Les Celtes et le bocage

[Lorindil d'Yvresse]

Bonjour !

Ayant travaillé dernièrement sur les bocages et l'environnement, continuant ce travail pour des données personnelles, j'ai appris que les talus auraient été érigés en premier par les Celtes; à des buts défensifs.

J'ai quelques doûtes quant à cette information, d'autant plus que mes seuls éléments de comparaison en matière de vieux bocages sont les éléments de D. Soltner dans son livre L'Arbre et la Haie, aux éditions Sciences et Techniques Agricoles; où il fait surtout référence aux vieux bocages africains.

Y aurait-il quelqu'un à même de m'éclairer, et au passage discuter de l'histoire de nos bocages ?

Kenavo !

Lor.

[Luernos]

le Bocage... ça c'est pour nous
rendez vous sur le forum d'aremorica pour en parler:
http://www.gaulois.org/forum-aremorica2 ... hp?t=11904

[Pierre]

Yann, c'est du racolage



Pour info le mot "talus" est d'origine gauloise.

de "talu-" (front, surface).

Le talus étant ce qui fait front.



@+Pierre

[Luernos]

Yann, c'est du racolage

Gniak Gnark...

[Pierre]

Mouais,


Et tu veux savoir ce que dit Buchsenschutz sur ton bocage au temps des Gaulois. (voir: guerrier Osisme ).


@+Pierre

[Pierre]

Trève de plaisanterie, enfin presque

Pour talus voir:

X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, 2003, p. 288.
J.L. Lacroix, les noms d'origine gauloise, Errance, 2003, p 67-69.

Pour les talus en général:

F. Malrain, V. Matterne, P.Meniel, Les paysans gaulois, Errance, 2002.
O. Buchsenschutz, Les Celtes de l'Age du fer dans la moitié nord de la France , La maison des roches, 2004.


@+Pierre

[Orgenomeskos]

Et tu veux savoir ce que dit Buchsenschutz sur ton bocage au temps des Gaulois. (voir: guerrier Osisme ).

Moi oui ! je crois me souvenir que tu devais m'en faire un topo à la suite de cette conversation! http://www.kerven.org/kerven/viewtopic.php?t=32&start=0&postdays=0&postorder=asc&highlight=

[Marc'heg an Avel]

Un cas curieux est le fait qu'en langue bretonne, le talus se nomme : kleuz (prononciation trégorroise : kleun) et qui signifie : fossé.

pluriel : Cleuzioù, Kleu-ioù.

En fait, l'explication a été donnée en ce sens que pour faire un talus, on fait un fossé dont on met la terre ... en tas à côté, sur son propre terrain.

Ceci est resté en droit français ancien, et même en droit breton, puisqu'il est dit que la limite d'un terrain ne s'arrête pas au pied externe du talus, mais contient aussi le fossé, au delà du talus, dont on a extrait la terre pour faire le talus.

Mais le mot Cleuzioù, au pluriel, peut correspondre au français claies, dans le sens : haies de protection, et au breton kloued, trég. Kleud : barrière.

Bref, un sujet de délectation pour Ronan.

http://marikavel.org/bretagne/louargat/louargat-cleuziou.htm

D'une façon plus générale, pour les talus, voir les conceptions des "forteresses" celtiques de l'âge de fer, caractérisées par un ou plusieurs talus d'enceinte.

Etymologiquement, si le breton tal désigne le front de la personne, on pourrait dire que le *tal-us gaulois désigne ce qu'on appelle aujourd'hui la façade (d'une maison).

JCE

[Pierre]

Voui,


Dès que je récupère le bouquin


A moins que Guillaume, s'y attèle




@+Pierre

[Pierre]

Un cas curieux est le fait qu'en langue bretonne, le talus se nomme : kleuz (prononciation trégorroise : kleun) et qui signifie : fossé.

Pas tant que ça, Jean-Claude, après tout l'un n'allait pas sans l'autre. En creusant le fossé, tu fais un talus à coté .


@+Pierre

[Orgenomeskos]

Le bocage c'est joli, mais c'est aussi bien d'autres choses...

Les haies et talus constituent un maillage dont l’intérêt est multiple. On sait par exemple que les haies installées sur des terroirs en pente limitent l'érosion des sols mais également participent à la régularisation des débits des eaux de ruissellement tout en limitant la diffusion des éléments nutritifs nécessaires aux cultures (tout comme les terrasses dans les régions méditerranéennes). Les haies font également office de brise-vent, elles réfléchissent les rayonnements du soleil et du sol, atténuant ainsi les phénomènes climatiques extrêmes. De la constitution du bocage sont nées des fonctions secondaires comme la production de bois d'œuvre ou de chauffage ainsi que de fourrage. Le chêne, le châtaignier, le hêtre, le noisetier, le prunellier et l’aubépine sont les arbres les plus communément rencontrés dans les haies des secteurs bien drainés, tandis que dans les terroirs humides ont été favorisées des arbres résistant à des conditions hygrophiles, aulnes et saule en particulier.

L’exemple du finage traditionnel du Morvan

Le finage était constitué d’un ensemble de terroirs organisés en auréoles plus ou moins concentriques autour du hameau. Passé les jardins ceinturant le hameau où se faisaient les cultures les plus exigeantes, le premier terroir rencontré est l’ouche, c'est-à-dire l’espace recevant le plus de fumure possible, puis viennent les méloises (les meilleurs terrains) au-delà desquelles on trouve les champs cultivés en permanence. L’élevage se faisait dans les chaintres, tout comme les cultures temporaires, mais également dans les zones boisées où les paysans disposaient de droits d’usage et de pacage. Les haies limitent de ce fait les parcelles connaissant une prédominance du métayage, par opposition aux zones périphériques, destinées à l’élevage où dominaient les pratiques collectives (qui pourrait se rapprocher de l'opposition agger / saltus que l'on retrouve dans les pratiques agricoles méditerranéènnes). Contrairement à ce que nous pouvons voir actuellement, seuls les terroirs cultivés étaient ceinturés de haies, ça n’est qu’au cours du XIXe siècle, quand l'utilisation collective du sol a cessé, que les haies servirent à clôturer les propriétés.

Un certain C.-J. César (B.-G. 6, 13) a écrit:

Dans toute la Gaule, il n'y a que deux classes d'hommes qui soient comptées pour quelque chose et qui soient honorées ; car la multitude n'a guère que le rang des esclaves, n'osant rien par elle-même, et n'étant admise à aucun conseil. La plupart, accablés de dettes, d'impôts énormes, et de vexations de la part des grands, se livrent eux-mêmes en servitude à des nobles qui exercent sur eux tous les droits des maîtres sur les esclaves.

Le réseau de haies de l'époque gauloises servait-il à délimiter les terres cultivables apparties à chaque paysans dans un système mellant métayage et pratiques collectives au service d'un noble?

[Lorindil d'Yvresse]

Hello

Wow ! Merci pour ces réponses (marrant le chambrage en début de fil, ça montre que ce forum est bien actif, cool !) !


Merci Marc'heg an Avel pour tes explications; celà me donne quelques éléments de compréhension supplémentaires !

Pour continuer sur le post d'Orgenomeskos, sympa aussi, je citerai 5 rôles du bocage:

- Ecologique, il offre gîte et couvert pour la faune, assure une richesse floristique et la connectivité dans le paysage (très important pour les micromammifères ou les Chauves-Souris par exemple). Dans le cas d'une ripisylve (haie bordant un cours d'eau) l'intérêt augmente bien entendu !

- Hydrologique; permet de retenir les effluents, d'éviter l'érosion des sols...

- Brise-vent: une bonne haie "brise-vent", en stoppant le vent, améliore la production végétale. Dans le cas d'une prairie temporaire, celà peut créer aussi une ombre appréciable pour les bestiaux en été. Exemple de haie à rôle brise-vent: une haie multistrate avec grands arbres, buissons, strate herbacée créant un écran semi-perméable au vent.

- Patrimonial: l'utilisation d'essences d'arbres et de buissons permet d'obtenir des fruits, bois de chauffage, bois pour l'artisanat... Et permet de mettre en valeur la haie !

- Esthétique: la haie permet aussi de délimiter de manière esthétique et naturelle les parcelles; et de jouir de ses avantages pour son jardin par exemple !

Voilà, j'espère vous avoir rendu la pareille concernant vos infos !

Lor.

[Pierre]

Merci Lorindil,

Toutefois tu oublies aussi un rôle protecteur.

Au temps des Gaulois, les prédateurs ne manquaient pas, une haie bien drue empêchaient les visites inopportunes.

D'ailleurs les Nerviens s'en serviront pour tenter de retenir le pire d'entre-eux, le Caius Iulius Caesar (sorte de bipède importé du Latium).


@+Pierre

[Lorindil d'Yvresse]

Voui, je parlais plsu en terme d'environnement lol !

Le rôle protecteur est plus facile à voir dans le bocage africain, il existait encore il y a quelques temps.

Merci pour l'anecdote, je suis hélas mauvais en histoire; qui étaient les Nerviens (de quel partie de la Gaule ?) ?

Lor.

[Orgenomeskos]

Les Nerviens sont un peuple de Belgique, dont le territoire, très vaste s'étendait sur le nord de la Belgique actuelle, entre Escaut et Sambre. Ils avaient pour voisins les Ménapiens, les Éburons, les Rèmes, les Bellovaques, les Viromanduens et les Atrébates.

Ils sont connus pour quelques rencontres assez peu pacifiques avec les romains...

En 57 av. J.-C., lors de la coalition de l’Aisne contre Rome, ils formèrent un contingent de 50000 soldats. Lorsque César décrit la bataille qui l'a opposé cette année aux Nerviens, il dit d'eux qu'ils sont "les plus farouches des Belges ". Ils participèrent également à la coalition de la Sambre, sous la direction de Boduognatos, puis en 54 av. J.-C. à la coalition d’Ambiorix, à celle des Trévires en 53 av. J.-C., et fournirent 5000 Hommes aux armées de secours en 52 av. J.-C pour tenter de déserrer l'écrou romain autour d'Alésia .

Les Nerviens dominaient de nombreuses peuplades de "Germains Cisrhénans" dont les Ceutrones, les Grudii, les Levaci, les Pleumoxii, et les Geidumni...

cf. César (B.-G. II, 4, 15-17, 19, 23, 28, 29, 32 ; V, 24, 38, 39, 41, 42, 45, 46, 48, 56, 58 ; VI, 2, 3, 29 ; VII, 75) et Strabon (G. IV, 3, 4)