Corps et âme

[Muskull]

Muskull, Avicenne n'était-il pas lui-même un grand commentateur de Platon?

Si, si, un grand lui aussi. Mais là où il va plus loin que Platon c'est dans ses théories des temps cycliques, des "temps à l'intérieur des temps" qui mènent au temps immobile, générateur pour les néoplatoniciens, le Chronos endormi, l'axe, le Principe des ésotériciens futurs. La notion du "centre" où l'horizontalité devient verticale.

Qu'étaient les "mystères bretons" d'alors ? On ne peut sous-estimer le niveau philosophique des druides dans un mode de pensée déjà multi-culturel.
Ce texte me trouble par sa "modernité" de concepts connus par l'écrit un peu plus tard, mais pourquoi pas...

[Professeur Cornelius]

Ce texte est d'une énorme densité. Je dois avouer que moi aussi je l'avais mis de côté "pour plus tard", mais que je ne l'avais pas lu avec attention. Maintenant que c'est fait, je dois dire que c'est un texte très intéressant. Il est vrai qu'il ne rejoint en rien ce qu'on sait des conceptions druidiques, mais comme on ne sait rien, ou presque, des conceptions druidiques...

La partie sur les trois constituants de l'être (corps, âme, intellect) me semble très platonicienne. D'après Wikipedia, Plutarque est "Issu d'une famille de notables, il arrive à Athènes où il s'initie au platonisme (dont il s'éloignera) ainsi qu'aux autres écoles de philosophie, à la rhétorique et aux sciences. (...) Il rentre à Chéronée vers 90, et y écrit l'essentiel de son œuvre. Il exerce également la fonction de prêtre d'Apollon à Delphes.". On trouve en effet des similitudes avec ce qui deviendra l'hermétisme, mais le point commun réside justement dans le néo-platonisme de l'hermétisme des premiers siècles. Je ne suis pas spécialiste de ces doctrines (pourtant très intéressantes, et qui peuvent rejoindre des thèmes indiens). Je suis d'accord avec Patrice à ce sujet (d'ailleurs, j'aimerais bien lire son article dans Ollodagos).
Certains passages du texte évoquent également la doctrine indienne et bouddhiste du karma :

Les âmes vertueuses qui, éloignées des affaires, ont mené dans la pratique de la philosophie une vie douce et tranquille, éprouvent plus promptement cette résolution, parce que, abandonnées par l'intellect, et renonçant aux affections du corps, elles se dissipent à l'instant. Mais les âmes des ambitieux et des gens plongés dans les affaires, celles des voluptueux, esclaves de leurs sens, celles des hommes coléreux, conservent, comme dans le sommeil, le souvenir de ce qu'elles ont fait pendant leur vie, errent au milieu des songes, comme l'âme d'Endymion, parce que leur inconstance et leur assujettissement aux passions les entraînent hors de la lune, pour commencer une nouvelle génération, et, sans leur laisser goûter de repos, les attirent sans cesse par leur appât séducteur...

Autrement dit, la pratique de la philosophie permet, après la mort physique, d'éviter une "nouvelle génération", une nouvelle vie... Intéressant.

Ce texte mériterait d'être étudié en détail par un spécialiste des doctrines religieuses et philosophiques.
La question de son origine celtique est immensément importante, mais peut-elle être résolue ? Dans l'état actuel des connaissances, je ne vois rien qui s'y oppose. Ce serait encore le signe du grand archaïsme indo-européen de la pensée celtique, qu'on a déjà vu dans l'organisation sociale.

Merci Patrice pour cette piste de réflexion.

[lopi]

Hello,

Ce qui m'intéresse ici, c'est la cosmologie.

On a une disposition verticale des éléments :
Hades - un Dis pater alors...
Perséphone
Démeter

A noter la suite du texte d'Homère, Odyssée (IV, 563-568) : Protée parle à Ménélas :
Les Immortels t'emmèneront chez le blond Rhadamanthe,
Aux champs Élyséens, qui sont tout au bout de la terre.
C'est là que la plus douce vie est offerte aux humains ;
Jamais neige ni grands froids ni averses non plus ;
On ne sent partout que zéphyrs dont les brises sifflantes
Montent de l'Océan pour donner la fraîcheur aux hommes.

Ce que Plutarque reprend ensuite en reprenant les conceptions de Xénocrate :
le 1 : l'intellect ou le soleil (le monde des astres supra lunaire)
la dyade : l'âme lieu de rencontre entre les deux mondes - supra lunaire et sublunaire
Le trois : le monde terrestre... le monde des corps.. la terre, sacrément sacrée alors
Lopi

[Pierre]

Salut à tous,


Un petit hic quand même. Au début Plutarque plante le décor, puis fait son topo. Je vous suis lorsque vous dites que cette philosophie ne peut être une pure invention de l'auteur. Mais pour être celtique, il faudrait aussi que le décor colle au topo, et là quelle preuve ?

Un peu perdu sur ce coup là, mais je suis surpris de cet engouement. Ce texte a été communiqué par Patrice il y a prés de deux ans, les mêmes intervenants (Adcanaunos, Fergus, Muskull, etc... compris ), et pas la même lecture (et pourtant à l'époque plus de 100 réponses ).

http://forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=1846


@+Pierre

[lopi]

C'est vrai que ça ressemble fort au topique : Séléné, Artémis, Hécate.
Il faudrait lire l'argumentaire de Patrice....

[Patrice]

Bon, je craque....

Voici le texte de l'article avant publication. Il est légèrement différent du fait de corrections intervenues entre temps, mais je n'ai pas le fichier du texte définitif:

http://www.freazer.com/perso/patrice258/Navigation.pdf

A+

Patrice

[Professeur Cornelius]

Merci Patrice, pour ce beau cadeau de Noël. C'est enregistré, et je le lirai attentivement.

Un peu perdu sur ce coup là, mais je suis surpris de cet engouement. Ce texte a été communiqué par Patrice il y a prés de deux ans, les mêmes intervenants (Adcanaunos, Fergus, Muskull, etc... compris ), et pas la même lecture (et pourtant à l'époque plus de 100 réponses ).

Eh oui ! Ce texte n'avait pas provoqué la même réaction à l'époque. Ce n'est pas le texte qui a changé entre temps, mais bien les lecteurs...

[lopi]

Merci Patrice

[Tectosage]

Bonsoir,
Il est souvent difficile de récupérer des textes cités ici. Je n'osais pas te demander celui-ci en direct, mais voilà et j'suis bien content.
Merci.

tecto

[Professeur Cornelius]

Mieux vaut Plutarque que jamais.