
Petit résumé :
Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, 2003, p. 312 :
" Uenet-, 'apparentés, amicaux, marchands'.
Le nom de Vénètes est celui d'une tribu gauloise de la côte atlantique qui a donné celui de la ville de Vannes (Guened) : Ueneti, Uenetes ; ethnonyme attesté ailleurs en zone celtique: le lac de Constance était le Venetus Lacus et il y avait en GB une tribu de Venedoti (Venedotia > Gwynedd au Pays de Galles).../...
On retrouve cette appellation de Uenetes (forme athématique) ou Uenetoi, -os (forme thématique) un peu partout en zone (indo-)européenne : il y avait, selon Homère, des EVETOl en Paphlagonie au bord de la mer Noire, éleveurs de chevaux, dont la ville, à l'embouchure de l'Halys s'appelait Evetn, "Venise" pontique; selon Hérodote, d'autres EVETOl vivaient dans les Balkans, en zone illyrienne (1.196.) ; on connaît les Vénètes de l'Adriatique, peuple italique qui a donné le nom de Venise (Hdt. 5.92) ; Ptolémée désignait la Baltique comme le Oùeveôzxoç xohpos 'le Golfe Vénétique' et selon Pline et Jordanès existaient sur les bords de la Baltique des Venedi / Venethi, probablement ancêtres des Baltes ou des Slaves, d'où le nom de Wendes donné par les Germains aux Slaves et de Veniit par les Finnois pour désigner les Russes; le nom hittite d'une source TULWa-na-at-ti-ja-ta pourrait représenter le même mot.
Cette récurrence est tellement frappante qu'on a proposé ce nom de uenetes, comme désignation primitive des Indo-Européens d'Europe, en concurrence avec *aryos, désignation générale (d'existence douteuse cependant) ..../... (c'est moi qui souligne)
Il (ce nom) concerne des peuples situés dans des zones de commerce et d'échanges, établis aux bords de mers ou de lacs. Il s'agit donc d'un appellatif productif pour désigner les voisins amicaux ("apparentés") avec lesquels on commerce (les Vénètes italiques ont toujours été les alliés fidèles de Rome) ; le mot a peut-être à terme signifié 'les marchands' et l'on observe que deux capitales des Vénètes de l'Adriatique, Tergeste et Opitergium (Trieste et Oderzo) sont étymologiquement des 'marchés' (racine terg- / torg-)."
La mutation de "uenet-" en Guened et Gwynedd est curieuse mais Ronan peut sans doute l'expliquer.
Le passage que j'ai mis en gras est intéressant à plus d'un titre, notament celui de la diffusion culturelle par les réseaux marchands.