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Blanchefleur

Forum consacré à la linguistique ainsi qu'à la toponymie...

Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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28 messages • Page 1 sur 2 • 1, 2

Blanchefleur

Messagede Gwalchafed » Mar 03 Mai, 2005 23:29

Salut à tous,

Pour mon édification personnelle (et ma curiosité arthurienne), comment Blanchefleur, la douce amie de Perceval, se nommerait-elle en gallois ? Et en breton ?
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Messagede Rónán » Mer 04 Mai, 2005 0:51

Blanchefleur (en respectant l'ordre des mots, qui n'est pas non plus l'ordre normal dans les langues celtiques modernes) s'appellerait:

Gwenflodyn en gallois (ordre normal pr le gallois moderne: blodyn wen)

Guenvoked en breton vannetais (boked guen, ordre normal)

Gwennvleunienn (?) en breton KLT (bleunienn wenn, ordre normal), à faire confirmer par Jean-CLaude et Broc'h Du - je sais que bleunienn wenn peut se dire, mais je ne sais pas où dans la zone KLT (c ce que me donne mon dictionnaire - Garnier, qui mêle les trois dialectes KLT).

Tu veux les orthographes médiévales?
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Messagede Marc'heg an Avel » Mer 04 Mai, 2005 9:00

Il me semble avoir lu quelque part : Bleunven ?!

< bleun = fleur + gwenn.

à vérifier.

En Trégor, on utilise désormais plutot fleur(-enn) au singulier, et bleunioù au pluriel, bien que fleur peut aussi être compris comme collectif (donc une sorte de pluriel).

des fleurs blanches : Fleur gwenn.

Ceci n'a rien d'absolu.

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Messagede Taliesin » Mer 04 Mai, 2005 9:29

Demat d'an holl ! :D

Elle n'a pas de nom cette jolie jeune fille ! Pas dans le roman gallois de Peredur en tout cas. On sait juste que : "sa peau paraissait plus blanche que la farine la plus blanche. Ses cheveux et ses sourcils étaient plus noirs que le jais; les pommettes de ses joues étaient plus rouges que la digitale."

Le nom de Blanchefleur serait-il une invention de Chrétien de Troyes ?
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Messagede Marc'heg an Avel » Mer 04 Mai, 2005 11:56

Chez Ronan COGHLAN, je ne trouve pas Bleunven, mais bien Blanchefleur, avec ce commentaire :

1. The mistress of Perceval. Besieged by King Clamadeus, who desired her, she would have killed herself but Perceval defeated him in single combat.

2. In Gotfried, the sister of King Mark; she eloped with Rivalin of Parmenie. Their son was Tristan. When she heard of her husband's death, she died of grief.

--------------

Ne pas confondre avec Branguen : Sein blanc / sacré.

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Messagede Taliesin » Mer 04 Mai, 2005 12:59

Ah oui, j'avais oublié la maman de Tristan ! :D

Gottfried traduisant l'oeuvre de Thomas, ce serait donc lui qui aurait "inventé" ce prénom, repris ensuite par Chrétien ?

Mais voici ce que disait Joseph Bédier au sujet du couple Rivalin/Blanchefleur :

"Rivalin est un nom breton armoricain, Blanchefleur est un nom français. Dans la légende, ils sont mari et femme et ont été inventé l’un pour l’autre, en même temps. Pourtant, l’un de ces noms a été inventé par un homme parlant breton, l’autre par un homme parlant français. Ces deux hommes doivent n’en faire qu’un.
De là, cette hypothèse : la légende de Tristan, qui vivait en Galles, y a été recueillie lors de la conquête de l'Angleterre, par des hommes qui parlaient à la fois le français et le breton, c’est-à-dire des jongleurs bretons originaires de la zone bilingue Dol, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Vannes."

En fait, la légende de Tristan était connue en Petite-Bretagne bien avant 1066, car les relations entre Bretons continentaux et insulaires sont demeurés constantes jusqu'au 10ème siècle au moins. Les personnages de Rivalin et Blanchefleur auraient donc été créés par un conteur breton armoricain bilingue, originaire de la zone indiquée par Bédier. Autre chose : certains spécialistes ont identifié la Parménie à l'Herminie "pays de l'Hermine".
Il se peut fort bien que cette légende ait été connue des Normands avant même 1066.
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Messagede Marc'heg an Avel » Mer 04 Mai, 2005 13:54

Reste encore à démontrer que l'hermine héraldique était déjà introduite dans les armes de Bretagne, avant 1066 ! :roll:

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Messagede Taliesin » Mer 04 Mai, 2005 14:11

Eh, eh, j'étais à peu près sûr que tu allais réagir à ce sujet ! :lol:

Effectivement, le rapprochement Parménie/Herminie ne reste qu'une supposition.

Par contre, ça n'enlève rien au fait que certains éléments de la légende ont été apportés par des Bretons armoricains : Hoël de Carhaix, saint Tremeur, Iseult aux Blanches Mains, Roald, Perinis...
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Messagede Rónán » Mer 04 Mai, 2005 14:47

JC > bleuñw est un collectif, donc Blanchefleur ne se dirait pas avec bleuñw, si on respecte l'étymologie du francais....

Demat d'an holl !


Mmmm, prquoi tu dis "demat"? Ce mot n'est plus usité depuis le Moyen-Age (pièces de théâtre en moyen-breton)... Les gens se disent "bonjour deoc'h" ou "penaos 'ma an traoù ganoc'h ?" etc :)

Pe e faluez dyt clasq comps en brezonec cren martesen?

:)
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Messagede Broc'h Du » Mer 04 Mai, 2005 18:42

[/quote]
Mmmm, prquoi tu dis "demat"? Ce mot n'est plus usité depuis le Moyen-Age (pièces de théâtre en moyen-breton)... Les gens se disent "bonjour deoc'h" ou "penaos 'ma an traoù ganoc'h ?" etc

Code: Tout sélectionner
Parmi les légendes qui fleurissent autour de la langue bretonne, celle qui voudrait que “demat” n’existe pas en breton (ou n’existe plus) (Je veux dire au niveau traditionnel bien entendu pour faire plaisir à Ronan) est une des plus répandues.
Certes, la formulation n’est pas très répandue ni très utilisée, mais elle existe. Elle n’est connue que dans certains endroits semble-t-il et par les gens les plus âgées, comme le démontre l’enquête du Télégramme sur ce sujet  (il y a 2 ou 3 ans) : essentiellement le Leon, par les personnes de plus de 80 ans qui, en outre, répondaient “on ne dit pas “demat” on dit “deizmat”! Moi, j’ai entendu “demat” dans le Trégor (j’avais pas cru mes oreilles au départ), mais c’est dans un registre particulier: à l’encontre de personnes que l’on ne connaît que peu, et que l’on estime “de la haute”... Il ne faut pas se tromper sur les locuteurs bretons, les locuteurs bretons connaissent un vocabulaire beaucoup plus large que celui qu’ils utilisent quotidiennement (du moins ceux qui ont le breton comme langue principale).
La formulation “devezh mat” existe aussi, mais utilisée différemment.
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Messagede Thierry » Mer 04 Mai, 2005 18:57

Bon alors, demat les gars :? ou bonjour deoc'h :shock:

Pour qu'on s'y retrouve un jour est ce qu'un bretonnant de bonne volonté qui ne craint pas le lynchage pourrait nous faire une pitite histoire du breton nous expliquant pourquoi il y a quatre expressions différentes de cette langue, les influences extérieures, en quoi est elle fixée ou non et par qui et pour quoi, à partir de quand est elle écrite ?

Je sais que ces sujets ont déjà été évoqués mais en ordre très dispersés et c'est vrai qu'une telle histoire serait la bienvenue.

Trugarez d'avance :wink:
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Messagede Taliesin » Mer 04 Mai, 2005 20:55

Une "petite "histoire du breton, c'est difficile, c'est une langue bien plus vieille que le français, et donc, son histoire est beaucoup plus longue :wink:

Pour répondre brièvement à tes questions :

le plus ancien document écrit en breton qui soit parvenu jusqu'à nous date de la fin du 8ème siècle. Il s'agit du manuscrit de Leyde, un fragment de quatres pages d'un traité de médecine bilingue breton/latin.

Le breton est un dialecte du britonnique (lingua britannica), comme le gallois et le cornique, et jusqu'au 10ème siècle, il n'y a pratiquement pas de différences entre ces trois dialectes à l'écrit.

Le breton se divise en trois périodes :

- vieux-breton : 8ème - 12ème siècle (environ)
- moyen-breton : 12ème siècle - 1659
- breton pré-moderne, puis moderne : à partir de 1659

Pour la période du vieux-breton, mis à part le manuscrit de Leyde, on ne dispose que de gloses de manuscrits latins.
On a plus d'élements pour le moyen-breton, des inscriptions, et des textes suivis en vers (avec rimes internes), à partir de 1450. Le moyen-breton écrit est unifié, sans grosses différences dialectales.

A l'oral, le dialecte vannetais apparaît entre le 9ème et le 12ème siècle : l'accentuation reste bloquée sur la dernière sillabe dans le haut-vannetais (région de Vannes-Auray), alors qu'elle remonte sur l'avant-dernière pour le reste. Palatalisation de "g" et "k" devant "e" et "i" dans tout le sud-est et dans une partie de la Cornouaille.

Pour expliquer cette palatalisation, il y a deux explications, totalement opposées :

Falc'hun : influence d'un substrat gaulois
Fleuriot : influence des parlers romans

Les dialectes de l'aire KLT (Cornouaille - Leon - Tregor) apparaissent aux environs du 15ème siècle. Jusque là, tous les bretonnants étaient à même de se comprendre, et les bretonnants KLT se comprenaient avec les cornouaillais de Grande-Bretagne.

En 1659, le père Maunoir, jésuite chargé d'évangéliser les païens du Centre-Bretagne, décide de rapprocher la langue écrite de la langue parlée pour faciliter son travail d'évangélisation. Désormais, les mutations seront écrites. De plus, il emprunte beaucoup au français, tant au vocabulaire qu'à la syntaxe. C'est ce qu'on appelle le "breton de curé" Autre problème : il base son orthographe sur le dialecte du nord-ouest, et cela deviendra le standard écrit de l'évêché du Leon et de Cornouailles. Résultat : les Vannetais n'y comprennent rien. Ils créent donc aussi leur propre standard écrit, celui de l'évêché de Vannes. Les Trégorrois vont s'empresser de faire de même. L'évêché de Cornouailles ayant été rattaché à celui de Léon à la Révolution, il n' y aura pas de standard écrit pour la Cornouailles.

Au début du 19ème siècle, on a donc trois standards d'écriture, suivant les évêchés, mais il serait faux de croire que les dialectes, tels qu'ils sont parlés, correspondent exactement aux limites de ces évêchés.
En fait, il n'y a qu'un seul mot ("quand ?"), dit de quatre façons différentes en breton, qui corresponde à peu près aux limites des quatre évêchés.

En dialectologie (enfin, pour le peu que j'en sais), on parle de dialecte du nord-ouest, dialecte du sud-est et de dialecte du centre.

A partir de 1807, Le Gonideg va chercher à corriger et unifier les différentes écritures et à "purifier" le vocabulaire des emprunts au français

En 1908, regroupement des différentes écritures en deux orthographes seulement : KLT et vannetais

En 1941 : naissance du "peurunvan", orthographe complètement unifié.

En 1954 environ : pour des raisons linguistiques (le peurunvan serait trop différent du breton parlé) mais surtout autres (sur lesquelles je ne m'étendrais pas, on sortirait de la charte du forum), une partie du mouvement culturel breton, avec notamment le père Falc'hun, créé l'orthographe dite "universitaire".
Dans le courant des années 70, Fañch Morvannou, croyant bien faire, et voulant mettre tout le monde d'accord, créé l'orthographe inter-dialectale.
Actuellement, cette dernière orthographe n'est quasiment plus utilisée, l'universitaire est utilisée par la fac de Brest et les maisons d'éditions qui dépendent de l'association "Emgleo Breiz". Le "peurunvan" est utilisé par la fac de Rennes, les écoles bilingues et Diwan, la plupart des cours du soir pour adultes, l'office de la langue bretonne, les maisons d'éditions qui dépendent de l'association "Kuzul ar Brezhoneg". Plus de 70% des ouvrages édités en breton le sont en "peurunvan".

Pour le breton parlé : la pulvérisation de la langue parlée en micro-dialectes est un phénomène récent du à l'interdiction du breton à l'école (entre 1881 et 1951) et à la présence de plus en plus forte du français (journaux, radio, etc). Jusqu'avant les années 50 environ, les bretonnants emploient trois niveaux de langue ou "tempos" :
- la langue de leur paroisse, ou "badume" (de "ba du-mañ" : chez moi), langue quotidienne et populaire, où les mots sont souvent raccourcis, où les différences dialectales se font le plus sentir.
- la langue des contes et des complaintes, où on prend un peu plus le temps de prononcer, pour faire durer le plaisir.
- le standard de l'évêché, utilisé dans les foires et les pardons, et qui permettaient de se comprendre entre paroisses plus éloignées.

Le standard de l'évêché a été remplacé par le français. Tous les bretonnants sont bilingues depuis le début des années 50. Seuls les plus anciens possèdent encore deux niveaux de langues. Les plus jeunes, nés après 1950, et qu'on appelle les "terminals speakers" ne connaissent que le breton de leur paroisse, qu'ils ont souvent entendu de façon détournée, car leurs parents leur parlaient français, et ne comprennent pas les autres dialectes (et encore moins les néo-bretonnants). La transmission du breton comme langue maternelle s'est arrêtée au début des années 50. Depuis quelques temps, elle a un peu repris, mais reste très marginale et est surtout le fait des militants de la langue.

Ben, voilà, finalement, c'était pas si bref que ça ! Mais il ya encore plein de choses à dire ! :D
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Messagede Thierry » Mer 04 Mai, 2005 23:32

Et bien merci beaucoup, encore une fois, bel effort de synthèse Taliesin :wink: . J'en apprends décidément tous les jours sur mes voisins 8)

En particulier, je ne pensais pas qu'il existait des écrits bretons d'aussi haute époque et on voit bien l'effet unificateur de l'apprentissage à l'école et son inverse, la dispersion.

Personnellement, les breton(ne)s que je connais sont des enfants "d'émigrants" qui m'expliquent tous que leurs grands parents parlaient breton ou du moins le connaissaient encore et qui pour eux-même ne connaissent leur langue familiale d'origine pas plus que moi.
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Messagede Taliesin » Jeu 05 Mai, 2005 0:07

Oui, il y a l'école, mais aussi la famille, les médias (journaux et autres), l'environnement en général. Plus une langue est reconnue et plus son statut social est considéré, plus elle a de chances d'être utilisée en toutes circonstances, et donc de maintenir son unité...et sa durée.

Ce n'est pas l'école seule qui sauvera la langue bretonne.

Juste quelques chiffres :

Fin du 19ème siècle : 80% des habitants de la Basse-Bretagne sont monolingues bretonnants. 18% sont bilingues breton/français. 2% ne savent que le français.

2005 : bretonnants monolingues : 0%
bilingues français/breton : 18% (les 2/3 ont plus de 60 ans)
monolingues français : 82%

A noter : moins de la moitié des bretonnants utilisent le breton régulièrement (soit environ 110 000 personnes sur 250 000)
seulement 12% l'emploient plus que le français.

Il y a de moins en moins de bretonnants et ils pratiquent de moins en moins leur langue. Pas vraiment de quoi être optimiste :roll:
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Messagede Rónán » Jeu 05 Mai, 2005 1:58

Certes, la formulation n’est pas très répandue ni très utilisée, mais elle existe. Elle n’est connue que dans certains endroits semble-t-il et par les gens les plus âgées, comme le démontre l’enquête du Télégramme sur ce sujet (il y a 2 ou 3 ans) : essentiellement le Leon, par les personnes de plus de 80 ans qui, en outre, répondaient “on ne dit pas “demat” on dit “deizmat”! Moi, j’ai entendu “demat” dans le Trégor (j’avais pas cru mes oreilles au départ), mais c’est dans un registre particulier: à l’encontre de personnes que l’on ne connaît que peu, et que l’on estime “de la haute”...


Ah ben tu m'apprends qch. Mais je trouve ca bizarre qd même: un bretonnant qui rencontre qn qu'il estime de la haute ne lui adressera jamais la parole en breton (les gens de la haute parlent français, pas breton, surtout à l'époque actuelle - à l'époque d'Hersart de la Villemarqué ok, y avait encore un tas de nobles qui savaient le breton, mais aujourd'hui....)
Cela dit, ca ne change rien au problème finalement: dans la quasi-totalité des cas, on n'utilise pas "demat", ni en Trégor, ni ailleurs, alors pourquoi est-ce pratiqt la seule salutation qu'on enseigne à ceux qui apprennent le breton? Dans les manuels d'apprentissage du français et dans les cours de FLE, on apprend pas à dire "mes hommages madame" aux gens :D

Il ne faut pas se tromper sur les locuteurs bretons, les locuteurs bretons connaissent un vocabulaire beaucoup plus large que celui qu’ils utilisent quotidiennement (du moins ceux qui ont le breton comme langue principale).


Heureux de te l'entendre dire: nombreux sont les gens du mouvt breton, aujourd'hui, qui ne le savent pas et qui prennent les bretonnants de naissance pr des minables. Inutile de dire que j'en fais pas partie (ni personne ici à mon avis).

La formulation “devezh mat” existe aussi, mais utilisée différemment.


Je sais, ca se dit en vannetais: deùeh mat. Je l'utilise presque pas avec les gens qui savent le breton populaire, seult avec ceux qui apprennent (ceux qui seraient surpris si je leur demandais d'emblée comment ca va ou des trucs comme ca)


Une "petite "histoire du breton, c'est difficile, c'est une langue bien plus vieille que le français, et donc, son histoire est beaucoup plus longue


Ah, alors là y a un point à éclaircir: pour toi, quand est-ce que le français est né, et quand-est-ce que le breton est né. Questions pièges: les langues (sauf créoles et langues artificielles) ne naissent pas d'un coup, mais st le fruit d'une évolution d'une langue antérieure: pas de rupture nette entre latin et français ni entre brittonique et breton, donc on peut pas dire qu'une langue soit plus ancienne qu'une autre.

le plus ancien document écrit en breton qui soit parvenu jusqu'à nous date de la fin du 8ème siècle. Il s'agit du manuscrit de Leyde, un fragment de quatres pages d'un traité de médecine bilingue breton/latin.


Pour être très précis, c'est une page d'un traité d'herboristerie qui décrit qq remèdes à base de plantes, et ce texte mêle allègrement latin et breton (en gros, le texte est en latin mais les noms des plantes et des maladies est généralement en vieux-breton).

- vieux-breton : 8ème - 12ème siècle (environ)
- moyen-breton : 12ème siècle - 1659
- breton pré-moderne, puis moderne : à partir de 1659


Et néo-breton, à partir de la création de Gwalarn (ou de la publication du dico de Vallée). Le néo-breton coexiste avec le breton moderne jusqu'à aujourd'hui :)

Le moyen-breton écrit est unifié, sans grosses différences dialectales.


Je dirais plutôt: l'orthographe du moyen-breton ne permet pas bcp de voir des différences dialectales. Ca ne prouve rien au niveau des dialectes: un poème écrit par un Parisien, un Marseillais, un Suisse ou un Québécois aujourd'hui sera ds la mm langue et ds la mm orthographe, mais à partir de tels textes, un lecteur non averti ne pourra jamais deviner que le français parlé ds ttes ces régions est très différent.

A l'oral, le dialecte vannetais apparaît entre le 9ème et le 12ème siècle : l'accentuation reste bloquée sur la dernière sillabe dans le haut-vannetais (région de Vannes-Auray), alors qu'elle remonte sur l'avant-dernière pour le reste.


Heu, là tu fais un peu court: l'accent tonique est sur la dernière syllabe dans tout le vannetais, avec qq bizarreries en bas-vannetais (où en tt cas, l'accent n'est pas régulièrement sur l'avt-dernière, contrairt au KLT).

Palatalisation de "g" et "k" devant "e" et "i" dans tout le sud-est et dans une partie de la Cornouaille.


Pr certains mots, ca va mm jusqu'au Trégor. Me souviens avoir entendu une infirmière de Lannion prononcer "pikañ" comme "pityañ".

Pour expliquer cette palatalisation, il y a deux explications, totalement opposées :

Falc'hun : influence d'un substrat gaulois


Impossible à prouver.

Fleuriot : influence des parlers romans


Difficile à prouver aussi: la palatalisation existe aussi même loin du pays gallo, et puis d'après l'ALBB, le centre de la palatalisation est Bubry (bas-vannetais), et y a moins de palatalisation en haut-vannetais (c'est à dire à mesure qu'on se rapproche du pays gallo...). Y a une autre explication possible: l'évolution interne de la langue. Qui nous dit que le vannetais aurait pas évolué de la mm manière, du pt de vue phonétique, si on avait pas parlé des langues romanes à côté? (genre, si la Bretagne avait été une île) ?

Les dialectes de l'aire KLT (Cornouaille - Leon - Tregor) apparaissent aux environs du 15ème siècle. Jusque là, tous les bretonnants étaient à même de se comprendre, et les bretonnants KLT se comprenaient avec les cornouaillais de Grande-Bretagne.


Quelles st tes sources? Pr moi, la référence, c'est A Historical Phonology of Breton, qui justement fait une chronologie de toutes les évolutions phonétiques du breton au fil des siècles. Je crois qu'il existe des traits dialectaux KLT avant le XVe qd même...

En fait, il n'y a qu'un seul mot ("quand ?"), dit de quatre façons différentes en breton, qui corresponde à peu près aux limites des quatre évêchés.


Il y a plus de 4 mots, et en plus tu oublies le Goëlo, où l'on parle un dialecte qui n'est pas du trégorrois.

A partir de 1807, Le Gonideg va chercher à corriger et unifier les différentes écritures et à "purifier" le vocabulaire des emprunts au français


C'est le début du n'importe quoi, de la subjectivité, du purisme, etc. Virer les emprunts que les curés font au français pour faire les malins, ok, mais virer les mots que les bretons empruntent spontanément, c'est con.

En 1908, regroupement des différentes écritures en deux orthographes seulement : KLT et vannetais


Sage décision. D'ailleurs qd on parle d'une orthographe KLT unifiée, dans les faits c'est pas vrai: à cette époque, les Léonards écrivaient pas comme les Trégorrois ni comme les Cornouaillais: les uns écrivaient kana, les autres kanañ...

En 1941 : naissance du "peurunvan", orthographe complètement unifié.


Aux frais du vannetais, bien entendu! Quel est le trait vannetais dont le peurunvan tient compte? les zh (pour h vannetais et z KLT), c tout. C'est un peu lège, vous trouvez pas, pr une orthographe qui prétend unifier le breton :)

En 1954 environ : pour des raisons linguistiques (le peurunvan serait trop différent du breton parlé) mais surtout autres (sur lesquelles je ne m'étendrais pas, on sortirait de la charte du forum), une partie du mouvement culturel breton, avec notamment le père Falc'hun, créé l'orthographe dite "universitaire".


Ouais, qui était censée être souple et pouvoir s'adapter aux différents dialectes KLT d'un côté, vannetais de l'autre. En réalité, le skolveurieg KLT imprimé est invariablement basé sur le léonard, alors dans des textes en trégorrois on aura des "kana" au lieu de kanañ, et dans des textes bigoudens (Marh al Lorh), on aura des "anezo" alors qu'on devrait écrire "aneze" ou "anê" (voire mm, pour suivra la phonétique du breton bigouden, "aneu"!).

Dans le courant des années 70, Fañch Morvannou, croyant bien faire, et voulant mettre tout le monde d'accord, créé l'orthographe inter-dialectale.
Actuellement, cette dernière orthographe n'est quasiment plus utilisée,


Pas vrai: le dico de Favereau l'utilise, pas mal de livres édités chez Skol Vreizh, et puis un certain nombre de profs et instits du pays vannetais l'utilisent aussi (elle est moins inadaptée au vannetais que le peurunvan).

l'universitaire est utilisée par la fac de Brest


Pas par tous les profs...

et les maisons d'éditions qui dépendent de l'association "Emgleo Breiz". Le "peurunvan" est utilisé par la fac de Rennes, les écoles bilingues et Diwan, la plupart des cours du soir pour adultes, l'office de la langue bretonne, les maisons d'éditions qui dépendent de l'association "Kuzul ar Brezhoneg". Plus de 70% des ouvrages édités en breton le sont en "peurunvan".


Et d'ailleurs, est-ce une coïncidence, 70% de ce qui s'édite et s'enseigne en langue breton est de la m... (respet deoh!)

Le standard de l'évêché a été remplacé par le français. Tous les bretonnants sont bilingues depuis le début des années 50.


Pas vrai, jusque dans les années 80 au moins, y avait des monolingues (ca, je le SAIS! g des témoignages) :D

Les plus jeunes, nés après 1950, et qu'on appelle les "terminals speakers" ne connaissent que le breton de leur paroisse, qu'ils ont souvent entendu de façon détournée, car leurs parents leur parlaient français, et ne comprennent pas les autres dialectes


Disons que c'est vrai dans la majorité des cas. Mais je connais des exceptions.

(et encore moins les néo-bretonnants). La transmission du breton comme langue maternelle s'est arrêtée au début des années 50. Depuis quelques temps, elle a un peu repris, mais reste très marginale et est surtout le fait des militants de la langue.


qui n'ont généralt pas le breton comme langue maternelle.

En particulier, je ne pensais pas qu'il existait des écrits bretons d'aussi haute époque et on voit bien l'effet unificateur de l'apprentissage à l'école et son inverse, la dispersion.


Si tu parles des écoles d'aujourd'hui, c'est dommage que l'unification se fasse par le biais d'un breton qui n'existe pas... :evil:

Ce n'est pas l'école seule qui sauvera la langue bretonne.


Je dirais même: c'est pas les écoles (en aucun cas) qui sauveront la langue bretonne, car le breton qu'on y enseigne (dans au moins 95% des cas) n'est pas le breton traditionnel. D'ailleurs, les anciens disent même "c'est pas du breton".

Il y a de moins en moins de bretonnants et ils pratiquent de moins en moins leur langue. Pas vraiment de quoi être optimiste


Surtout qd on sait qu'au niveau ds autorités, rien n'est fait pour le breton traditionnel. Le "breton" qu'on subventionne ne tient pas debout.


Navré si j'ai choqué, mais à un moment donné, faut bien dire les choses...
Rónán
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