâtiments à la manière de guirlandes. Ce genre de décorations orne, aujourd'hui encore, certains temples Akha de Thaïlande ou du Burkina-Fasso, pour valoriser et comptabiliser le nombre d'animaux abattus dans l'enclos... A +
ou des outils utilisant le système de mesure grec ... ?
Je crois qu'on a évoqué à propos de Corent, de somptueux banquets (par le vin et les victuailles consommés) qu'on a rapproché de la magnificence de Luern vantée par ailleurs.
Est il possible aujourd'hui de faire la part des choses entre les viandes qui furent consommées dans ce cadre et de purs sacrifices ou bien tous ces actes (banquets et sacrifices) semblent ils indissolublement liés ? A Fesques, il semble que la part belle ait été reservée à la consommation humaine. Il est vrai que là , si on suit l'interprétation de Brunaux, il s'agit plutôt d'un lieu "politique et judiciaire" plus qu'un sanctuaire à proprement parler.
Salut Adcanaunos,
Maintenant que j'y pense, Tony King a beaucoup travaillé sur les ossements animaux dans les sanctuaires britto-romains. Si tu ne le connais pas déjà , je peux te donner son adresse e-mail. Peut-être y aura-t-il des choses à voir par comparaison. A+ Patrice
Miam![]() Bonjour, De retour de WE (ensoleillé) chez les Mandubiens, je n'ai découvert vos messages que ce matin. Entre sacrifice non suivi de consommation et repas collectif de type banquet, l'étude archéozoologique des centaines de milliers d'ossements recueillis dans l'enceinte du sanctuaire permet de trancher sans équivoque : la plupart (plus de 95 %) comportent des traces de consommation, révélées par de fines incisions liées à la découpe bouchère et/ou à la décarnation. La distinction se fait plutôt entre parties effectivement consommées (gigots, épaules, côtes, s'agissant de moutons) et "déchets" de boucherie pieds, crânes, mandibules) pratiquement exempts de viande. Seuls ces derniers sont l'objet d'une "consécration", exposés sur les parois des bâtiments ou amassés dans les fossés. Quelques rares ossements, enfin (membre antérieur de cheval, crânes de carnivores), ne présentent aucune trace de consommation : il s'agit d'offrandes, déposées ou exposées contre la palissade qui délimite le téménos, au même titre que les crânes humains. Les deux types de dépôt figurent sur tous les sanctuaires contemporains, mais en proportions variables selon les époques et les contextes : à Gournay, à Ribemont, à Fesques, l'offrande prédomine sur la consommation, ce qui n'est pas le cas à Acy-Romance ou à Corent... Sur le fond : la distinction sacrifice versus banquet me semble peu pertinente, sur un sanctuaire où tout acte de mise à mort, de découpe ou de consommation est obligatoirement placé sous le contrôle et l'autorité des divinités honorées dans son enceinte. Comme tous leurs confrères, les Dieux gaulois sont jaloux de leurs prérogatives et réclament leur part, fût-elle congrue et limitée aux bas-morceaux ! Patrice : merci de me transmettre l'e-mail de Tony King, à qui j'aurai effectivement pas mal de questions à poser... A +
pierre gravéeBonjour,
Je reviens sur les diagonales de la pierre gravée: je ne peux m'empêcher de les rapprocher des diagonales de la face sommitale de la stèle de Kermaria trouvée en Pont-L'Abbé et qui daterait de - 350 environ. Et des histoires d'omphalos. (cf le Kruta "Les Celtes" collection Bouquins) Cordialement Gérard
Pour ceux qui ne connaitraient pas encore "l'omphalos" de Kermaria :
![]() Le parallèle est digne d'intérêt, mais difficile à suivre compte tenu de la différence chronologique (trois siècles), culturelle et fonctionnelle qui séparent les deux représentations (la gravure de Corent, qui illustre les états romains du sanctuaire, revêt une utilité pratique plus ponctuelle, comme schéma directeur ou esquisse de chantier). Le motif en croix peut, dans les deux cas, renvoyer à un schéma cardinal ("ordre du monde") ou tectiforme ("toit du monde"). Difficile d'en tirer une interprétation univoque : ces deux lignes croisées ont donné lieu, dans l'Histoire, à autant de lectures et d'interprétations qu'il existe de cultures et de religions...
Salut,
Je viens de lire le très important article sur le sanctuaire d'Allonnes, près du Mans, qui vient de paraître dans Gallia (2004). C'est quelque chose d'important, car même si les niveaux protohistoriques ont été presque totalement arrasés par les constructions ultérieures, il y a des choses à tirer de la période gallo. Ainsi, dans son premier état, le sanctuaire se résume à un bête petit fanum carré, et c'est au IIe siècle qu'il est complétement réaménagé: on le dote d'une cella ronde, d'une galerie, d'un pronaos, et surtout d'un petit bassin situé devant le pronaos. Or, ce qui est très surprenant pour des gens qui savaient construire, c'est que le bassin a une orientation décalée par rapport au sanctuaire lui-même. Il y a sans doute une raison à ça. Il faudrait peut-être voir à prendre la mesure de ces orientations et voir ce que cela implique au niveau du calendrier. Malheureusement, je ne suis pas équipé pour faire ça... A+ Patrice
Bonjour
![]() Je reviens à Corent pour une question très pragmatique. Il est probable que les fêtes somptuaires du roi Luern étaient annuelles et qu'elles devaient coûter de véritables fortunes aux organisateurs, probablement des familles aristocratiques. L'Auvergne n'étant pas précisément favorisée sur le plan agricole, de quoi les "élus locaux" tiraient-ils les subsides nécessaires. Le vin devait être coûteux à l'époque et goûteux aussi vu l'attrait. ![]() Les mauvaises langues disent que le traffic d'esclaves était juteux à l'époque et aussi un bon moyen pour règler la surpopulation. Personne n'a étudié les raisons de l'effondrement de l'empire Arverne dans la chute de confiance des "clients" qui devaient payer le prix fort dans ce genre de commerce ? Les "potlachs" du "bon roi" n'y faisant rien vu qu'ils étaient payés par les "fleurs" des populations. ![]() Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Erreur : la Limagne d'Auvergne et ses "terres noires" compte parmi les plus fertiles de Gaule, exploitée par de grandes unités agricioles dont l'archéologie offre quelques exemples (fermes d'Aulnat La Grande Borne ou du Pâtural).
La prospérité de Luern constitue évidemment un préalable, souligné chez Poseidonios par les monnaies d'or et d'argent qu'il jetait à la volée du haut de son char. Les quelque 800 monnaies celtiques recueillies dans l'enceinte du sanctuaire de Corent illustrent bien cette réalité. Chez les Arvernes comme ailleurs, le "pouvoir" et la "richesse" se mesurent d'abord en termes d'emprise foncière, de têtes de bétail... Le trafic d'esclaves, de prisonniers ou de clientèle existait certainement, mais ne constitue pas non plus une spécificité locale. J'en profite pour vous signaler la naissance d'un nouveau site entièrement consacré aux Arvernes, géré par l'Association pour la Recherche Archéologique en Auvergne (ARAFA) : http://www.arvernie.org Avec des infos sur Corent, Gergovie, Gondole et une page sur les établissements ruraux.
Chic, de quoi réveiller Thierry ! ![]() Adcanaunos, mon erreur était instructive, j'avais oublié la fertilité des sols volcaniques. ![]() Mais aussi je crois qu'à cette époque les monnaies étaient encore plus objets de prestige que monnaies d'échange ? Dans mon "étude" sur les Vénètes j'ai lu qu'ils avaient (je ne sais pas si ce sont les premiers) dévalué ce symbole de puissance en monnaie sonnante et trébuchante dans les échanges commerciaux en y mêlant du cuivre, etc... Je note aussi que personne n'est insensible à une vision un peu romantique des celtes et banalise l'échange pinard / esclaves qui est pourtant certain et plus lucratif que le blé et la viande salée ou autre produits de longue conservation. ![]() Muskull / Thomas Colin
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