Arthur de Bretagne

[Viduernos]

Le fait qu'Alix soit mariée à Pierre de Dreux place le comté de Dreux sous tutelle bretonne (le droit celtique n'obeissant pas à la loi salique), ma ville porte encore le souvenir de cette alliance, un bon nombre d'emigrants bretons on laissés des descendants en ces lieux et une ville des alentours porte leur nom, Brezolles.
Bien qu'aulerque Cenomans par ma mere et Carnute par mon pere, j'aurais était ravi de servir un duc breton du nom d'Arthur, comme disait Boromir à Aragorn: "Je t'aurais suivi partout, mon ami, mon frere, mon roi".
Mélancolie, quand tu nous tiens.

[Taliesin]

Demat d'an holl !

Il y a eu des Bretons en Normandie bien avant Pierre de Dreux, et les noms de villes ou de villages dont l'étymologie se rapporte aux Bretons sont bien plus anciens que le 13ème siècle.
L'alliance entre Alix et Pierre Mauclerc a surtout eu pour effet de placer le duché de Bretagne dans l'orbite du royaume capétien, au détriment des Plantagenêts. Mais Pierre Mauclerc essayera de gagner un maximum d'autonomie par rapport au roi de France. Pas par sentiment national breton (faut pas rêver), mais tout simplement parce que c'est un prince féodal.

Quant à la loi salique, c'est une grosse supercherie juridique. Cette fameuse loi était totalement inconnue et donc inappliquée à l'époque de Pierre Mauclerc et Philippe Auguste. On s'en est servi la première fois pour la succession de Louis X le Hutin en 1316, dont le fils posthume Jean 1er ne vécut que 5 jours, et qui ne laissait qu'une fille Jeanne la Bâtarde. Depuis l'avènement des Capétiens, c'était la première fois qu'il n'y avait pas d'héritier mâle direct. La légitimité de Jeanne étant mise en doute par la conduite douteuse de sa mère Marguerite de Bourgogne (Jeanne ne serait pas la fille du Hutin), on a miraculeusement retrouvé cette vieille loi pour déposséder Jeanne de la couronne de France au profit de son oncle Philippe V.
Cette loi a encore resservi pour la succession de Philippe V, au profit de son frère Charles IV, puis, pour repousser les prétentions d'Edouard III d'Angleterre au royaume de France, en tant que petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle. Par l'application de la loi salique, la couronne de France sera transmise à la branche cadette des Valois, et donc à Philippe VI, en 1328.

Bizarrement, lors de la guerre de succession de Bretagne, Philippe VI soutiendra les prétentions de Jeanne de Penthièvre et de son époux Charles de Blois, contre Jean de Montfort, et cela en contradiction totale avec la loi salique, loi à laquelle il devait sa couronne. Ce qui est bien pour moi ne l'est pas pour les autres, et Charles de Blois, c'est mon pote, non mais ! En plus, Jean de Montfort était soutenu par les Anglais, donc, la loi salique, hein, à oublier.

Enfin, je doute fort qu'un quelconque droit celtique fut encore en vigueur au 13ème siècle en Bretagne. Ce qui s'applique, c'est le droit féodal, comme dans les duchés et comtés voisins, avec qui les seigneurs bretons sont en relations constantes, par mariages ou guéguerres, ça dépend.
L'influence des Machtierns, garants de ce droit celtique, a commencé à décroître au 9ème siècle pour disparaître complètement après les invasions normandes.

[Viduernos]

1) Ha ba, elle est belle la noblesse;
2) Dommage, je pensais vraiment que l'esprit et la spécificité celtique bretonne avait perdurée jusque la;
Pouvez vous me dire à quelle date peut on placer l'apogée du duché de Bretagne?

[Taliesin]

Eh oui, les royaumes, duchés, comtés à cette époque sont des biens patrimoniaux que l'on se transmet de père en fils, comme on le farait actuellement pour sa propre maison ou son héritage personnel. Et l'Histoire est écrite par des chroniqueurs au service de la noblesse, et donc pas forcément impartiaux. Mais quand on voit de quelle façon sont traités les événements contemporains par certains médias, on peut se dire que rien n'a vraiment changé...

L'esprit et la spécificité celtique bretonne ont perduré jusqu'à nos jours (mettont jusqu'aux années 1950), grâce en particulier à la littérature orale et aux traditions culturelles transmises par le peuple breton.

L'apogée du duché de Bretagne se situe entre la fin du 14ème et la fin du 15ème siècle. A cette époque, le duché est pratiquement indépendant, le commerce maritime est florissant, et la Bretagne est un pays riche, à tel point qu'un roi de France (je ne me souviens plus lequel) aurait déclaré : "Bretaigne est Pérou pour la France".
La prospérité bretonne va continuer même après l'annexion de 1532, comme en témoignent les calvaires et enclos paroissiaux, tous bâtis aux environs du 16ème siècle. Les bénéfices du commerce des toiles servent à financer ces constructions religieuses, permettant ainsi aux bourgeois fortunés de gagner leur place au paradis.
La Bretagne va ensuite être saignée à blanc et ruinée par les impôts prélévés par Louis XIV pour financer ses guerres.

[Thierry]

L'histoire des successeurs de Philippe le Bel est bien connue depuis les "rois maudits" de Maurice Druon...comme quoi la création et l'évolution des nations modernes a tenu parfois à bien peu de choses....

Deux points m'interpellent dans ce que vous évoquez.

L'influence bretonne, me semble t'il remonte loin à une époque où d'ailleurs on ne distingue ni Bretagne, ni Normandie, ni aucune des grandes provinces de la féodalité et elle se manifeste avant tout par l'évangélisation.....

La plus grande forêt de Normandie est la forêt (de) Brotonne, probablement de par la présence de moines bretons dès le VI° siècle dans cette partie de la vallée de la Seine et le début de l'essor monastique qui dans cette région est indubitablement lié à l'influence irlandaise, galloise et bretonne (britannique).

Deux des plus grandes et plus riches paroisses de Rouen sont St Maclou (Malo) et St Patrice (Patrick).

Il ne s'agit que d'exemples et nous avons déjà évoqué à quel point le christianisme celtique avait eu une influence fondamentale dans tout l'occident et à quel point la véritable grande période d'évangélisation est bien postérieure à l'apparition des évêchés romains.

Tout l'Ouest de l'europe est empreint de cette influence qui n'est pas liée qu'à la (petite) Bretagne à une époque où elle n'existe pas en tant que tel.


Du point de vue du droit la situation bretonne de petite Bretagne est connue de par la découverte d'une "Loi des Bretons d'Armorique" du V° siècle qui en fait est une de ces lois "barbares", en fait d'inspiration romaine, dont se dotaient les nouveaux maîtres territoriaux à l'effondrement de l'empire romain. Il ya ainsi la trace de lois burgondes, wisigothiques, franques etc...et.....bretonnes....qui n'ont (malheureusement pour l'historien) pas grand chose pouvant se réclamer des celtes.

Par la suite, dans le droit coutumier, c'est autre chose.....chaque grande entité territoriale aura la sienne. Il y aurait une étude à mener, et pas seulement sur la coutume de Bretagne, pour rechercher les spécificités qui pourraient permettre de trouver des traces de temps plus ancien, mais déjà les particularismes sont forcément atténués de par l'influence de l'eglise sur tout ce qui touche à la famille et par les régles politiques uniformément admises du droit féodal.