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Histoire des ReligionsModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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p. 625 à 694
L’IRAN ANTIQUE ET ZOROASTRE par Jacques DUCHESNE-GUILLEMIN L’Iran nord-oriental, lieu de naissance probable de Zarathushtra, avant la fondation de l’empire achéménide, au sein d’un peuple éleveur de bétail. Zarathushtra, instruit des et rites et croyances de la religion traditionnelle (prêtre). Les trois voies d’accès à la béatitude éternelle. La troisième (celle de Zarathushtra), adhésion à une justesse en pensée, paroles, actions. Obligation de bien traiter les justes, mal les méchants. Reconstitution des mythes et des rites. La daena. Réactualisation de la religion. Choix primordial. Rénovation finale. Disparité des ouvrages philosophiques et archéologiques. Essaie de synthèse historique. AVANT ZOROASTRE L’Iran pré-achéménide : La préhistoire : Les ârya d’Asie antérieure : Les figurines féminines des époques néolithique et chalcolithique, représentations d’une déesse de la fécondité vénérée, plus tard, sous le nom d’Anâhitâ ; ses autres noms. La plaque d’argent du musée de Cincinnati, représentation probable de Zurvan et de deux jumeaux identifiés, sans doute à tort, à Ohrmazd et Ahriman. La plaque du Luristan et un sceau de Mitanni, illustrations du panthéon « para-indien » mêmes dieux sur le sceau de Shaushatar. Elam et Urartu : Influence élamite indémontrable. Origine élamite probable d’Anâhitâ. Rapports idéologiques avec les Urartéens. Les Mada et les Parsua. Interprétation du vase d’or de Hasanlu. Les Mèdes : Inscription de Salmanassar III. Les cinq tombes rupestres de l’éopque mède. Les Mages, tribu mède selon Hérodote et Darius. Mention des Mages dans Jérémie et Ezékiel. Les Scythes : Les dieux de la religoin scythes, selon Hérodote : Papaios, Apia, Thagimasadas, Tabiti, Goitosuros, Argimpasa. Sur la plaque d’or du Kuban : la « déesse scythique » et le dieu solaire. La légende scythe sur les origines de la nation et du pouvoir royal ; sa survivance dans l’épopée populaire des Ossètes modernes. Les rites sacrificiels. Informations archéologiques. La divination. L’enivrement extatique. Les rites d’enterrement. Les Massagètes. Le dualisme : Les dualismes historiques, cause ou effet des dualismes « ethnologiques » ? Les conclusions d’Ugo Bianchi. Opposition entre un démiurge-rival et un « créateur de base », essence des manifestations dualistes ; originalité zoroastrienne. Reconstructions comparatives Survivances dans les pratiques : Offrande de graisse animale au feu. Invocation au feu pour obtenir intelligence et éloquence. Correspondance des feux rituels et physiques entre l’Inde et l’Iran. Les feux dans la nature. Le xvarenah. Apam napat et Nairya Sanha, divinités mineures associées au feu. Le feu du sacrifice, véhicule des offrandes et de la prière vers les dieux. Déification du haoma. Soma-haoma, sacrifice de communion dès l’époque indo-iranienne. Tradition du sacrifice sanglant conservée dans le rituel zoroastrien, mentionnée dans l’Avesta. Ahura et daeva : Opposition liée en Inde à une rivalité entre les deux et en Iran à une structure duelle de la société. Promotion iranienne des ahura. L’idéologie tripartie : Son influence en divers domaines (trois classes sociales, trois médecines, etc.), son reflet dans le panthéon. Même idéologie à la base de la série des entités zoroastriennes. Difficulté d’interprétation de Mithra. La comparaison avec l’Indien Mitra, possibilité de reconstitution d’un prototype indo-iranien. Le couple Varuna-Mitra. L’analyse dumézilienne. Mithra et Ahura. Similitudes et divergences entre Ahura Mazda et Varuna. Enrichissement d’Ahura Mazda pas association des entités. Aryaman et Bhaga, compagnons de Mitra. Le dieu iranien Verethraghna. Notion iranienne de verethra, obstacle cosmogonique (identifié en Inde à Vrtra). Suppression de ce rite par l’Iran mazdéen réservant à Ahura Mazda l’œuvre de création. Le Vâyu indien. Le Vayu iranien, dieu des commencements, entre Ohrmazd et Ahriman. Anâhitâ, peut-être homologue iranienne de Sarasvati et héritière de la même déesse indo-iranienne. Importance du temps, dans la spéculation iranienne. Zurvan, son sacrifice en vue d’obtenir une progéniture. Parallèle entre Prajapati et Zurvan. Les entités, Asha. Les analyses de Luders. Asha, étymologiquement identique à l’ rta védique. Rta, conception d’une puissance cosmique, objective, en Inde et en Iran. Les différentes conception de rta et de son contraire anrta. Opposition indienne rta – druj. Importance capitale de l’opposition iranienne asha – druj dans le dualisme zoroastrien. Le rôle d’Arta-Asha et le domaine de la mort. Aramati et Armaiti. Haurvatat et Ameretat. Enumération des entités dans un ordre fixe et association de chacune avec un objet matériel, justifiées par l’idéologie tripartie. Les anciens dieux indo-iraniens, les entités, les réalités matérielles. Cosmogonies : La lutte, en Inde védique, entre deva et asura. Idée de conflit démiurgique de date indo-iranienne. Mythe de la séparation du ciel et de la terre. Yima. Elaboration du mythe dualiste du choix à partir de traditions existantes. Origine indo-européenne de l’idée de l’homme-microcosme. Eschatologie : Le « pont du trieur ». Les deux chiens « à quatre yeux ». Les trois juges, Mithra, Srasha, Rashnu ; leurs parallèles grecs. En Egypte, la pesée des âmes. La part impérissable de l’homme, selon l’Avesta ; la fravashi. La daena. ZOROASTRE Vie et personnalité : Essai d’identification du lieu de naissance de Zoroastre. Les Turs. Prédication passionnée à un peuple de pasteurs sédentaires. Pauvreté exigeant un protecteur (Vishtaspa). Certitude de l’importance de son message. Place relative de la souffrance ; choix et non chute à l’origine de k’Univers du prophète. Doctrine : Le sacrifice : Réprobation de la forme orgiastique du sacrifice sanglant. Ahura et daeva. Les trois significations du mot daeva. Anâhitâ et Vayu. La condamnation des anciens dieux, œuvre cléricale. Interdiction du culte des non-ahura. Ahura Mazda : Ahura Mazda et les entités. Annexion par « filiation » ou possession. Ashi et Srosha, indépendantes du système de Zarathushtra. Importance des relations des entités avec le dieu unique ; itinéraire spirituel du prophète. Les divers qualificatifs des entités. La doctrine des entités (à la fois divines et humaines), possibilité pour tout fidèle d’entrer en communion avec le Dieu unique. Organisation, face aux forces du mal, des forces divines et humaines. Solution monothéiste au vieux dualisme Asha – Druj. Cosmogonie : Différentiation ces deux Esprits, engendrés par le Seigneur Sage, et par leur libre choix entre bien et mal ; Esprit Destructeur, Esprit Saint. Ahura Mazda, créateur universel. Eschatologie : Les deux sens de daena. La destinée dans l’au-delà. Le rôle capital du feu dans les gâthâ et son association constante avec Asha. La rénovation du monde. Zarathushtra a-t-il enseigné la résurrection ? Zarathushtra et les Gâthâ : Zarathushtra, orant du Seigneur Sage et des entités. Hymnes et prières comparés à des coursiers. Tentative d’engagement de dialogue avec Dieu. Demande d’un juste salaire et du bonheur du corps et de l’esprit. Interrogation de Dieu. Demande de directives. Affirmation de l’esprit combatif et agressif du prophète. Canevas du Yasna 29. Evocations fréquentes des thèmes de la cosmogonie et de l’annonce des fins dernières. Yasna 53, sermon de mariage. APRES ZOROASTRE Culte d’Ahura Mazda et paganisme iranien Les Sept chapitres : Prolongation altérée, rédigée dans le même dialecte que les gâthâ, du message de Zarathushtra. Prééminence du feu, assimilé à l’Esprit Saint. Dignité de la lumière. Ohrmazd. La notion de fravashi. Maintien de la doctrine des deux esprits, mais déclin des entités. L’Avesta non gâthique : Rédigé dans un dialecte moins archaïque. Le haoma objet de culte. Adoration de Zarathushtra, Ahura Mazda et les Saints Immortels. Les hymnes aux anciens dieux : Réintroduction des anciens dieux mais sous l’autorité d’Ahura Mazda. Anâhitâ et Vayu. Tishtrya. Supériorité d’Ahura Mazda. Les dieux incorporés au mazdéisme n’exaucent que les justes. Matière mythique très ancienne contenue dans ces hymnes. Le Videvdat : Conséquence de l’identification de l’Esprit Saint à Ahura Mazda : un dualisme absolu (Ahura Mazda, Anra Mainyu). Altération du système zoroastrien – combinaison d’un monothéisme (Ahura Mazda) avec le dualisme (Justesse et Erreur) -. Les Mages. Le Videvdat, « Loi contre les démons ». Répartition universelle en bonne et mauvaise création. L’eschatologie : L’hymne aux fravashi, formation de la légende du prophète, mythe de la naissance de ses fils. L’hymne au xvarenah, croyance à la résurrection, adjonction de motifs héroïques, Astvatereta. En Iran, la série des Sauveurs commence avec Zarathushtra.. Le pays des Zoroastriens : Essai de localisation géographique d’après l’Avesta, l’hymne au xvarenah, le Yasna et le Videvdat. Les Achéménides : La politique de Cyrus : libre exercice de la religion de chaque peuple soumis ; à Babylone, utilisation du culte de Marduk contre celui de Sin. Cambyse. Continuateur de Cyrus. Darius proclame Ahura Mazda le plus grand mais non le seul Dieu ; tolérance royale. Xerxès, le châtiment de Babylone. Artaxerxès Ier. L’enquête, incomplète et partiale, d’Hérodote. Sous Artaxerxès II, première mentoin, avec Ahura Mazda, de Mithra et de Anâhitâ ; nouvelle forme de culte. Le calendrier : Jusqu’au règne d’Artaxerxès Ier, utilisation d’un calendrier où les noms de mois se rapportent presque tous à la vie paysanne. Plus tard, un autre calendrier (fondé sur un comput égyptien) où les noms des mois reflètent le zoroastrisme composite de l’Avesta. L’inscription araméenne de Naqsh i Rustam. Hypothèse autour de la date du premier emploi du calendrier mazdéen. Les Mages : Tribu mède. Spécialistes en oniromancie, astrologie, magie. Malgré le meurtre de Gaumata par Darius, les Mages s’assurent le monopole de la religion. Interprétation du mot magavan. Les Mages, instrument d’Artaxerxès Ier. Omissions et divergences : Peu de ressemblance entre la religion des premiers Achéménides et le message du prophète. Omission de toutes les entités. Analogie trop vague entre l’atmosphère morale des inscriptions achéménides et l’éthique des gâthâ. Darius écarte dans le mazdéisme tout ce qui peut compromettre la consolidation de l’empire. Les Arsacides : Conséquences de la conquête d’Alexandre. Hellénisation des Arsacides et même des Mages. Prestige de l’Iran. Les écrits pseudo-iraniens. La réaction anti-helléniste. Réapparition des dieux iraniens. Le monument de Commagène : La liste des dieux iraniens et leur interprétation grecque. Les fouilles d’Arsamée du Nymphée. Hypothèse d’une survivance de l’ancienne religion anatolienne. Mithra : Identifié à Apollon, Hélios et Hermès. Importance de Mithra peu reflétée dans l’Avesta et les écrits pehlevis. La Cosmogonie de Dion de Pruse. Rôle eschatologique de Mithra. Diffusion d’une croyance en un dieu solaire de la Babylonie à l’Italie. Le reconstruction de M. Cumont. Zurvan : Place très importante de Zurvan au – III° siècle ; choisi par les manichéens comme équivalent iranien de leur grand dieu. Zurvan akarana et Zurvan daregho-xvadata. La théorie de la production du temps. Aion, interprétation grecque de Zurvan. Témoignages grecs et culte d’Anâhitâ : Les cultes iraniens de l’époque arsacide. Le « feu immortel ». Les différentes formes du culte d’Anâhitâ. Sraosha et Haoma : Leur importance dans le rituel. Sraosha mainteneur de l’orthodoxie rituelle, psychopompe. Le sacrifice de Haoma ; comparaison avec la messe catholique. La liturgie du sacrifice : Opération vivifiante favorisant la procréation. Haoma, ennemi des daeva et de la mort, analogie avec le soma. Rôle eschatologique du pilon selon le Dabistan. Le yasna, commémoration et réactivation d’une cosmogonie, annonce et anticipation d’une eschatologie, rappel de la venue de Zarathushtra. Contestation de la conception statique que se faisait M. Molé de la religion iranienne. Importance du rôle de Zarathushtra : lutte contre les daeva et leur culte, système des entités, notion d’un choix primordial ; amalgame de son message à l’ancienne religion. Conséquences de l’activité du prophète-réformateur. Bibliographie
p. 695 à 719
LA RELIGION DES SLAVES par Frans VYNCKE ORIGINE ET CONVERSION DES SLAVES : Absence totale de sources sur le paganisme slave antérieur au VI° siècle. L’expansion des Slaves, leurs contacts avec le christianisme et les grandes puissances de culture médiévale. Acceptation du christianisme, garantie d’accès à la civilisation médiévale ; résistance à toute évangélisation à caractère de conquête politique. Conversion, au IX° siècle, des Slaves du Sud et du Sud-Ouest ; des Polonais et des Russes au X° siècle. Les Slaves de la Baltique s’opposant à l’évangélisation, ils sont finalement vaincus et germanisés. LES SOURCES : Aucun témoignage direct. Authenticité douteuse des sanctuaires et idoles mis à jour par les archéologues. Renseignements sur les rites funéraires et lieux de sacrifice russes. Les sources folkloriques. Les données linguistiques, indications précieuses fournies par l’étude comparée de certains sémantèmes slaves. Les données littéraires, source la plus sûre, bien que partielle et partiale. Témoignage de Procope de Césarée. Difficulté de reconstruction de la religion slave originelle. Les Russes : La Chronique vieille-russe, les homélies et écrits polémiques du XI° au XVII° siècle, les récits des voyageurs arabes du X° siècle, les mémoires et descriptions des voyageurs polonais et occidentaux des XVI° et XVII° siècles, sources d’information sur le stade final de la religion et surtout sur l’époque post-païenne. Les Slaves de la Baltique : Textes souvent écrits par des témoins oculaires. Le Chronicon de Thietmar ; Les Gesta Hammaburgensis d’Adam de Brême ; les trois biographies d’Otto, évêque de Bamberg, source unique et précieuse sur le paganisme de Poméranie. La Chronica Slavorum d’Helmold. Source commune du récit de Saxo Grammaticus dans ses Gesta Danorum et de la Knytlingasaga islandaise. Du XI° siècle à la fin du XIII° siècle, description d’un paganisme en pleine vigueur, sa lutte contre le christianisme et l’acheminement vers l’effondrement total. CARACTERES GENERAUX DE LA RELIGION SLAVE : La divinité Rod-Rozanicy, composition du terme. Rod présidant aux naissances. Le lien du couple avec le culte des morts ; identification prudente à Osiris-Isis et Artémid-Artémis ; leur appartenance à la catégorie du couple mythique « jeune dieu, déesse-mère ». Les multiples significations de rod, nom commun. Le clan, base de l’organisation sociale : Rod, puissance tutélaire du clan. Les Rozanicy, une sorte de déesse-mère slave à nature multiple ; son parèdre Rod, probablement un jeune héros. Concordance entre la religion des Russes et celle des Slaves de la Baltique. Système religieux à la fois monothéiste et polythéiste ; réseau de divinités tutélaires dont chacun représentait, pour un clan, le principe de la puissance divine. EVOLUTION DE LA RELIGION RUSSE : Trois stades : le culte des vampires et des beregyni, celui de Rod-Rozanicy, celui de Perun. Le culte des morts, fonds le plus ancien de la religion slave. Le culte de la nature. Mânisme et animisme évoluant vers le culte anthropomorphique du couple divin Rod-Rozanicy. Persistance de localisation des dieux dans le cadre de la nature. Expansion du V° siècle, nouvelles conditions économiques et sociales, évolution dans le cycle des fonctions assurant la prédominance du dieu parèdre sur la déesse-mère. En 980, nationalisation de la religion ; création, par un acte politique, d’un polythéisme d’Etat, destiné à contrecarrer l’évangélisation ; échec de cette tentative. LES DIEUX RUSSES DE LA CHRONIQUE : Discrétion des sources. Perun : Probablement dieu suprême de l’Etat kiévien, résultat de la fusion du dieu germanique Thor avec la divinité tutélaire autochtone. Les parallèles linguistiques. Dazbog-Svarog : La version russe de la Chronique byzantine de Malalas Svarog, grand législateur, sanctionne les institutions du clan et confirme les engagements. Dieu des Rédariens. Adoration du feu, identification de Svarog à Héphaïstos, Dazbog, « dispensateur de richesses », identifié au soleil. Influences normandes et sarmates. La fusion d’éléments autochtones et étrangers, source probable des dieux vladimiriens à l’exception de la déesse Mokos. Volos-Veles : Cité dans les traités de 907 et 971, et dans les écrits ecclésiastiques ; protecteur des guerriers russes. Veles signifiant « celui qui ordonne » ; le qualificatif skotij bog de la Chronique. EVOLUTION DE LA RELIGION DES SLAVES DE LA BALTIQUE : Mânisme et animisme, fonds originel de l’expérience religieuse. Evolution vers un réseau de divinités tutélaires anthropomorphiques des clans, attestation de divinités tutélaires féminines et masculines ; les divinités des priores. Vers le X° siècle, élaboration d’un culte païen comparable à celui de l’Eglise chrétienne. Les temples. Le sanctuaire de Rethra. Destruction du temple d’Arkona, fin du paganisme slave. LES DIEUX DES SLAVES DE LA BALTIQUE : Leur localisation ; nature et fonctions de ces divinités. Aspects chthoniens de la divinité tutélaire. Polycéphalie des idoles. Notion de force agissante. Les fonctions de la divinité tutélaire. Les attributs des idoles. LE CULTE : Temples et idoles : Situation et architecture des temples. Le sanctuaire d’Arkona. Idoles en bois, de dimensions parfois impressionnantes. Fêtes annuelles : Les cérémonies d’action de grâces, décrites par Saxo Grammaticus. Divination : Deux modes de divination. Rôle dominant du cheval sacré. Elément essentiel de la vie publique et privée. Position privilégiée des prêtres. Culte des morts : La vie outre-tombe reflet négatif de ce monde. Le rituel de l’enterrement. Souci continuel de rester en rapport avec les morts. L’exhumation des cadavres. Probabilité d’une croyance en un éternel retour des morts. Bibliographie
p. 720 à 746
LA RELIGION DES BALTES par Frans VYNCKE Les Lituaniens, les Lettons, les Prussiens ; origine indo-européenne de leurs langues apparentées au groupe linguistique slave. Le territoire. Traits communs et divergences des conceptions religieuses, parenté assez considérable avec la religion des Anciens Slaves. LES PRUTHENES : Situations géographique et politique au XIII° siècle. Echec d’une tentative allemande de christianisation (X° siècle). Conquête, évangélisation et soumission des Pruthènes par l’Ordre Teutonique (XIII° siècle). Elimination du paganisme (XVI° siècle), extermination ou absorption de la population. Les sources : Sources écrites émanant toutes d’étrangers hostiles ; Adam de Brême (XI° siècle) ; le traité de 1249 ; Chronicon terra prussiae (XIV° siècle). Les écrits du XV° siècle. Caractère fantaisiste des écrits du XVI° siècle, dus à des humanistes. La religion : Le traité imposé en 1249 par l’Ordre Teutonique. Culte des morts, culte des dieux, le sacerdoce. Les dieux : Multitude de dieux à nature familiale et locale. L’hospitalité et la vendetta. Localisation des divinités dans la nature, témoignage des textes. Curche, rite saisonnier païen. Patollus et Natrimpe. Le culte des morts : Confusion probable des dieux peu anthropomorphisés avec les ancêtres. Lien entre le culte de la nature et celui des morts. Conception de la vie outre-tombe ; aucune rupture entre les deux mondes. Culte passionné des morts. Le culte : Invraisemblance de l’existence chez les Pruthènes d’une hiérarchie ecclésiastique centralisée, présidée par Kriwe. Le sanctuaire de Romow comparable à ceux des Slaves de la Baltique. La divination fonction principale des prêtres ; les techniques divinatoires. LES LITUANIENS : Histoire et conversion : Situation géographique. Les Aukstotes, les Zemaïtes. Le clan, la période féodale (XIII° siècle), agrandissement du territoire, résistance victorieuse à l’Ordre teutonique. Début du royaume polono-lituanien, défaite définitive de l’Ordre Teutonique. Evangélisation pacifique émanant du catholicisme polonais. Maintien des traditions païennes dans certaines régions jusqu’au XVII° siècle. Les sources : Chronique byzantine de J. Malalas et Chronique de Volhynie (XIII° siècle) ; Chronique de Wigand de Marbourg (XIV° siècle) ; au XV° siècle le témoignage de Jérôme de Prague et le chroniqueur polonais Jan Dlugosz. Au XVI° siècle De diis Samogitarum de Jan Lasicki et la chronique polonaise de M. Stryjkowski. Histoire de la Compagnie de Jésus en Lituanie (XVIII° siècle). Les données folkloriques. Les dieux : Leur nature familiale et locale. Les mânes ; traces de totémisme ; lares et pénates ; déesses du destin ; fées. Similitudes d’esprits de la nature : fragmentation extrême des pouvoirs surnaturels. Perkunas. Le culte : Culte du feu et des serpents. Culte du marteau de fer, des pierres. Les forêts sacrées. Le sacrifice, principal moyen de communication avec les dieux. Les édifices sacrés. La divination, fonction principale des prêtres. Aspects similaires des religions des Lituaniens et des Pruthènes dans le culte des morts. Incinération des défunts. Repas funéraires. LES LETTONS : Situation géographique. Les Coures, les Zemgales, les Latgales et les Lives. Jusqu’au VI° siècle, coexistence des clans, avènement du système féodal ; Au XII° siècle pénétration des marchands allemands puis des missionnaires catholiques. Fondation de l’Ordre des Chevaliers Porte-glaives. Domination allemande totale (fin du XIII° siècle). Conversion au catholicisme puis luthéranisme et Contre-réforme ; traditions païennes tenaces jusqu’au XVII° siècle. Les sources : Chronique de Livonie (vers 1227), Chronique rimée de Livonie (vers 1290), Rapports des Jésuites (de 1604 à 1618). Ecrits des surintendants de l’Eglise protestante (S. Henning, P. Einhorn). Les matériaux folkloriques, source relativement valable, les daina. Les dieux : Nature essentiellement familiale et locale des dieux. Culte des morts et des innombrables esprits de la nature, localisés dans les arbres et les forêts sacrées et distincts selon fonctions, lieux et familles. Possibilité d’une notion de déesse-mère. Certaine confusion entre les dieux et les morts. Le culte de ces derniers, fonds de la religion lettonne. Laima, esprit de la prospérité, la notion de destin, parallélisme avec la religion slave, aspect chthonien et familial des Laima, Deiva. Le culte : Culte des éléments de la nature, des animaux, des plantes. Les forêts, lieux de culte par excellence. Les pratiques divinatoires. Le culte des morts, conception de la vie outre-tombe, l’ancienne crémation et ses survivances, repas funéraires. Bibliographie.
p. 747 à 780
LA RELIGION DES GERMAINS par Jan DE VRIES Les différentes sources d’information. En Islande, importance des documents et traditions. Impossibilité de généraliser les faits norvégiens et islandais. Les poèmes eddiques, les poèmes des scaldes. Valeur incomparable de la Snorra Edda. Les sagas. LES DIEUX ET LES MYTHES : Au – IV° siècle, introduction de la semaine de sept jours ; substitution des dieux communs à tous les Germains aux dieux romains. Evolution autonome de la religion scandinave ; dieux primaires et dieux secondaires.. Le mythe de la guerre des Ases et des Vanes, ses analogies indo-européennes. Ordre plutôt social qu’historique du mythe. STRUCTURE DE LA RELIGION : Accentuation du caractère guerrier de la religion scandinave. Les incursions vikings. La religion germanique, forme particulière de la structure religieuse indo-européenne. Dualité antithétique de l’autorité supérieure : Mitra-Varuna, védiques, *Tiwaz-Wôdanaz germains. *Tiwaz assimilé à Mars. Tyr. Mars Thingsus. Non-opposition du caractère belliqueux et juridique d’un dieu dans les conceptions germaniques. Victoire accordée par le dieu suprême selon le droit. *Tiwaz, représentant juridique de la souveraineté ; Irmin, chez les Germains continentaux. Ingaevones, Herminones et Istaevones, descendants de l’ancêtre commun Mannus, selon Tacite. Les descendants d’un dieu commun Erminaz. Dieu en rapport avec l’axe du monde, divinité céleste garante de l’ordre cosmique. Dans la religion scandinave, importance amoindrie de Tyr ; sa figuration exceptionnelle dans la mythologie. L’aventure de Nuada dans le mythe irlandais. Le conte romain de Mucius Scaevola. Le dieu garant du droit peut être contraint à mentir pour sauvegarder l’ordre cosmique. WODAN : Magicien, expert en écriture runique ; son caractère ambivalent. La mythologie scandinave souligne son activité guerrière. Le comitatus ; caractère sacré du dévouement à Odin justifié par le secours qu’il prête aux guerriers ; trahison systématique du dieu, son interprétation. Les berserkir, guerriers membres d’une communauté sociale et religieuse. Héroïsation des hommes morts sur le champ de bataille. Wodan. Hellequin. WODAN ET MERCURE : Wodan comparé à Mercure mais gardant seul un caractère guerrier et sanglant. Lugos-Lug. Odin, combattant plutôt par les conseils et la ruse dans la mythologie scandinave ; son caractère chamanique accentué dans la mythologie islandaise. Le mythe de la « boisson de poésie » don d’Odin, son origine indo-européenne. Les animaux odiniques : Sleipnir, Draupnir. Odin, dieu borgne utilisant la magie dans les combats. Culte d’Odin appartenant au comitatus ; son importance comme défenseur des champs. Antiquité de son origine. THOR : Vénéré en Suède, Norvège et Danemark. Nombreux patronymes prouvant une relation intime entre l’homme et Thor. Mjöllnir. Thor, dieu du tonnerre, comparé au temps romain à Jupiter, mais aussi vigoureux guerrier défenseur du cosmos contre les forces destructrices du chaos ; Jörmungand. Les mythes des combats avec les géants ; Hrungnir, Hymir. Le mythe du marteau ; relation de Thor avec la fertilité. Thor protecteur de la population rurale. Rapport entre Odin et Thor. Prédominance d’Odin dans la religion scandinave. LES ASES : Divinités scandinaves très anciennes inconnues des Germains continentaux. Ullr. Odin. Equivalence et opposition des deux divinités dans le mythe transcrit par Saxo Grammaticus. Heimdallr, informations défectueuses ne permettant que des définitions divergentes et incomplètes de ce dieu. L’explication de G. Dumézil. Heimdallr, dieu-roi intimement lié à l’arbre du monde, divinité de l’énergie spontanée. Balder : Dieu le plus intéressant du panthéon scandinave. Balder est un dieu qui meurt. Le mythe très élaboré de sa mort, ses diverses interprétations. Loki : Appartient aux Ases mais n’est pas absolument un dieu. Foisonnement de mythes, souvent à caractère de contes populaires ou de farce. Personnage ambivalent. Son appartenance aux démons ennemis de l’ordre cosmique. Similitude avec les héros de plusieurs peuples primitifs. Le trickter. L’interprétation dumézilienne. Supposition de la personnification de l’intelligence impulsive. LES VANES : Les Ases, dieux des princes et des guerriers : les Vanes, dieux agraires. Guerre acharnée entre les deux groupes, aboutissant à une coopération. Njördhr, Freyr et Freyja. Selon la tradition, introduction du sacrifice chamanique par les Vanes. Condamnation du mariage entre frère et sœur par les Ases. Njördhr, plus ancien des Vanes. Le culte de Nerthus destiné à réveiller la fertilité de la terre. La Supercherie de Nectanebo. Rôle interchangeable d’une déesse ou d’un dieu. Yngvi ; Ing, dieu des Danois orientaux. Le culte des Vanes très répandu en Scandinavie. Fricco, identifié à Freyr. Le cheval et le verrat, animaux sacrificiels. Caractère fertilisant du Freyr. Dans la dernière période du paganisme scandinave, Freyr supplante Njördhr. caractère sexuel prononcé des dieux Vanes. LES DEESSES : Freyja. Frigg (*Frija), sa relation intime avec l’amour ; mythologie confirmant sa qualité vanique. Freyja, épouse d’Odin dans la mythologie scandinave ; son rôle important dans la mythe de Balder ; Vénus germanique s’intéressant à la procréation humaine. Groupe confus des divinités de la troisième fonction. Les matrones de la Rhénanie romaine ; les disir scandinaves. Les déesses plus individuelles de la Rhénanie romaine et de la tradition scandinave, distributrices du bonheur et de la prospérité. Les surnoms de Freyja. Les comparaisons. Skadhi, femme de Njördhr. LE CULTE : Le témoignage de Tacite, la Germania ; cîme des montagnes, sources et forêts, lieux de culte. Plus tard, édification de temples, conséquences du climat du Nord de l’Europe. Résultats des fouilles islandaises. Les sacrifices d’animaux ; la communion entre les dieux et leurs adorateurs, élément principal du sacrifice. sacrifices humains à l’époque romaine, voués à Mercure ou à Wodan. Sacrifice par pendaison, hommage à Odin. Offrande des malfaiteurs. Ignorance des modalités des cultes et des invocations aux dieux. Les litanies à Thor. Les rites. Les divers modes de divination. LES NORNES : Croyance germanique en un destin inexorable, force quasi impersonnelle agissant sur le monde. Personnification des idées trop abstraites : les trois Nornes. Similitudes avec les Moires et les Parques. Relation des dieux omnipotents avec le destin impersonnel. LE SENTIMENT RELIGIEUX : D’après les sources islandaises, existence d’un rapport personnel entre l’homme et son dieu. La conversion au christianisme ; ses différents aspects, chez les Francs, Anglo-Saxons, Saxons, Frisons. En Scandinavie, grande vitalité de la religion païenne. En Norvège, conversion par la violence. En Islande, conversion massive après délibération parlementaire. Changement de comportement plutôt que de croyance. Blbliographie.
p. 781 à 840
LA RELIGION DES CELTES par Françoise LE ROUX L’Europe centrale, point de départ d’une expansion rapide des Celtes ; au – X° ou – IX° siècle, arrivée en Gaule et dans les îles britanniques, au – VI° et – V° siècles, en Italie et en Espagne, Balkans, Grèce et Asie Mineure. A partir de – 390, recul inexorable jusqu’en – 52, point final de leur existence indépendante. Disparition des Celtes continentaux à la fin de l’Antiquité. Refuges précaires des Celtes insulaires à l’extrême-Ouest européen. Disparition de leur religion. Etude comparative des sources irlandaises directes mais médiévales, et des sources antiques contemporaines, mais indirectes. Description du panthéon celtique continental par César, liste, traduite et condensée en théonymes romains, des fonctions divines connues des Gaulois. Les Gaulois ont sur les dieux une opinion particulière ; les conséquences. Tendances monothéistes de la religion celtique. Enorme différence entre la religion celtique et la religion gallo-romaine. Contresens d’une reconstitution de la religion « gauloise » à partir d’une documentation archéologique de basse époque. Comparaison du schéma de César et du panthéon irlandais permettant de dégager l’existence des trois fonctions indo-européennes. Prééminence de la fonction sacerdotale sur la fonction guerrière dans la société celtique. Quasi-disparition de la troisième classe. LES DIEUX : Polythéisme ou anthropomorphisme des principes divins, déviations de la pensée religieuse gréco-romaine. MERCURE-LUG Le Mercure gaulois : Divinité « polytechnicienne » ; inventeur de tous les arts ou plus grand dieu du panthéon Associé, quelquefois, à une divinité féminine. Sa statue colossale en position accroupie. Même nom que le dieu suprême irlandais. Localités et villes portant le nom de Lugu-dunum. Lyon, métropole politique, religieuse et intellectuelle. Nombreux témoignages de l’existence du culte en Gaule sous une dénomination celtique. représentations et inscriptions trahissant l’hésitation des Gaulois, dans l’anthropomorphisation du dieu, entre Mercure et Mars, et entre Mercure et Apollon. Les surnoms divins, Esus et Teutatès. Ni l’Hermès grec, ni le Mercure romain, ne possèdent l’universelle compétence du Lug irlandais. Le Lug irlandais : Premier rôle dans le cycle mythologique, le Cath Maighe Tuireadh. La lutte des Tuatha Dé Danann contre les Fomoiré, dont Lug est le pivot et qui sert à la définition de base du panthéon irlandais. Mise à l’honneur de la magie divine. Lug est, dans la bataille, à la fois druide et champion ; il est celui qui vainc les forces de l’obscurité, mais par sa mère, fille de Balor, se rattache aux puissances infernales. Lug « roi des dieux » dans un sacerdoce qui transcende d’abord la royauté, symbolisme de la fête de Lugnasad. L’ours, un des symboles de la classe guerrière ; le sanglier, un des symboles de la classe sacerdotale celtique. Intérêt variable des surnoms du Mercure gallo-romain. JUPITER-DAGDA Le Jupiter gaulois : Les formes variables de Taranis, principal nom du Jupiter gaulois. Terreur superstitieuse des Celtes confirmée par Pausanias et les textes irlandais. Le Jupiter celtique, maître des éléments ; les symboles cosmiques. Commentaire difficile des colonnes du cavalier au géant anguipède. Le Dagda irlandais : « Dieu bon » équivalent irlandais du Jupiter gaulois ; archétype du Graal médiéval. Pas agraire. Dépeint, par les Irlandais, sous des dehors et dans des attitudes grotesques. Le symbolisme de sa massue. Dieu musicien ; dieu du contrat et de l’amitié, patron des juristes et des chicaneurs. Druide des dieux et dieu-druide. Ses différents noms. Son hypostase Mog Ruith, détenteur de la roue cosmique. Autre aspect de Jupiter ; Manannan en Irlande et Manawyddan au Pays de Galles ; maître de l’Autre monde ; son aspect maritime. Cernunnos, dieu à ramures de cerf, accompagné d’animaux, un aspect original du Jupiter celtique. MARS, OGMIOS/OGME ET NODONS/NUADA : Divinité importante pendant l’indépendance ; les traces subsistant dans le théonyme d’époque romaine. Evolution inévitable du Mars gallo-romain, gardant cependant ses caractéristiques propres. Les surnoms du Mars celtique : le roi, Nodons, et le champion, Ogme, seigneur de l’écriture sacrée. L’Ogmios continental, représentant de la force pure et de la fureur guerrière, est un lieur. La chaîne emmène vers l’Autre Monde ; persistance du thème. Ogmios-Ogme, côté sombre de la divinité souveraine dont Dagda est la partie claire. L’épopée irlandaise, le héros au visage biparti, Celtchar. Traces de dualité dans les confusions de basse époque entre Mars et Mercure. La nature du Mars celtique participe aux deux états fondamentaux du souverain et du héros guerrier. Rôle important du héros irlandais. Liaison constante Mars-Mercure en Gaule, absence de tout Mars unitaire à la mode romaine. Conception celte de la guerre sous l’angle du combat singulier rendant impossible toute interprétation classique du couple Nuada-Ogme ; conception du Mars royal. Mars du type indo-européen le plus archaïque défini par César ; perte totale de l’aspect souverain et oblitération de l’aspect guerrier, rendant difficile l’analyse du Mars gallo-romain. Survivances singulières. APOLLON-DIANCECHT-MAC OC (OENGUS) : Diancecht, dieu irlandais remplissant la fonction de l’Apollon guérisseur gaulois. La « Fontaine de Santé ». Vindicatif, il tue son fils. Les autres capacités de l’Apollon celtique illustrées par ses surnoms. La légende irlandaise archaïque du Tochmarc Etaine. L’histoire dite Altrom tige da medar. La légende De gabail in tSida. Dieu solaire et brillant ; la fête irlandaise de Beltaine. L’Apollon au cygne. Les surnoms élargissant le champ fonctionnel sacerdotal. Origine septentrionale ou hyperboréenne du dieu suprême. Impossibilité d’appartenance de l’Apollon celtique à la « troisième fonction » : chez les Celtes, la médecine, pratiquée par les druides, se rattache à la première fonction sacerdotale. Diancecht, dieu-médecin, traduction partielle de la fonction apollinienne ; ses trois enfants équivalent aux Ashvin hindous. L’éclat, la blancheur du dieu gaulois rappellent Lug. MINERVE – BRIGITE – GOIBNIU Brigite : Minerve, ouvrière et inspiratrice des arts. Ses diverses représentations en Gaule et en Grande-Bretagne. Son nom principal Brigite. La « triple Brigite » de la légende irlandaise, mère des trois dieux fondamentaux, fille du dieu-druide Dagda ; sanctifiée par la christianisation, vierge et mère dans la conception celtique. Selon le schéma de César, quatre divinités masculines équilibrent une grande divinité féminine. Multiplicité des théonymes féminins gaulois. Epona, divinité gauloise révérée à Rome. Les séries féminines irlandaises, aspects de la grande déesse féminine. Goibniu : L’homologue technicien de Brigite. En Irlande, Goibniu « le forgeron », représentation de Vulcain. Le « Festin de Goibniu ». Son continuateur, le charpentier Gobban Saer. Sa christianisation. Sa survivance au VIII° siècle. Appelé Govannon au Pays de Galles. Les Irlandais Luchtaire et Creidne. Système celtique foncièrement inadaptable aux normes polythéistes du panthéon classique. Le dieu innommé des Celtibères. Difficulté pour César, habitué au compartimentage étroit de la religion romaine, de comprendre un système beaucoup plus souple. Lug, grande divinité coiffant Dagda-Ogme. Nuada ; le groupe des artisans ; la déesse primordiale. Absence, chez les Celtes, d’une grande divinité de « troisième fonction » productrice et érotique. Les divinités topiques. La religion des Celtes se rattache à la tradition d’une classe sacerdotale puissante et instruite, contrôlant une riche aristocratie guerrière. LE CLERGE ET LE CULTE ETYMOLOGIE ET DEFINITION DU MOT « DRUIDE » : Diviciacus ; les druides d’Anglesey. Selon Pline : « les hommes du chêne » ; étymologie réelle « les très savants » ; prêtres, instructeurs et savants, métaphysiciens. Le vêtement blanc, preuve de leur état sacerdotal. Le témoignage de César. LA HIERARCHIE : Distinction sociologique établie par César entre les druides et les chevaliers, entre la classe sacerdotale et la classe guerrière. Diodore de Sicile et Strabon évoquent la hiérarchie interne de la classe sacerdotale celtique : druides, bardes et devins. Contacts possibles mais non relations particulières entre druides et pythagoriciens. Altération du schéma irlandais ; les filid convertis au christianisme responsables de la forte couleur de magie de la tradition celtique déclinante. Réminiscences traditionnelles transmises par les bardes gallois. Le troisième échelon de la classe sacerdotale. Inexistence des druidesses ; le sacerdoce féminin se limite à la voyance, la prophétie et la divination. Les Gutuatri. Hiérarchie sacerdotale stricte. Recrutement ouvert à toutes les classes de la société. Première place des spéculations métaphysiques ; rôle immense, politique et social, des druides, selon la légende irlandaise. Exemptés de service militaire et d’impôts, mais gardant le droit de participer aux opérations militaires. Cathbad « druide et guerrier ». Diviciacus commande un corps de cavalerie. Extrait de la classe guerrière, le roi n’est que l’intermédiaire obligé entre la classe sacerdotale et ses sujets. LES RITES : Le sacrifice, une des préoccupations essentielles des druides ; rareté du sacrifice humain. Nécessité religieuse de purification, notion métaphysique d’équilibre cosmique. Peu de documents. La « tête coupée », coutume guerrière liée à une conception apotropaïque de la tête de l’ennemi vaincu. Les textes hagiographiques irlandais relatifs à Crom Cruach. Les funérailles gauloises évoquées par César. Pouvoirs magiques et divinatoires des druides entraînant la faculté d’imposer aux hommes des interdits et des obligations. Le rite d’intronisation royale. Les pratiques divinatoires. Le calendrier de Coligny. Partialité des auteurs grecs et latins. LES DOCTRINES L’écriture : Les tablettes du camp des Helvètes, les inscriptions du Sud de la Gaule et d’Italie du Nord. Erreur d’interprétation, par César du non-emploi de l’écriture dans les affaires religieuses ; ses raisons réelles. L’écriture, chargée de magie, propriété d’Ogmios, fixe de manière durable ce qui lui est confié. La connaissance traditionnelle n’est rien sans transmission d’une influence spirituelle. Utilisation des ogam ; grande difficulté de lecture. Après la christianisation, récits, en écriture latine, d’une tradition morte, l’ésotérisme celtique s’étant fondu dans le christianisme. L’Autre Monde : Opinions différentes des auteurs anciens : les druides enseignent l’immortalité de l’âme ; ils croient à la métempsycose. Expression de la théorie des états multiples de l’être. Métamorphoses passagères. La réincarnation, en contradiction formelle avec les doctrines celtiques. Croyance en l’immortalité de l’âme. Promesse d’un au-delà paradisiaque continuateur des plaisirs terrestres. Les fées, apparaissant sous forme de cygnes, messagères entre le monde terrestre et l’Autre Monde. Absence de contingence de temps et d’espace. Les dieux sont éternels et possèdent le dons d’ubiquité. La notion de centre : « Centre primordial » d’où provient le savoir sacerdotal. La géographie sacrée, traduction humaine de cette notion. Le temple celtique de Libenice. Les temples gallo-romains continuateurs des temples celtiques. La forêt, sanctuaire idéal. Importance du bois et de l’arbre sacré. L’île, sanctuaire parfait, symbole de l’Autre Monde. Les fêtes : L’Irlande, meilleur moyen d’accès à la compréhension de la religion celtique. Importance des fêtes saisonnières. Samain, le premier novembre, « premier de l’an » celtique, fête de la classe guerrière pendant laquelle les sidhe sont ouverts. Mélancolie et tristesse apportées par le christianisme. Beltaine, le premier mai, début de la saison claire, fête du feu et des druides. Lugnasad, le premier août, fête de la moisson et surtout du roi. Habilement annexée par Auguste au culte impérial. Recoupement entre l’organisation interne du calendrier et celle du panthéon placé sous le patronage de Lug. Absence quasi totale d’imagerie. Amusement des Gaulois devant les représentations des dieux grecs. L’art celtique de La Tène. Statuaire chrétienne irlandaise, naïve et maladroite. L’art du Haut Moyen Âge. La tradition celtique un tout organique, fortement charpenté, avec prédominance de la partie spéculative. Ressemblance des héros avec les demi-dieux de la Grèce. Acceptation de la fatalité. Facilité d’héroïsation des rois et des guerriers ; passage de l’histoire sur le plan mythique. Les dieux archétypes imités par les druides, les héros, les artisans divins. LA MYTHOLOGIE Les traces de la mythologie gauloise : Domaine secondaire, mais existant, de la mythologie par rapport à la métaphysique. Confusion entre l’histoire et le mythe. Tite-Live : l’histoire du roi gaulois Ambigatus, du consul romain Postumius. Shakespeare et le thème de « la forêt qui marche ». Récit irlandais de la Mort de Cuchulainn. Evènement mythique raconté historiquement. Le commentaire de Lucain. Légende de la fondation de Lugdunum par le pseudo-Plutarque. Légendes étiologiques des capitales royales. Le thème légendaire commun à Diodore de Sicile et Timée. Le Pseudo-Plutarque et la légende d’Epona. La tentative d’Arbois de Jubainville. LA MYTHOLOGIE IRLANDAISE Les invasions de l’Irlande : Adaptation de la tradition au christianisme, défaut des annales irlandaises. Le Lebor Gabala source infiniment précieuse (malgré le fatras pseudo-historique et étymologique) par les fragments de mythologie qu’il contient. Occupation de l’Irlande par cinq races divines dont les trois premières ont disparu. Les Tuatha Dé Danann, magiciens très doués arrivant du « nord du monde », leur bataille contre les Fir Bolg, leur lutte contre les Fomoiré. Les Goidels venant d’Espagne battent les Tuatha Dé Danann qui deviennent les êtres de l’Autre Monde du folklore irlandais. Vagues d’invasions correspondant aux âges d’or, d’argent, d’airain et de fer des Gréco-Romains. Edifice mythique basé sur les Tuatha Dé Danann. Ils possèdent science, sagesse, et des talismans merveilleux. Les trois rois, fils de Dagda ; leurs trois femmes. Leurs relations avec leurs successeurs. Difficulté de tracer une frontière entre dieu et héros. Imprécision du Lebor Gabala. Analogie entre le massacre des Fomoiré par Lug et celui des hommes d’Irlande par Cuchulainn. La souveraineté personnifiée par une déesse éponyme, épouse du roi d’Irlande, thème central de la mythologie irlandaise. Les trois versions du Tochmarc Etaine. Le cycle d’Ulster : Répétition du cycle mythologique avec des personnages aux caractères rudimentaires, profondément humains ; ces divers personnages. Réalité historique possible de certains d’entre eux. Le Tain Bo Cualnge, pièce centrale du cycle d’Ulster à la structure mythologique indiscutable, éclaire crûment la société irlandaise du Haut Moyen Âge. L’argument. Trame simple mais récit coupé d’innombrables digressions. Cath Mighe Tuireadh et Tain Bo Cualnge, légendes traditionnelles et guerrières illustrant les conceptions celtiques du pouvoir et de la hiérarchie sociale. Mythologie incomplète mais authentique. Le cycle ossianique : Finn, héros éponyme, son fils Oisin personnage principal du cycle. Les Fenians, milice chevaleresque dont les exploits ont impressionné la mémoire populaire. Le récit de Keating au XVII° siècle. Nature mythologique moins évidente que dans le ccle d’Ulster, souvenir historique de Find, influences de la christianisation et des invasions scandinaves. Les Immrama, récits de visions et de voyages océaniques hors du temps et de la mort. Adaptation de ce merveilleux par le christianisme ; l’essence du cycle reste païenne. Sensibilité des anciens à l’atmosphère étrange des récits celtiques. La littérature galloise : Plus récente ; intérêt mythologique réduit. Les Mabinogion. Le Mabinogi de Pwyll. Le Mabinogi de Branwen fille de Llyr. Le Mabinogi de Manawyddan fils de Llyr. Le Mabinogi de Math fils de Mathonwy. Remarques sur les légendes insulaires : Art narratif des Gallois supérieur à celui des Irlandais. L’origine des romans arthuriens. Nombreux remaniements des récits gallois entraînant la transformation des personnages centraux, ou même du Graal, en symboles indépendants de toute mythologie. Absence de comparaison exhaustive des thèmes gallois et irlandais. Les analogies. Définitions variables augmentant les difficultés d’interprétation. Problème des relations entre le Pays de Galles et l’Irlande. Les réminiscences païennes du folklore breton. Origine celtique possible du Gargantua de Rabelais. Difficulté de rétablir l’état premier de schèmes mythologiques devenus thèmes littéraires développés. Persistance de la tradition irlandaise à travers la christianisation ; saint Patrick connaît toutes les techniques du devin. Mythologie destinée à une classe guerrière, et organisée en fonction de l’enseignement d’une classe sacerdotale préoccupée de spéculation métaphysiques. Panthéon gaulois monothéiste. La religion celtique n’est ni une religion populaire, ni une religion d’Etat. Bibliographie
p. 841 à 873
LA RELIGION ETRUSQUE par Raymond BLOCH CARACTERES GENERAUX : Attitude particulière des Etrusques à l’égard de la divinité et du destin. Inégalité des sources, les auteurs gréco-latins, le matériel épigraphique étrusque, les données archéologiques. Légende de la révélation, Tagès et Vergoia. Les livres sacrés. Importance primordiale de l’art divinatoire. Interprétation des phénomènes de la nature, d’une part par les philosophes grecs et romains, d’autre part par les Etrusques. L’EXTIPICINE : Le sacrifice instrument majeur de révélation. L’haruspice étrusque. Schéma de la sentence divinatoire. Les maquettes de foie ; importance de celle de Plaisance, le symbolisme cosmique. Atmosphère d’une consultation, Lucain. L’ETUDE DES FOUDRES : Le calendrier brontoscopique étrusque. Analyse des foudres et des mouvements des astres. Nigidius Figulus. Immense réputation de la kéraunoscopie des Etrusques. L’haruspice toscan devin et magicien. Diviion du ciel en quatre parties divisées en quatre secteurs. Les différents types de foudre. Les dieux fulgurants. Casuistique d’interprétation. Pouvoirs magiques de l’haruspice, grand spécialiste de la purification et de l’expiation. Arruns. Les rites inspirés par la terreur sacrée de la foudre. LES PRODIGES : Observation, interprétation, expiation. Le recueil général des prodiges traduit par Tarquitius Priscus ; arbres maléfiques et arbres bénéfiques ; parallélisme étroit entre la vie des arbres et celle de la cité. Répartition des animaux favorables ou funestes. Présages funestes des malformations humaines et animales. Charisme monarchique. Tarquin l’Ancien. Servius Tullius. LA LIBERTE HUMAINE : Limites de l’emprise du Fatum, part réservée à la liberté humaine. Le devin par sa science des rites peut modifier un avenir d’abord inéluctable. Les dieux, intercesseurs entre l’homme et son destin. Recherche de la véritable filiation de la mantique étrusque. LES DIEUX – LEUR DIVERSITE : Documentation lacuneuse sur le panthéon ; apport des écrits romains et grecs ; richesse de l’archéologie. Influence grecque. Variété de noms et de figures des dieux étrusques. Processus d’assimilation étrusco-grec. Influences romaine et grecque. La découverte de Pyrgi, le jeu de l’interpretatio sur le double plan de la religion étrusque et carthaginoise ; le cas d’Eileithuia-Leukothea. Problèmes de structure, de hiérarchie divine et de constitution de triades divines. Origine toscane de la triade capitoline. La structure du temple. Définition de la ville étrusque ; auspices et orientation. Structure d’ensemble du panthéon. LA MORT ET L’OUTRE-TOMBE : Préoccupations majeures des Etrusques. Rites et immortalité. Importance primordiale du culte funéraire, au-delà paradisiaque de l’époque archaïque devenant redoutable et terrible en période tardive. Originalité de la religion étrusque. Bibliographie
p. 874 à 926
LA RELIGION ROMAINE par Raymond BLOCH ORIGINES INDO-EUROPEENNES : Malgré l’abondance des documents, difficulté à cerner les problèmes très complexes. Divergence d’opinions sur les origines. Apports de l’étude comparée des religions et des mythologies indo-européennes ; ascendance commune ; transposition des mythes selon les tempéraments des différents peuples ; division divine et sacerdotale de Rome, souvenir de la structure tripartie des Indo-Européens ; transformation humaine, nationale et morale des mythes anciens, illustrations de ce processus, étape intermédiaire entre la religion indo-européenne originelle et la religion romaine, les Tables Eugubines ; comparaison des panthéons et des rituels ombriens et romains ; psychologie religieuse semblable, aspect fonctionnel des dieux. SOUILLURE, IMPURETE ET PURIFICATION Considérations générales : Pollution matérielle – sentiment de culpabilité – notion de la responsabilité individuelle. Importance des couples souillure-purification dans la vie religieuse chez différents peuple, la solution présentée par Roger Caillois. Les notions de souillure et d’expiation dans l’Antiquité classique et le monde romain ; la pensée grecque, pureté rituelle et bien moral. Dans l’ancienne Rome : Attitude des Romains face au problème souillure-purification. Enée, incarnation de la piété, qualité majeure ; caractère imparable de la pollution (Enéide, livre III) ; caractère fondamentalement irrationnel de l’expérience religieuse concernant la souillure. Elaboration d’un système de précautions et de rites protecteurs destinés à préserver l’efficacité de l’action, préoccupation majeure du Romain. Désintégration et historicisation des mythes. Horace. Forte organisation de la religion d’Etat ; le calendrier rituel, liaison de la purification et du culte funéraire. Même caractère des autres religions italiques, les tables de Gubbio. Attitude du Romain face aux prodiges ; témoignage de Tite-Live ; la procuration des prodiges. Persistance du souci de purification, malgré l’invasion des cultes orientaux et l’apparition de nouvelles préoccupations. ANCIENS RITUELS Devotio et evocatio : Originalité de rituels d’origine archaïque ; rite de devotio comportant un sacrifice humain, Decius (Tite-Live, livre VIII, 9, 10). L’evocatio expression particulière et saisissante de la tolérance religieuse des Romains à l’égard des divinités étrangères et de leur mentalité utilitariste ; analogie avec le procédé hittite du – II° millénaire. Les témoignages de Macrobe, Pline l’Ancien et Servius ; le Carmen ; transfert physique du dieu ou de la déesse. La vie divinatoire : Pragmatisme de la vie religieuse romaine. Caractères de la mantique grecque, rôle constant des sibylles et oracles. Attitude originale des Romains, défiance vis à vis de la divination inspirée, contrôle sérieux de l’activité oraculaire (les Livres Sibyllins). Divination inductive, place importante dans la vie religieuse, politique et privée du Romain qui conserve cependant sa liberté d’action et d’entreprise. L’omen. Importance des présages visuels, les auspices ; le droit d‘auspices. Influence du souci du signe sacré sur la religion et le peuple romains. Evolution de la psychologie religieuse après la deuxième guerre punique ; rôle du mode divinatoire dans la course au pouvoir personnel, prestige de l’augurat, exploitation du charisme, le thème de la naissance miraculeuse. Vogue des religions orientales, astrologie, horoscopes ; censure des prédictions. ASPECTS DU CULTE Culte privé : Complexité du panthéon romain, peu de goût pour l’anthropomorphisme. Genius, Lares, Pénates, les numina. Culte et symbolisme funéraire : Nécessité essentielle du culte des morts comme chez tous les peuples de l’Antiquité. Conviction d’une survie souterraine semblable à la vie supraterrestre. Le sang, le vin, le repas des funérailles, les cépotaphes ; apports des religions orientales, espérances nouvelles de survie. La pietas. Aspect redoutable du mort, les mânes. Influence de la religion et de la philosophie grecque ; l’Enéide VI, témoignage de l’art du sarcophage, les croyances cosmiques. Le héros personnage typiquement grec, inconnu des Romains qui divinisent les héros grecs. Sous l’Empire développement de l’héroïsation personnelle ; l’héroïsation par la culture. Le triomphe sur la mort. CALENDRIER ET SACERDOCE : Dans le plus ancien calendrier : diversité divine, inégalité théologique mais grande netteté de la succession des rites fériaux. Clarté de l’organisation des sacerdoces ; répartition précise de l’action sacrée, le Rex sacrorum, les trois flamines majeurs, les douzes flamines mineurs. Le collège des Pontifes, les Vestales. Les Augures, les Livres Sibyllins. Les Lupercales, les frères Arvales, les Saliens. Les Fétiaux possesseurs du droit de guerre, la piété romaine débouche ainsi sur le droit et la moral et Rome établit, par le rituel sacré, la structure d’un droit international. ASPECTS DU PANTHEON, SON EVOLUTION : Complexité, diversité, évolution chronologique. Les premiers siècles ; à la fin de l’époque royale, Rome capitale religieuse du Latium ; le partage du culte. Importance de la notion de numen, personnification des abstractions. Modifications importantes de la structure du panthéon due à l’admission de dieux étrangers et à la désaffection des classes cultivées à l’égard des anciens rites. Evolution religieuse strictement contrôlée par le Sénat, introduction de Cybèle, l’affaire des Bacchanales. Développement du goût pour les consultations oraculaires. Le culte des héros. LE CULTE IMPERIAL : Aspect original de la politique d’Auguste ; union des anciennes notions latines de numen et de Genius et des formes helléniques d’exaltation du général victorieux aboutissant à la conception morale du souverain-dieu. Etablissement d’un équilibre religieux entre les croyances et les cultes de la métropole et ceux des provinces ; le jeu de l’interpretatio. LES RELIGIONS ORIENTALES : Popularité des cultes à mystères et des religions orientales apportant des solutions nouvelles aux problèmes de la survie personnelle. Les religions situées sur le plan biologiques et les religions axées sur une vision cosmique, les interférences. Dionysos-Bacchus, Cybèle-Isis. Les cultes du soleil et de Mithra. Au début du IV° siècle, épanouissement du monothéisme chrétien, abolition du paganisme, fin de la tolérance romaine. Bibliographie
p. 927 à 957
LA RELIGION DE LA CHINE ANTIQUE par Max KALTENMARK Les révélations archéologiques. Les textes traditionnels. LA MYTHOLOGIE : Fragments thématiques des grands mythes. Le Chou King. Yao, Chouen et Yu, anciennes divinités évhémérisées. Les légendes. Les traits mythiques de Yu. Les légendes cosmogoniques de Niukoua, Kong-kong et Tch’e-yeou. Le mythe de la rupture des communications entre le ciel et la terre. Importance des thèmes relatifs aux arts du feu. Les héros fondateurs maîtres du feu. La hiérogamie métallique. Houang-ti, héros culturel important et populaire. Les nombres trois et cinq, symboles des classifications sociales et cosmiques. La théorie des cinq éléments orientés. Le Chang-ti, divinité anthropomorphe, ses hypostases. La Si wang-mou. LA DYNASTIE DES CHANG : Aucune trace archéologique de la dynastie des Hia. Les rois Chang ; le mythe de la naissance miraculeuse de l’ancêtre. Importance des découvertes archéologiques à Auyang (Siao-t’ouen). Les inscriptions oraculaires : Les fouilles de Siao-t’ouen. Les inscriptions en caractères archaïques et la scapulomancie. Importance des caractères cycliques dans la vie religieuse. Les « signatures » des devins, moyen de datation et de classification. Variété de sujets des opérations divinatoires. Les inscriptions oraculaires source importante de renseignements sur l’organisation sociale, les institutions, les mœurs et surtout la vie du clan royal. Système patrilinéaire. Les cultes des Chang. Le culte des ancêtres : La généalogie des rois Yin. Attribution d’un nom rituel. Deux écoles de rites. Tsou-kia réformateur. Les deux principes du sacrifice. La systématisation du culte. Importance variable des offrandes. Culte à diverses divinités : Sacrifices en l’honneur des puissances naturelles et des ancêtres éloignés. Ti, divinité la plus éminente. Le Fleuve et la Montagne sacrée. Le dieu du Sol. Pictogrammes représentant les gestes rituels. Sacrifices des Yin aux ancêtres mythiques et aux grands serviteurs de la dynastie. Les sacrifices humains : Le témoignage des tombes royales de Si-pei-kang : nombre impressionnant de victimes humaines et animales immolées. Les sacrifices humains, pratique courante à l’époque Yin. LA DYNASTIE DES TCHEOU : Les Tcheou occidentaux, les Tcheou orientaux. La période Tch’ouen-Ts’ieou : élaboration de la civilisation chinoise traditionnelle ; Confucius. L’époque des Royaumes combattants ; vive effervescence intellectuelle. Importance religieuse de la capitale royale. Le culte du Ciel : Les Rois Tcheou sacrifient au Ciel, puissance protectrice de la dynastie. Sous l’influence des philosophes, dépersonnalisation du Ciel. Le « Mandat céleste ». Le roi responsable du gouvernement des hommes et de celui des phénomènes naturels. Les rites et l’étiquette. Le roi promulgateur du calendrier. Conception liturgique du temps et de l’espace ; la théorie du Ming t’ang. Dieux du Sol et autres divinités du territoire : Hiérarchie de dieux du Sol. Le grand dieu du Sol, le dieu du Sol royal. L’autel du Sol. Divinité agraire devenue dieu administratif et politique ; le dieu des Moissons. Les sacrifices. Le dieu du Fleuve Jaune, les cinq Pics sacrés. Le culte des ancêtres : la théorie des deux âmes : le houen et le p’o. Les rites du culte ancestral réservés à l’aristocratie, les gens du commun n’ayant pas d’âme houen. Les rites du deuil, les tablettes, les offrandes. Culte solennel des ancêtres Tcheou les plus illustres. Nécessité d’une descendance mâle pour assurer la continuité du culte ancestral. Les cultes paysans : Les chansons du Che king révélatrices de certains aspects de la religion paysanne ; les fêtes saisonnières. Rapport certain entre les lieux saints des communautés paysannes et les montagnes, fleuves, bois sacrés du rituel classique. Kao-mei, dieu du mariage et de la fécondité. La fête d’automne. Le cycle des rites et cérémonies royales, transposition rationalisée de pratiques paysannes. LES DYNASTIES T’SIN ET HAN : Unification de la Chine. L’ère impériale. Institution, par les T’sin, du culte de leur ancêtre Chao-hao, identifié à l’Empereur Blanc, puis, plus tard, ceux des Empereurs Vert, Jaune et Rouge. Les emblèmes dynastiques et la théorie des cinq Vertus. La Vertu dynastique. Les Sacrifices Fong et Chan. Les premiers empereurs Han. Wou ti inaugure une ère nouvelle et affirme l’existence religieuse de sa dynastie ; ses initiatives religieuses, son institution du confucianisme comme doctrine officielle ; création de la charge de « lettrés au vaste savoir », recrutement des fonctionnaires par examen. Bibliographie
p. 958 à 991
LES CROYANCES DU JAPON ANTIQUE par Hartmut O. ROTERMUND L’univers religieux japonais ; le terme shintô en tant qu’il désigne les croyances prébouddhiques. SOURCES La littérature : Le Wei-chih, valeur historique des sources chinoises. Les œuvres littéraires japonaises les plus anciennes, Kojiki, Nihongi, Kogoshûi, Fudoki, Norito (prières rituelles) ; la première anthologie de poèmes, le Manyôshû ; les chants populaires. Structure, contenu et valeur pour l’analyse des faits religieux qui y sont contenus. L’archéologie : Apport des époques préhistoriques. Jômon : dogû, sekihô ; l’interprétation des dogû ; les cultes de la fertilité. Yayoi : sekken, dôtaku, hoko. Signification des dôtaku. Intérêt particulier des os employés dans la divination, les bukkotsu. Kofun : magatama ; l’assemblage magatama-miroir-épée dans les grands tombeaux. Disposition du corps des défunts ; supposition relative à des rites d’initiation ; bateaux et ustensiles divers dans les tombeaux. MYTHOLOGIE : Nature des mythes japonais ; influences possibles de la région du Sud-Est asiatique ; création du Japon par Izanagi et Izanami, couple divin fondateur. Naissance d’Amaterasu et de son frère Susanoo. D’Okuninushi à Jimmu Tennô. LES KAMI ET LEUR CULTE : A l’origine, conception à caractère plutôt animiste ; la litholâtrie d’après des passages du Kojiki et des Fudoki. Fonction religieuse attribuée aux montagnes ; rapport entre l’agriculture et la vénération des montagnes. Yama no kami; les divinités venant de l’au-delà de la mer. Vénération de l’eau. Divers kami de la nature. Conception des kami chez le peuple commun. Apparition des spécialistes du culte. Le reine Himiko dans le Wei-chih. Traits chamaniques d’Amaterasu. Le rôle des hannushi ; les offrandes faites aux kami ; les norito. DIVINATION : Divers procédés de divination, observation de la nature, waza-uta. MAGIE : Importance de la magie dans la vie religieuse des Japonais. La notion de tama (esprits vitaux et sensoriels), les termes musubi et tamafuri. Musubi : Croyance en l’efficacité de l’action de nouer ; l’usage du terme dans les poèmes du Manyôshû. Tamafuri : Tama des humains et des choses de la nature ; tama responsable de la santé ou de la maladie des hommes. La signification du chinkon-sai ; rapports avec le mythe de la retraite d’Amaterasu dans la grotte céleste. Le rôle de la danse ; magie en face de la mort. Croyance à un transfert de forces. Le mythe d’Okuninushi ; formes visibles des tama ; rapport tama – oiseaux aquatiques. COUTUMES FUNERAIRES. AU-DELÀ : Les chants sur la mort de Yamato Takeru ; chants et musiques dans les rites funéraires. Le mythe d’Amewaka hiko ; tamayobai. Quelques termes pour désigner l’idée de mourir ; crainte de la mort. La notion de tokoyo. Le ciel : notion peu claire dans la pensée religieuse des anciens Japonais. Bibliographie
LA FORMATION DES RELIGIONS UNIVERSELLES
ET LES RELIGIONS DE SALUT EN INDE ET EN EXTRÊME-ORIENT p. 995 à 1104 L’HINDOUISME par Anne-Marie ESNOUL Transformation progressive de la religion védique à la fin de la période des brâhmana. Progression géographique vers l’est et le sud. Abandon des éléments anciens, développement des possibilités propre ; brahmanisme ; hindouisme. Substitution de la notion de dharma à celle de rta. Au niveau des upanishad et du bouddhisme, les notions de karman et de sâmsâra typiques du changement intervenu dans l’attitude religieuse de l’Inde apparaissent déjà toutes formées. Exposé de l’arrière-plan métaphysique de l’hindouisme. L’arrière-plan sociologique, héritage direct du védisme ; les quatre varna. Les hors-castes ; idée dominante du pur et de l’impur. Apparition du renonçant, personnage caractéristique de l’hindouisme ; la délivrance devient quête individuelle d’ordre spirituel. Mouvement tendant à transformer l’arrière-plan mythologique provenant de l’époque antérieure. La triade Brahmâ-créateur, Vishnu-stabilisateur et Shiva-destructeur ; suprématie de l’un ou de l’autre de ces deux derniers. Développement de la bhakti. Evolution de la religion des derniers siècles avant notre ère à l’époque moderne. Les textes indiens et les récits étrangers ; documents épigraphiques et archéologiques. Les sources : Le Mahâbhârata et le Râmâyana, mélange de légendes, d’allusions aux lois morales ou croyances religieuses de la société brahmanique. Composition étalée sur des siècles entre le – III° siècle et le III° ; diverses recensions ; Vyâsa ; Vâlmiki ; les Râmâyana. L’époque des purâna, mélanges de cosmogonie, de données rituelles ou morales ; les upapurâna mahâtmya ou sthâla-purâna. Caractère plus sectaire des tantra (âgama et samhitâ). Les textes littéraires ; difficile démarcation entre le sacré et le profane ; Kâlidâsa : le Gîtâ-Govinda. Les recueils philosophiques superposent à leur théorie des considérations religieuses ; place du sâmkhya et du vedânta. Intégration profonde de la religion à la réflexion et à l’existence. Les ouvrages en dialectes locaux dérivés du sanskrit. Précieux renseignements, fournis par la littérature en langues dravidiennes, sur les aspects de l’hindouisme dans le sud de l’Inde ; les poètes mystiques ; vishnouisme et shivaïsme ; les purâna shivaïtes, le Nâlâyiraprabandham. Multiples indications sur l’aspect permanent de l’hindouisme. ASPECT ANALYTIQUE Les Divinités : Emprunt, assez libre, des dieux védiques. Aspect nouveau de certaines divinités et, surtout, prépondérance accordée à une divinité choisie. La trimurti, rôle effacé de Brahmâ ; Vishnu et Shiva dieux majeurs. Vishnu et sa suite : Stabilisateur ; protecteur de l’univers ; les avatâra ; nombre et incarnations variables selon des listes différentes. Grand succès de cette croyance, son application à d’autres dieux. Les avatâra du poisson, de la tortue, du sanglier, de Narasimba ; la série des héros divinisés : Parashurâma ; Râma, la plus populaire de toutes les traditions littéraires indiennes ; Krshna, haute antiquité de ce personnage (la Chândogya, les canons pâli et jain), figure appartenant peut-être à d’anciens cultes aborigènes, au – II° siècle identification de son culte à celui de Vishnu ; Buddha ; Kalkin. Les divers courants : les innombrables appellations de Vishnu, le Mahâbhârata, la théorie des vyûha, Garuda, les objets attributs du dieu, les alvar. Shiva : Aspect ambigu : puissance des ténèbres, les légendes ; ascète ; redoutable ; protecteur ; exterminateur des démons. Dieu de la vie, symbolisé par le linga pilier cosmique. Shiva maître de la danse, synthèse de deux aspects antithétiques. Conception philosophique et doctrinale, les pâshupata ; les yogin. Les avatâra de Shiva. Importance du rôle de la parèdre : la série des shakti. Les fils de Shiva et de Durgâ-Pârvati. Les génies et démons. Hari-Hara, manifestation du caractère unitaire de la religion hindoue. Le shivaïsme accueillant aux autres cultes. Dieux secondaires : Les devatâ. Indra, Agni, Vayû, Varuna, Yama, Sûrya, Kubera, Kâma. Aspect composite de la plupart des dieux hindous ; popularité des déesses protectrices. Les phénomènes naturels. Les personnages légendaires. Rôle important de rshi. Attitude du fidèle Croyances : Les êtres divins, humains et sub-humains. Les animaux révérés ; place privilégiée de la vache. Culte des arbres, des plantes, des pierres brutes. Mélange de mythologie, souvent populaire, et de croyances d’ordre spéculatif. L’impermanence, trait commun à toutes les divinités, la loi du samsâra. La théorie du Brahman, absolu, impersonnel et intemporel. Le mouvement spéculatif issu des upanishad ; l’école du sâmkhya et le vedânta. Exposés philosophiques des purâna. Dans les brâhmana et les upanishad, traditions de plus en plus marquées vers la recherche métaphysique. La géographie mythique du Mahâbhârata et des purâna. Moyens d’échapper au sâmsara. Conception indienne de l’âme, l’âtman, le jiva. Croyances diverses concernant la vie, la mort et l’au-delà. L’Arthashâstra. Le jugement de Yama. Descriptions variées des lieux de récompenses et de châtiments. Divers modes d’obtention de la délivrance. La tentation du non-agir opposé à l’enseignement de la Bhagavad-Gîtâ. La théorie des âshrama. Les ordres religieux. Shankara. Les voies du salut : Le renoncement, sublimation de la tendance au non-agir. Le yoga. Le tantrisme. La libération par la voie de la connaissance. Succès des cultes sectaires et du mouvement de bhakti. La notion de prapatti. Suppression théorique des castes dans le domaine religieux. Qualité variable de la délivrance selon les systèmes. Croyance en une réincarnation, les pouvoirs magiques. Le culte proprement dit : Le culte, auxiliaire de la délivrance finale, subsiste dans tous les milieux. Raréfaction des grands sacrifices ; les offrandes animales ; influence de l’ahimsa ; majorité d’offrandes végétales. Le suicide de la veuve ; les morts volontaires, rites expiatoires. Expiation morale, expiation légale ; les règles. Les pèlerinages, le Gange, les tirtha ; les temples. La géomancie, rôle majeur des astrologues. Accroissement des proportions des temples. Conception hindouiste des représentations divines ; la pûjâ, rite privé ou officiel, la pûjâ à l’idole, la pûjâ des tantra ; les processions. Les fêtes fixes, occasions de divertissements profanes, début du théâtre indien ; fêtes mentionnées dans le Bhavishya ; la fête de la bannière d’Indra ; la fête des lumières. Les fêtes du Sud, pungal. Les vrata. Analogies entre les rites solennels de l’époque hindouiste et ceux des époques antérieures ; sacrifices quotidiens, cérémonies d’initiation. Le culte domestique quotidien au VI° ou VII° siècle. Rites de passage de la nuit au jour et du jour à la nuit. Les prières, aspect magique et croyance en l’énergie spécifique de la parole ; les légendes du Mahâbhârata. La prière murmurée et la prière mentale. Les aspects tantriques du culte gagnent peu à peu toutes les formes de l’hindouisme. Les formules ; aspect sacré de om. Développement d’un alphabet mystique ; les Shivasûtra. Aspect magique côtoyant les plus hautes spéculations métaphysiques. Rôle considérable de l’astrologue ; les mantiques, la Brhatsamhitâ. Le râjayoga et le hathayoga. Succès populaire de la magie. Croyance indienne profonde d’une corrélation étroite entre l’universel et le particulier, le cosmos et l’individu, le Dharma et les dharma. Les tabous alimentaires ; la notion de pur et d’impur ; Caraka Sushruta-Samhitâ ; faible écart entre la coutume hindoue et la tradition védique, les règles des Grhya Sûtra. Les sacrements ; importance du rite de sraddha (repas funéraires), substitution de l’ancien culte des mânes, les légendes. L’hindouisme, réalité vivante. ASPECT EVOLUTIF : Ignorance des transformation du brahmanisme au début de notre ère. L’hindouisme gagne l’Inde entière, fusionnant sans doute parfois avec des cultes locaux. Les luttes avec le bouddhisme, protection de la dynastie Gupta ; disparition du bouddhisme indien. Persécution islamique, influence spirituelle minime. Interruption des contacts entre savants indiens et iraniens, et ensuite arabes, par la conquête islamique de l’Ouest de l’Inde depuis le XI° siècle et les vagues d’invasions suivantes. Attitude des masses. Au XIII° siècle, rapprochement mystique par le biais du sufisme, surtout dans le Nord et l’Ouest. Le phénomène sectaire, trait essentiel de cette période de l’hindouisme, expression de l’universalisme de l’esprit indien. Les sectes shivaïstes ou vishnouites, des premiers siècles au XIII° siècle. Le shaktisme, forme dérivée du shivaïsme. Rapports des darshana aux sectes : Définition du terme darshana. La première mimamsâ et l’uttra mimamsâ (vedânta). Vaishashika et nyâya. Evolution et transformation. Les smarda : Adoration des cinq dieux ; la smarti Vishnusmrti et les Grhya-Sûtra. Egalité de Vishnu et Shiva, culte de Hari-Hara. Liaison sensible avec le vedânta ; diversité des théories philosophiques. Le symbole de Vishnu, importance de celui de Shiva. Origines lointaines du Linga. Les cultes sectaires : Unité sous-jacente dans la diversité des sectes. Choix dans la tradition, attachement à une divinité d’élection, mantra. Rôle des réformateurs. Les mystiques itinérants. Le mouvement sectaire, facteur d’approfondissement et de progrès. Sentiment d’amitié, de confiance ou d’amour entre le fidèle et son dieu. Elans mystiques périodiques imprimés par les différentes sectes : le Svetâshvatara, la Katha et la Mundaka-upanishad. LE SHIVAÏSME : Documents plus anciens et plus nombreux concernant la tradition shivaïte que la tradition vishnouite. Nature auspicieuse de Shiva dominante dans les cultes sectaires ; Rudra-Shiva. Tendance accentuée à l’universalisme. Parenté entre les milieux shivaïstes et yogiques. Le culte préférentiel à Shiva ne se présente pas comme un fait exclusivement sectaire ; les temples à Shiva, expression d’une piété plus générale ; les âgama ; les purâna. Prédominance de la représentation particulière des rapports de Dieu et de l’homme. Les huit manifestations divines de Shiva, ses huit formes matérielles. Les soixante-quatre jeux et les soixante-quatre mûrti. Kailasha. Caractéristiques communes aux dévôts de Shiva. Les sectes : Attachement aux doctrines agamiques imprimant certaines ressemblances entre les écoles. Listes variables selon les textes. Les pâshupata et les lâkulisha pâshupata. Les kâpâlika, certains groupes du somasiddhânta et les kâpâlamukha ; témoignages du Shankaravijaya, du Prabodhacandrodaya et du Mâlati-Madhava. Les Sikkhs Goraksha ; les kânpatha ; les râseshvara. Les kâlânana. Le shaiva-siddhânta, doctrine originale se présentant comme le « pur » shivaïsme ; importance et popularité de la littérature tamoule, le Tirumukai, Mânikkavâcagar, Tirumûlar, Nambi, le Periya Purânam, le Kandapurânam de Kacciyappavâcâriyâr, le Shivañânabodam. Les virashaiva ou lingâyat ; le Basavapurâna, les cinq maîtres légendaires ; les âradhya, srikarabhâsya ; persistance de la secte, ouvrages en kannada et en sanscrit, les vacana. Le shivaïsme du Kashmir : L’âgamashâstra rejette les Veda. L’école du spanda ; trika, système fortement original par rapport au shivaïsme classique. L’école de la pratyabhijñâ ; Somânanda, son disciple Udayâkara, Abhinavagupta, influence possible de Shankara ; la Shivasûtra-marsinî. Persistance de l'activité de l’école du Kashmir, Lallâ, Shivopadhyâya, Kshemarâja. Cultes se rattachant à celui de Shiva : Sectes shivaïtes, adoratrices des divinités associées à Shiva. Le culte de Ganapati. Identification du personnage Ganapati-Vinâyaka. Les six formes de Ganapati et leurs sectes. Skanda. Durgâ. Les saura : Le culte de Sûrya, la Saura-Samhitâ, le Sûrya Shâtaka. Le shaktisme : Personnages très divers à l’origine de Durgâ. Parallélisme entre les formes de Shiva et les formes de la déesse ; dans certaines doctrines, prépondérance de Durgâ sur le dieu. Son importance considérable dans le shivaïsme du Kashmir. Grande activité spirituelle des mystiques shakta. Les tantra, le Kubjikamatantra, Mâlati-Mâdhava. Bhairavî, inséparable de Bhairava. Les théories mystiques du son. La théorie des cercles. Le mantra. Les yantra et les mandala ; les mudrâ. Le tripundra. Les deux groupes shakta. Aspect sanglant et érotique du shaktisme. Abstraction des limitations de castes durant l’exercice du culte. Expansion des rites et pratiques du XIV° au XVIII° siècle, surtout au Bengale et dans l’Assam. Le Kâlika Tantra, le Yoginî Tantra. LE VISHNOUISME : Attestation, sous forme de bhâgavatisme, de l’existence du vishnouisme, contemporaine du shivaïsme. Le courant vaikhânasa. Le courant pâñcarâtra. La théorie des vyûha ; les cinq formes du culte. Le courant populaire ; le Bhâgavata Purâna. Les principaux lieux saints. Le Goloka. Le sentiment de bhakti. La littérature lyrique des âlvâr ; les douze principaux âlvâr. Le culte des statues. Les âcârya. Râmânuja : Cas typique. Râmânuja affirme l’unicité divine sous-jacente à la réalité du divers. Ses biographies, mélange de légende et de faits historiques ; récit de sa vie ; sa prédication ; réformateur non révolutionnaire, place centrale de la pûjâ, la bhakti seul vrai moyen de salut. Les cérémonies d’initiation. Le shrivaishnavisme après Râmânuja : Division de la secte : tengalai et vadagalai. Divergence quant au rôle de Shri. Prédominance accordée par les tengalai à la notion de prapatti sur celle de bhakti ; influence de Nimbârka. Shri Nivâsa. Madhva : Dévotion partagée entre Râmâ et Krshna avec Vishnu, le Suprême, à l’arrière-plan. Position du dualisme absolu de l’esprit et de la matière. Râmânanda : Accueil, dans l’exercice du culte, des shûdra, hors-castes et femmes. Abandon du sanscrit au profit du langage vernaculaire. Tulsî Das : Récit de sa vie. Rédaction du Râmacaritamânasa. Prédominance du mystique sur le réformateur. Le vishnouisme de l’Est : Retour du vishnouisme sur les bords de la Yamûna. Abondance des lieux saints. Rapprochement des cultes hindouistes, conséquence de la présence islamique et des progrès jaïnistes. A partir du XV° siècle, au Nord, prééminence des sectes vishnouites. Forme de plus en plus affective du vishnouisme sectaire, culte presque exclusivement krshnaïte ; le Bhâgavata Purâna. Vallabha, commentateur des Brahma Sûtra ; retour vers le monisme absolu ; grande importance donnée au côté rituel du culte ; nombreux disciples, son fils Vitthal ; rédaction en vernaculaire des œuvres des maîtres ultérieurs ; identification du guru au dieu qu’il honore ; les mahâraja ; vers le XVIII° siècle, déviation vers le shaktisme ; dégradation de la secte. Caitanya et la notion de preman ; les prédécesseurs de Caitanya ; dévotion à Râdhâ-Krshna ; conversion ; organisation d’une communauté ; la prédication ; Gosvâmi ; les gosvâmi. Le vishnouisme de l’Ouest : Grande ancienneté du substrat vishnouite existant dans ces régions. Les sant, l’école varikari. Le santuaire de Vithobâ. Le culte de Shiva. Aspect spécial de la dévotion à Vishnou sous la forme de Vithobâ. Jnândev, importance de l’omniprésence de Dieu. Nâmdev, intériorisation de la religion. Utilisation de la langue marâthe. Tukâram, retour vers les formes anciennes de la dévotion ; sa prédication. Les mouvements syncrétiques : Courant religieux, relevant de la plus authentique tradition hindoue, influencé par les doctrines sufi. Au XV° siècle, le réformateur Kabir ; différentes hypothèses le concernant ; son enseignement, les Kâbirpânthi ; l’Âdi Granth ; les sikhs. Constance du parallélisme shivaisme-vishnouisme. Bibliographie
p. 1105 à 1145
LE JINISME par Colette CAILLAT situation économique et sociale des jaina vers le milieu du XX° siècle. Unité de la communauté, malgré d’anciennes divergences sectaires. Les études jaina en Occident ; les érudits jaina contemporains. LES ORIGINES Pârshva : Pârshva et les vingt-deux prophètes qui sont censés l’avoir précédé. Vardhamâna : Vardhamâna Mahâvira, le vingt-quatrième Jin (- V° siècle) : appartenance kshatriya, vie dans le monde, renoncement, ascétisme, prédication, nirvâna ; personnalité de Mahâvira. La communauté à l’époque de Mahâvira. Les disciples de Vardhamâna : Les premiers disciples : onze ganadhara (« chargés de troupes »). Gautama Ibdrabhûti ; Sudharman ; Jambûshvâmin et la transmission de la Doctrine. Généalogies spirituelles (sthavirâvalî). A la sixième génération après Mahâvira, Bhadrabâhu, grand docteur et grand organisateur. Difficultés économiques ; déclin de l’enseignement ; migrations des fidèles vers l’Ouest et vers le Dekkan. Le rigorisme des méridionaux contraste avec le laxisme relatif qui paraît avoir été toléré au Nord ; cette divergence mène à la division, en 79, entre digambara (« nus ») et shvetâmbara (« blancs manteaux »). Les fouilles de Mathura confirment l’authenticité de la tradition jaina dans ses grandes lignes. EXPANSION DU JINISME : Les protecteurs royaux. Les étapes de l’expansion. Les digambara au Dekkan (centre spirituel à Sravana Belgola). Lettrés et dignitaires. Le déclin aux X°-XII° siècles. Les shvetâmbara au Nord. Diffusion précoce vers l’Est (Kalinga) ; migrations vers l’Ouest. Les conciles de Mathura et Valabhi (V° siècle). Influence des jaina au Gujarat ; prestige du maître Hemacandra (XI°-XII° siècles) ; conversion du roi Kumârapâla (1144-1173), essai d’organisation d’un Etat jaina. Edifices religieux de la contrée. Divisions de la communauté en gaccha dirigés par des sûri. Schismes mineurs ; sectes ; celles des sthânakvâsi (créée à Surat au milieu du XVII° siècle), des terâpanthi (créée au Marvar au XVIII° siècle). Lettrés svetâmbara. Activité, libéralité, solidarité des jaina. LE CANON : Le canon et les sources scripturaires anciennes. Autorité des « pères de l’Eglise ». Précis dogmatiques faisant autorité, le Pravacanasâra, le Tattvârthâdhigamasûtra. Le canon shvetâmbara (compilé au V° siècle) et ses quatre sections. Hétérogénéité des éléments qui le composent, leurs dates, leurs langues. Richesse du canon ; richesse de la scolastique (les différents commentaires). LA DOCTRINE Les trois « joyaux » de la doctrine : droite « connaissance » (jnâna), « vue » ou « foi » (darshana), « conduite » (câritra). Théorie de la connaissance. Attribut essentiel de l’âme, la connaissance culmine dans l’omniscience (kevala-jnâna). Le jinisme, « doctrine des (différentes) possibilités » (syâd-vâda), et « doctrine des méthodes » (naya-vâda). Le monde et le non-monde sont constitués par cinq (on admet parfois six) « masses d’être » : les « in-animés » (a-jîva), matière, espace, (temps), support du mouvement (dharma) et de l’arrêt du mouvement (adharma) ; l’âme (jîva). Les cinq variétés de corps : physique, de transformation, de transfert, ardent, cosmique. Les différentes espèces d’êtres (mobiles, immobiles). Activité sensorielle. Le corps karmique, intimement attaché à la monade spirituelle du fait de la puissance adhésive des kashâya (« glu, passion ») en cause la servitude. Huit espèces (et 148 sous-variétés) de karman. Couleurs, etc. de l’âme (leshyâ), doctrine probablement empruntée aux croyances primitives et adaptée au système jaina. Le cosmos (loka) enveloppé de l’ultracosmique ; figurations. Trois mondes. Le monde inférieur, à sept régions superposées, peuplé d’êtres misérables. Le monde médian, reposant sur un énorme disque ; le mont Mandara, ou Meru, axe de la terre et pivot du monde, au centre ; les quinze continents (dvîpa) concentriques, séparés par des océans annulaires ; le Jambûdvipa ; l’arbre cosmique ; les humains ; le Bharatavarsha (l’Inde). Les terres où règne le karman sont les seules où la Délivrance soit possible. Dieux stellaires (cinq classes). Le monde supérieur, divisé en trois régions principales. Les dieux (dont Shakra-Indra) qui résident dans les douze étages de la zone inférieure. Le temps cyclique ; alternance de deux phases, descendante et montante (allant du très grand bonheur à l’extrême misère), chacune avec six étapes. Y vivent des personnages éminents : prophètes (Tirthamkara), souverains universels (cakravartin), paladins, législateurs. Le premier Jina de chaque phase naît au cours du troisième éon ; les vongt-trois suivants vivent dans le quatrième éon. Nous vivons dans le cinquième misérable, d’une phase ascendante. Popularité de Pârshva. LA COMMUNAUTE : Quadripartie : religieux (moines, nonnes), fidèles laïcs (hommes et femmes). La vie en religion mène à la Délivrance. Consécration du moine ; hiérarchie stricte des religieux. Les règles monastiques. L’enseignement. Jeûnes. Confessions et pénitences. Les laïcs, leur libéralité. Temples. Culte. Morale et ascèse : Les vœux (vrata) : cinq interdits fondamentaux. Vœux « majeurs » des religieux ; « mineurs » des laïcs (qui doivent y ajouter sept règles supplémentaires de moralité). Double effort du religieux pour « refouler » tout nouvel influx karmique (samvara) par les trois gupti, « surveillances » des activités mentales, verbales, corporelles et les cinq samiti, quintuple « attention » à n’endommager aucun être vivant (etc.) ; « rejeter » le karman (nirjarâ) préalablement accumulé. Les quatorze stades de qualification spirituelle, culminant dans l’affranchissement du kevalin. Séjour des âmes libérées, parfaites (siddha) dans la région en forme de coupole qui se trouve au sommet de l’univers. Prédestination à la Délivrance. Rigidité archaïque de la doctrine jaina ? Authentique souci d’humanité des maîtres qui ont la charge de la Communauté. Bibliographie
p. 1146 à 1215
LE BOUDDHISME INDIEN par André BAREAU LA NAISSANCE DU BOUDDHISME : Aspect légendaire des origines. « Eveil » de l’« ascète silencieux des Shakya ». Popularité de la croyance aux transmigrations. La « voie » du salut, enseignement, naissance de la Communauté. Origine diverses des disciples. Le parinirvâna. Doctrine et code monastique : Œuvres collectives et complexes de plusieurs générations de penseurs et de juristes. « Corbeille de la discipline », « corbeille des sermons ». Fonds commun des écoles anciennes. Structure des deux « corbeilles ». Le bouddhisme primitif « voie de la délivrance » par excellence. Universalité de la loi de l’impermanence. Tragique solitude de l’être. Le bouddhisme primitif, religion sans Dieu, sans âme et sans culte. Les quatre « saintes Vérités », le bouddhisme thérapeutique de l’esprit. Suppression de la « soif », la « voie aux huit membres ». Complexité de la doctrine due aux influences diverses ; constitution d’une psychologie et d’une morale. Les diverses causes de la renaissance. Théorie de la rétribution automatique et de la « maturation » des actes. La morale bouddhique repose sur une notion de responsabilité personnelle. Lutte contre les erreurs et les passion ; acquisition des vertus. La voie de la délivrance : Discipline sévère et constante incompatible avec la vie dans le siècle et ses obligations. Les moines mendiants ; discipline du comportement et des sens ; combat dans l’esprit, méthode de nature psychique, exercices empiriques, leur but. Divers moyens de lutte contre les passions et les vices. Exercices visant à l’obtention de la sérénité intérieure. Les quatre niveaux de sainteté. Silence de la doctrine sur l’au-delà du parinirvâna. L’aspect social : Groupement des disciples autour d’un Maître. Vie rude et modeste des moines, exempte de macération inutile. Sceau de la raison marquant les « corbeilles de discipline » dont l’ensemble constitue un admirable ouvrage de droit canon. Les cérémonies : Les ordinations. L’uposhadha. Les nonnes. Les devoirs des laïques : Préceptes et recommandations. Le don, principal devoir du fidèle laïque, discrétion demandée aux moines. LE BOUDDHISME ANCIEN : A l’exception de la secte des theravâdin, partialité de la tradition, incertitude de la chronologie. Conciles et synodes de la Communauté ; tradition orale du Tripitaka ; rédaction d’éléments de la littérature canonique des sarvâstivâdin. Expansion du bouddhisme indien sous le règne d’Ashoka, premier fait historique certain. Les diverses interprétations de la doctrine : Absence d’autorité supérieure, divergences d’opinion, éclatement de la Communauté. Les diverses sectes et écoles. Cordialité des relations entre les divers groupes. Rôle bénéfique et stimulateur de cette division ; les penseurs Buddhaghosa et Vasubandhu. Formation des « corbeilles de la doctrine approfondie ». Vers le – Ier siècle, apparition des traités ; le Visuddhimagga et l’Abhidharmakosha. Les commentaires, la Mahavibhâshâ. Littérature bouddhique de genres divers. Destruction ou transmission à travers diverses traductions des ouvrages de sectes anciennes à l’exception de ceux de la toujours florissante secte des theravâdin. Perte irrémédiable de la plus grande partie de la littérature bouddhique ancienne. Mise en garde du Bouddha contre les spéculations intellectuelles. La psychologie et la morale du bouddhisme primitif s’enrichissent d’une physique, d’une biologie, d’une cosmologie et surtout d’une métaphysique, en partie empruntées au fonds indien extra-bouddhique, sans rapport avec l’enseignement du Maître ; difficultés fécondes. La métaphysique : Constitution d’un système complet tendant à résoudre la majorité des grands problèmes de l’esprit humain. Esquisse de ce vaste ensemble, cosmographie, constitution de la matière. Le mystère de la vie, phénomène à part, ni matériel ni spirituel. Les principales idées et pratiques en contradiction avec la théorie de la rétribution automatique des actes, les solutions des diverses écoles. Problèmes sur la nature de l’être et ses relations avec le temps. Premiers pas de la métaphysique. La psychologie et la morale : Les progrès ; les différentes classes de saints et les voies de salut ; controverses et schismes au sujet de l’arhant, les mahâ-sâmghika. Evolution des conceptions touchant la nature de Bouddha ; tendances variées des différentes sectes ; divinisation du Bienheureux transformant le bouddhisme en une religion normalement constituée. Attitude des sectes issues des mahâsâmghita ; importance accrue du bodhisattva. Création d’un type merveilleux de sauveur au détriment du Bouddha et des arhant. Le culte : Pratiques cultuelles. Lent acheminement de la religion populaire, du védisme et du paganisme vers l’hindouisme. Le culte des tumuli, les pèlerinages, les objets. Multiplication des lieux saints. Culte des reliques. Les offrandes. Assimilation du Bouddha au souverain mythique universel ; symbolisme du Stûpa. Les monastères : Transformation rapide de la vie des moines bouddhiques ; complexité des plans des couvents ; création de charges nouvelles. Investissement des bénéfices réalisés par les grands monastères. Fidélité aux règles austères. Embellissement des édifices religieux. Vie monastique, en ermitage ou errante. Pèlerinages. Relation entre les moines résidents et les moines voyageurs. Les grands monastères, foyers d’intense vie spirituelle et de vive activité culturelle. Puissance économique et réputation de sagesse conduisant la Communauté à jouer un rôle politique. Profonde influence du bouddhisme sur la vie indienne. Les theravâdin : Disparition du bouddhisme en Inde. Les écoles étrangères. Persistance, à Ceylan, de la secte des theravâdin ; renommée et expansion de son école du Mahâvihâra. Rôle spirituel, culturel, social et politique de ce bouddhisme dans l’Asie sud-orientale moderne. LE MAHÂYÂNA : Phénomène spirituel fort complexe, dévotion aux bodhisattva. Les origines : Opposition géographique et doctrinale des deux thèses en présence. Absence de documentation sur la gestation du Mahâyâna. Les textes et la doctrine : Les prajñâpâramitasûtra. La métaphysique, les grands ouvrages. Thèse de la vacuité universelle ; la théorie de l’embryon de Tathâgata ; thèse de l’illusion cosmique. Bodhisattva et bouddha mythiques : Le thème majeur de la doctrine du Mahâyâna. Les jâtaka. Les dieux sauveurs. La voie suivie par les bodhisattva. Maitreya ; constitution d’un messianisme bouddhique, Avalokiteshvara. Les târâ. La dévotion à Amitâbha et ses conséquences révolutionnaires. Les autres bouddha mythiques ; Akshobhya, Bhaishajyaguru. Idées et doctrines nouvelles, reprise des thèses supranaturalistes. Justification d’une mystique bouddhique. Nâgârjuna et l’école des Madhyamaka : Imprécision des origines de ce philosophe, les ouvrages qui lui sont attribués, le Madhyamakashâstra. « Opinion moyenne », la dialectique dite « occasion ». Critique des théories de base de l’enseignement traditionnel du bouddhisme. Nouvelle interprétation de l’enseignement de Bouddha, le nirvâna. Les divers ouvrages attribués à Nâgârjuna, le Dashabhûmivibhâshâshâstra, le Mahaprajñaparamitashâstra. Deva, premier disciple, les Catuhshataka, le Shatakashâstra ; les autres disciples. Scission en deux écoles : Budhapâlita fonde la secte des prasangika, et Bhavya celle des svâtantrika ; leurs conflits. Fondation par Shantirakshita de l’école des svâtantrika-yogâcâra, le Tattvasamgraha. Les ouvrages de Bhavya, le Prajñapradipa, le Tarkajvâla. Candrakirti, la Prasannapadâ. Shântideva, le Bodhicaryâvatâra, le Shikshâsamuccâya, le Sûtrasamuccaya. Au IV° siècle, fondation du monastère de Nâlandâ par Kumâragupta Ier. L’école des yogâcâra : Fondée au IV° ou V° siècle. Discussion autour du choix du fondateur et de l’attribution des livres saints. La doctrine, vaste synthèse des enseignements anciens et de ceux du Mahâyâna ; partie théorique et philosophique, partie pratique. Affirmation du caractère illusoire de l’Univers dans son ensemble, base de la doctrine philosophique. La conscience-réceptacle, source des six consciences, de l’esprit et des objets connaissables. La théorie idéaliste du « rien-que-pensée » d’Asanga ; la partie pratique de son enseignement, germe d’un nouveau substantialisme. Les étapes successives de la carrière des bodhisattva. Explication et interprétation de cette doctrine par les disciple d’Asanga. Vasubandhu, la Vimshatika-vijñaptimâtratâsiddhi, la Trimshikâ, le Karmasiddhiprakarana ; accentuation de l’idéalisme. Dharmapâla. Gunamati et Sthiramati. Dignâga, le Nyâyamukha, le Pramanâshamuccaya, l’Alambanaparikshâ. Au VII° siècle, les derniers grands maîtres de la secte, Candragomin et Dharmakirti, les logiciens. Les emprunts de Hiuan-tsang. La littérature du Mahâyâna : Nombreux ouvrages de genres différents ; les hymnes de louange ; les épîtres édifiantes ; la littérature narrative. Ashvaghosha, Kumâralâta, Nâgârjuna et Aryadeva. Nâgananda, du roi Harsha Silâditya. Les communautés : Prestige de la vie monastique malgré le dédain de certains maîtres. Témoignages chinois, les écrits de I-tsing au VII° siècle. Adoption des codes monastiques des communautés antiques. Nouveaux rites et préceptes. Prière et confession privée. Production de la pensée d’Eveil. LE BOUDDHISME INDIEN TARDIF OU TANTRIQUE : Après le VII° siècle, évolution du bouddhisme sous l’influence de la religion populaire et de l’hindouisme. Enseignement simultané des idées du tantrisme et du Mahâyâna. Les origines : Introduction, facilitée par les doctrines de la vacuité universelle et du « rien-que-pensée », des croyances et superstitions populaires. Dès le III° siècle, traduction chinoise des formules magiques. Au VII° siècle, expansion du nouveau mouvement vers l’Inde et l’Insulinde. Les premiers prédicateurs. Importation du tantrisme en Chine. Vajrabodhi. Traduction du Mahâvairocanasûtra et du Vajroshnishasûtra. Le Mañjushrîmûlakalpa. Les quatre groupes de tantra bouddhiques, le Guhyasamâja, l’Ekaravîra et le Mahâkâla. La doctrine : La doctrine de l’identité universelle au seil du monde de l’illusion, justification des diverses pratiques magiques et des actions les plus révoltantes. Comportement très particulier des siddha. Introduction du dualisme sexuel et de l’érotisme dans la doctrine, la mythologie, les pratiques rituelles et l’iconographie, généralement avec une valeur symbolique. Caractère ésotérique du bouddhisme tantrique. Rôle très important des exercices psycho-physiologiques du yoga. Les nombreuses méthodes tendant à obtenir les concentrations de pensée ; paroles, visions, gestes. Le rite sâdhana. Les différentes écoles – disparition du bouddhisme indien : Interprétation du fonds commun par les diverses écoles nées du tantrisme, à partir du VII° siècle. Les écoles du Vajrayâna, du Sahajayâna, du Kâlacakra. Pays d’origine et expansion géographique du tantrisme. Naissance au Bengale d’un genre littéraire spécial, les dohâkosha, les caryâpada. A partir du VIII° siècle, l’Inde orientale, le Bengale, le Bihar et l’Orissa, principal centre du tantrisme bouddhique. Fondation du monastère de Vikramashila. L’œuvre des missionnaires au Tibet. Conséquences fatales de l’invasion musulmane de 1200. Bibliographie
p. 1216 à 1248
LE TAOÏSME RELIGIEUX par Max KALTENMARK Grande activité intellectuelle à l’époque des Royaumes Combattants. Les philosophes du Tao-kia, leurs écoles. Intérêt philosophique, littéraire et religieux des ouvrages attribués à Lao-tseu et Tchouang-tseu. Le Lie-tseu. Taoïsme religieux et taoïsme philosophique. Complexité du taoïsme religieux ; nombreuses sectes ; attaches populaires du taoïsme ancien ; évolution, influence bouddhiste. LA MYSTIQUE DE LAO-TSEU ET DE TCHOUANG-TSEU : Quiétisme et modestie de ces deux sages. Les taoïstes condamnent la société, exaltent la puissance vitale, aspirent à s’unir au Principe suprême, le Tao. Les diverses signification du Tao ; le Tao du Ciel ; les deux aspects antithétiques et complémentaires, le Yin et le Yang ; les Tao des différentes écoles philosophiques. La pure vacuité, un des grands thèmes de la pensée taoïste. La connaissance parfaite est d’ordre mystique et annule la distinction du moi et du monde ; attitude des taoïstes de l’école de Tchouang-tseu à l’égard de la mort. Identification des immortels à des êtres volants. Adeptes de milieux divers, attirés par les sectes détentrices de secrets d’immortalité et de techniques permettant d’accroître la puissance de vie. HISTOIRE DU TAOÏSME RELIGIEUX : Lao-tseu considéré comme fondateur de la religion ; les mouvements sectaires du II° siècle. Rôle politique des fang-che, spécialistes des sciences occultes. Le Houai-nan tseu. Popularité de l’idée de l’obtention de l’immortalité par des méthodes religieuses ou des techniques ; l’alchimie sous les Han ; rôle important de Houng-ti, la doctrine « de Houang-Lao ». Au Ier siècle, apparition du bouddhisme, confondu, au début, avec le taoïsme ; la légende du départ de Lao-tseu vers l’Occident, la Conversion (par Lao-tseu) des Barbares Hou (Houa hou king) source de querelles entre taoïstes et bouddhistes. Le T’ai-p’ing-king, première agitation de – 3, la révolte de 184, la sectes des Turbans Jaunes, Tchang Kio et le « Tao de la Grande Paix » ; Tchang Tao-ling, Tchang Lou et la secte des « Cinq boisseaux ». Dans les deux mouvements, peuple de croyants soumis à une hiérarchie de prêtres-magiciens ; défaite des Turbans Jaunes, survivance des « Cinq boisseaux ». Taoïsme collectif et populaire, les tchai et les houei ; taoïsme philosophique et individuel, aux III° et IV° siècles. Hi K’ang et Ko Hong, le Pao-p’ou tseu. Wei Po-yang, le Tchou-yi T’san-t’ong-k’i. Vers 317, épanouissement du taoïsme dans la région du bas Yang-tseu ; le centre religieux de Keao-jong ; la secte des Mao chan caractérisée par un culte médiumnique ; les écrits révélés ; T’ao Hong-king. Succès du taoïsme auprès des dynasties étrangères de la Chine du Nord. Les Wei et K’eou K’ientche ; rivalité avec les bouddhistes ; essais de conciliation (T’ao Hong-king) et polémiques. Sous les T’ang, culte dynastique de Lao-tseu. Au VIII° siècle, multiplication des monastères. Faveur impériale de Hiuan-tsong. Fâcheuses répercussions pour le bouddhisme, l’édit de 845. Sseu-ma Tcheng-tchen et Tou Kouang-t’ing. Sous les Song du Nord, nécessité d’une réforme entraînant la naissance de sectes nouvelles ; la secte Ts’iuan-tchen, Wang Tchong-yang, le Li kiao che wou louen. Les sept disciples de Wang Tchong-yang. K’ieou Tch’ang tch’ouen. Sous les Yuan, reprise de la querelle du Houa-hou king. Du XII° siècle à nos jours, deux sectes représentent pratiquement le taoïsme : le Ts’iuan-chen kiao et le Tcheng-yi kiao. LES ECRITURES TAOÏSTES : La classification du canon, les trois tong et les quatre fou. Vicissitudes et bouleversements du Tao-tsang, les livres révélés. Vers 1025, compilation du Yun-ki ts’i-ts’ien. Edition du Tao-tsang des Ming (1445) reproduite en 1926. Les documents retrouvés à Touen-houang. Transmission des livres : Gravité de la transmission des textes sacrés ; initiation, épreuves, offrandes, serment. Histoires impressionnantes sur la transmission du Tao. Nécessité d’une foi absolue dans le maître et sa doctrine. LES PRATIQUES D’IMMORTALITE : Croyance en la possibilité de prolonger la vie ou même d’atteindre à l’immortalité. Le Tao-tö king ; Lao-tseu et le wou-wei ; les méthodes nombreuses et compliquées du taoïsme religieux. Transmutation des éléments périssables du corps en une substance immortelle ; les diverses catégories d’Immortels. Le corps humain : Idées taoïstes sur l’anatomie et la physiologie ; relation des cinq viscères avec les cinq éléments ; relation de l’homme avec le cosmos ; les cinq saveurs ; la respiration. La théorie des « champs de cinabre ». Les Trois Vers. Les trois méthodes de l’art de la longue vie. Le cinabre intérieur (Nei-tan) : Le sulfure de mercure, drogue d’immortalité par excellence. Le Nei-tan, alchimie intérieure tendant à transmuer l’organisme en corps immortel. Techniques respiratoires, gymnastiques et massages. Le procédé enseigné par Ling-yang. La méthode du Livre des Cinq Talismans du Ling-pao. Les « Cinq Germes ». La « respiration embryonnaire » : avant l’époque des T’ang, pratique consistant à maîtriser la respiration ordinaire ; à partir des T’ang, respiration du « souffle interne », le Yuan-k’i. Massages, gymnastique et exercices à efficacité magique. Le cinabre extérieur (Wai-tan) : Le cinabre et l’or, ingrédients de l’élixir d’immortalité à partir des Han. Kin-tan. Le Pao-p’ou tseu de Ko Hong ; les différentes qualités de cinabre, sa fabrication. Le Ts’an-t’ong k’i de Wei Po-yang. Fang-tchong (pratiques sexuelles) : Le Lie-sien tchouan attribué à Kouang-tch’ang tseu. L’art du fang tchong, technique sexuelle importante pour les taoïstes, surtout objet d’un enseignement oral. Pratiques contemplatives : Le Houng-t’ing king, énumération des esprits du corps et des divinités que l’on peut atteindre par la méditation. Transfiguration de l’adepte. Lien entre le taoïsme religieux et la tradition des philosophes mystiques. Pratiques magiques : Nombreuses méthodes de lutte contre le mal ; les fou de Tchang Tao-ling ; le « pas de Yu » ; miroirs et épées magiques. Les cérémonies collectives : Les différents tchai, caractère d’excitation collective du T’ou-t’an tchai. MORALE, RETRIBUTION, DISCIPLINE : Création d’une morale et institution d’une discipline indispensable aux masses populaires. La maladie, considérée comme châtiment naturel. Les Préceptes du Très-Haut Lao-kiun, les Préceptes du Tao-tö king, les Préceptes tirés du commentaire Siang-eul ; influence de ces ouvrages. La liste du Pao p’ou tseu. Codes de morale populaire, même pour les Chinois non taoïstes ; le Kan-yin pien, le Kong-kouo ko. Codes disciplinaires monastiques propres à chaque communauté. Influence bouddhiste apportant la croyance en des réincarnations non humaines et en l’existence de terribles enfers. Bibliographie
p. 1249 à 1319
LE BOUDDHISME CHINOIS par Paul DEMIEVILLE Introduction, évolution et survivance du bouddhisme en Chine. La réaction chinoise à cette religion indienne. L’EPOQUE DES HAN (Ier et II° siècle) : Protectorat des Han sur la Sérinde. Propagation du bouddhisme par la Route de la Soie. Première mention du bouddhisme dans les sources chinoises. Les immigrés, premiers propagandistes ; Ngan Hiuan, « l’Arsacide aux mystères » ; Ngan Che-Kao ; The K’ien, « K’ien l’Indoscythe ». Difficulté à déterminer la date d’introduction du bouddhisme. L’édit de 65 : à P’eng-tch’eng, Ying de Tch’ou « sacrifie au Buddha » tout en étant un disciple de Houang-Lao ; en 166, attitude similaire de l’empereur. La théorie de la « conversion des barbares par Lao-tseu » ; possibilité de faciliter aux Chinois l’adoption du bouddhisme, mais aussi sujet de discorde entre bouddhistes et taoïstes. La communauté de P’eng-tch’eng vers 193 : diffusion de la nouvelle religion au sein du peuple : Tsö Jong, son temple et ses cérémonies collectives, concession aux bouddhistes d’un statut social et économique d’exception entraînant des difficultés avec l’administration. Au cours du II° siècle se forme à Lo-yang une équipe de traducteurs. Dès la fin du Ier siècle, publication en chinois, par des traducteurs indiens, du Sûtra en quarante-deux articles. Origine sérindienne ou iranienne des traducteurs de la fin des Han ; Ngan Che-kao, ses disciples. Prédominance du Grand Véhicule dans le bouddhisme chinois. Maladresse des premières traductions. Premier contact de la Chine avec une pensée étrangère à sa tradition. L’EPOQUE DES TROIS ROYAUMES (de 220 à 280) : Démembrement de l’empire des Han en trois Etats régionaux. Fin de la primauté du confucianisme ; mouvements taoïstes préparant les masses à soutenir une collectivité religieuse indépendante de l’Etat. Réveil du taoïsme des grands philosophes parmi les intellectuels ; le Tchouang-tseu, les appendices du Canon des Mutations. Premier traité chinois original sur le bouddhisme : Meou-tseu ou les doutes levés. A Lo-yang, au III° siècle, traduction des textes de discipline monacale. Au Wou, importants travaux de traduction : Tch K’ien, l’Enseignement de Vimalakirti, le Sûtra d’Amita ; K’ang Seng-houei, un Sogdien venu par la voie maritime. LES DYNASTIES DU SUD ET DU NORD (de 265 à 589) : Les invasions barbares, les dynasties du Sud et du Nord. Répercussion des différences entre les deux zones sur l’évolution du bouddhisme chinois. Les Tsin occidentaux (de 265 à 316) : Maintien des relations avec la Sérinde bouddhique. Vers 260, départ de Tchou Che-hing pour Khotan où il trouve une recension du Sûtra de la Perfection de la Gnose. Rôle important de Touen-houang, lieu de naissance de Fa-hou, porte des communications commerciales et culturelles entre la Chine et l’Asie centrale. Fa-hou, grand traducteur des principaux classiques du Grand Véhicule. Les dynasties nationales du Sud (de 317 à 589) : Après les invasions barbares, formes nouvelles de bouddhisme ; fécond désarroi intellectuel des émigrés ; les théories de Tche Min-tou ; interprétation du premier chapitre du Tchouang-tseu par le moine bouddhiste Tche-Touen ; le bouddhisme imprègne les arts ; sympathies bouddhistes des aristocrates et des empereurs. Début du conflit entre l’Etat confucianiste et l’Eglise bouddhique ; le monachisme bouddhique considéré comme un préjudice économique pour l’Etat. Accroissement du clergé. Au IV° siècle, formation à la cour des T’sin de deux partis, pour et contre le bouddhisme. Le traité de Houei-yuan ; influence politique du clergé. Houei-yuan et sa communauté du mont Lou ; pratique du culte d’Amita ; origines de la secte de la Terre Pure et de la société secrète du Lotus Blanc ; intérêt de Houei-yuan pour le dhyâna ; les maîtres cachemiriens du dhyâna, Budhabhadra, le manuel des Etapes de la Pratique du Yoga. Informations de Fa-hien sur l’Asie bouddhique. Tao-ngan, trait d’union entre le Nord et le Sud ; importance de ses travaux littéraires, révélation à la Chine de la scolastique indienne. Tao-cheng, son intérêt pour le Sûtra du Grand Parinirvâna, ses doctrines ; la vieille problématique chinoise prébouddhique : activisme et quiétisme, gradualisme et subitisme ; le poète Sie Ling-yun. Aperçu de l’évolution du bouddhisme chinois sous les dynasties du Sud ; le règne de l’empereur Wou des Leang ; Bodhidharma ; arrivée de Paramârtha, son importante contribution au bouddhisme chinois. Les dynasties barbares du Nord (de 304 à 580) : Attrait des pouvoirs magiques et des mantiques ; l’exemple typique de Fo-t’ou-teng. Au IV° siècle, étroits rapports des T’sin avec l’Asie centrale et l’Inde : Kumârajiva de Koutcha, traduction de textes permettant à la Chine l’accès aux formes les plus hautes de la pensée du Grand Véhicule ; son disciple Seng-tchao ; rapports épistolaires de Kumârajiva et de Houei-yuan ; le bouddhisme sinisé du Sud s’indianise à l’école du Nord. Au V° siècle, les Wei Septentrionaux patronnent le bouddhisme et créent une sorte d’Eglise d’Etat ; la réaction anti-bouddhique, première « catastrophe de la Loi ». Reprise de la carrière triomphale du bouddhisme avec T’an-yao, les grottes sculptées de Yun-kang ; identification de l’empereur au Buddha ; institution des « famille du Sangha » et des « familles de Buddha ». Les insurrections de la fin des Wei ; les trésors de l’Eglise ; les sanctuaires rupestres de Long-men. Effondrement des Wei Septentrionaux et les Tcheou Septentrionaux ; deuxième « catastrophe de la Loi ». A l’avènement de Souei, nouvel essor du bouddhisme, unité religieuse sur laquelle cette dynastie s’appuiera pour rétablir l’unité politique. Bilan des dynasties du Sud et du Nord : La partition, entre les dynasties du Nord et du Sud, favorable à l’implantation et au développement du bouddhisme en Chine. Indianisation du bouddhisme plus marquée dans le Nord que dans le Sud ; la controverse sur la nature de la « connaissance de tréfonds », les enseignement de Paramârtha ; les « écoles d’interprétation fondées sur les différences de traduction » ; préparation des grandes écoles qui se constitueront sous les T’ang. Renseignements restreints sur le bouddhisme populaire ; importance accordée aux ancêtres ; la thaumaturgie ; pratiques de dévouement personnel ; le « littéralisme » chinois. L’EPOQUE DES SOUEI ET DES T’ANG (de 590 à 907) : Préambule : Attitude pro-bouddhiste de Yang Kien ; l’Eglise contrôlée par l’Etat. Apogée du bouddhisme chinois sous les T’ang. Développement d’une immense exégèse autour des textes canoniques traduits du sanscrit ; ouvrages originaux de haute qualité philosophique et littéraire. Diffusion générale du bouddhisme dans toutes les classes sociales ; avènement d’une littérature vulgaire due à l’égalitarisme bouddhique. Marque indélébile du bouddhisme sur la culture chinoise. Long conflit entre l’Eglise bouddhique et l’Etat confucianiste, aboutissant à la proscription de 842-845. Formation d’écoles et de sectes. Développement fulgurant de l’école de la théorie de la connaissance grâce à Hiuan-tsang : brève période d’indianisation intégrale ; au VIII° siècle, introduction du Tantra. L’école du Tch’an, adversaire de l’indianisation. Mise en place des éléments de base qui assureront la survie du bouddhisme dans la Chine moderne. Aperçu historique : Attitude de l’empereur Kao-tsou à l’égard du bouddhisme et du taoïsme ; protestations des taoïstes, les mémoriaux de Fou-Yi, décret d’épuration. Amnistie générale promulguée par le fils de Kao-tsou. Bienveillance de T’ai-tsong à l’égard du bouddhisme. La régence de l’impératrice Wou, ère de prospérité extravagante pour le bouddhisme. Voyage et traductions de Yi-tsing ; l’Ornementation fleurie de Buddha, Fa-tsang et son allégorie du Lion d’Or ; emprise du Tantra bouddhique ; l’école du Tch’an, prédication de Houei-neng. A partir de Hiuan-tsong, politique de réglementation du bouddhisme appliquée avec une rigueur croissante ; décrets d’épuration. Reconnaissance officieuse du bouddhisme comme religion nationale. L’insurrection de Ngan Lou-chan, ébranlement de la dynastie des T’ang ; établissement d’une taxe déguisée sur le clergé. Reprise des prodigalités bouddhiques aux VIII° et IX° siècles, entraînant de nombreuses diatribes anti-cléricales inspirées d’arguments économiques. En 819, l’affaire de l’os de Buddha ; mémorial de Han Yu. Ebranlement du bouddhisme. Wou-tsong, troisième « catastrophe de la Loi » en 842-845 ; observations du Japonais Ennin, témoignages épigraphiques. Conséquences artistiques, économiques et sociales de la proscription. Retour en grâce du bouddhisme à l’avènement du successeur de Wou-tsong ; aberrations et corruption de l’Eglise ; décadence dynastique. Sources indiennes du bouddhisme coupées, sa fécondité chinoise épuisée ; le bouddhisme n’aura plus qu’une vie épigonique. Activités économiques : Conséquences économiques de l’enrichissement de l’Eglise bouddhique sous les T’ang. Classification des biens monastiques ; interprétation chinoise réaliste de termes métaphoriques indiens ; rôle des marchands bouddhistes dans le développement du commerce. Intense activité financière des millénaristes du « Troisième Degré », entraînant leur condamnation et la confiscation de leurs « trésors inépuisables », par Hiuan-tsong. Transformation de l’économie chinoise agricole en une économie monétaire et commerciale. Création d’institution de bienfaisance, les asiles du « champ de compassion » ; bienfaisance individuelle. Ecoles et doctrines : Difficulté de préciser dans quelle mesure et à partir de quand des sectes bouddhiques se sont institutionnalisées sous les T’ang. Forte sinisation de certaines « sectes » (particulièrement marquée dans l’école de la Terre Pure, celle du Tch’an et celle du T’ien-t’ai). La « commémoration du Buddha », moyen de salut commode offert aux masses par l’école de la Terre Pure. Intérêt idéologique supérieur de l’école du Tch’an ; traits éminemment chinois et en particulier taoïstes ; introduction du travail manuel dans les monastères, réaction contre la « passivité assise » ; Houei-neng, fondateur de l’école, son Sûtra de l’Estrade ; ses disciples, rôle de Chen-Houei ; prédominance définitive du Tch’an subitiste dit « du Sud » sur le gradualisme du Nord au VIII° siècle ; importance du principe de la succession patriarcale ; Lin-tsi, penseur, philosophe et psychologue, ses logia. L’EPOQUE DES SONG (de 960 à 1279) : Transition des Cinq Dynasties. En 960, rétablissement de l’unité politique par les Song. Velléités de réinstaurer le bouddhisme à l’indienne ; établissement à K’ai-fong en 982 d’un bureau officiel de traduction ; rôle important des bouddhistes dans la diffusion de l’imprimerie. Accroissement considérable du clergé ; menace économique pour l’équilibre budgétaire des Song ; alternatives d’autorisation et d’interdiction de la commercialisation de la condition religieuse, liées aux fluctuations de la politique intérieure. Tchou Hi, principal protagoniste du néo-confucianisme ; sa doctrine, celle de Lou Kieou-yuan. Réduction de l’activité philosophique bouddhique, primauté de la pratique sur la spéculation ; tentative de conciliation des « trois doctrines », confucianisme, taoïsme et bouddhisme. Nouvelles invasions barbares ; exode des Song vers le Sud. Le Tch’an littéraire. Associations laïques s’adonnant simultanément au Tch’an et aux pratiques de la Terre Pure ; sociétés secrètes : le Lotus Blanc, le Nuage Blanc. Popularisation du bouddhisme ; transformation de l’iconographie. La légende de Seng-k’ie. L’EPOQUE MONGOLE (de 1280 à 1367) : Diffusion du bouddhisme chinois chez les barbares pré-mongols. Le chamanisme mongol. Premiers contacts des Mongols avec le taoïsme, puis avec le bouddhisme chinois. Concurrence entre taoïstes et bouddhistes ; Hai-yun, reconnaissance et contrôle du couddhisme par le gouvernement mongol ; Lieou Ping-Tchong. Intervention des bouddhistes tibétains ; Phags-pa, politique religieuse de Khubilai. En 1258, victoire des bouddhistes sur les taoïstes. En 1280, Khubilai écrase l’empire des Song et conquiert la Chine entière ; état du clergé chinois sous le régime tibéto-mongol. Le soulèvement de Tchou Yuan-tchang ; influence du manichéisme ; les sectes hérétiques, leur rôle dans la résistance au joug barbare. LES MING ET LES TS’ING (de 1368 à 1911) : Triomphe officiel du néo-confucianisme. Les Ming (de 1368 à 1643) : Suprématie de la classe des lettrés ; système des examens d’Etat. Attitude de Tchou Yuan-tchang, son ministre Song Lien ; période d’austérité suivie, une fois de plus, de la corruption et de la déchéance du clergé ; les témoignages jésuites. Effervescence intellectuelle de la fin de la dynastie ; moines lettrés : Tchou-hong, Tchen-k’o, Tö-ts’ing, Tche-hiu. Développement du laïcat bouddhique ; tendance à l’« harmonisation », fusion des « trois doctrines » ; Wang Cheou-jen. Aspect pratique des ouvrages de la fin des Ming ; le « barème des mérites et des péchés » ; la cérémonie « des eaux et de la terre ». Les Ts’ing (de 1644 à 1911) : Adoption du bouddhisme lamaïque par les Mandchous, les motifs politiques ; intérêt des premiers souverains pour le bouddhisme chinois. Exclusivité du néo-confucianisme dans le gouvernement et l’administration impériale. Déchéance intellectuelle du clergé bouddhique. P’eng Chao-cheng. Grand mouvement critique caractérisant la pensée de l’époque mandchoue. Retour au bouddhisme de certains précurseurs de la Révolution, Tchang Ping-lin. L’ERE REPUBLICAINE (dès 1912) : Influence des idées rationalistes et scientistes du XIX° siècle européen ; « à bas la superstition », « aux écoles les biens des Temples » ; l’Exhortation à l’étude. En réaction, mouvement de modernisation du bouddhisme ; T’ai-hiu et Yuan-ying. En 1928, Tsiang Kiai-che réunifie la Chine, gouvernement national. Reconnaissance d’une Association bouddhique. Fondation d’« Instituts d’études bouddhiques » dans le clergé ; oeuvres sociales. Rôle du laïcat intellectuel : Yang Wen-houei, l’« Institut chinois d’études intérieures » ; le bouddhisme savant, T’ang Yong-t’ong, Lin Li-kouang. Rôle minime des moines dans le renouveau intellectuel du bouddhisme ; syncrétisme des sectes. Ressources économiques du clergé. Nouvel aspect du vieux conflit entre l’Eglise et l’Etat en République populaire. Bibliographie
p. 1320 à 1350
LE BOUDDHISME JAPONAIS par Gaston RENONDEAU et Bernard FRANK INTRODUCTION DU BOUDDHISME AU JAPON : Introduction officielle vraisemblablement en 538 ; hypothèse d’une pénétration antérieure, liée à l’introduction de la culture chinoise par des immigrants coréens. Le bouddhisme en Corée. L’ambassade de 538 ; témoignage du Nihongi ; les présents du roi Syöng-myöng ; problème de l’authenticité de sa lettre. SHÔTOKU-TAISHI (574-622) ET SON OEUVRE : Opposition au bouddhisme, au nom du shintô, des clans Mononobe et Nakatomi ; appui du clan des Soga ; persécutions ; triomphe des Soga et du bouddhisme au mont Shigi. Shôtoku-taishi, prince éclairé et grand législateur, protecteur et propagateur du bouddhisme ; ses explications de sûtra, notamment du Sûtra du Lotus devant la cour. Explication par Eon d’un des sûtra d’Amitiâbha. Etude dans les monastères des divers systèmes du Petit et du Grand Véhicule. LES SECTES DE NARA : Six écoles représentatives de la phase initiale de développement du bouddhisme japonais : Jôjitsu, Sanron, Hossô, Kusha, Kegon et Ritsu. Tolérance réciproque des différentes écoles. Coexistence pacifique du bouddhisme et du shintô, pratiques alternées ou mêlées des deux religions. LES SECTES DE HEIAN : Destin ultérieur des écoles de Nara. Attribution de terres exemptées d’impôts aux monastères ; intrigues politiques et querelles de ceux-ci ; l’empereur Kammu quitte Nara pour Nagaoka, puis pour Heia-kyô (794). Naissance des sectes Tendai et Shingon. La secte Tendai : Saichô (767-822), fondateur de la secte ; son voyage et ses études en Chine ; la doctrine du Tendai ; points d’opposition avec Hossô ; polémiques entre Saichô et Tokuitsu ; création en 827 de l’estrade d’ordination du Tendai. Attribution posthume du titre de Dengyô-daishi à Saichô. La secte Shingon : Doctrine entièrement ésotérique de cette secte ; fondée par Kûkai ; voyage et études de celui-ci en Chine ; le retour, les fondations monastiques ; attribution posthume du titre de Kôbô-daishi à Kûkai. La doctrine du Shingon ; le principe de l’union des Trois Mystères ; les deux Grands Mandala. Difficulté de l’enseignement du Shingon ; attrait et beauté de son culte. L’ésotérisme Tendai : Rôle secondaire de l’ésotérisme dans le Tendai au temps de Saichô et Gishin ; importance plus grande à l’époque d’Enchô, s’accentuant avec Ennin et Enchin : au IX° siècle, l’ésotérisme domine le Japon. Scission du Tendai en deux écoles : Sammon et Jimon. Les querelles des monastères et les moines guerriers : Nombreuses luttes armées entre les monastères du X° au XVI° siècle ; les « moines guerriers » ; exemples de divers conflits survenus. Le Shugendô : Pratiques ascétiques tendant à l’obtention de pouvoirs surnaturels. Non-existence d’un véritable fondateur ; traditions sur En no gyôja. Shôbô, fondateur du Daigoji et rénovateur de la « Voie » des yamabushi. Vogue des pèlerinages. Zôyo, fondateur du Shôgo-in et créateur du foyer de Shugendô de Kumano. Hégémonie du Shogô-in sur tous les yamabushi. Fondation de centres provinciaux de Shugendô. Activité et caractère des yamabushi. LES SECTES DE KAMAKURA ET LES GRANDS REFORMATEURS : Prophétie relative à une période de décadence commençant en 1069. Les calamités incessantes au cours du XII° siècle paraissent la justifier. Abaissement du niveau moral du bouddhisme, nécessité ressentie d’une réforme religieuse. L’amidisme : La dévotion au buddha Amitâbha. Le dix-huitième article du voeu d’Amitâbha, base de la croyance amidiste. La Terre pure de l’Ouest et l’invocation du Nom. Essor de l’amidisme à partir de la fin du X° siècle. Genshin ; Ryônin et la première secte amidiste, Yûzunembutsu. Hônen (1133-1212) et la secte Jôdo ; persécutions, proscriptions, succès. Divergences entre les disciples de Hônen. Shinran (1173-1262), sa religion fondée sur la seule foi, son radicalisme. Développement de la secte Ji. Le Zen : L’école du Zen en Chine. Bodhidharma considéré comme fondateur ; développement grâce à Houei-neng. Pratique de méditation. Diverses branches du Zen chinois. Voyage et études d’Eisai en Chine, son retour au Japon où il établit la secte Rinzai (1191). Dôgen (1200-1253), fondateur de la secte Sôtô. L’enseignement du Zen ; le satori. Inutilité de l’étude des textes. La méditation assise (zazen) ; les koan. Insistance de Rinzai sur le koan et de Sôtô sur le zazen. Sôtô s’est diffusé dans un milieu relativement populaire et Rinzai plutôt dans le milieu des guerriers. Rôle des moines du Rinzai dans le développement des lettres, des arts et du commerce japonais avec la Chine. La secte Nichiren : Nichiren (1222-1282) ; son insatisfaction devant la multitude des doctrines existantes, sa recherche intransigeante du vrai ; sa révélation de la vérité du Lotus. Rupture, prédications, persécutions. L’enseignement du Lotus d’après les commentaires du Tendai. Les « Trois Lois Esotériques » de Nichiren. Destinée ultérieure de sa secte. Révoltes et guerres religieuses au Moyen Âge : Continuation des luttes anciennes, conflits avec les nouvelles sectes ; persécutions. Révoltes et guerres intestines de la secte Shin ; Rennyo et la puissance du Honganji. Persécutions contre la secte Nichiren. Oda Nobunaga et la destruction de la puissance des temples ; attitude de Toyotomi Hideyoshi, et de Tokugawa Ieyasu. DECLIN DU BOUDDHISME AU JAPON : Perte de vitalité, existence sans éclat au XVII° siècle. Quelques maîtres fameux : Tetsugen, Hakuin ; la secte Obaku. Vogue du néo-confucianisme ; retour à l’ancien shintô. Conséquences de la révolution de Meiji. Place du bouddhisme dans le Japon actuel. Bibliographie
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