Bonjour,
Veuillez pardonner à un nouvel inscrit sur ce forum de donner un point de vue sur cette séquence mythique.
Je n'ai plus en tête, ou à disposition, les textes ou documents bretons qui font allusion à l'engloutissement de cette ville, ou représentation. Il semble néanmoins me souvenir qu'il s'agit d'une lutte entre le diable et un saint breton (Gwenolé ?), dans laquelle intervient la fille du roi qui se charge de récupérer la clef des écluses portée par son père autour du cou. S'étant laissée séduire, elle remet au diable la fameuse clef et permet l'inondation de la cité. Cette fille de roi peut toutefois s'enfuir, en croupe sur le cheval du saint, mais celui-ci comprenant l'origine de la catastrophe, la rejette dans les flots montants.
Ce schème m'a souvent fait penser à l'épisode de Tarpeia, aux origines de Rome. Je laisse ici la parole à G. Dumézil, La Religion Romaine Archaïque, édit. de 1987, p. 84 sqq:"Raconté de diverses manières, parfois (ce sont les plus belles; Properce...) avec la passion amoureuse pour ressort, il paraît transmis par Tite-Live sous sa forme la plus pure (I, II, 5-9). Titus Tatius, le chef des riches Sabins, par l'attrait de l'or, des bracelets et des bijoux qui brillent aux bras de ses hommes, séduit la fille du Romain chargé de garder la position essentielle du Capitole. Traîtreusement introduits dans ce point dominant, les Sabins paraissent devoir être les vainqueurs (note de G. Dumézil: sur Tarpeia, voir mon essai à la fin du recueil qui porte ce nom (1947) et ma note, Revue des Etudes Latines, 38, 1960, pp. 98-99. Le thème est certainement emprunté à la Grèce: A.H. Krappe, Rheinisches Museum für Philologie, 78, 1929, pp. 249-267)".
Pour les personnes qui ne connaissent pas cet épisode, la jeune Tarpeia avait exigé en paiement de son service ce que les hommes de Titus Tatius portaient aux bras; c'est-à-dire leurs bracelets et bijoux. Malheureusement, ils portaient surtout leur bouclier, et l'écrasèrent sous ce poids.
La suite de l'étude de G. Dumézil est très instructive sur les rapports de Romulus (représentant de la première fonction) avec Titus Tatius (représentant de la troisième fonction) ainsi qu'avec la correspondance relevée dans les textes scandinaves (lutte des Ases et des Vanes, et rôle de Gullveig: "Ivresse (ou Puissance) de l'or".
Ne sachant quel type de réponse va suivre, je me contente de donner une piste réellement comparatiste. Il me semble un peu illusoire de rechercher une preuve matérielle d'une quelconque submersion. Les Romains ont fait de leurs mythes une histoire, les Celtes ont fait de leur histoire des mythes.
Au revoir